Le guide des habitats naturels du Poitou-Charentes

Comment lire les fiches ? (téléchargez ICI le sommaire et le guide d’utilisation, 1,2 Mo)

Pour rendre au mieux l’emboîtement des habitats dans des unités de plus en plus synthétiques, il a été décidé de produire 2 types de fiches comportant un certain nombre de rubriques distinctes : les fiches d’habitats génériques qui regroupent plusieurs habitats élémentaires présentant entre eux de fortes affinités écologiques (intitulés des bandeaux marron du Catalogue) et les fiches d’habitats élémentaires (bandeaux bleus du Catalogue) qui correspondent quant à elles au niveau descriptif le plus précis (voir exemple ci-dessous).

Fiches d’habitats génériques

Physionomie-structure : présentation des caractéristiques écologiques communes au groupe d’habitats rassemblés dans cette même unité. Description de l’architecture de la végétation qui structure l’habitat et présentation sommaire de sa variabilité qui justifie la déclinaison de l’habitat générique en plusieurs habitats élémentaires.

Caractéristiques biologiques : description des principaux types biologiques végétaux rencontrés et des adaptations aux contraintes spécifiques de l’habitat. Liens avec le climat local ou général, données phénologiques (saisonnalité). Enumération de quelques espèces végétales dominantes et rôle de l’habitat pour la faune.

Espèces caractéristiques : énumération d’espèces végétales et animales indicatrices de l’habitat (voir sous la rubrique « Fiches d’habitats élémentaires » pour plus de détails).

Classification : présentation de la déclinaison interne de l’habitat générique en habitats élémentaires (avec correspondances phytosociologiques), et de leur ventilation en différentes fiches.

Fiches d’habitats élémentaires

Physionomie-Ecologie : cette rubrique cherche à faire un portrait type de l’habitat en décrivant ses conditions stationnelles : dans quel type de milieu le rencontre-t-on, quels sont les principaux facteurs déterminant sa présence (lumière, sol, pH…) ? Sa physionomie et sa structure (stratification, homogénéité verticale/horizontale, couleurs) ainsi que les espèces végétales dominantes (structurantes) sont également résumées. Une grande attention est également portée à la variabilité régionale de l’habitat et aux facteurs générant cette variabilité.

Phytosociologie et correspondances typologiques : la place et la dénomination de l’habitat sont précisées dans les 3 grandes typologies de milieux disponibles actuellement en France :

  • dans le synsystème de la végétation française, tel que décrit dans le « Prodrome des végétations de France » (MNHN, 2004), noté PVF 2004 dans les fiches ;
  • dans l’annuaire « CORINE biotopes », annuaire des habitats européens (1991), noté COR 1991 dans les fiches
  • le cas échéant – lorsque l’habitat en question est menacé en Europe – dans le « Manuel d’interprétation des habitats menacés de l’Union européenne » (version EUR 15), noté Directive Habitats (ou DH) 1992 dans les fiches.

Confusions possibles : l’attention est ici attirée sur les habitats proches avec lesquels l’habitat décrit pourrait être confondu. Quelques moyens d’éviter les erreurs de détermination sont donnés.

Dynamique : cette rubrique cherche à situer l’habitat dans une série dynamique, que celle-ci soit spontanée ou induite par les activités humaines.

Espèces indicatrices : dans cette rubrique, les espèces indicatrices – à différents niveaux – de l’habitat ont été énumérées pour 17 groupes systématiques. Ces listes ne sauraient être bien sûr considérées comme exhaustives ni définitives, certains groupes, notamment parmi les Invertébrés ou les Cryptogames non vasculaires, étant encore très mal connus dans la région.
Elles ont un double but : faciliter (confirmer) l’identification d’un habitat et aider à rechercher une espèce précise à partir de l’habitat auquel elle est inféodée.

[plante1] Espèces végétales – phanérogames et cryptogames vasculaires (fougères) – caractéristiques de l’habitat (au sens fort des phytosociologues, c’est-à-dire ne se rencontrant guère dans d’autres habitats). Les espèces souvent dominantes et imprimant sa physionomie au milieu figurent en gras. Celles précédées d’un * figurent sur la Liste Rouge de la Flore Menacée du Poitou-Charentes (SBCO, 1998)
[plante2] Espèces végétales – phanérogames et cryptogames vasculaires (fougères) – fréquentes dans l’habitat mais pouvant également se rencontrer ailleurs.
[briophytes] bryophytes
[lichens] lichens
[champignons] champignons
[algues] algues
[mammiferes] mammifères
[oiseaux] oiseaux
[reptiles] reptiles
[amphibiens] amphibiens
[poissons] poissons
[crustaces] crustacés
[mollusques] mollusques
[lepidopteres] lépidoptères
[odonates] odonates
[orthopteres] orthoptères
[coleopteres] coléoptères
[arachnides] arachnides

Valeur biologique : l’accent est mis dans cette rubrique à la fois sur la valeur intrinsèque de l’habitat, ou d’un de ses faciès (s’agit-il d’un habitat rare/menacé en Poitou-Charentes ?) et sur son intérêt pour les espèces végétales et animales qui lui sont associées (l’habitat abrite-t-il des espèces rares ?).

Menaces : on y recense les facteurs affectant réellement ou potentiellement l’habitat ainsi que l’évolution de son état de conservation global dans la région au cours des récentes décennies.

Fréquence départementale et statut régional : une carte schématique (4 classes de fréquence) résume la fréquence estimée de l’habitat dans chacun des 4 départements régionaux. [14]. Son statut régional est évoqué en quelques lignes et les sites majeurs
(= accueillant les échantillons les plus représentatifs et /ou les plus riches de l’habitat) sont cités avec renvoi aux grands inventaires récents de faune et de flore : ZNIEFF, ZICO, ZPS, NATURA 2000. On trouvera dans le Catalogue des données complémentaires qui n’ont pas été rappelées ici par souci de concision : statut européen de l’habitat (inscrit à l’Annexe I ou non), intérêt biogéographique, rareté, menaces, Valeur Patrimoniale Régionale.

De nombreuses photos présentent les habitats et certaines des espèces qui leur sont inféodées. Toutes, à de très rares exceptions près, ont été prises dans des sites de la région Poitou-Charentes.

ATTENTION : la version papier et complète du Guide des habitats, soit 476 pages en couleur au format 17×24 cm est disponible depuis fin octobre 2012, au prix public de 35 €. Si vous êtes intéressé pour avoir toutes ces fiches sous la main en permanence, allez directement à la page Publications PCN, ou contactez-nous dès maintenant en cliquant ici pour nous envoyer un mail ou appelez-nous au 05 49 88 99 23.

Sites industriels et autres

Rédacteur : David Suarez

Physionomie-écologie

Les sites industriels, comme les autres habitats anthropiques, ne sont pas à proprement parler des milieux naturels. Ce sont des espaces construits et modelés par l’homme, en activité ou anciens. Cette fiche regroupe l’ensemble des zones d’activité industrielle, et leur physionomie est très variable :

  • Site industriels en activité, serres et constructions agricoles : ce sont des zones artificielles, composées de bâtiments, de surfaces goudronnées et de pelouses d’agrément souvent bien tondues. L’entretien régulier de l’ensemble et les nuisances engendrées (bruit, pollution, sur fréquentation…) ne favorisent pas la biodiversité.
  • Sites industriels anciens, terrils, crassiers et autres tas de détritus : ce sont les mêmes zones, mais après abandon de l’activité industrielle. La nature y reprend progressivement ses droits, avec le développement de la végétation rudérale des friches herbacées annuelles, bisannuelles et vivaces dans un premier temps, puis de fourrés à ronces et prunelliers et enfin d’une ormaie rudérale.
  • Carrières : la région Poitou-Charentes présente des richesses géologiques exploitées depuis longtemps : calcaires durs et tendres, marnes, argiles, sables, granit et roches métamorphiques… De nombreuses carrières à ciel ouvert, en activité ou anciennes, ponctuent le paysage de la région. Leur physionomie est variable, en fonction du substrat exploité et de l’ancienneté de l’activité d’extraction (falaises, étangs et zones humides, grandes étendues caillouteuses…).

    D’une façon générale, la mise à nu du substrat permet le développement, après exploitation, des stades pionniers de la végétation, secs sur les terrains filtrants (calcaire, sables) et humides en fond d’excavation sur les terrains étanches (granit, marnes, argiles), suivis de tous les stades de développement, jusqu’au boisement final. On peut donc y observer une grande variabilité des habitats, liée à la nature de la roche, au degré d’humidité et aux conditions microclimatiques (exposition). Certains sites anciens présentent une diversité biologique remarquable.

  • Voies de chemin de fer, gares de triage et autres espaces ouverts : comme les sites industriels en activité, ce sont des espaces entretenus qui laissent peu de place au développement de la biodiversité. On notera toutefois que les talus des voies de chemin de fer et des grands axes routiers, le plus souvent occupés par une végétation de type friche rudérale, servent de couloir d’extension pour des plantes exogènes, comme le Séneçon du Cap (Senecio inaequidens), les euphorbes prostrées du gr. (Euphorbia maculata), le Sporobole de l’Inde (Sporobolus indicus)
  • Sites archéologiques : peu abondants et de faible superficie en Poitou-Charentes, ils sont le plus souvent occupés par des habitats naturels. La réalisation de fouilles permet la remise à nu du substrat et donc une recolonisation par une végétation pionnière, comme c’est le cas pour les carrières.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Nc

COR 1991

  • 86.3 Sites industriels en activité
  • 86.4 Sites industriels anciens
    • 86.41 Carrières
    • 86.42 Terrils, crassiers et autres tas de détritus
    • 86.43 Voies de chemin de fer, gares de triage et autres espaces ouverts
  • 86.5 Serres et constructions agricoles
  • 86.6 Sites archéologiques.

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc

Confusions possibles

Cet ensemble d’habitats strictement issus de l’exploitation industrielle et agricole ne peut pas être confondu.

Attention toutefois, les sites anciens (carrières, sites archéologiques…) sont le plus souvent colonisés par des types de végétations qui trouvent ici des conditions similaires à celles dont elles disposent dans le milieu naturel : végétation aquatique et rivulaire des étangs créés par l’exploitation d’argile, de marne, de sable ou de gravier ; pelouses rupicoles calcaires ou siliceuses sur les rebords des falaises rocheuses, en fonction de la roche extraite ; friches, landes, fourrés et bois dans le fond des carrières… parmi ces habitats, certains présentent un fort intérêt patrimonial.

Les milieux souterrains artificiels sont décrits en compagnie des cavités naturelles dans la fiche « Grottes et carrières souterraines ».

Dynamique

Cette fiche regroupe différents habitats anthropiques ou d’origine anthropique très différents qui possèdent chacun leur dynamique propre : dans le cas des carrières en exploitation, des sites industriels en activité, des espaces ferroviaires et des serres et constructions agricoles, la dynamique d’évolution est nulle puisque l’entretien des sites est permanent.

Concernant les sites industriels anciens, les terrils, crassiers et autres tas de détritus, la végétation reprend lentement ses droits sous forme de friches rudérales plus ou moins nitrophiles dans un premier temps, puis de ronciers et de fourrés à prunelliers et buddleias aboutissant à une « ormaie rudérale », pendant que le lierre colonise les murs des bâtiments qu’il finira par détruire, aidé par le temps, les conditions climatiques et parfois le vandalisme.

Pour les anciennes carrières, la dynamique est très variable et dépend du type de substrat exploité et donc mis à nu, et de la façon dont la réhabilitation du site après exploitation a été réalisée, si elle a eu lieu. Seuls les fronts de taille, véritables falaises artificielles, ne peuvent être colonisés que par la végétation des parois rocheuses calcaires ou siliceuses.

