Végétation annuelle temporairement inondée

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie – écologie

Cet habitat générique regroupe un ensemble de communautés amphibies pionnières s’installant en bordure de nombreux types de milieux aquatiques dont la principale caractéristique est de présenter un niveau d’eau variable au fil des saisons : mares, étangs, lit mineur des cours d’eau, chemins inondables. La longueur relative des phases exondée et submergée variant beaucoup d’une année sur l’autre, il s’agit de communautés fugaces, plus ou moins nomades, présentant de forts contrastes inter annuels. Selon les faciès, le substrat peut être sableux, limoneux ou vaseux, de pH acide ou neutre, riche en nutriments ou très pauvre mais dans tous les cas il doit être dépourvu de végétation pérenne trop concurrentielle. La phénologie est tardive – du début de l’été à l’automne -, voire très tardive pour certains faciès du Bidention, le développement de la végétation se produisant rapidement dès l’exondation du milieu : nu à la sortie du printemps, le substrat se couvre alors rapidement selon les situations ou d’un gazon ras et peu stratifié, ou d’un peuplement luxuriant de grandes herbes annuelles qui germent à partir des graines déposées sur place par les mouvements de l’eau lors de la phase de submersion (cures, marnage naturel des mares et étangs). Dans les situations primaires, la variabilité des conditions hydriques suffit en principe à bloquer l’installation des végétations vivaces et à maintenir des conditions suffisamment instables dans le temps pour favoriser l’implantation des thérophytes. Dans les situations secondaires en revanche, la persistance de pressions biotiques modérées (piétinement surtout, fauche) est indispensable pour éviter l’invasion du milieu par les espèces vivaces (grands hélophytes, ligneux pionniers tels que les saules..).

Toutes ces communautés sont fortement menacées dans la région comme partout ailleurs par la régularisation artificielle du niveau de l’eau qui ne laisse plus subsister que des espaces infimes de conditions favorables où les effets de lisière sont importants et où les groupements sont appauvris et moins typiques.

Caractéristiques biologiques

La flore de ces milieux est constituée avant tout d’espèces annuelles, tantôt naines et tantôt « géantes » selon la richesse du sol, peu adaptées à la concurrence et nécessitant un éclairement maximal (plantes héliophiles). Beaucoup d’espèces possèdent des adaptations physiologiques remarquables leur permettant de coloniser ces biotopes contraignants et d’y survivre : grande plasticité de l’appareil végétatif s’adaptant aux conditions locales (cas de la Renoncule scélérate Ranunculus sceleratus, de certains Polygonum), production de semences à dormance prolongée qui ne germeront qu’à l’occasion de conditions favorables, graines souvent très nombreuses et munies de dispositifs de dissémination très variés (cas des akènes poilus des Bidens, des têtes florales des Crypsis…).

Espèces caractéristiques

A étudier (Invertébrés notamment).

Classification

Gazons de petites annuelles éphémères

Végétation de grandes annuelles nitrophiles

Gazons de petites annuelles sur sol salé

Le maintien de pressions biotiques ou mécaniques est souvent indispensable (...)

Le maintien de pressions biotiques ou mécaniques est souvent indispensable pour créer les conditions favorables à l’expression de certains faciès de l’habitat : semis de Centenille naine Anagallis minima dans les traces de roues d’un engin de chantier
La Cicendie filiforme Cicendia filiformis (fleurs jaunes) et la Cicendie (...)

La Cicendie filiforme Cicendia filiformis (fleurs jaunes) et la Cicendie fluette Exaculum pusillum (fleurs roses) sont deux plantes rares du Cicendion
Pare-feu entretenu par un hersage superficiel où se développe un des gazons à (...)

Pare-feu entretenu par un hersage superficiel où se développe un des gazons à annuelles les plus riches de la région Poitou-Charentes

Tourbières

Rédacteur : David Suarez

Physionomie-structure

Les tourbières acides constituent un habitat très rare et localisé en Poitou-Charentes. Elles se développent au contact des eaux acides, sur le pourtour d’étangs et de mares oligotrophes et au niveau de suintements permanents, où elles sont surtout caractérisées par la présence d’un tapis de sphaignes (Sphagnum ssp.) continu, d’où émergent quelques plantes discrètes mais spécialisées (droséras, narthécie, rhynchospores, linaigrettes…).

