Lieux piétinés secs

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie – écologie

La végétation qui constitue cet habitat est capable à la fois de supporter l’extrême tassement du sol, qui devient alors asphyxique, et de résister au surpiétinement de ses organes végétatifs. L’aspect de ce type de végétation diffère en fonction de l’importance du tassement. Ainsi cet habitat se présente sous la forme d’un tapis ras, plaqué au sol, composé d’un mélange d’espèces végétales de faible taille, annuelles et vivaces, à racines pivotantes, en rosette (plantains, P. major, P. coronopus), en touffe (Pâturin annuel Poa annua), traçante (Renouée des oiseaux Polygonum aviculare) ou couvrante (Mauve commune Malva neglecta). La végétation des lieux piétinés se rencontre principalement au niveau des chemins ruraux d’exploitation avec notamment la Matricaire odorante Matricaria discoidea (sur les bords et au milieu), mais aussi dans l’étroit espace de transition entre le bitume et la banquette herbeuse des bords de route tassé par les roues des voitures qui débordent légèrement de la chaussée, au pied des arbres dans les villes et les villages, ou encore sur les trottoirs non goudronnés. Par ailleurs, la moindre fissure du bitume des trottoirs et des routes des agglomérations peut permettre l’expression de cet habitat, avec par exemple l’apparition de touffes de Pâturin annuel Poa annua ou de Herniaire velue Herniaria hirsuta entre le bitume et le pied des murs.

Cet habitat se rencontre également au sein des pelouses urbaines des parcs et jardins régulièrement tondues et très fréquentées. Les espèces végétales sont ici accompagnées par le semis de départ composé de graminées (Lolium perenne, Festuca sp., Poa pratensis…). Ce type de pelouse parfois pelé, laissant apercevoir la terre nue aux endroits les plus tassés (lieu surfréquenté) est en générale pauvre en espèces. En effet, seules quelques espèces de graminées (semis de départ) assurent la majorité du recouvrement.

Les bords de chemins, les parkings et les sols stabilisés en graviers sur sols sableux voient se développer un faciès de cet habitat avec une dominance d’Eragrostis minor accompagné parfois par la Sagine apétale Sagina apetala.

Enfin, les prairies temporaires récemment semées et les prairies surpâturées sont également des milieux propices au développement de la végétation des lieux piétinés. Ces prairies se caractérisent en général par une abondance de Patience élégante Rumex pulcher souvent accompagnées de Pâquerette Bellis perennis, du Trèfle rampant Trifolium repens et de l’Achillée millefeuille Achillea millefolium.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • POLYGONO ARENASTRI-POETEA ANNUAE Rivas Mart. 1975 corr.Rivas Mart., Báscones, T.E.Diáz, Fern.Gonz. & Loidi 1991 : végétation annuelle subnitrophile des stations hyperpiétinées
    • Polygono arenastri-Coronopodion squamati Braun-Blanq. Ex G.Sissingh 1969 : communautés eurosibériennes estivales
    • Polycarpion tetraphylli Rivas-Martinez 1975 : communautés méditerranéennes occidentales pré-estivales à irradiation thermoatlantique

COR 1991

  • 87.2 – Végétation annuelle subnitrophile des stations hyperpiétinées (POLYGONO-POETEA)

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

La confusion n’est en général pas possible. Néanmoins, comme détaillé dans le paragraphe précédant, ce type de végétation peut se rencontrer au sein d’une formation végétale (prairies, gazons). Cet habitat est également proche des friches rudérales annuelles, stade dynamique suivant par arrêt du piétinement.

Dynamique

L’arrêt du piétinement et du désherbage périodique va permettre à cet habitat de s’enrichir des espèces des friches rudérales annuelles. C’est la première étape du cheminement vers les friches à hautes herbes du Dauco-Melilotion et, au bout de nombreuses années d’évolution, si la gestion et le type de sol sont adaptés, vers les prairies mésophile de fauche riches en fleurs

Valeur biologique

Il s’agit d’une végétation pionnière colonisatrice des espaces urbains pour l’instant impropres à l’installation de toutes autres formations végétales. Elle participe donc souvent à la biodiversité ordinaire des villages et des agglomérations qui ont malgré tout bien du mal à lui accorder une petite place (le désherbage quasi-systématique est de rigueur).

En absence de désherbage, les processus biologiques de dégradation de la matière organique issue de cette végétation pionnière, conduisent à la formation d’humus superficiel (parfois par-dessus le bitume ou le béton) qui prépare l’installation d’autres espèces végétales. Par ailleurs les espèces végétales de cet habitat participent à l’aération et la restructuration des sols grâce à leurs racines qui jouent un rôle de décompactage des sols au moins en superficie.

Espèces indicatrices

[plante2] Capsella bursa-pastoris, Coronopus squamatus, (Coronopus didymus), Crassula tillaea, Eragrostis minor, Erophila verna, (Euphorbia maculata), Hernaria glabra, Lepidium ruderale, Malva neglecta, Matricaria discoidea, Poa annua, Poa infirma, Polygonum aviculare, Polycarpon tetraphyllum, Plantago coronopus, Plantago major ssp. major, Portulaca oleracea, Sagina apetala, Spergularia rubra, Trifolium suffocatum.
[plante1] Achillea millefolium, Bellis perennis, Cynodon dactylon, Rumex pulcher, Sagina procumbens, Sporobolus indicus, Trifolium repens
[briophytes] Barbula convoluta, Bryum argenteum, Bryum bicolor, Pseudocrossidium hornschuchianum
[orthopteres] Oedipoda caerulescens
[champignons] Panaeolus foenisecii, Psathyrella lacrymabunda, Russula pectinatoides, Scleroderma cepa, Scleroderma polyrrhizum, Vascellum pratense

Menaces

Sur les trottoirs des villes et les allées des parcs ou des cimetières, cette végétation est régulièrement détruite, soit par des moyens mécaniques (binage, arrachage…), soit par des moyens chimiques (désherbants). Cet habitat présente néanmoins un fort pouvoir de recolonisation par les plantes annuelles et n’est donc absolument pas menacé.

Statut régional

Dans la région Poitou-Charentes, ce type de milieu est très fréquent. On le rencontre principalement au sein des agglomérations, sur les trottoirs, les allées et les pelouses urbaines des espaces verts, mais aussi au sein des prairies surpiétinées.

Pelouse des lieux hyperpiétinés

Chiendent dactyle Cynodon dactylon

Grand Plantain Plantago major et Plantain corne-de-cerf Plantago coronopus

Végétation des bords de route