Espèces indicatrices

[plante2] Buddleja davidii
[plante1] Hedera helix, Prunus spinosa, Rubus sect. fruticosus, Ulmus minor
[briophytes] Brachythecium albicans, Bryum argenteum, Calliergonella cuspidata, Ceratodon purpureus, Hypnum cupressiforme, Pleurochatae squarrosa, Tortula ruralis
[mammiferes] Eliomys quercinus, Mus musculus, Oryctolagus cuniculus, Rattus norvegicus
[oiseaux] Anthus campestris, Bubo bubo, Charadrius dubius, Corvus monedula, Falco peregrinus, Falco tinnunculus, Galerida cristata, Merops apiaster, Motacilla alba, Oenanthe oenanthe, Pica pica, Riparia riparia, Tichodroma muralis (hiver), Upupa epops
[reptiles] Podarcis muralis
[amphibiens] Alytes obstetricans, Bombina variegata, Bufo calamita

Valeur biologique

La valeur biologique des espaces liés à l’activité industrielle humaine est extrêmement variable : sur les sites en activité, elle est quasiment nulle, sauf dans des cas particuliers comme par exemple les décharges à ciel ouvert qui attirent un grand nombre d’oiseaux charognards comme le Milan noir (Milvus migrans), la Cigogne blanche (Ciconia ciconia) ou le Goéland argenté (Larus argentatus).

Les sites anciens et surtout les carrières peuvent par contre abriter une biodiversité remarquable : les fronts de taille abrupts des exploitations de calcaire ou de granit du Poitou-Charentes accueillent le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), le Grand duc (Bubo bubo), et le Tichodrome échelette (Tichodroma muralis) peut y être observé en hiver ; les fonds plats et caillouteux de ces excavations sont utilisés par le Petit gravelot (Charadrius dubius) pour sa nidification, puis par le Pipit rousseline (Anthus campestris) lorsque une végétation pionnière basse s’y installe ; le Crapaud calamite (Bufo calamita) pond fréquemment ses œufs dans les mares et flaques temporaires issues des pluies printanières, souvent accompagné par l’Alyte accoucheur (Alytes obstetricans), qui affectionne les espaces pierreux…

Les autres carrières, et notamment les exploitations de sable, de marne et d’argile, peuvent également constituer un habitat de substitution pour de nombreuses espèces rares : les fronts de taille meubles sont parfois utilisés par le Guêpier d’Europe (Merops apiaster) ou l’Hirondelle de rivage (Riparia riparia), qui y creusent leurs nids et forment des colonies importantes sur les sites les plus favorables ; les étangs et zones humides qui ont remplacé les excavations peuvent être occupés par une flore et une faune remarquable équivalente, sur les sites les plus riches, à celle que l’on observe sur des milieux naturels… La façon dont est menée la remise en état des carrières après exploitation conditionne souvent la recolonisation naturelle à venir, et des expériences menées en partenariat avec des carriers, comme par exemple à Touvérac en Charente, ont donné des résultats très probants.

Bien sûr, les sites qui accueillent les espèces citées précédemment sont rares, et la plupart restent des zones rudérales banales, envahies de ronces et de lapins, mais qui peuvent s’avérer l’ultime refuge de la biodiversité « ordinaire » dans les espaces urbains.

Menaces

Les sites industriels en activité ne sont bien entendu pas des milieux menacés, ils constituent plutôt une menace pour la biodiversité : leur implantation peut détruire des sites remarquables et leur activité peut produire des nuisances diverses (bruit, pollution, odeurs…) ; les voies de communication fragmentent le territoire, induisent des collisions avec les animaux sauvages et peuvent servir à l’extension de plantes invasives comme le (Buddleia Buddleja sp.) ou le Séneçon du Cap (Senecio inaequidens)

Seuls les sites anciens (carrières surtout) qui ont été colonisés par des habitats et des espèces remarquables subissent des menaces nombreuses : dépôts de déchets, loisirs motorisés (tout-terrain et nautiques), sur fréquentation de certains sites attractifs, projets d’extension des exploitations…

Statut régional

Habitat présent dans les 4 départements.

ATTENTION : la version papier et complète du Guide des habitats, soit 476 pages en couleur au format 17×24 cm au prix de 35 €, prix public, vient de paraître fin octobre 2012. Si vous êtes intéressé pour avoir toutes ces fiches sous la main en permanence, allez télécharger le bon de commande à la page Publications PCN, contactez-nous dès maintenant en cliquant ici pour nous envoyer un mail ou appelez-nous au 05 49 88 99 23.

Cultures extensives

Rédacteur : Geneviève Gueret

Physionomie – écologie

Ce sont les champs, quelquefois de céréales, mais également les cultures maraîchères, cultures florales, de petits fruits, jardins familiaux, cultivés de façon traditionnelle, sur la base du volontariat de l’exploitant, où la réduction du coût des intrants compense le manque à gagner d’un rendement plus faible. Les parcelles sont généralement plus petites que dans les cultures intensives, souvent entourées de haies, et la densité des cultures y est moins forte, laissant un espace disponible pour les adventices. Mais extensification ne signifie pas nécessairement respect de l’environnement : pour augmenter la rentabilité l’agriculteur peut être tenté d’acheter des produits moins chers mais pas moins dangereux (comme le chlorate de soude par exemple en désherbage). Parfois même, la dose de pesticides se révèle insuffisante pour être efficace, mais suffisante pour polluer. On peut recourir à l’agriculture intégrée en remplaçant la protection chimique systématique par les moyens biologiques et physiques adaptés, et ne faire appel aux pesticides que lorsque cela est inévitable, utilisant des produits à courte rémanence et faible mobilité dans le sol ; dans ce cas, on accepte de maintenir les ennemis des cultures à un niveau tolérable (notion de « seuil de nuisibilité »). L’agriculture raisonnée vise à concilier la rentabilité économique et la protection de la nature par un engagement volontaire sur toute l’exploitation. L’agriculture biologique se caractérise par le refus de l’utilisation de produits issus de l’industrie chimique de synthèse. Dans tous les cas, les cultures extensives se présentent comme un habitat herbacé assez peu
homogène, abritant une importante flore messicole. Il arrive que
les bordures et angles des champs, conduits de manière conventionnelle, présentent ces caractéristiques, dans la mesure où ils échappent aux différents traitements phytosanitaires. Souvent il est maintenu une couverture végétale sur le sol toute l’année, ce qui augmente encore la richesse biologique du milieu.

Les supports géologiques et pédologiques sont les mêmes que ceux des cultures intensives ; les cycles des plantes cultivées sont identiques ; aussi, on retrouve les mêmes groupements végétaux, mais avec une plus grandes richesse.

Le long des vallées, dans les jardins, on y rencontre la Spergule des champs, la Porcelle glabre, sur les sols sableux acides, et la Matricaire, ainsi que la Cotonnière des champs, sur les sols sablo-limoneux modérément acides, et en milieu plus humide la Renoncule sarde (Scleranthion annui).

Sur roche-mère calcaire qui couvre les plus grandes surfaces en Poitou-Charentes, on a le Peigne de Vénus, et l’Ammi élevé Ammi majus,et peut-être la chance de voir le Bleuet (du Caucalion lappulae). Au nord-ouest et à l’est de notre région, sur les sols plus acides, on observe d’autres cortèges de messicoles : la Digitaire sanguine, le Céraiste aggloméré et le Pourpier, (sous-alliance du Panico-Setarenion viridis) sont présents sur les sols sableux, tandis que la Renouée persicaire, l’Epiaire des champs, (sous-alliance de l’Eu-Polygono persicariae-Chenopodenion polyspermi ) se trouvent sur des terrains plus limoneux. La Fumeterre officinale, la Moutarde des champs ou le Souci des champs, révèlent quant à eux des sols très fertiles, enrichis en matière organique.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Stellarietea mediae Tüxen, Lohmeyer Preising Végétation annuelle nitrophile commensale des cultures annuelles ou sarclées

Aperetalia spicae-venti Tüxen et Tüxen in Malato-Beliz, J. Tüxen et Tüxen 1960 Communautés des cultures et moissons sur sols sablonneux plus ou moins acides

Scleranthion annui (Kruseman et Vlieger) Sissingh

Arnoseridenion minimae (Malato-Beliz, J. Tüxen et Tüxen) Oberdorfer 1983 communautés des sols sableux acides

Scleranthenion annui Kruseman et Vlieger 1939 communautés des sols sablo-limoneux modérément acides

Centauretalia cyani Tüxen, Lohmeyer Preising

Caucalidion lappulae Tüxen 1950 nom. nud. Communautés eurosibériennes des cultures sur sol neutro-alcalin

Chenopodietalia albi Tüxen et Lohmeyer ex von Rochow 1951 communautés de cultures sarclées, estivales, thermophiles, sur sol eutrophe

Panico crus-galli-Setarion viridis communautés sur sol acidicline à dominance limoneuse ou sableuse

Panico crus-galli-Setarenion viridis, communautés des sols sableux

Eu-Polygono persicariae-Chenopodienion polyspermi, communautés des sols limoneux

Veronico agrestis-Euphorbion peplis sur sol très fertile et enrichi en matière organique

COR 1991

82.3 Cultures extensives

Confusions possibles

En culture extensive les groupements d’adventices sont généralement mieux typés, plus faciles à identifier que dans
les cultures intensives.

Dynamique

Ce type de culture est généralement mis en place derrière des cultures intensives. Il suppose une reconversion de l’agriculteur, et demande plusieurs années de transition. Par contre, l’abandon de la culture suit très vite la même évolution que dans le cas de l’abandon d’une culture intensive, avec un embroussaillement rapide.

Espèces indicatrices

[plante2] *Adonis annua, *Agrostemma githago, Althaea hirsuta, Apera spica-venti, Bifora radians, Bromus arvensis, *Bromus secalinus, *Bupleurum protractum, *Bupleurum rotundifolium, Calendula arvensis, *Camelina sativa, *Caucalis platycarpos, *Centaurea cyanus, *Chrysanthemum segetum, *Consolida ambigua, *Consolida regalis, Euphorbia falcata, *Fumaria densiflora, Fumaria officinalis, Galeopsis angustifolia, *Galium tricornutum, *Gladiolus communis ssp. byzanthinus,* Gladiolus italicus, Hypochoeris glabra, *Legousia speculum-veneris, Lithospermum arvense, Logfia arvensis, Matricaria recutita, *Myagrum perfoliatum, *Nigella arvensis, Nigella damascena, *Odontites jaubertianus ssp.chrysanthus, *Papaver argemone, *Papaver hybridum, *Passerina annua, Ranunculus arvensis, Scandix pecten-veneris, *Sinapis alba, Sinapis arvensis, Stachys annua, Stachys arvensis, Valerianella rimosa, Viola arvensis, Viola tricolor
[plante1] Ajuga chamaepitys, Anchusa arvensis, Aphanes arvensis, *Arnoseris minima, *Briza minor, Calepina irregularis, Cerastium glomeratum, *Coronilla scorpioides, *Delia segetalis, Digitaria sanguinalis, Geranium pusillum, *Iberis amara, * Legousia hybrida, *Myosurus minimus, *Orobanche ramosa, Papaver dubium, Papaver rhoeas, Portulaca oleracea, Ranunculus sardous, Scleranthus annuus, Spergula arvensis, Vicia villosa ssp.villosa
[briophytes] Acaulon muticum, Barbula unguiculata, Bryum argenteum, Bryum bicolor, Bryum rubens, Bryum subapiculatum, Dicranella staphylina, Dicranella varia, Entosthodon fascicularis, Ephemerum serratum, Phaeoceros laevis, Phascum cuspidatum, Pleuridium acuminatum, Pottia truncatula, Pseudephemerum nitidum, Riccia glauca, Riccia sorocarpa, Riccia warnstorfii, Sphaerocarpos michelii
[champignons] Entoloma aprile, E. clypeatum, Macrolepiota rhacodes var. bohemica, M. venenata, Morchella rotunda, M. vulgaris
[mammiferes] Lepus europaeus, Micromys minutus
[oiseaux] Bruant proyer (Emberiza calandra), Busard cendré (Circus pygargus), Busard St Martin Circus cyaneus), Caille des blés (Coturnix coturnix), Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus), Outarde canepetière (Tetrax tetrax), Perdrix rouge (Alectoris rufa)
[coleopteres] Aphis fabae, Melolonta melolonta, Sitobium avenae, Tipula sp.
[lepidopteres] Pieris brassicae, Pieris rapae

Valeur biologique

Les cultures extensives hébergeant des messicoles font partie de notre patrimoine naturel et sont un témoignage vivant des origines méditerranéennes et proche-orientales de notre agriculture : les messicoles ont souvent été introduites en même temps que les semences cultivées ; elles sont introduites à la fois par la nature et par l’homme ; elles ont évolué dans leur milieu d’adoption ; elles ont eu le mérite d’avoir créé de toutes pièces un écosystème de substitution.