On observe dans de rares cas des bombements de sphaignes dont le sommet est alors occupé par une lande humide à Ericacées.
Dans notre région, cet habitat extrêmement rare est présent de façon ponctuelle dans la Double saintongeaise (sud 16 et 17), le Confolentais (16), le Montmorillonnais (86), le Pinail (86) et semble avoir disparu des Deux-Sèvres.

Caractéristiques biologiques

La tourbe est une roche d’origine végétale qui se développe au contact des eaux acides (pH < 5). Une tourbière active est un marais où la matière organique issue de la décomposition des végétaux, ici fortement ralentie par l’asphyxie, s’accumule en permanence et forme une couche qui peut atteindre plusieurs mètres d’épaisseur. Pour que le processus naturel de production de tourbe s’accomplisse, 2 facteurs sont nécessaires :

  • l’eau doit être présente en quantité suffisante, avec un renouvellement faible pour limiter l’oxygénation. Son acidité doit être importante (eau de pluie, sources et suintements et bordures d’étangs en terrain acide), et elle doit être de bonne qualité. Lorsque l’eau n’est plus disponible en quantité suffisante (assèchement, drainage), ou enrichie par des intrants agricoles, la production de tourbe s’arrête et la flore caractéristique disparaît rapidement.
  • la production de matière organique (végétation de la tourbière) doit être supérieure à la vitesse de décomposition. Dans le cas des tourbières acides, cette matière organique est principalement fournie par les sphaignes (Sphagnum ssp), bryophytes dominants de cet habitat.

Les tourbières abritent des cortèges floristique et faunistique très spécialisés, adaptés à ces conditions de vie extrêmes, notamment dans les régions nordiques et montagneuses, où cet habitat couvre parfois des surfaces importantes.

En région Poitou-Charentes, où la pluviosité est modérée, les rares tourbières sont dites topogènes, conditionnées par la topographie où l’eau provient d’une nappe stagnante affleurante (bordures d’étangs et de mares).

On notera que le cortège d’espèces caractéristiques des tourbières est chez nous appauvri, et que les superficies couvertes par cet habitat sont très faibles.
On peut donc être amené à penser que les « vraies » tourbières (tourbières « ombrogènes ») sont absentes du Poitou-Charentes, et que l’on y observe plutôt des faciès de landes humides ou de bas-marais acides dominés par des sphaignes.

Espèces caractéristiques

Drosera rotundifolia, Sphagnum capillifolium, Sphagnum palustre, Sphagnum subnitens

Classification

Tourbières bombées à sphaignes

Prairies humides

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie-structure

Les prairies humides, au sens large, forment un ensemble diversifié de milieux sous la dépendance plus ou moins étroite de l’eau et leurs végétaux constituants sont adaptés à une humidité variable. Elles sont localisées en règle générale à proximité ou en périphérie de zones humides dominées par des habitats aquatiques ou amphibies : vallée alluviale, plaine inondable, suintements de pente, abords de sources, marge des cours d’eau, rives d’étangs…

En fonction du régime hydrique, de la richesse du sol en nutriments et de l’utilisation qui en est faite par l’Homme, 3 grands types se distinguent :

– les prairies humides eutrophes se développent sur des sols temporairement humides mais correctement oxygénés et à bonne activité biologique ; elles sont souvent fertilisées pour accroître leur productivité et sont généralement exploitées par la fauche ou le pâturage ;

– la mégaphorbiaie marécageuse occupe des stations humides à très humides mais à bon recyclage des éléments nutritifs et sur des sols naturellement fertiles à très fertiles ; contrairement aux prairies, elle ne fait pas l’objet d’une exploitation et se présente souvent comme un stade transitoire de retour vers la forêt humide potentielle si l’abandon se poursuit ;

– la moliniaie se développe sur des sols présentant une nappe fluctuant à faible profondeur : l’oxygénation peut y être déficiente pendant une partie de l’année, le recyclage de la matière organique mauvais, celle-ci tendant alors à s’accumuler pour constituer un sol para-tourbeux ou franchement tourbeux. La disponibilité en nutriments pour les végétaux y est réduite et les conditions sont oligotrophes à mésotrophes : il s’agit de prairies maigres.

