Fourrés mésophiles

Rédacteur : Guy Chézeau

Physionomie-écologie

Il s’agit d’un ensemble de fourrés caractéristiques des lisières forestières (chênaies et chênaies-charmaies), des haies et des recolonisations des terrains boisés du domaine atlantique. Ces milieux hébergent de nombreuses espèces à fruits charnus de couleur noire ou rouge.

On distinguera deux grands types d’habitats :

Les fourrés médio – européens sur sols fertiles, riches en nutriments, neutres ou alcalins.

Les fruticées atlantiques des sols pauvres en calcaire ou décalcifiés, à affinité mésoacidiphile.

Sur les sols riches, se développe une formation très dense d’arbustes au sein de laquelle le Prunellier est dominant ; il est la plupart du temps associé à des ronces, au Troène, à l’Aubépine monogyne, au Chèvrefeuille des bois ou au Sureau noir, toutes espèces caractéristiques des lisières forestières et des sols riches notamment en azote.

Les sols pauvres laissent apparaître une formation moins diversifiée au sein de laquelle les ronces sont dominantes avec la Bourdaine, l’Ajonc d’Europe et constituent des haies et des buissons (une fruticée)

Dans les deux cas, ces formations correspondent à des stades évolutifs conduisant vers la forêt avec une composition floristique très proche du manteau. Aux stades avancés, on pourra trouver quelques espèces arborescentes : érables champêtre ou de Montpellier, ormes, Chênes pubescent sur sols chauds et secs ou Chênes pédonculé sur sols plus frais, Charme, Châtaignier sur sols décalcifiés. La faune associée à ces milieux est représentée par un ensemble de groupes (oiseaux, reptiles, mammifères, insectes…) regroupant des espèces qui y trouvent à la fois leur nourriture et un abri.

Les nanophanérophytes très largement dominants assurent un recouvrement maximum du sol ce qui limite d’autant le développement des annuelles.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • CRATAEGO MONOGYNAE-PRUNETEA SPINOSAE Tüxen1962
    • Prunetalia spinosae Tüxen 1952 : communautés arbustives des sols carbonatés ou plus ou moins désaturés
      • Tamo communis-Viburnion lantanae Géhu & al. 1983 : communautés calcicoles à neutrophiles, mésophiles
      • Frangulo alni-Pyrion cordatae Herrera & al.1991 : communautés acidiphiles thermoatlantiques
      • Ulici europaei-Rubion ulmifolii Weber 1997 : communautés acidiphiles atlantiques
      • Pruno spinosae-Rubion radulae Weber 1997 : communautés mésophiles à mésohygrophiles sur sols désaturés

COR 1991

  • 31.81 Fourrés médio – atlantiques sur sols fertiles
  • 31.83 Fruticées atlantiques des sols pauvres

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Beaucoup d’espèces de ces habitats se retrouvent dans les sous bois non entretenus, en lisière des milieux forestiers où ils constituent le manteau ; c’est donc la nature buissonnante qui doit permettre de les identifier.

La limite avec les groupements de fourrés xérothermophiles n’est pas toujours facile à trouver, c’est l’absence du buis ou des genévriers qui permet de faire la différence. En milieu acidiphile sur sols décalcifiés, c’est l’absence du genêt à balai ou des ajoncs que l’on recherchera pour les différencier des fourrés sur sols acides.

Dynamique

Lorsqu’ils ne sont pas soumis à des méthodes de gestion drastiques avec broyage mécanique, ce qui est quand même la plupart du temps le cas, ces habitats possèdent une dynamique très importante, spécialement sur sols riches. Ils peuvent alors évoluer rapidement vers le milieu pré- forestier avec l’apparition de phanérophytes arborescents.

Espèces indicatrices

[plante2] Clematis alba, Cornus sanguinea, Corylus avellana, Crataegus monogyna, Frangula alnus, Hedera helix, Ligustrum vulgare, Lonicera periclymenum, Prunus spinosa, Rosa sp., Rubus sp., Sambucus nigra, Tamus communis, Ulex europaeus, Viburnum lantana
[oiseaux] Emberiza citrinella, Hippolais polyglotta, Lanius collurio, Sylvia communis
[reptiles] Coluber viridiflavus, Lacerta bilineata, Vipera aspis
[lepidopteres] Aporia crataegi, Brenthis daphne, Callophrys rubi, Eriogaster catax, Gonopteryx rhamni, Hamaeris lucina, Iphiclides podalirius, Satyrium acaciae, Satyrium pruni, Thecla betulae
[orthopteres] Leptophyes punctatissima, Meconema thalassinum, Phaneroptera falcata, Tettigonia viridissima
[champignons] Calocybe gambosa, Mitrophora semilibera, Tubaria autochtona
[bryophytes] Hypnum cupressiforme, Scleropodium purum

Valeur biologique

Même s’ils n’hébergent pas d’espèces végétales ou animales protégées, ces habitats doivent être considérés comme présentant une valeur patrimoniale non négligeable dans le contexte actuel d’une nature dite « ordinaire » fortement agressée par l’agriculture productiviste et la multiplication des infrastructures. Parce qu’ils assurent le gîte et le couvert à de nombreuses espèces animales, ils participent à l’existence de corridors biologiques au sein de milieux très fragmentés.

Localement, ils peuvent héberger quelques espèces rares dans les genres trop souvent négligés des Rosa et des Rubus, enfin on y trouve les plantes hôtes de nombreux papillons du groupe des théclas.

Menaces

Le côté envahissant et mal aimé, car souvent impénétrable, de ces habitats les soumet le plus souvent à une gestion humaine agressive (broyage mécanique pouvant être répété chaque année, arrachage…). Leur grande capacité de régénération leur permet de résister à cette pression lorsqu’ils ne sont pas totalement soumis à une éradication définitive.

Statut régional

Habitats encore répandus sur l’ensemble du territoire de la région Poitou-Charentes avec cependant des densités très variables d’un territoire à un autre. Ils sont plus fréquents dans les secteurs soumis à une déprise agricole, à proximité des zones boisées ou sur les terrains militaires.