Avec 44 espèces végétales inscrites sur la Liste Rouge du Poitou-Charentes, les messicoles constituent le groupe floristique le plus menacé au niveau régional : 13 espèces ont d’ores et déjà disparu – certaines depuis longtemps, d’autres au cours des 3 dernières décennies – et les 31 subsistant encore de nos jours tant bien que mal dans une agriculture toujours plus intensive sont toutes plus ou moins menacées. Les 13 espèces considérées comme disparues de la région sont les suivantes : Adonis aestivalis, Androsace maxima, Asperula arvensis, Bifora testiculata, Lolium temulentum, Neslia paniculata, Nigella gallica, Orlaya grandiflora, Polycnemum arvense, Polycnemum majus, Roemeria hybrida, Vaccaria hispanica, Turgenia latifolia.

Comme les cultures intensives, cet habitat est encore le biotope de plusieurs oiseaux rares et menacés en Europe dont la survie au niveau régional est gravement menacée par les évolutions de l’agriculture moderne : Outarde, Oedicnème, busards gris, Caille…Divers périmètres de « sauvegarde » de ces espèces ont été définis au cours de la dernière décennie et des mesures agri-environnementales proposées aux agriculteurs volontaires sous forme de contrats assortis de compensations financières.

Menaces

La principale menace est d’ordre économique. L’agriculture extensive est un choix professionnel ; pour être efficace, la démarche doit s’appliquer à l’ensemble de l’exploitation, et si possible à un maximum d’exploitations ; la mise en place technique doit être bien maîtrisée, bien suivie.

Les plaines agricoles font partie des territoires où l’érosion de la biodiversité a été la plus soutenue, et de nombreuses espèces messicoles sont actuellement en état critique de conservation. La région Poitou-Charentes serait ainsi celle qui a vu le plus d’espèces messicoles disparaître en France.

Statut régional

L’intensification de l’agriculture a touché la majeure partie des territoires agricoles de notre région, qui se sont vus profondément réorganisés, simplifiés, tant à l’échelle du paysage que des agro-écosystèmes. Aussi, ce type de culture est devenu marginal, voire accidentel.
De petits îlots de parcelles conduites de manière extensive se sont maintenus çà et là en Poitou-Charentes ou réapparaissent, sporadiquement, à la suite d’accidents culturaux.
Des initiatives en faveur de la biodiversité dans les champs cultivés émergent également dans certaines exploitations. Parfois les agriculteurs se regroupent en association.
Certains secteurs paraissent comme plus particulièrement privilégiés :

16 : vallée de la Charente, de la Tardoire
17 : val de Saintonge, Haute Saintonge
86 : vallée du Clain, Montmorillonnais, Loudunais
79 : Bressuirais, Gâtine, Mellois, val de Sèvre.

 

Cultures intensives

Rédacteur : Geneviève Gueret

Physionomie – écologie

Ce sont les cultures herbacées pour lesquelles l’objectif de l’exploitant est d’obtenir une production maximale. Les parcelles sont d’une surface optimale pour favoriser les travaux mécaniques, de quelques hectares à plusieurs dizaines d’hectares. Les semis ou plantations sont denses, pour une occupation maximale du sol par l’espèce choisie. Il en résulte un milieu monospécifique, fermé, uniforme, conférant à cet habitat une grande monotonie. Les interventions de l’homme y sont nombreuses et importantes : il est plus ou moins fertilisé, traité contre les ennemis des cultures, et souvent même irrigué. Il est le lieu de prédilection du développement de micromycètes (Charbons Ustilago sp., Oïdiums Erysiphe sp., Rouilles Puccinia sp., Septorioses Septoria sp., Fusarioses Fusarium sp., Helminthosporioses Helminthosporium sp.,) , appelés alors « maladies » et d’insectes (Pucerons Sitobium avenae, Methopolophium dirrodum, Aphis fabae, Tipules Tipula sp., Hanneton Melolonta melolonta, Charançons Centhorrhynchus sp., Méligéthes Meligethes sp., Altises Phyllotreta sp., Pyrale du maïs Ostrinia nubilalis ), qualifiés de « ravageurs ». C’est l’un des habitats les plus perturbés, où la population de certaines espèces, notamment celles qui développent des résistances aux traitements
pesticides, peut exploser, ce phénomène étant aggravé par la quasi inexistence de chaînes alimentaires pouvant les réguler.

Dans le cas des grandes cultures céréalières (Cor 82.11), les surfaces sont généralement importantes, jusqu’à plusieurs dizaines d’hectares, formant un paysage dégagé d’openfield, en similitude avec le paysage beauceron. On note alors une banalité du milieu laissant peu de place à la flore et la faune spontanées. Ces grandes cultures intensives sont le résultat des vagues successives d’aménagements fonciers où, progressivement, les voies de communications, les haies ont été effacées en même temps que les particularités paysagères. On constate également une modification de la composition des flores dans la mesure où les céréales de printemps ont régressé au bénéfice des cultures d’hiver ou de la maïsiculture ; on observe ainsi un recul des espèces à germination printanière comme la Mâche à fruits velus Valerianella eriocarpa tandis que progressent les espèces à germination automnale telles que le Lamier pourpre, le Mouron des oiseaux, la Pensée sauvage et les thérophytes estivaux comme les Amarantes. Pour certaines espèces la longueur du jour est un facteur essentiel qui détermine le moment de la floraison, ce qui favorise le groupement de cette floraison, la fécondation croisée et la production de semences ; ainsi certaines variétés de Blé Triticum aestivum, plantes de jours longs, ne peuvent fleurir que si la durée de l’éclairement dépasse un certain seuil, elles fleurissent en été, ce qui favorisent des adventices aux mêmes exigences comme la Marguerite Leucanthemum vulgare ou la Laitue Lactuca serriola ; les plantes de jours courts comme le Sorgho Sorghum sp. ou le Soja Glycine maxima doivent être semées pour recevoir une durée de jour inférieure à une durée critique, elles fleurissent en début de printemps ou en automne ; d’autres sont indifférentes à ce photopériodisme comme le Tournesol Helianthus annuus, le Maïs Zea mays ou le Pois Pisum sativum ; souvent, suite aux sélections, on observe des écotypes, variants adaptés aux conditions locales. Lorsqu’il s’agit de cultures maraîchères, florales ou de petits fruits, (Cor 82.12) et même si la logique intensive n’est pas moins réduite, l’ensemble paraît plus diversifié, plus coloré, plus riche, en raison de la taille nettement plus réduite des parcelles. Parfois, les grandes cultures, bien que traitées intensivement, sont entrecoupées de parcelles de jachères, de bandes de végétation herbacée, semées au titre de l’éco-conditionnalité (lutte contre la pollution par les nitrates) et plus rarement entre les grandes parcelles, de fines bandes de végétation herbacée spontanée refuge d’une flore et d’une faune sauvages (Cor 82.2).

Lorsque la flore locale arrive à se développer, en sous-strate ou sur les bordures, on peut noter quelques associations révélatrices du milieu : au printemps, sous les cultures, croissent la Shérardie Sherardia arvensis et la Buglosse des champs Anchusa arvensis, (des communautés eurosibériennes de l’ordre des Centaureetalia cyani) sur les terres de groie et sols bruns, légers, peu épais, riches en bases, peu argileux, liées à une roche-mère calcaire du Jurassique supérieur ou du Crétacé. Les vallées au sol léger et frais, sableux ou sablo-limoneux, sont souvent le lieu de prédilection des cultures maraîchères, florales ou de petits fruits, notamment à proximité des agglomérations ; on y rencontre la Ravenelle Raphanus raphanistrum, l’Anthemis des champs Anthemis arvensis, (ordre des Aperetalia spicae-ventii). Les sols plus acides, formés à partir des roches cristallines ou métamorphiques au nord-ouest et à l’est de notre région, ou sur les « terres rouges » et « terres de brande », ont une réserve en eau plus importante et favorisent d’autres adventices : la Mercuriale annuelle Mercurialis annua, les lamiers Lamium amplexicaule, Lamium purpureum, (ordre des Chenopodietalia albi).

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Stellarietea mediae Tüxen, Lohmeyer Preising in Tüxen ex von Rochow 1951 Végétation annuelle nitrophile commensale des cultures annuelles ou sarclées

Aperetalia spicae-ventii Tüxen et Tüxen in Malato-Beliz, J. Tüxen et Tüxen 1960 Communautés des cultures et moissons sur sols sablonneux plus ou moins acides

Scleranthion annui (Kruseman et Vlieger) Sissingh in Westhoff, Dijk, Passchier et Sissingh 1946

Arnoseridenion minimae (Malato-Beliz, J. Tüxen et Tüxen) Oberdorfer 1983 communautés des sols sableux acides

Scleranthenion annui Kruseman et Vlieger 1939 communautés des sols sablo-limoneux modérément acides

Centauretalia cyani Tüxen, Lohmeyer Preising in Tüxen ex von Rochow 1951

Caucalidion lappulae Tüxen 1950 nom. nud. Communautés eurosibériennes des cultures et moissons sur sol neutro-alcalin

Chenopodietalia albi Tüxen et Lohmeyer ex von Rochow 1951 communautés de cultures sarclées, estivales, thermophiles, sur sol eutrophe

Panico crus-galli-Setarion viridis communautés sur sol acidicline à dominance limoneuse ou sableuse

Panico crus-galli-Setarenion viridis, communautés des sols sableux

Eu-Polygono persicariae-Chenopodienion polyspermi, communautés des sols limoneux

Veronico agrestis-Euphorbion pepli sur sol très fertile et enrichi en matière organique

COR 1991

82.11 Grandes cultures (céréales et autres) sur de grandes surfaces, en paysage d’open-field

82.12 Cultures et maraîchage (polyculture sur bandes alternées)

82.2 Cultures avec marges de végétation spontanée

Confusions possibles

Sur le terrain on observe souvent des ensembles de communautés correspondant à des formes intermédiaires dont des fragments subsistent d’une année sur l’autre, au gré des rotations des cultures, notamment en terrain acide : le Scleranthion annui alterne souvent avec le Panico-Setarion. En cas d’humidité ou de forte irrigation on peut avoir une flore proche du Bidention.

Dynamique

Formations anthropogènes issues des défrichements historiques anciens, ces habitats ont été soustraits à la dynamique naturelle, et le plus souvent à la forêt climacique ; ils sont maintenus ouverts de façon complètement artificielle, et on y a introduit des plantes extraites de leur origine géographique. Ils disparaissent rapidement dès que l’homme n’intervient plus, laissant la place à une friche, où souvent les chardons dominent, puis des espèces bisannuelles et vivaces colonisent le milieu ; l’abandon de la culture conduit vers des habitats de type prairie, mais de faible valeur agronomique et écologique ; en milieu acide, on se rapproche des pelouses calcifuges (Cor 35), et les friches calcaires tendent à s’apparenter au Mesobromion, ou au Xerobromion (Cor 34.32 ; 34.33) avec embroussaillement plus ou moins rapide par des arbustes épineux et lianes.