Caractéristiques biologiques

Les prairies humides eutrophes sont caractérisées par un mélange varié de monocotylédones (surtout des graminées) et de dicotylédones, tout l’art de l’amélioration agricole visant à aboutir à une composition favorisant les espèces à haute valeur nutritive (graminées, légumineuses) au détriment des autres plantes considérées comme « médiocres fourragères » ; en cas d’exploitation peu intensive (encore observable dans certains grands marais arrière-littoraux ou certaines vallées alluviales subissant des inondations régulières) et/ou très ancienne, la diversité floristique peut être élevée : des plantes aux floraisons variées attirent une grande diversité d’insectes phytophages (syrphidés, orthoptères, lépidoptères) qui servent eux-mêmes de proies à des guildes variées de prédateurs (libellules, oiseaux, micro mammifères). Les prairies eutrophes sont entièrement sous la dépendance de l’Homme qui les a créées au fil des siècles à partir d’un stock d’espèces de lisières ou de clairières forestières humides ; en cas d’abandon de l’exploitation, elles sont rapidement envahies par des arbustes ou des arbres pionniers (frênes surtout) de la forêt potentielle.

La mégaphorbiaie marécageuse est une formation végétale haute dominée par des dicotylédones en principe richement fleuries (salicaire, valériane, filipendule, pigamon, épiaire) ; l’ombre portée au sol par leur appareil végétatif volumineux ainsi que l’accumulation de litière fait que les espèces à structure basse et les graminées y sont rares ou absentes. Contrairement aux prairies où la fécondation est mixte – anémogame/entomogame – celle de la mégaphorbiaie est surtout entomogame, les corolles richement colorées des espèces constitutives attirant de nombreux insectes pollinisateurs. Dans une région de plaines comme le Poitou-Charentes, l’habitat est très local et sa présence étroitement liée aux activités humaines (coupe en forêt alluviale, abandon d’une prairie humide), alors qu’en zones de montagne, les mégaphorbiaies occupent de vastes surfaces et connaissent un fonctionnement plus naturel.

La moliniaie est une formation plus homogène, généralement dominée par des monocotylédones (Graminées et Joncacées) où la Molinie occupe en principe la place dominante. Selon la nature des sols, basiques ou acides, les moliniaies régionales se répartissent en 2 pôles, représentés par des végétations distinctes. Dans le pôle acide, le Jonc acutiflore (Juncus acutiflorus) occupe parfois la place dominante au point que l’on devrait alors plutôt parler de « jonçaies ». Dans certains sites riches ou bien conservés, la moliniaie jouxte parfois un bas-marais, alcalin ou acide où, par rapport à celle-ci, les périodes d’assec et l’amplitude de battement de la nappe sont encore plus restreints, réduisant d’autant la disponibilité en nutriments et favorisant alors une végétation encore plus spécialisée, de structure plus basse et dominée par des Cypéracées.

Par son caractère naturellement oligotrophe, la moliniaie est un habitat d’une grande fragilité, très exposé à toute altération du sol et de la nappe qui l’imbibe, d’autant plus que la majorité de ses stations régionales sont aujourd’hui très ponctuelles et subissent inévitablement l’influence négative des terrains contigus.

