Plantations de conifères

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie – écologie

Les peuplements artificiels de résineux constituent un milieu homogène consacré à la production de bois. Les premières espèces mises à contribution dans la région Poitou-Charentes ont été des pins (Pin maritime sur sols siliceux et Pin sylvestre sur sol calcaire) espèces pionnières très rustiques, le Pin maritime appartenant par ailleurs à la flore indigène. Ces deux espèces constituent encore sans doute les essences les plus utilisées (60000 ha pour le Pin maritime et 10000 ha pour le Pin sylvestre)

De nombreuses espèces exotiques ont par la suite été introduites avec des succès mitigés, soit en peuplements purs, soit beaucoup plus rarement en mélange. On peut citer les espèces suivantes :

  • Le Sapin de Nordmann – origine Caucase – en départements 16 et 17
  • L’Epicéa de Sitka – origine Amérique du NO – en 16
    -Le Douglas vert (ou pin de l’Orégon) – origine Amérique du NO – en16 (3500 ha)
  • Le Mélèze du Japon – origine Japon – en 16
  • Le Pin laricio de Corse – origine Corse – en 16, 79 et 86 (4000 ha)
  • Le Pin noir d’Autriche – origine Europe des Balkans – en 16 79 et 86
  • Le Pin pignon (ou pin parasol) – origine pourtour méditerranée – en 17
  • Le Pin Weymouth – origine Amérique de l’Est – en 16 et 86

On y ajoutera des essences plantées en parcs et jardins (Cèdre de l’Atlas, Cyprès divers, Mélèze du Japon, If, Sapin de Vancouver….)
L’ensemble couvre une surface représentant 6% des surfaces plantées en Poitou-Charentes.

Les plantations de conifères se font en plein ou en alignements.

En plein, on recherche la simplicité. Les forestiers utilisent une seule essence avec des populations constituées d’individus du même âge et de même dimensions, issus de techniques de clonage, ce qui rend la plantation facile à conduire. Les plants sont alignés et régulièrement espacés de manière à faciliter les opérations de gestion, les différentes étapes pouvant être mécanisées. L’espace est occupé en totalité, on éclaircit par une succession de dépressages. La végétation adventice est considérée comme concurrente et donc éliminée. Il arrive de plus en plus fréquemment que l’on pratique des améliorations génétiques par sélection, que l’on fertilise le sol et que l’on s’assure d’un bon état sanitaire par utilisation de pesticides, la culture mono spécifique favorisant les attaques de parasites.

L’exploitation se fait par coupe rase sans chercher à retrouver une régénération par semis, on ne conserve donc pas de semenciers.

Il arrive que les plantations en plein de résineux soient masquées par alignements de feuillus disposés en écran paysager.

Ailleurs, ce sont les résineux qui sont disposés en alignements, notamment en brise vent ce que favorise leur feuillage persistant. Ici ou là, ces alignements ont pu constituer des éléments remarquables du paysage local, citons ici les alignements de Cyprès de Lambert dans les îles du Ponant.

Les conifères sont responsables d’une acidification du sol avec un appauvrissement de la pédoflore bactérienne et cryptogamique, la décomposition de la litière à la surface du sol en est ralentie.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Nc.

COR 1991

  • 83.31 Plantations de conifères

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Aucune.

Dynamique

Pas de dynamique naturelle.

Espèces indicatrices

[plante2] (Abies nordmanniana), (Larix kaempferi), Monotropa hypopitys, (Picea sitchensis), (Pinus nigra ssp.nigra), (Pinus nigra ssp.laricio), Pinus pinaster, (Pinus pinea), (Pinus strobus), (Pinus sylvestris), (Pseudotsuga menziesii)
[coleopteres] Ergastes faber
[lepidopteres] Dendrolimus pini, Thaumatopea pityocampa

Valeur biologique

Outre les résineux plantés, il est possible de rencontrer quelques espèces qui vivent soit en parasites soit en commensaux, ou qui trouvent en sous bois un abri favorable. La flore mycologique peut présenter parfois un certain intérêt (bolets, tricholomes, russules, Sparassis crépu…).

Menaces

Les ouragans du type de celui qui s’est abattu fin décembre 1999 sur le département de la Charente-Maritime constituent la première menace pour les plantations. L’utilisation du Pin à l’encens Pinus taeda lors des reconstitutions des peuplements sinistrés constitue parfois une bonne alternative, ce pin possédant un enracinement plus important. Toutes les espèces sont soumises à l’attaque de parasites, processionnaires, charançons, cochenilles, chenilles défoliatrices, pissodes, pyrale du tronc, scolytes, tordeuses, ou champignons (rouilles, fomes, agents de chancre…)

Le grand gibier peut poser de sérieux problèmes sur les jeunes plantations, le chevreuil étant à lui seul responsable des principales dégradations.

Statut régional

La Charente-Maritime, dans sa partie Saintonge boisée, et la Charente hébergent les surfaces enrésinées les plus importantes. Les plantations y sont en relation avec la déprise agricole.

Ces régions sont de culture forestière ancienne mais les plantations mixtes ont été supplantées dans la seconde moitié du 20ème siècle par des plantations mono spécifiques de résineux.