Espèces indicatrices

[plante2] Alopecurus myosuroides, Ammi majus, Anchusa italica, Anthemis arvensis, Anthemis cotula, Avena fatua, Euphorbia helioscopia, Euphorbia peplus, Fumaria officinalis Lamium amplexicaule, Lamium purpureum, Mercurialis annua, Papaver dubium, Raphanus raphanistrum, Setaria pumila, Sherardia arvensis, Veronica persica, Viola arvensis
[oiseaux] Busard cendré ( Circus pygargus) Busard St Martin ( Circus cyaneus), Caille des blés (Coturnix coturnix) Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus), Outarde canepetière ( Tetrax tetrax), Perdrix rouge (Alectoris rufa)
[coleopteres] Aphis fabae, Melolonta melolonta, Sitobium avenae, Tipula sp
[champignons] Clathrus archeri, Coprinus comatus, Leucoagaricus macrorhizus, Macrolepiota fuliginosa,, M. permixta, M. procera, Volvariella gloiocephala

Valeur biologique

Malgré son caractère intensif, cet habitat est encore le biotope de plusieurs oiseaux rares et menacés en Europe dont la survie au niveau régional est gravement menacée par les évolutions de l’agriculture moderne : Outarde, Oedicnème, busards gris, Caille…Divers périmètres de « sauvegarde » de ces espèces ont été définis au cours de la dernière décennie et des mesures agri-environnementales proposées aux agriculteurs volontaires sous forme de contrats assortis de compensations financières.

La richesse de cet habitat est inversement proportionnelle à l’utilisation de pesticides. Les cultures avec marges de végétation spontanée ont une plus grande valeur biologique. Les petites surfaces de cultures légumières, florales ou fruitières peuvent être soumises à de fortes pressions chimiques qui les rendent très polluantes pour l’eau, l’air, et le sol.

Les rares haies encore en place, et les quelques haies replantées, généralement en bordure des routes ou à proximité des agglomérations, contribuent à la diversité biologique de cet habitat, tant par leur présence que par la faune et la flore qu’elles favorisent.

Menaces

Les terres les plus pauvres sont souvent abandonnées simplement sans mesure de gestion, laissant place à une flore parfois exubérante où des semences introduites avec les plantes cultivées peuvent se développer au détriment des groupements locaux ; ces terres abandonnées sont également le lieu de prolifération d’invasives importées, telles que les Budléia Budleja sp. .

Une autre menace est liée à l’utilisation de pesticides, dont la visée dépasse les objectifs de l’exploitant, avec pollution de l’eau, de l’air, du sol, et donc pollution de la biomasse produite, majoritairement à destination alimentaire. L’apport d’engrais minéraux, limité aux trois nutriments- azote, potassium, phosphore – produit une alimentation plus pauvre en éléments essentiels comme le calcium, le manganèse ou le fer. D’autre part, le développement de l’irrigation agricole dans la région Poitou-Charentes rend les aquifères particulièrement vulnérables, tant sur le plan quantitatif (sécurité de l’approvisionnement des populations en eau) que qualitatif (pollution par les nitrates et les pesticides),
notamment au niveau du Jurassique (nappe du Dogger).

Une autre menace pointe : l’utilisation en grandes cultures des organismes génétiquement modifiés. Les espèces cultivées étant souvent allogames, la dissémination de pollens OGM est alors facile vers les adventices de la même famille. D’autre part, les espèces OGM sécrétant leurs propres herbicides ou insecticides, elles contribuent encore plus à l’appauvrissement génétique de ces habitats déjà peu diversifiés.

Enfin, les menaces d’érosion, d’autant plus fortes que la pente des terrains est importante, que les parcelles sont grandes, et surtout que le niveau calcique et humique sont faibles dans des sols à texture fine, peuvent entrainer la disparition complète de l’habitat, tant par érosion éolienne que par les eaux de ruissellement.

Enfin, les espèces cultivées sont de plus en plus sélectionnées dans l’objectif de la production et de moins en moins adaptées aux adversités, elles sont donc de plus en plus fragiles, mettant en péril leur existence, et par conséquent l’habitat lui-même.

Statut régional

C‘est l’habitat le plus répandu de la région Poitou-Charentes où il occupe 55% de la surface totale du sol.

Pour chaque département, les % sont les suivants :

16 : 47% des terres
17 : 51%
86 : 62% (répartis surtout au nord et au nord-ouest)
79 : 60%

Bien que les contrastes saisonniers puissent être assez marqués, les cortèges de faune et de flore des cultures intensives sont toujours très pauvres

 

Vergers

Rédacteur : Anthony Le Fouler

Physionomie – écologie

Par définition, les vergers sont des espaces de terrain dévolus à la culture d’arbres ou arbustes dans le but d’en exploiter leurs fruits. En cela, ils s’opposent aux cultures de ligneux destinés à produire du bois (voir fiche « Plantation de feuillus »). Une première distinction peut être faite selon la hauteur de la strate ligneuse : on distingue ainsi les vergers de hautes tiges des verges arbustifs.

En Poitou-Charentes, les principales essences arborées exploitées sont des Rosacées à fruits à pépins (pommiers, poiriers) ou à noyau (cerisier, pruniers), le Noyer et, dans une moindre mesure, le Châtaignier pour l’exploitation des châtaignes (appelées alors à tort « marrons »).

Dans la région, les vergers arbustifs correspondent principalement aux vignes. En dehors des zones actuelles de grands vignobles du sud-ouest Charente et sud-est de la Charente-Maritime, les vignes recouvraient autrefois de grandes superficies ; elles sont été pour la plupart arrachées et reconverties en vergers de hautes tiges ou en cultures, seules subsistant çà et là quelles vignes familiales de très faible surface.

Quelques rares vergers de pommiers ou de poiriers traités en espaliers rentrent également dans cette catégorie.

La présence et le type de végétation associée dans la strate basse est dépendante du mode de travail du sol. Celui-ci est parfois labouré, sarclé, biné mais le plus souvent traité aux herbicides et donc exempt de toute plante spontanée. Autrefois, les vignes présentaient une flore riche et spécifique. Mais suite à l’utilisation massive de produits phytosanitaires, cette flore s’est fortement banalisée et n’est plus observée que très rarement. Un travail modéré et superficiel du sol favorise les plantes annuelles ou bi-annuelles comme le Souci des champs (Calendula arvensis), les véroniques (Veronica sp.), le Mibora (Mibora minima), les lamiers (Lamium sp.)

Les plantes vivaces sont ici le plus souvent des géophytes à bulbe
comme le Muscari en grappe (Muscari neglectum), l’Ornithogale en ombelle (Ornithogalum gr.umbellatum) et divers ails (Allium sp.pl.), qui sont favorisés par le travail régulier du sol dispersant les bulbes et les caïeux (multiplication végétative). Une des caractéristiques de la flore associée aux vignes régionales est sa richesse en plantes à affinités subméditerranéennes : la vigne, ici proche de la limite nord de sa culture en France, est souvent plantée sur des sols grossiers superficiels (cailloux, sables), à faible rétention d’eau et sur des pentes bien exposées, facteurs favorables à l’implantation de végétaux thermophiles.

Dans les vergers à Rosacées, la végétation se rapporte plutôt à des groupements prairiaux appauvris, artificialisés et eutrophisés sur sols profonds.

Le pH du sol influence aussi les cortèges :

  • sur les sols calcaires, le groupement végétal peut être rapproché du MUSCARO RACEMOSI-ALLION VINEALI (alliance toutefois non reconnue par PVF 2004). Ce cortège a pour plantes caractéristiques l’Ail des vignes (Allium vineale), l’Ail à tête ronde (Allium sphaerocephalon), le Torilis noueux (Torilis nodosa), le Muscari à toupet (Muscari comosum) et le Muscari à grappe (Muscari neglectum). Les véroniques comme la Véronique de Perse (Veronica persica), la Véronique à feuilles de lierre (V. hederaefolia) ou la Véronique luisante (V.polita), manquent rarement.
  • sur sols siliceux, l’association végétale typique associe le Souci des champs et le Mibora du printemps (MIBORO-CALENDULETUM ARVENSIS) ; c’est le domaine de la Véronique à feuilles d’acinos (Veronica acinifolia), malheureusement fortement raréfiée.

Lorsque l’entretien de la vigne devient plus intense, on observe un groupement plus proche du PANICO CRUS-GALLI-SETARION VIRIDIS caractérisé par l’Amaranthe réfléchie, la Barbarée commune, le Laiteron des champs et de nombreux chénopodes.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

STELLARIETEA MEDIAE Tüxen, Lohmeyer & Preising ex von Rochow 1951

  • Chenopodietalia albi Tüxen, Lohmeyer & Preising ex von Rochow 1951 : plantes annuelles des cultures sarclées sur sol eutrophe
    • Veronico agrestis-Euphorbion peplus Sissingh ex Passarge 1964 : communautés eurosibériennes d’annuelles sur sol très fertile et enrichi en matière organique
      • Panico crus-galli-Setarion viridis Oberdorfer 1957 : communautés eurosibériennes sur sols à dominante sableuse ou limoneuse

COR 1991

  • 83.1 – Vergers de hautes tiges
    • 83.12 – Châtaigneraies
    • 83.13 – Vergers à noyers
    • 83.15 – Vergers de Rosacées
  • 83.2 – Vergers arbustifs
    • 83.21 – Vignobles
    • 83.22 – Vergers de basses tiges (espaliers de différentes Rosacées)

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Aucune confusion n’est possible lorsque les arbres et arbustes à fruits sont agencés, organisés de manière volontaire dans l’espace (alignements, plantations en quinconce ou en espaliers).

Dynamique

Dans le cas d’abandon du verger, survient rapidement un embroussaillement par les ronces, les arbustes (prunelier, cornouiller), les lianes (clématites, lierre) et enfin par les arbres avec, en premier lieu, l’Orme champêtre.

En cas d’intensification du travail du sol, sans traitement aux pesticides, les vivaces disparaissent et le cortège évolue vers les communautés d’annuelles des moissons du Scleranthion annui ou du Caucalidion lappulae selon la nature du sol.

Espèces indicatrices

[plante2] (Actinidia chinensis), Allium vineale, A. sphaerocephalon, *Anemone coronaria, Aristolochia clematitis, Calendula arvensis, *Gagea villosa, Malus domestica, Mibora minima, Muscari comosum, M. neglectum, Ornithogalum gr.umbellatum, Physalis alkekengi, Prunus avium cv., Prunus cerasus cv., Prunus domestica, Pyrus communis, *Tulipa sylvestris ssp. sylvestris, *Veronica acinifolia, Vitis vinifera
[plante1] Carduus nutans, Chenopodium album, *Diplotaxis muralis, Erodium cicutarium, Euphorbia helioscopia, Euphorbia peplus, Fumaria officinalis, Geranium dissectum, G. molle, Heliotropium europaeum, Lagoseris sancta, Lamium amplexicaule, L. purpureum, Papaver rhoeas, Polygonum aviculare, Portulaca oleracea, Ranunculus ficaria, Raphanus raphanistrum, Senecio vulgaris, Setaria verticillata, Setaria viridis, Sinapis arvensis, Solanum nigrum, Sonchus asper, Sonchus oleraceus, Stellaria media, Tordylium maximum, Veronica agrestis, V.hederaefolia, V. persica, V. polita
[briophytes] Bryum argenteum, Bryum bicolor, Ceratodon purpureus, Eurhynchium hians, Eurhynchium praelongum, Riccia sorocarpa, Sphaerocarpos michelii
[oiseaux] Athene noctua, Emberiza hortulana, Jynx torquilla, Lanius senator
[lepidopteres] Saturnia pyri

Valeur biologique

La valeur biologique est variable selon le type et le mode d’exploitation du verger. Les vignobles sont aujourd’hui exploités de manière intensive et leur flore spontanée et spécifique a pratiquement disparu du Poitou-Charentes.

Ainsi, la plupart d’entre eux ne possède plus qu’une faible valeur biologique. Seules les petites vignes ancestrales et artisanales sont susceptibles d’abriter encore des cortèges intéressants, voire des espèces en voie de disparition comme la Gagée des champs (Gagea arvensis) (disparue de la région depuis les années 1970), la Tulipe sauvage (Tulipa sylvestris) ou encore l’Anémone couronnée (Anemone coronaria) (3 vignes en 17).