Espèces caractéristiques

Crex crex, Lanius collurio, Motacilla flava, Saxicola rubetra, Vanellus vanellus
Carterocephalus palaemon, Coenonympha oedippus, Cyaniris semiargus, Euphydryas aurinia, Lycaena dispar, Maculinea alcon, Maculinea telejus
Chorthippus albomarginatus, Chorthippus dorsatus, Conocephalus dorsalis, Mecostethus parapleurus, Ruspolia nitidula Stethophyma grossum, Tetrix ceperoi
Calliergonella cuspidata, Brachythecium mildeanum, Bryum pseudotriquetrum, Drepanocladus aduncus, Eurhynchium hians

Classification

Prairie humide atlantique eutrophe

  • Prairies humides atlantiques et sub-atlantiques CALTHION, BROMION RACEMOSI, DESCHAMPSION COESPITOSAE
  • Prairies humides de transition à hautes herbes CALTHION
  • Prairies à Jonc acutiflore JUNCION ACUTIFLORI
  • Prairies à Agropyre et Rumex AGROPYRON-RUMICION CRISPI pp.
  • Prairies humides améliorées (pâturage intensif humides, souvent drainés)

Mégaphorbiaie marécageuse

  • Peuplements de Reine des prés et communautés associées FILIPENDULION ULMARIAE

Prairie oligotrophe à Molinie

  • Prairies à Molinie et communautés associées MOLINION CAERULAE
  • Prairies à Juncus squarrosus et pelouses humides à Nardus JUNCION SQUARROSI

Prairie humide méditerranéenne à Scirpe en boule

  • Prairies humides méditerranéennes à grandes herbes MOLINIO-HOLOSCHOENION

Certaines prairies humides gérées extensivement depuis de longues périodes abritent encore de remarquables populations d’orchidées : ici (au premier plan) l’Orchis incarnat (Dactylorhiza incarnata), en très forte raréfaction dans tout le Poitou-Charentes, et l’Orchis à fleurs lâches (Orchis laxiflora) (à g. au 2ème plan) dans une vieille prairie alluviale de la moyenne vallée de la Charente entre Bords et St Savinien (17)

Le Demi-argus (Cyaniris semi-argus) est un habitant assez fréquent des prairies fraîches ou humides. Ses plantes-hôtes sont diverses espèces de trèfles, notamment le Trèfle des prés (Trifolium pratense)

Le Jonc à fleurs aiguës (Juncus acutiflorus) caractérise souvent les moliniaies acidophiles

Bas-marais

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie-structure

Il s’agit de zones humides dont les communautés végétales varient en fonction du niveau d’engorgement en eau et du type de sol (alcalin, acide, tourbeux, paratourbeux, minéral, etc.). On distingue ainsi les communautés à grandes laîches (magnocariçaies), les bas-marais alcalins, les bas-marais acides, la cariçaie de transition, la cladiaie et les dépressions sur sols tourbeux.
Les magnocariçaies occupent la périphérie ou la totalité des dépressions humides en bord de cours d’eau ou en queue de plans d’eau. Ces groupements peuvent former une ceinture accompagnant les roselières. Cet habitat supporte un assèchement temporaire du sol.
Les bas-marais alcalins se développent sur des sols riches en bases (calcaire) toujours engorgés d’eau, voire légèrement inondés (nappe au dessus du niveau du sol). C’est le domaine des petites Laîches (Carex panicea, Carex pulicaris…) du cortège des mousses « brunes » (pleurocarpes) et d’une flore calciphile riche et originale (Dactylorhiza incarnata, D. elata, Epipactis palustris, Spiranthes aestivalis, Pinguicula vulgaris,…).
Les bas marais acides occupent quant à eux des sols riches en matières organiques peu décomposées (tourbe), alimentés par des eaux pauvres en bases. Lorsque les conditions sont encore favorables, les sphaignes y forment parfois des bombements. Les bas-marais acides sont composés de petites laîches et mousses pleurocarpes ou sphaignes et renferment des espèces végétales acidophiles rares et originales telles que Eriophorum angustifolium, Carex echinata, Viola palustris, Drosera rotundifolia, Meyanthes trifoliata, acompagnées par des joncs (Juncus acutiflorus, Juncus articulatus, Juncus squarrosus).
Les tourbières de de transition sont des communautés de plantes turfigènes se développant à la surface des eaux oligotrophes, formant ainsi une végétation flottante et des bombements appelés radeaux ou tremblants. Cette végétation est composée de cypéracées de petite et moyenne taille associées à des sphaignes et des mousses brunes.
La cladiaie, formation à Marisque largement dominée par la présence du Marisque (Cladium mariscus), est accompagnée par les espèces des bas-marais alcalins ou plus rarement des bas-marais acides. Il s’agit en fait d’un stade dynamique des bas-marais alcalins. A noter que, plus le Marisque est dense, moins les espèces végétales qui composent cet habitat sont diversifiées.
Les dépressions sur substrat tourbeux se développent au sein des landes humides ou autour des sources suintantes, sur des sols acides plus ou moins dénudés.

