Fourrés méditerranéens

Rédacteur : Guy Chézeau

Physionomie – écologie

Le caractère méditerranéen de la Charente-Maritime et, plus particulièrement, de la Saintonge littorale est connu de longue date. La richesse de la flore et de la faune qui s’y trouvent associées est liée à l’existence d’une sécheresse estivale.

Pour Ruiz de la Torre (1971), le fourré méditerranéen ou « matorral » est une « formation de plantes ligneuses dont la partie aérienne n’arrive pas à se différencier en tronc et frondaison, étant en général très ramifiée dès le bas, et pouvant atteindre un port d’arbuste prostré ». Ce terme de matorral, d’origine espagnole, remplace d’une manière plus générale les mots français de « maquis » sur sol acide et de « garrigue » sur sol calcaire.

L’habitat « matorral à chênes verts » correspond à une série dynamique du groupement forestier climacique appartenant au Quercion ilicis . En région méditerranéenne sensu stricto l’agro- pastoralisme et les incendies à répétition sont en grande partie responsables de la régression de la chênaie yeuse vers le matorral. En Charente-Maritime, on le rencontre en manteau littoral de la forêt dunaire à Pin maritime et Chêne vert, le pin en est absent et le chêne est alors anémomorphosé sous l’action des vents dominants. Cet habitat fait la plupart du temps défaut, la gestion forestière en favorisant le Pin maritime, voire d’autres espèces de résineux résistants aux embruns, l’empêche de s’exprimer totalement. Le matorral à Chêne vert est une formation qui favorise au sol les essences les moins exigeantes en lumière en éliminant les plus héliophiles.

Un maquis bas silicicole à cistes, Daphné garou et Osyris blanc forme des fourrés sur sols sableux dunaires en Oléron. Daphne gnidium et Osyris alba sont ici spontanés. On a longtemps, par contre, discuté l’indigénat des cistes méditerranéens présents sur l’Ile d’Oléron et souvent découverts assez tardivement. Le caractère méditerranéen marqué du milieu est confirmé par la présence d’un certain nombre d’espèces dont celle de lichens – citons Cladonia mediterranea – dont plusieurs sont ici en aire de distribution disjointe. On est en droit d’estimer que c’est le cas de cet habitat.

Le fourré se développe la plupart du temps en lisière de la forêt au niveau du manteau ainsi qu’en limite de la forêt à proximité du littoral, les plantes résistant bien aux embruns. L’extension de l’habitat à l’intérieur du milieu forestier cesse avec le développement du couvert arborescent qui constitue alors un frein à l’existence d’espèces fortement héliophiles.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • QUERCETEA ILICIS Br.-Bl. In Br.-Bl., Roussine & Nègre 1952
    • Quercion ilicis Br.-Bl. ex Molinier 1934
      • Querco ilicis-Pinenion maritimi Géhu & Géhu-Franck
  • CISTO LADANIFERI-LAVANDULETEA STOECHADIS Br.-Bl. in Br.-Bl., Molinier & Wagner 1940
    • Cistion laurifolii Rivas Goday in Rivas Goday, Borja, Monasterio, Galiano & Rivas-Martinez 1956

Association Daphno-Ligustretum

COR 1991

  • 16.28 x 32.34 Fourrés dunaires sclérophylles x Maquis bas à Cistes
  • 32.11 Matorral à chênes sempervirents

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

nc.

Confusions possibles

Pas de confusion possible avec d’autres types d’habitats sauf avec l’ourlet à Ciste à feuilles de sauge et Garance, de structure plus basse (il s’agit d’un ourlet et non d’un fourré) mais se rencontrant dans le même milieu : forêt littorale à Pin maritime et Chêne vert sur dunes fossiles.

Dynamique

Elle est spontanée et dépend notamment de l’avancée ou du recul du manteau forestier, ainsi que des modifications du trait de côte.

Espèces indicatrices

[plante2] *Arbutus unedo, *Cistus laurifolius, *Cistus monspeliensis, *Cistus psilosepalus, Cistus x obtusifolius, Clematis flammula, *Cytinus hypocistis, Daphne gnidium, *Osyris alba, *Phillyrea angustifolia, *Phillyrea latifolia, Quercus ilex
[plante1] Carex arenaria, Cytisus scoparius, Erica scoparia, Hedera helix, Ligustrum vulgare, Orobanche caryophyllacea, Pinus pinaster, Rubia peregrina, Ulex europaeus
[briophytes] Hypnum cupressiforme, Pleurochaete squarrosa, Scleropodium purum, Tortula ruraliformis
[lichens] Cladonia mediterranea
[lepidopteres] Lobesia botrana (= Eudémie de la vigne)
[orthopteres] Cyrtaspis scutata, Ephippiger ephippiger, Leptophyes punctatissima, Oecanthus pellucens, Phaneroptera falcata
[coleopteres] Dicladispa testacea

Valeur biologique

Le fourré arrière-dunaire à cistes, Daphne et Osyris constitue un habitat très rare en Poitou-Charentes et exceptionnel sur le littoral atlantique où il est limité à quelques rares localités littorales et surtout insulaires (Oléron essentiellement, Ré, Aix et presqu’île d’Arvert). Il constitue une irradiation thermo-atlantique relictuelle d’un habitat méditerranéen que l’on ne retrouve qu’en Corse.

On y note la présence d’espèces rares ou menacées avec le Ciste de Montpellier Cistus monspeliensis, le Ciste à feuilles de laurier Cistus laurifolius protégé en Poitou-Charentes, le Ciste à sépales poilus Cistus psilosepalus, espèce protégée au niveau national.

Le matorral à chênes verts ne présente pas d’espèces protégées, sa valeur biologique n’en est pas moins importante de par sa rareté puisqu’il ne peut s’observer qu’ici ou là dans l’Ile d’Oléron ou en presqu’île d’Arvert.

Menaces

Ces habitats en régression pour avoir été menacés par l’enrésinement des milieux dunaires littoraux, subissent maintenant une pression fortement négative liée au développement du tourisme balnéaire avec ses corollaires que sont le tourisme vert et les aménagements qui lui sont liés.

Le Daphné garou Daphne gnidium et l’Osyris blanc Osyris alba sont 2 arbrisseaux méditerranéens localement abondants au sein de la forêt littorale à Pin maritime et Chêne vert du littoral charentais.

Statut régional

Habitat très rare, présent seulement dans quelques localités littorales, surtout insulaires, de Charente-Maritime

17 : île de Ré (forêt de Trousse-Chemise), île d’Oléron (forêt des Saumonards), île d’Aix, forêt de la Coubre, presqu’île d’Arvert