D’un point de vue faunistique, les vignes et leur végétation adventice peuvent constituer un refuge pour les petits vertébrés et une source d’alimentation pour certains oiseaux comme divers fringilles (linottes, chardonnerets, verdiers).

Dans la Vienne, il semble que les dernières populations régionales de Bruant ortolan soient très liées à la présence de vignobles familiaux parsemés d’arbres fruitiers où cette espèce trouve à la fois des postes de chant et les graines indispensables à sa survie.

Les vergers de hautes-tiges traditionnels profitent à bon nombre de papillons de nuit, dont le rare Grand Paon de Nuit, attirés non pas par la couleur des fleurs des Rosacées, puisque celles-ci sont blanches, mais par l’odeur suave et enivrante de leur nectar produit en plus grande quantité pendant la nuit. Les vergers attirent alors des rapaces nocturnes comme la Chouette chevêche ou encore des chauves-souris qui profitent de cette abondance de petites proies volantes.

Les vergers à Rosacées sont plus intéressants en fait pour la diversité des variétés cultivées que pour leur flore herbacée associée. En effet, ils constituent un refuge pour un nombre considérable de variétés anciennes menacées par le faible choix proposé par la grande distribution. Il existe en Poitou-Charentes des vergers conservatoires qui perpétuent les variétés traditionnelles et conservent ainsi le patrimoine génétique fruitier local et régional. Par exemple, le verger de Saint-Marc-La-Lande en Deux-Sèvres conserve 107 variétés de pommes, 58 de poires, 18 de raisins et 17 de rosiers.

Menaces

La principale menace est sans conteste l’utilisation massive et irraisonnée des herbicides. La France, en tant que second consommateur européen, a vu sa flore spontanée se réduire comme une peau de chagrin en moins de 30 ans. A cela se rajoute l’application de techniques agricoles orientées pour une production fruitière de masse, totalement incompatible avec la conservation du patrimoine floristique (labours répétés au cours de l’année, semis et enrichissement des inter-rangs, tonte rase et bi-semestrielle, etc).

Aujourd’hui, la plus grande part des cortèges floristiques et faunistiques des vignes et vergers a disparu ou est dans un état de conservation alarmant. L’utilisation massive de pesticides sur certains vergers intensifs peut même localement être une menace pour l’environnement proche, notamment pour les cours d’eau où se retrouvent de nombreuses molécules dangereuses pour la faune et la flore aquatiques.

Statut régional

Les vignes sont surtout présentes en sud 16 et sud 17. Les autres types de vergers sont très disséminés.

L’Anémone couronnée (Anemone coronaria) est une Renonculacée méditerranéenne présente dans 3 vignes de l’est de Charente-Maritime qui constituent sa limite nord-occidentale en France. Sa spontanéité y est toutefois sujette à caution : la beauté de ses grandes corolles mauves en fait un sujet prisé des jardiniers et fleuristes et il est possible que les stations charentaises soient des reliquats d’une ancienne introduction horticole.

 

Espèces typiques des vignobles peu intensifiés : le Mibora du printemps (Mibora minima) (à g.), l’Ornithogale en ombelle (Ornithogalum umbellatum) et le Muscari à grappe (Muscari neglectum) (à dr.).

Remarquer la localisation stricte de l’ornithogale et du muscari sous le rang de vigne, là où un travail du sol est effectué régulièrement.

 

Structures paysagères d’origine anthropique

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie – écologie

Cet habitat peut prendre l’aspect de haie champêtre, d’alignement d’arbre ou de bosquet.

Les bosquets sont des formations arborées de petites surfaces (moins d’un hectare en général) insérées dans le paysage agricole. Leur composition spécifique, lorsqu’elle est spontanée, est similaire à celles des forêts proches.

Les haies, quant à elles, diffèrent beaucoup en fonction de la gestion courante réalisée par les agriculteurs ou par les agents techniques des communes en charge de leur entretien. Ainsi, c’est le nombre de strates qui va déterminer leur physionomie. On distingue donc des haies de haut-jet ou haies arborées avec un bourrage arbustif entre chaque arbre. Si ce bourrage manque, on parlera plutôt d’un alignement d’arbres.

Lorsque les arbres sont absents de la haie ou lorsque la haie est jeune, la haie est dite arbustive et ne dépasse pas les 5 à 7 mètres.

Dans le cas d’un entretien trop drastique, la haie ne dépasse guère 1 mètre à 1 mètre 50, on la désigne comme basse-arbustive.

La composition spécifique des alignements d’arbres, des haies et des bosquets ne dépend pas uniquement de la nature du sol, du climat et de l’aire biogéographique dans laquelle elle se trouve, mais aussi du choix de l’homme qui est ici prépondérant. Ainsi, il est tout à fait possible de trouver des espèces non locales, horticoles, telles que le Cerisier à grappe, Prunus padus, couramment planté dans les jeunes haies des plaines agricoles, mais aussi parfois des variétés horticoles d’espèces locales comme cela peut être observé pour le Troëne commun Ligustrum vulgare.

Les haies peuvent aussi comporter des espèces envahissantes, comme les alignements d’Erables négundo Acer negundo dans les villes et les villages, ou bien encore la présence de Robinier faux-acacia Robinia pseudacacia, dans certaines haies. Cette dernière espèce est même parfois appréciée pour la qualité imputrescible de son bois et également pour son caractère mellifère (voir fiche « Autres forêts caducifoliées »). C’est ainsi, que l’on peut rencontrer des bosquets constitués presque exclusivement de robiniers.

Les haies jouent un rôle écologique important dans les agrosystèmes : brise-vents, tampon thermique, lutte contre l’érosion des sols, réservoirs d’auxiliaires des cultures, corridors biologiques…

Les haies forestières anciennes relictuelles ont la particularité de présenter une diversité biologique importante contrairement aux haies récentes, généralement plantées qui sont pauvres en espèces.

C’est pourquoi la composition spécifique des haies, plantées par exemple dans le cadre de mesures agri-environnementales, doit être soigneusement réfléchie et doit être le reflet de la composition des bois et forêts qui se sont développés spontanément dans son environnement proche.

Leur composition va être influencée par la nature du sol.

Dans notre région, les Terres rouges à Châtaignier du Civraisien, du Ruffecois et du pays Mellois, les sols à argile à silex et les sols plus ou moins granitiques de la Gâtine Poitevine, du Montmorillonnais, du Lussacois et du Confolentais, sont propices à l’expression des espèces des chênaies acidophiles (COR 41.5) dans les haies, telles que le Châtaignier Castanea sativa bien sûr, mais aussi le Néflier Mespilus germanica, le Houx Ilex aquifolium ou encore la Bourdaine Frangula dodonei subsp. dodonei.

En revanche, sur les sols d’origine calcaire, comme par exemple les Terres de Groies des plaines agricoles du Mirebalais-Neuvillois, du Niortais, de la Saintonge et de l’Angoumois, on rencontre préférentiellement les espèces appartenant à la chênaie-charmaie (41.2) telles le Frêne Fraxinus excelsior, le Merisier Prunus avium ou le Charme Carpinus betulus. Le Chêne pubescent Quercus pubescens et d’autres espèces plus thermophiles comme le Cormier Sorbus domestica ou le Cornouiller mâle Cornus mas, peuvent entrer dans la composition des haies lorsque le sol devient relativement mince et repose sur la roche calcaire.

Enfin, sur les sols riches en azote des grandes plaines céréalières, s’ajoutent les espèces de l’ormaie rudérale tels que l’Orme champêtre Ulmus minor, l’Erable sycomore Acer platanoides ou le Prunellier Prunus spinosa.

On considère que les haies jouent le rôle de forêts linéaires, structurant le paysage. Historiquement les haies servaient de clôtures naturelles séparant entre elles les pâtures de petites tailles. Ce maillage dense de haies et de prairies forme le paysage caractéristique du bocage. Ce paysage aujourd’hui en fort déclin, au profit de l’agriculture céréalière intensive, résiste encore dans les secteurs d’élevage de notre région où les sols sont trop pauvres pour permettre le développement de la céréaliculture : la Gâtine Poitevine et le Confolentais en Charente et en Vienne.

L’un des multiples héritages et richesses du bocage est l’arbre têtard, anciennement taillé à plus de 2 mètres de haut pour le bois de chauffage afin que les bêtes ne puissent pas brouter les jeunes pousses de l’arbre l’année suivante. Cette pratique a aujourd’hui tendance à se perdre dans nos campagnes et les arbres têtards sont pour la plupart tous de vieux arbres.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Nc.

COR 1991

  • 84.1 Alignement d’arbres
  • 84.2 Haies
  • 84.3 Bosquets
  • 84.4 Bocages

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Il n’existe pas de confusion possible pour ces types d’habitats que l’on identifie surtout par la structure dans cette fiche. Quant à la composition spécifique des haies spontanées, le lecteur pourra se référer aux fiches des chênaies oligotrophes (COR 41.5), de la chênaie-charmaie (COR 41.2), de la chênaie pubescente (COR 41.711) et de l’ormaie (COR 41.F11).

Dynamique

Les haies peuvent constituer des structures stables et permanentes dans le cadre d’une gestion régulière mais elles auront sans doute tendance à s’élargir et gagner sur les surfaces voisines si elles ne sont pas régulièrement entretenues soit par la fauche soit par le pâturage.

Il est possible de recéper la haie, ce qui suppose de couper à la base les arbustes qui la composent. Les haies traitées ainsi ne devraient pas avoir de mal à repartir et reformer assez rapidement une formation arbustive. Néanmoins cette pratique doit être opérée par petites touches (environ 50 à 100 m d’un seul tenant maximum) afin de ne pas altérer la fonction de corridor biologique de la haie.

Espèces indicatrices

[plante2] Acer campestre, Acer pseudoplatanus, Carpinus betulus, Castanea sativa, Clematis vitalba, Cornus sanguinea, Cornus mas, Crataegus monogyna, Frangula dodonei subsp. dodonei, Fraxinus excelsior, Ilex aquifolium, Ligustrum vulgare, Malus sylvestris, Mespilus germanica, Platanus sp., Prunus avium, Prunus spinosa, Pyrus communis, Quercus robur, Quercus petraea, Quercus pubescens, Rhamnus cathartica, Rosa canina, Rosa arvensis, Rubus sp., Sorbus domestica, Sorbus torminalis, Tilia x vulgaris, Ulmus minor, Viburnum lantana, Viburnum opulus
[briophytes] Amblystegium serpens, Brachythecium rutabulum, Eurhynchium hians, Eurhynchium stokesii, Fissidens taxifolius, Hypnum cupressiforme
[champignons] Calocybe gambosa, Entoloma clypeatum, Entoloma saudersii,Entoloma sepium, Lactarius pyrogalus, Tubaria autochtona
[oiseaux] Emberiza citrinella, Sylvia atricapilla, Sylvia borin, Sylvia communis
[reptiles] Coluber viridiflavus, Lacerta viridis
[lepidopteres] Aporia crataegi, Iphiclides podalirius, Satyrium pruni, Satyrium W-album, Thecla betulae
[coleopteres] Cerambyx cerdo, Lucanus cervus, Osmoderma eremita

Valeur biologique

Les haies entourant les maisons particulières ou les fermes sont souvent constituées d’espèces sempervirentes tel le Thuya ou le Laurier. Ces haies ne présentent que très peu d’intérêt biologique.
En revanche, les haies composées d’espèces locales des plaines agricoles et du bocage jouent un rôle écologique important. Elles structurent le paysage et relient les boisements et les milieux naturels entre eux. Ce sont des corridors biologiques ou des « couloirs de déplacement » parfois indispensable pour la faune (oiseaux, mammifères « terrestres », chauves-souris, reptiles…). Leur diversité spécifique présente plusieurs intérêts pour la faune. La floraison a lieu depuis le mois de février (Cornus mas, Prunus spinosa) jusqu’au milieu de l’été (Rosa sp. Rubus sp.), ce qui est attractif pour les insectes butineurs et pollinisateurs, qui trouvent peu de fleurs en début de printemps.