Caractéristiques biologiques

Dominés floristiquement par des Cypéracées, les bas-marais comptent sur le vent pour la dispersion du pollen (fécondation anémogame). Parallèlement à cette reproduction sexuée, de nombreuses espèces végétales des habitats de bas-marais ont développé un mode de reproduction végétative par l’intermédiaire de stolons et de rhizomes. Cette stratégie de reproduction conduit généralement à des peuplements denses, dominés par une ou quelques espèces, comme c’est le cas au sein des communautés à grandes laîches ou des cladiaies. Certains habitats de bas-marais constituent le lieu de vie pour de nombreuses espèces animales et végétales rares et menacées en Poitou-Charentes dont les exigences écologiques sont très restreintes. Ces zones humides font donc partie de notre patrimoine biologique remarquable indispensable à préserver.

Espèces caractéristiques

Cypéracées : Carex sp., Schoenus sp., Schoenoplectus sp., Cladium sp., Eriophorum sp., Eleocharis sp.,…
Somatochlora flavomaculata
Carychium minimum, Deroceras laeve, Euconulus spp, Oxyloma elegans, Succinea putris, Vertigo antivertigo, Vertigo moulinsiana, Zonitoides nitidus

Classification

Rivages avec végétation

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie – structure

Sous cette appellation sont regroupées un ensemble de communautés de structures et de physionomies très contrastées mais dont le point commun est de se situer à l’interface entre les milieux terrestres et les milieux aquatiques où elles constituent des ceintures végétales clairement zonées et facilement repérables en bordure de biotopes humides de nature variée : mares, étangs, lacs, ruisseaux ou rivières à courant lent. Les variations brusques des conditions physico-chimiques le long de gradients spatiaux raccourcis expliquent l’organisation fréquente de ces communautés en ceintures distinctes et rapprochées dont chacune possède des caractéristiques biologiques adaptées.
Au sein de cet ensemble disparate, une coupure majeure peut être faite entre les habitats liés aux systèmes oligotrophes et ceux inféodés aux biotopes eutrophes. Aux premiers appartiennent les communautés à utriculaires qui occupent des eaux stagnantes, peu profondes et pauvres en nutriments mais riches en acides humiques et les gazons amphibies des rives de plans d’eau sur substrat sableux ou graveleux : la pauvreté nutritive des milieux explique la structure basse (en général moins de 20 cm) des espèces végétales constitutives. Les seconds regroupent les différents types de roselières qui, malgré leur diversité de faciès, possèdent en général une architecture beaucoup plus élevée (jusqu’à 3m pour certaines roselières) et nécessitent une disponibilité beaucoup plus forte en sels biogènes. Des cortèges faunistiques diversifiés peuplent ces habitats en réponse à cette diversité structurale.