Les haies portent des fruits et des baies comestibles pour la faune (oiseaux) jusqu’au plus fort de l’hiver (Néflier, Lierre…), période où la recherche de nourriture devient difficile.

Dans les agrosystèmes, la haie et la banquette herbeuse en pied de haie sont des abris pour une entomofaune variée, dont certains sont de précieux auxiliaires des cultures.

Les vieux arbres creux (arbres têtards) ou morts de la haie sont favorables aux larves d’insectes xylophages dont certains sont patrimoniaux pour notre région tels la Rosalie des Alpes Rosalia alpina (Gâtine Poitevine) ou le Piqueprune Osmoderma eremita. Tous deux sont des coléoptères protégés au niveau européen. Ces insectes (Capricorne, scolytes, taupins…) constituent également une réserve alimentaire pour de nombreux oiseaux (turdidés, fauvettes…).

Incapables de creuser le bois avec leur bec, les Chouettes chevêches sont à la recherche des cavités naturelles des vieux arbres et des arbres têtards pour y installer également leur progéniture.

Les haies sont donc à l’origine d’une richesse biologique importante et parfois patrimoniale.

Menaces

Les haies ont été victimes de la mécanisation et de l’industrialisation de notre agriculture traditionnelle paysanne. Le maillage des petites pâtures du bocage séparées de haies, a peu à peu laissé la place aux très grandes parcelles de l’agriculture céréalière intensive. Cette mutation a nécessité et nécessite encore au gré des remembrements, l’arrachage massif des haies champêtres. Seuls les secteurs d’élevage ont conservé le bocage et les haies arborées qui les structurent.

Les grandes plaines céréalières ont, quant à elles, conservé quelques fragments de haies souvent déconnectés de tout boisement ou milieu naturel. Les haies sont parfois replantées, souvent avec le soutien d’aides publiques. Cela pose le problème de l’artificialisation des espèces, de leur indigénat et des caractéristiques génétiques locales qui ne sont plus respectées.

On observe parfois dans les campagnes un entretien trop sévère, qui soit éclate les branches, soit contraint la haie à moins de 1 mètre de haut. Dans ce dernier cas il est évident que le rôle de corridor biologique de la haie est très amoindri. Enfin, l’abandon des techniques traditionnelles se traduit par l’absence de renouvellement des arbres têtards dans les haies, qui sont aujourd’hui tous ou presque tous de très vieux sujets.

Statut régional

Dans la région Poitou-Charentes, les haies et bosquets sont répandus partout.

Les zones de bocages sont en revanche localisées à quelques secteurs particuliers : Gâtine en 79, Confolentais en 16 et Montmorillonnais en 86.

 

Plantations de feuillus

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie – écologie

Cette rubrique comprend divers types de plantations d’arbres feuillus destinés à la production de bois. Leur physionomie et leur écologie sont très variées selon l’essence impliquée mais, dans la plupart des cas, la structure verticale de l’habitat est très simplifiée par rapport à celle des forêts « naturelles » avec, le plus souvent, une seule strate ligneuse appartenant à une unique classe d’âge ; de plus, les pratiques courantes d’entretien – labour, broyage, désherbage chimique, coupes d’élagage ou d’éclaircie – visant à supprimer toute concurrence vis-à-vis de l’essence-cible contribuent beaucoup à appauvrir les strates arbustive et herbacée qui peuvent même parfois manquer totalement. Dans ces écosystèmes simplifiés à la flore appauvrie, les niches possibles pour la faune sont peu nombreuses (hormis pour certains insectes ravageurs !) et peu d’espèces animales y trouvent un lieu de vie, se contentant le plus souvent de traverser les plantations lorsqu’elles sont en contact avec d’autres zones d’habitats naturels.

les plantations de peupliers : elles occupent environ 20 000ha en Poitou-Charentes, situées pour la plupart sur des sols alluviaux argileux, correctement aérés (nappe située à 40cm de profondeur au moins à l’étiage) et à pH proche de la neutralité. Les peupliers cultivés représentés autrefois par des cultivars d’espèces pures (Populus nigra, Populus deltoides), sont aujourd’hui des cultivars issus d’hybrides entre ces 2 espèces et connus sous l’appellation générique de « peupliers euraméricains ». Les clones les plus représentés dans la région sont le « Blanc du Poitou », cultivar rustique exploitable à 25 ans, le I 45-51 et le I 214 cultivars performants exploitables à 20 ans et le Dorskamp, très performant et support d’une populiculture intensive avec 204 tiges/ha (contre 156 pour les précédents) et une exploitation au bout de 15 ans seulement, avec une productivité supérieure à 15 m3/ha/an.

Le principal débouché pour ces bois tendres est le déroulage pour le contreplaqué ou l’emballage (60 % des contreplaqués « peupliers » produits en France, sont fabriqués en Poitou-Charentes). Selon l’option choisie par le populiculteur, la peupleraie peut offrir des visages très différents : dans le cas de la voie intensive, le travail du sol préparatoire, la fertilisation initiale puis le désherbage chimique durant les 5 premières années et les broyages d’entretien bisannuels laissent peu de place à la biodiversité, l’habitat se réduisant alors à une culture d’arbres ; dans le cas de la voie extensive, sans travail du sol préparatoire, ni désherbage chimique et avec un broyage d’entretien restreint à un seul passage annuel, le sous-bois peut être occupé par une mégaphorbiaie eutrophe, mêlant hautes herbes hygrophiles comme la Reine des prés Filipendula ulmaria ou la Grande salicaire Lythrum salicaria et nitrophytes tels que le Grand Liseron Calystegia sepium, le Gaillet gratteron Galium aparine, des épilobes etc ; dans certains contextes, une flore de type nettement forestier peut même s’implanter avec la Ficaire, le Lierre, le Lierre terrestre etc.

les plantations d’eucalytus : des plantations expérimentales ont été tentées en Charente au début des années 1980 dans le cadre d’un programme de recherches sur la valorisation possible de cette essence dans le sud de la France mais elles ont été abandonnées.

les plantations de chênes exotiques : le Chêne rouge Quercus rubra, arbre originaire de l’est de l’Amérique du Nord, fait l’objet de reboisements limités en région Poitou-Charentes – Confolentais, argiles à silex, Double – sur sols légers et acides. C’est une essence à croissance juvénile forte qui peut atteindre 200 ans mais dont l’âge d’exploitabilité optimal se situe vers 50-70 ans. Son bois, de qualité inférieure à celui des chênes indigènes, est utilisé pour le tranchage, en ébénisterie et en menuiserie. La densité des tiges et l’intensité de l’entretien (sous-solage initial, désherbage anti-graminées, coupes d’éclaircie fréquentes) nécessités par la volonté de produire du bois d’œuvre, font de ces plantations des cultures d’arbres plutôt que de véritables forêts et la biodiversité y est réduite.

les plantations de robiniers : celles-ci sont traitées dans la fiche AUTRES FORETS CADUCIFOLIEES .

les plantations de noyers : le Noyer commun Juglans regia (originaire des Balkans mais introduit en Europe de l’Ouest depuis l’époque romaine) est l’arbre emblématique des terroirs argilo-calcaires du Poitou-Charentes. En régression depuis la mécanisation de l’agriculture, il est de plus en plus remplacé pour la production de bois depuis les années 1990 par le Noyer noir Juglans nigra (originaire d’Amérique du Nord) et, surtout, par l’hybride entre ces 2 espèces Juglans X intermedia. Ce dernier, moins exigeant sur le pH du sol, est adapté à une plus large gamme de situations. Le bois des noyers, de très grande valeur, est très recherché pour l’ébénisterie, la tournerie, les placages décoratifs etc. Les plantations, par la densité des tiges et la sévérité des entretiens, s’apparentent plus à des vergers qu’à des forêts naturelles. Elles sont parfois utilisées en reboisement de terres agricoles.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Nc.

COR 1991

  • 83.32 Plantations d’arbres feuillus
    • 83.321 Plantations de peupliers
    • 83.322 Plantations d’Eucalyptus
    • 83.323 Plantations de Chênes exotiques
    • 83.324 Plantations de Robiniers
    • 83.325 Autres plantations d’arbres feuillus

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Aucune.

Dynamique

Dans la mesure où il s’agit de plantations, il n’y a pas de dynamique propre des peuplements.

Espèces indicatrices

[plante2] Juglans nigra, Juglans regia, Juglans x intermedia, Populus X canadensis, Quercus rubra, Robinia pseudacacia
[plante1] peupleraies : Calystegia sepium, Eupatorium cannabinum, Filipendula ulmaria, Galium aparine, Humulus lupulus, Lythrum salicaria, Phalaris arundinacea, Rubus caesius, Sambucus nigra, Solanum dulcamara, Symphytum officinale, Urtica dioica
[oiseaux] peupleraies : Dendrocopos major, Dendrocopos minor, Oriolus oriolus
[coleopteres] peupleraies : Cryptorrhynchus lapathi, Melasoma populi, Melasoma phyllodecta, Saperda carcharias, Saperda populnea
[lepidopteres] peupleraies : Aegeria apiformis, Cossus cossus, Sciapteron tabaniformis, Zeuzera pyrina
[champignons] peupleraies : Agrocybe aegerita, Amanita malleata, Hebeloma populinum, Hemipholiota populnea, Lactarius controversus, Leccinum aurantiacum, Leccinum duriusculum, Tricholoma populinum

Valeur biologique

La valeur biologique des plantations de feuillus est très faible, la fréquence et l’intensité des traitements d’entretien y limitant fortement les potentialités pour la flore et la faune. Seules les peupleraies à gestion extensive peuvent présenter un intérêt quelconque : lorsque l’entretien s’y limite à un unique broyage annuel, une végétation à hautes herbes s’y développe en sous-strate, présentant de forte affinités avec les véritables mégaphorbiaies ; la peupleraie peut alors constituer un habitat de substitution pour certaines espèces végétales et animales.

Menaces

Nc.

Statut régional

  • plantations de peupliers : répandues sur l’ensemble des vallées alluviales de la région
  • plantations de Chêne rouge d’Amérique : çà et là hors secteurs calcaires (Confolentais, Terres Rouges, Double)
  • plantations de Robinier : surtout au nord de la Vienne, sur les sols sableux du Saumurois-Loudunais (50% du total régional) ; sinon, disséminées partout ailleurs
  • plantations de noyers : Terres rouges, Terres de groies, Saumurois, Loudunais, Champagne et Saintonge, Plaines de Thouars et Moncontour.

 

Plantations de conifères

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie – écologie

Les peuplements artificiels de résineux constituent un milieu homogène consacré à la production de bois. Les premières espèces mises à contribution dans la région Poitou-Charentes ont été des pins (Pin maritime sur sols siliceux et Pin sylvestre sur sol calcaire) espèces pionnières très rustiques, le Pin maritime appartenant par ailleurs à la flore indigène. Ces deux espèces constituent encore sans doute les essences les plus utilisées (60000 ha pour le Pin maritime et 10000 ha pour le Pin sylvestre)

De nombreuses espèces exotiques ont par la suite été introduites avec des succès mitigés, soit en peuplements purs, soit beaucoup plus rarement en mélange. On peut citer les espèces suivantes :

  • Le Sapin de Nordmann – origine Caucase – en départements 16 et 17
  • L’Epicéa de Sitka – origine Amérique du NO – en 16
    -Le Douglas vert (ou pin de l’Orégon) – origine Amérique du NO – en16 (3500 ha)
  • Le Mélèze du Japon – origine Japon – en 16
  • Le Pin laricio de Corse – origine Corse – en 16, 79 et 86 (4000 ha)
  • Le Pin noir d’Autriche – origine Europe des Balkans – en 16 79 et 86
  • Le Pin pignon (ou pin parasol) – origine pourtour méditerranée – en 17
  • Le Pin Weymouth – origine Amérique de l’Est – en 16 et 86

On y ajoutera des essences plantées en parcs et jardins (Cèdre de l’Atlas, Cyprès divers, Mélèze du Japon, If, Sapin de Vancouver….)
L’ensemble couvre une surface représentant 6% des surfaces plantées en Poitou-Charentes.

Les plantations de conifères se font en plein ou en alignements.

En plein, on recherche la simplicité. Les forestiers utilisent une seule essence avec des populations constituées d’individus du même âge et de même dimensions, issus de techniques de clonage, ce qui rend la plantation facile à conduire. Les plants sont alignés et régulièrement espacés de manière à faciliter les opérations de gestion, les différentes étapes pouvant être mécanisées. L’espace est occupé en totalité, on éclaircit par une succession de dépressages. La végétation adventice est considérée comme concurrente et donc éliminée. Il arrive de plus en plus fréquemment que l’on pratique des améliorations génétiques par sélection, que l’on fertilise le sol et que l’on s’assure d’un bon état sanitaire par utilisation de pesticides, la culture mono spécifique favorisant les attaques de parasites.

L’exploitation se fait par coupe rase sans chercher à retrouver une régénération par semis, on ne conserve donc pas de semenciers.

Il arrive que les plantations en plein de résineux soient masquées par alignements de feuillus disposés en écran paysager.

Ailleurs, ce sont les résineux qui sont disposés en alignements, notamment en brise vent ce que favorise leur feuillage persistant. Ici ou là, ces alignements ont pu constituer des éléments remarquables du paysage local, citons ici les alignements de Cyprès de Lambert dans les îles du Ponant.

Les conifères sont responsables d’une acidification du sol avec un appauvrissement de la pédoflore bactérienne et cryptogamique, la décomposition de la litière à la surface du sol en est ralentie.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Nc.

COR 1991

  • 83.31 Plantations de conifères

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Aucune.

Dynamique

Pas de dynamique naturelle.

Espèces indicatrices

[plante2] (Abies nordmanniana), (Larix kaempferi), Monotropa hypopitys, (Picea sitchensis), (Pinus nigra ssp.nigra), (Pinus nigra ssp.laricio), Pinus pinaster, (Pinus pinea), (Pinus strobus), (Pinus sylvestris), (Pseudotsuga menziesii)
[coleopteres] Ergastes faber
[lepidopteres] Dendrolimus pini, Thaumatopea pityocampa

Valeur biologique

Outre les résineux plantés, il est possible de rencontrer quelques espèces qui vivent soit en parasites soit en commensaux, ou qui trouvent en sous bois un abri favorable. La flore mycologique peut présenter parfois un certain intérêt (bolets, tricholomes, russules, Sparassis crépu…).

Menaces

Les ouragans du type de celui qui s’est abattu fin décembre 1999 sur le département de la Charente-Maritime constituent la première menace pour les plantations. L’utilisation du Pin à l’encens Pinus taeda lors des reconstitutions des peuplements sinistrés constitue parfois une bonne alternative, ce pin possédant un enracinement plus important. Toutes les espèces sont soumises à l’attaque de parasites, processionnaires, charançons, cochenilles, chenilles défoliatrices, pissodes, pyrale du tronc, scolytes, tordeuses, ou champignons (rouilles, fomes, agents de chancre…)

Le grand gibier peut poser de sérieux problèmes sur les jeunes plantations, le chevreuil étant à lui seul responsable des principales dégradations.

Statut régional

La Charente-Maritime, dans sa partie Saintonge boisée, et la Charente hébergent les surfaces enrésinées les plus importantes. Les plantations y sont en relation avec la déprise agricole.

Ces régions sont de culture forestière ancienne mais les plantations mixtes ont été supplantées dans la seconde moitié du 20ème siècle par des plantations mono spécifiques de résineux.

 

Lieux piétinés humides

Rédacteur : Anthony Le Fouler

Physionomie – écologie

Les lieux piétinés humides correspondent aux zones qui sont à la fois périodiquement inondées et fortement pâturées. Une végétation à recouvrement souvent épars à base de graminées rampantes et d’oseilles ou de grands joncs se développe sur des sols compactés par un piétinement excessif et très enrichis en éléments nutritifs apportés par une concentration de déjections animales. Les conditions abiotiques (eau, sol, nutriments) sont alors très contraignantes et limitent les possibilités floristiques. L’habitat correspond le plus souvent aux zones d’abreuvoir, aux parcs de contention, aux cours de ferme mais peut aussi apparaître spontanément en bordure de cours d’eau ou en queue d’étang.

Le piétinement intensif et les inondations rendent le tapis végétal discontinu. Le surpâturage favorise des plantes graminoïdes stolonifères coloniales et peu appétantes comme la Laîche hérissée et les grands joncs. Ces plantes forment alors des touffes denses plus ou moins étalées en surface (zones de refus). Les espèces les plus représentatives de l’habitat sont le Plantain majeur (Plantago major), l’Agrostide stolonifère (Agrostis stolonifera), le Vulpin genouillé (Alopecurus geniculatus), l’Oseille crépue (Rumex crispus) ainsi que la Potentille ansérine (Potentilla anserina).

En outre, on observe dans certains cas l’apparition d’une strate supérieure dominée soit par le Chiendent rampant (Elymus repens), soit par les grands joncs. L’apparition d’une telle strate modifie ainsi considérablement la physionomie de l’habitat.

Au moins 4 associations végétales sont reconnues en Poitou-Charentes et correspondent à des stades de dégradation par piétinement d’autres communautés végétales. Leur déterminisme dépend des conditions stationnelles :

  • en conditions mésophiles sur substrats limoneux à sablo-limoneux, on rencontre la communauté à Oseille crépue et Vulpin genouillé (RUMICI CRISPI-ALOPECURETUM GENICULATI) à affinités nord- et sub-atlantiques ;
  • en conditions hygrophiles et thermophiles sur substrats alcalins à texture variable, on observe une communauté souvent ouverte et donc riche en plantes annuelles, mais dominée par la Menthe pouillot et le Grand plantain (PLANTAGINI MAJORIS-MENTHETUM PULEGII) ;

Il existe aussi sur le littoral de Charente-Maritime, 2 communautés subhalophiles et thermo-atlantiques dérivant des communautés prairiales des marais arrière-littoraux :

  • le PLANTAGINI MAJORIS-TRIFOLIETUM RESUPINATI apparait en conditions mésohygrophiles sous l’action d’un piétinement excessif des prairies subhalophiles du CARICI DIVISAE-LOLIETUM PERENNIS ;
  • le RANUNCULO OPHIOGLOSSIFOLII-MENTHETUM PULEGII dérivant en conditions hygrophiles de la dégradation par piétinement des dépressions du RANUNCULO OPHIOGLOSSIFOLII-OENANTHETUM FISTULOSAE des marais subhalophiles.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

AGROSTIETEA STOLONIFEREA Th. Müll. & Görs 1969

  • Potentillo anserinae-Polygonetalia avicularis Tüxen 1947
    • Agropyro-rumicion crispi p.p. : communautés piétinées et pâturées collinéennes, mésohygrophiles et eutrophes.

COR 1991

  • 37.24 – Prairies à Agropyre et Rumex
    • 37.241 – Pâture à grand jonc
    • 37.242 – Prairies inondables à Agrostis stolonifère et Fétuque faux-roseau

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Lorsque que le milieu est ouvert, une confusion peut être faite entre l’AGROPYRO-RUMICION et le LOLIO-PLANTAGINION MAJORIS. La distinction réside dans le degré l’humidité du sol à l’année.

En effet, l’association à Raygrass anglais et Grand plantain ne supporte pas ou peu les périodes d’inondation. Une confusion est aussi possible pour les groupements végétaux transitoires avec les végétations prairiales en cas de piétinement modéré. Dans les conceptions modernes en effet, l’AGROPYRO-RUMICION est intégré dans diverses alliances de végétations prairiales dont il ne représente qu’un stade de dégradation.

Dynamique

La dynamique de l’habitat est liée principalement à l’intensité, la fréquence et le type de pâturage ainsi qu’à la durée d’inondation.

En cas de baisse de ces contraintes et perturbations, l’habitat retourne aux communautés des prairies humides avec la réapparition lente et progressive des graminées et une fermeture du milieu.

En cas de piétinement extrême, les vivaces ne se maintiennent pas et on observe alors une prédominance des thérophytes et donc un passage à la classe des POLYGONO-POETEA ANNUAE.

Espèces indicatrices

[plante2] Alopecurus geniculatus, Carex hirta, Carex cuprina, Elytrigia repens, *Inula britannica, Juncus conglomeratus, Juncus effusus, Juncus inflexus, Lysimachia nummularia, Mentha pulegium, Mentha suaveolens, Plantago major, Potentilla anserina, Potentilla reptans, Rumex crispus
[plante1] Agrostis stolonifera, *Damasonium alisma, Festuca arundinacea, Juncus bufonius, Lolium perenne, Lythrum hyssopifolia, Matricaria discoidea, Plantago coronopus, Poa annua, Polygonum aviculare, Pulicaria dysenterica, *Ranunculus ophioglossifolius, Ranunculus repens, Ranunculus sardous, Rorippa sylvestris, Rumex conglomeratus, Rumex obtusifolius, Trifolium fragiferum, *Trifolium michelianum, *Trifolium ornithopodioides, Trifolium repens, Trifolium squamosum.
[briophytes] Archidium alternifolium, Bryum bicolor, Calliergonella cuspidata, Eurhynchium hians, Riccia sorocarpa

Valeur biologique

Puisque l’habitat est conditionné par le surpâturage sur des sols gorgés d’eau l’hiver, il n’est pas rare en Poitou-Charentes.

En effet, dans la plupart des systèmes d’élevage actuels, les chargements en équivalent gros bétail sont élevés et inadaptés aux capacités fourragères des prairies.

En dépit de la banalité de ces communautés végétales, exceptés celles placées en contexte arrière-littoral, les lieux piétinés humides sont fréquentés par une faune et une flore généralement variées. Toutefois, dans le cas des prairies temporaires, le système de rotation des cultures impliquant le retournement du sol nuit à la diversification spécifique de ces communautés.

Dans les talwegs et les queues d’étang, les prairies à grands joncs constituent des refuges de premier choix pour de nombreux gastéropodes, des crustacés d’eau douce, des alevins et des poissons de petite taille, ainsi que pour des tritons et des grenouilles.

Certains oiseaux comme la Poule d’eau ou la Foulque utilisent volontiers le sommet des touffes de joncs comme base pour la construction de leur nid leur permettant ainsi d’éviter une submersion de leur ponte par une hausse soudaine du plan d’eau.

En contexte arrière-littoral, l’habitat présente une valeur biologique plus importante du fait de la présence de plantes transgressives des prairies et dépressions subhalophiles. Par exemple, la Renoncule à feuille d’ophioglosse, plante protégée sur l’ensemble du territoire national, supporte relativement bien le piétinement et peut donc se maintenir dans ce type de communautés.

Menaces

L’existence de l’habitat étant en grande partie conditionnée par les activités anthropiques, les lieux piétinés humides de l’intérieur des terres ne sont pas ou très peu menacés. Le cas est différent pour les communautés du littoral car celles-ci se raréfient et présentent une valeur patrimoniale importante.

Cet habitat abrite potentiellement plusieurs plantes rares et/ou protégées, dont la Renoncule à feuille d’Ophioglosse Ranunculus ophioglossifolius ou
le Trèfle faux-pied d’oiseau Trifolium ornithopodioides.

Les communautés spontanées de bords de rivière et queues d’étang sont elles aussi menacées. Les principales causes de régression de l’habitat sont la rectification des berges dans le cadre des recalibrages des cours d’eau et la plantation en plein de peupliers.

Statut régional

L’habitat est répandu sur l’ensemble de la région, mais certains faciès sont plus localisés (faciès subhalophile des marais arrière-littoraux, faciès des rives d’étangs).