Caractéristiques biologiques

Dans le cas des habitats oligotrophes, les types biologiques sont assez variés puisque les utriculaires sont des hydrothérophytes qui passent l’hiver sous forme de bourgeons spécialisés (les « hibernacles ») qui flottent ou coulent au fond de l’eau, alors que les littorelles et les isoètes sont des hémicryptophytes vivaces. La pauvreté nutritive du substrat et/ou des eaux et les fortes variations saisonnières du plan d’eau étant des conditions très contraignantes pour les végétaux structurant ces habitats, ceux-ci ont développé des adaptations spécifiques telles qu’une phénologie tardive ou la suspension du processus de floraison si les conditions hydriques sont inadéquates : la littorelle peut ainsi se maintenir longtemps au stade végétatif tant que le niveau de l’eau lui est défavorable. Bien que la dissémination des semences soit ici souvent effectuée par l’eau (hydrochorie), un transport des spores de certains isoètes par des vers de terre a été parfois invoqué. Leur nature oligotrophique rend ces habitats très vulnérables aux altérations d’origines anthropiques (stabilisation du niveau, envasement, eutrophisation, pollution).
Malgré leur grande diversité de faciès – une quinzaine dans la région, selon l’espèce dominante – les roselières hautes ou basses présentent une plus forte homogénéité biologique : il s’agit le plus souvent de peuplements denses de grandes Monocotylédones érigées subsistant l’hiver sous forme de rhizomes allongés enfouis dans la vase (hélophytes) et qui donnent naissance au printemps suivant à des tiges aériennes dressées munies de feuilles typiquement lancéolées-linéaires. Contrairement aux bas-marais, les Cypéracées sont rarement dominantes et le substrat plus souvent minéral qu’organique. À l’inverse des habitats précédents, les eaux et le sol sont en général chargés en éléments nutritifs ; ce facteur, associé à un approvisionnement en eau constant et à un éclairement important, explique la croissance rapide de ces communautés, leur forte biomasse et leur rôle dynamique essentiel dans l’évolution des hydrosystèmes (atterrissement, ralentissement du courant, accumulation de matière organique). Plus plastiques et moins exigeants que les habitats précédents, ils peuvent se maintenir dans, voire coloniser, des milieux plus ou moins bouleversés par les activités humaines. Leur complexité structurale en fait par ailleurs des biotopes de choix pour de nombreux groupes faunistiques (Oiseaux, Odonates, Mollusques).
Les prairies flottantes à petits hélophytes forment un groupe un peu à part de roselières basses s’étendant en nappes plus ou moins larges le long des cours d’eau à faible courant ; elles offrent une forte résilience à la pollution et aux contraintes mécaniques (piétinement par le bétail, faucardage).

Espèces caractéristiques

Anas platyrhynchos, Gallinula chloropus, Rallus aquaticus
Arvicola sapidus, Lutra lutra, Mustela lutreola
Anax imperator, Ischnura elegans
Deroceras laeve, Oxyloma elegans, Succinea putris, Zonitoides nitidus
Dolomedes fimbriatus

Classification

Deux faciès contrastés des rivages avec végétation

Gazon amphibie ras de Littorelle en bordure d’un étang mésotrophe

Gazon amphibie ras de Littorelle en bordure d’un étang mésotrophe
Roselière haute à Phragmite dans l’estuaire de la gironde

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La pelouse méso-hygrophile oligotrophe à Isoète épineux est un habitat rarissime en Poitou-Charentes et qui ne couvre en général que quelques m² dans chacune de ses stations
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Le Millepertuis des marais, ici avec l’Ecuelle d’eau, est une espèce typique des végétations amphibies calcifuges atlantiques