 

Dans certaines prairies fortement pâturées, le contraste est parfois brutal entre les faciès graminéens appétants tondus à ras et les refus de joncs totalement ignorés par le bétail


Deux espèces caractéristiques de l’habitat : la Lysimaque nummulaire (Lysimachia nummularia) (à g.) et la Potentille des oies (Potentilla anserina) (à d.)

 

Friches rudérales annuelles

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie – écologie

Cet habitat regroupe divers types de friches se développant dans des sites fortement influencés par l’Homme et régulièrement perturbés : jachères récentes (dont il constitue le 1er stade dans la dynamique de recolonisation), espaces industriels vacants, terrains vagues, gares, ports, jardins et squares urbains, base des murs… La physionomie et la composition spécifique sont très variables (au moins 15 communautés différentes présentes en Poitou-Charentes), mais toujours caractérisées par la domination d’espèces annuelles : thérophytes d’hiver, germant au moment des pluies d’automne, passant l’hiver à l’état de dormance et fleurissant au printemps suivant, et thérophytes d’été, de cycle plus court, germant au printemps et fleurissant/fructifiant dans le courant de l’été jusqu’en début d’automne. Il s’agit donc de plantes à cycle biologique court, mais cependant trop long pour pouvoir s’implanter dans les espaces régulièrement labourés et cultivés, et trop court pour pouvoir perdurer dans les friches pluri-annuelles (DAUCO-MELILOTION, ONOPORDION ACANTHII) où la concurrence des grandes espèces (Carduus, Verbascum, Melilotus…) leur est fatale.

Les sols occupés par l’habitat sont très variés quant à leur texture (source de différenciation en sous-types), souvent tassés par le piétinement, mais toujours secs et bien drainés, et plus ou moins riches en nutriments. L’habitat prospère dans des conditions climatiques plutôt douces (climat tempéré chaud et méditerranéen humide), des températures hivernales trop basses limitant beaucoup la diversité des thérophytes.

Certaines familles (et genres) y sont particulièrement bien représentées : Poacées (genre Bromus, notamment), Amaranthacées (Amaranthus), Chénopodiacées, (Chenopodium), Astéracées (Conyza), Brassicacées (Sisymbrium, Raphanus). De
nombreuses espèces exotiques adventices, introduites volontairement (espèces décoratives) ou non y prospèrent le temps d’une saison de végétation sans toutefois gêner le développement de la flore autochtone ; d’autres, au contraire, ont été introduites autrefois et sont naturalisées de longue date (Datura, Xanthium, Hyoscyamus).

La différenciation de l’habitat en sous-types se fait selon 2 gradients : l’un trophique (richesse du sol en dérivés azotés) et l’autre thermique (températures annuelles). On distingue ainsi :

  • les friches annuelles, subnitrophiles à nitrophiles, médioeuropéennes, des sols à texture fine à moyenne du SISYMBRION : les sols y sont modérément riches en azote, le climat tempéré et la phénologie plutôt vernale. Ce sous-type est représenté dans la région par au moins 5 associations végétales différentes, certaines très répandues comme la communauté à Brome stérile et Orge des rats (BROMO STERILIS-HORDEETUM MURINI) ;
  • les friches subnitrophiles, thermophiles du LAGURO-BROMION sur arrière-dunes perturbées : très répandu sur le littoral et les îles de Charente-Maritime, ce sous-type se différencie en plusieurs communautés (au moins 4) caractérisées par l’abondance du Lagure Lagurus ovatus, de divers bromes Bromus sp et, dans certains cas, de l’Orge des lièvres Hordeum murinum ssp. leporinum. Il occupe des surfaces parfois importantes sur les arrière-dunes exposées à une forte pression touristique et divers autres sites littoraux à substrat sableux, fortement influencés par l’Homme ;
  • les friches très nitrophiles, à phénologie estivale-automnale du CHENOPODION MURALIS, dominées par des chénopodes, des amaranthes ou des vergerettes (Conyza) occupent quant à elles les sites les plus enrichis (urine, déjections, détritus divers).

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • SISYMBRIETEA OFFICINALIS Gutte & Hilbig 1975 : végétation anthropogène nitrophile, à dominante d’annuelles ou de bisannuelles des sites rudéralisés
    • Brometalia rubenti-tectorum Rivas-Martinez & Izco 1977 : communautés subnitrophiles, thermophiles
      • Laguro ovati-Bromion rigidi Géhu & Géhu-Franck 2004 : communautés des arrière-dunes perturbées
    • Sisymbrietalia officinalis Tüxen 1962 : communautés nitrophiles eurosibériennes
      • Sisymbrion officinalis Tüxen, Lohmeyer &Preising 1951 : communautés vernales, de climat tempéré
      • Hordeion murini Br.-Bl. 1936 : communautés surtout méditerranéennes
    • Chenopodietalia muralis Br.-Bl. 1936 : communautés très nitrophiles, estivales
      • Chenopodion muralis Br.-Bl. 1936 : communautés nitrophiles, thermo-continentales

COR 1991

  • 34.81 Groupements méditerranéens subnitrophiles de graminées
  • 87.2 Zones rudérales

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Cet habitat doit être soigneusement distingué d’habitats proches susceptibles d’occuper les mêmes biotopes et qui, souvent, le précédent ou lui succèdent dans la dynamique naturelle de la végétation (dans ces situations de transition, des espèces de l’un perdurent souvent dans l’autre).

On le distinguera ainsi des friches du DAUCO-MELILOTION qui est, quant à lui, dominé par des espèces vivaces et tend donc à le remplacer si aucune perturbation majeure ne vient entraver la dynamique.

De même, on le distinguera de l’ONOPORDION par l’absence des grandes espèces bisannuelles ou vivaces (chardons, cirses, molènes) qui caractérisent ce type de friche. On l’isolera plus facilement des friches hautes de l’ARCTION, à structure de mégaphorbiaie rudérale, d’aspect très différent (biomasse beaucoup plus forte). On le séparera enfin des friches graminéennes du CONVOLVULO-AGROPYRION ou du FALCARIO-POION par l’absence de Poacées vivaces comme les agropyres ou le brachypode.

Dynamique

Les friches rudérales annuelles constituent la 1ère étape de recolonisation végétale sur des substrats perturbés : si les facteurs détruisant périodiquement la végétation cessent d’agir, la friche annuelle va être progressivement supplantée par une friche vivace plus dense et à recouvrement plus fermé ; tôt ou tard, des semences anémochores (saules tels que Salix atrocinerea ou S .alba en situations fraîches, Orme champêtre Ulmus minor) ou ornithochores (Prunellier Prunus spinosa, Aubépine monogyne Crataegus monogyna, Ronce bleuâtre Rubus caesius, Ronce des bois Rubus fruticosus, Cornouiller sanguin Cornus sanguinea, églantiers divers Rosa sp., Lierre Hedera helix) vont germer et créer des fruticées pionnières ; dans un 2ème temps, des essences post-pionnières ou nomades (frênes, érables, Tremble, peupliers) finiront par structurer une forêt dont la strate arborée sera peu différente des forêts naturelles régionales (alors que la strate herbacée de départ intégrait de nombreux éléments « exotiques ») : ormaie-frênaie plus ou moins rudéralisée, frênaie, chênaie-frênaie etc.

Espèces indicatrices

[plante2] Amaranthus albus, A. blitum, A. graecizans, A. hybridus, A.retroflexus, (Ambrosia artemisiifolia), *Apera interrupta, Avena barbata, Borago officinalis, Bromus diandrus, B.hordeaceus sp.hordeaceus, B.hordeaceus ssp. pseudothominei, B.hordeaceus ssp. thominei, B.madritensis, B.sterilis, B.tectorum, Chenopodium album, C.murale, *C.vulvaria, Conyza sumatrensis, C.canadensis, (Cosmos bipinnatus), Crepis capillaris, C.setosa, Datura stramonium, Erodium moschatum, Hordeum murinum, H.murinum ssp.leporinum, *Hyoscyamus niger, Lactuca serriola, Lagurus ovatus, Lepidium ruderale, Malva neglecta, Medicago orbicularis, (Nycandra physaloides), Odontites vernus ssp.serotinus, (Oxalis valdiviensis), (Phacelia tanacetifolia), *Plantago scabra, Portulaca oleracea, Raphanus sativus, Rapistrum rugosum, Sisymbrium officinale, Torilis nodosa, Urtica urens, Vicia sativa ssp.sativa, Vicia villosa, Xanthium spinosum, X.strumarium
[plante1] Andryala integrifolia, Atriplex patula, Calendula officinalis, Galium aparine, Mercurialis annua, Myosotis arvensis, Raphanus raphanistrum ssp. landra, Reseda luteola, Solanum nigrum, Sonchus oleraceus, Stellaria media, Verbena officinalis, Vulpia fasciculata, V.membranacea
[briophytes] Barbula unguiculata, Bryum bicolor, Entosthodon fascicularis, Ephemerum serratum, Phascum cuspidatum, Riccia sorocarpa
[oiseaux] Carduelis cannabina, Carduelis carduelis, Galerida cristata, Passer montanus
[orthopteres] Aiolopus thalassinus, Chorthippus biggutulus, Euchorthippus declivus, Eumodicogryllus bordigalensis, Oedipoda caerulescens, Platycleis tessellata
[champignons] Lepista personata, Leucoagaricus bresadolae

Valeur biologique

Aucune de ces friches ne possède de valeur patrimoniale intrinsèque au titre de la biodiversité. Bien que leur diversité floristique soit importante (plus de 50 espèces caractéristiques), elles n’hébergent que très peu de plantes patrimoniales (Jusquiame Hyoscyamus niger, Plantain des sables Plantago scabra). L’habitat est par ailleurs connu pour abriter des espèces exotiques fugaces, à la floraison parfois spectaculaire (Nycandra, Oxalis). Pour l’avifaune, ces friches constituent un site de recherche alimentaire très fréquenté par divers passereaux granivores (Linotte, Chardonneret, Moineau friquet) dont le déclin constaté au cours des dernières décennies est peut-être à relier à la régression de l’habitat.

Enfin, dans le cas des communautés du LAGURO-BROMION, elles constituent un outil de choix pour porter un diagnostic et apprécier le degré de dégradation de certains sites dunaires.

Menaces

L’habitat est en nette régression : l’abandon des jachères et l’intensification de l’agriculture, la densification de l’espace urbain avec la disparition des terrains vagues, le remplacement des friches semi-naturelles par des plantations à but ornemental par les Services des Espaces Verts municipaux, la gestion toujours plus « policée » des espaces urbains et périurbains interstitiels (épandages systématiques d’herbicides sur les « mauvaises herbes ») en constituent les causes majeures. La mode actuelle de décorer les abords des villages en milieu rural par des « jachères fleuries » où un semis massif d’une unique espèce exotique horticole (Cosmos, Phacelia…) remplace des dizaines de plantes indigènes semble, au-delà des « bonnes intentions », également très néfaste à l’habitat et aux espèces qu’il abritait autrefois.

Sur le littoral au contraire, les communautés du LAGURO-BROMION sont en constante progression et témoignent d’une érosion accrue des milieux dunaires soumis à une intense fréquentation humaine. Seules des mesures draconiennes – mise en défens par des clôtures infranchissables comme le fait l’ONF sur certaines dunes dont il la gestion à l’île de Ré par ex. – peuvent alors permettre de retrouver un niveau trophique acceptable et de restaurer, au moins partiellement, les communautés. Il n’est toutefois pas certain que, passé un certain seuil de dégradation-eutrophisation, cette restauration des communautés dunaires soit encore possible.

Statut régional

Bien qu’en régression, l’habitat reste fréquent sur l’ensemble de la région mais les communautés du LAGURO-BROMION sont limitées à une étroite frange littorale de Charente-Maritime (îles de Ré, d’Aix et d’Oléron, notamment).

art295], contactez-nous dès maintenant en cliquant ici pour nous envoyer un mail ou appelez-nous au 05 49 88 99 23.|])]
>