Eaux courantes

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie-structure

Les eaux courantes caractérisent les ruisselets, ruisseaux, rivières et les fleuves. Il s’agit d’écosystèmes où l’eau est en mouvement plus ou moins rapide en fonction du débit, de la déclivité – c’est-à-dire du relief -, de la surface de friction et de la rugosité du fond du cours d’eau. Les petits ruisselets proches des sources, étroits, de température toujours froide, au courant rapide dévalant une pente souvent prononcée, se jettent dans des ruisseaux et rivières plus larges et plus profonds, au débit plus important au fur et à mesure des différentes confluences et de la contribution des affluents. La pente s’amortit progressivement, ce qui a pour conséquence de ralentir le courant. Les rivières se jettent enfin dans les fleuves encore plus larges, s’écoulant sur des pentes faibles propices au méandrage du cours d’eau et rejoignant l’océan par l’intermédiaire de leur estuaire.
Le courant d’une rivière non artificialisée en zone de plaine est hétérogène. La présence de gros obstacles et d’embâcles dans le lit de la rivière est à l’origine de tourbillons et de dépressions. On peut observer alors une succession de faciès lentiques, courant rapide au niveau des radiers, et de faciès lotiques, courant lent au niveau des souches par exemple.
Les cours d’eau sont alimentés par des apports en sédiments et en nutriments en provenance de l’amont, c’est-à-dire extérieurs ou « allochtones », ce qui correspond à un écosystème « ouvert ». Les rivières, par leur courant et leur débit, libèrent constamment de l’énergie à l’origine de l’érosion naturelle des berges, accompagnée d’un phénomène de sédimentation dans les zones de courant plus faible. Les rivières ont donc, depuis les temps géologiques, façonné les paysages, creusé des vallées plus ou moins encaissées en fonction des matériaux et de la force du courant, constitué des méandres et des bras morts dans les zones moins pentues de plaine.
Les hydrosystèmes sont liés à leur environnement terrestre proche, qui va jouer le rôle de surface collectrice des eaux de pluie, appelée bassin versant ou bassin hydrologique. Ces eaux météoriques vont en effet rejoindre la rivière, soit par ruissellement après que le sol saturé en eau ait joué un rôle d’éponge, soit par les sources et les eaux souterraines après une longue infiltration au travers des sols et de la roche mère perméable (souvent calcaire, réseau karstique).
Une rivière subit donc des variations de régime hydrique parfois importantes en fonction des saisons. En Poitou-Charentes, l’hiver et le printemps sont souvent propices aux inondations, alors que l’été correspond à une période de sécheresse plus ou moins marquée durant laquelle le débit est très faible, voire interrompu. On distingue le lit d’étiage, quand la rivière est réduite à un chenal au sein du lit mineur qui se forme lors des plus basses eaux (en été en général), le lit mineur qui correspond au cheminement normal de la rivière recouvrant ainsi tout le fond habituel et le lit majeur ou lit d’inondation, correspondant à une partie de la surface de plaine où les eaux vont pouvoir s’étendre lors des crues. Il est aujourd’hui admis que, plus les sols avoisinant d’un cours d’eau sont dépourvus de végétation, moins la violence et l’importance des crues sont régulées par l’absorption racinaire et par l’évapotranspiration des végétaux. C’est au moment des plus hautes eaux, c’est-à-dire des crues, que la rivière va le plus modifier le paysage par des transports et dépôts de matériaux alluvionnaires.
Enfin, la physionomie de certains petits cours d’eau, probablement sinueux dans un passé proche, a été profondément transformée lors des dernières décennies, le plus souvent pour les besoins de l’agriculture intensive : certains ruisseaux sont ainsi devenus de simples fossés rectilignes, ou ont été busés pour le passage d’une route ou encore bétonnés, rendus souterrains, devenus collecteurs d’égouts à la traversée des villes…

Caractéristiques biologiques

La composition faunistique et floristique est conditionnée par plusieurs facteurs abiotiques intrinsèques de la rivière interdépendants entre eux, notamment l’intensité du courant (liée à la pente et la largeur du cours d’eau), l’oxygénation et la température de l’eau.
La végétation aquatique se répartit en fonction du courant, des conditions de trophie et d’acidité des eaux. Les potamots, les myriophylles, les callitriches, les renoncules aquatiques, les nénuphars… peuvent constituer la flore typique de nos cours d’eau. Il n’est pas rare qu’une pellicule d’algues colonise le substrat rocheux (épilithon) et les plantes macrophytes (épiphyton).
Lorsque le courant n’est pas trop rapide, la Jussie, redoutable colonisatrice, peut couvrir toute la surface de la rivière et ainsi priver de lumière indispensable à la vie les espèces du fond de la rivière.
De nombreux mollusques détritivores, filtreurs (bivalves) ou brouteurs (limnées) fréquentent le fond des rivières à la recherche de nourriture (algues, plantes, matières organiques détritiques). Si certains bivalves participent au cycle de reproduction de certains poissons tels que la Bouvière (Unio sp. Anodonta sp.), d’autres se servent des poisons pour assurer la protection de leurs larves (glochidies) qui se fixent à leur branchies. L’équilibre fragile des populations de bivalves indigènes de nos rivières est aujourd’hui mis en péril par l’invasion d’une espèce exogène : la Corbicule.
Les rivières sont aussi le milieu de prédilection de certains cortèges de libellules et d’insectes aquatiques inféodés aux eaux courantes, tels les éphémères, trichoptères et certains diptères particulièrement bien adaptés aux forts courants (aplatissement dorso-ventral, fuselage du corps et des ailes, ventouse et système d’accroche aux rochers efficace …).
Dans les ruisseaux et les petites rivières bien oxygénés, il est encore possible de rencontrer la très rare Ecrevisse à pattes blanches, là où elle n’a pas été supplantée par ses cousines américaines.
L’icthyofaune connaît des variations qualitatives et quantitatives du peuplement en fonction du zonage auquel appartient la rivière concernée (épipotamon, mésopotamon…) et du courant (faciès lotiques et lentiques).
La région Poitou-Charentes n’est pas concernée par la zone à Truites, correspondant aux petits ruisseaux de montagne proches des sources, fraîches et bien oxygénées (rhithron). La température estivale de nos rivières atteignant en effet fréquemment les 20°C, il s’agit du potamon. La partie supérieure des rivières de plaines (épipotamon) est le domaine du Barbeau accompagné du Hotu, de la Vandoise et du Chevaisne (zone à Barbeau) et du Vairon accompagné du Saumon, du Chabot, de la Lamproie de planer, de la Loche franche et du Goujon (zone à Ombre). Les parties moyenne et inférieure des rivières de plaine (métapotamon ou hypopotamon) se caractérisent par un régime lentique avec des eaux chargées de matières en suspension, pauvres en oxygène et une température estivale souvent supérieure à 20°C, donc proches des milieux stagnants. C’est le domaine privilégié de la Brème, accompagnée du Gardon, du Rotengle, de la Carpe et de la Tanche.
La ripisylve constitue le garde-manger du Castor d’Europe, en voie de recolonisation de la région depuis la Loire, via le bassin de la Vienne. Ce dernier, en se nourrissant de feuilles et d’écorces de troncs d’arbres, va ainsi entretenir et façonner les berges par recepage de la ripisylve. La Loutre, présente dans les quatre départements du Poitou-Charentes, est un autre mammifère qui fréquente les rivières particulièrement poissonneuses.

Espèces caractéristiques

Callitriche sp., Ceratophyllum sp., Myriophyllum sp., Potamogeton sp., Ranunculus fluitans
Arvicola sapidus, Castor fiber, Lutra lutra, Mustela lutreola
Actitis hypoleucos, Alcedo atthis, Motacilla cinerea
Abramis brama, Barbus barbus, Chondrostoma nasus, Cottus gobio, Cyprinus carpio, Esox lucius, Leuciscus leuciscus, Perca fluviatilis, Phoxinus phoxinus, Rutilus rutilus, Scardinius erythrophtalmus, Tinca tinca
Unio sp., Anodonta sp., Sphaeridium sp., Pisidium sp., Corbiculidées, Planorbes, Limnées, Physes
Gammarus sp., Orconectes limosus (exogène)
Gomphidae, Calopterygidae, Platycnemidae
Insectes aquatiques : Trichoptères, Plécoptères, Diptères (Simulium sp.), Ephèméroptères,…
Annélidés : Sangsue, Planaire, Oligochètes (Tubifex sp.)

Classification

Lit mineur des rivières x Végétation immergée des rivières

  • Zone inférieure des cours d’eau montagnards et collinéens. Zone à Ombre
  • Zone supérieure (épipotamon) des rivières de plaine. Zone à Barbeau
  • Zone moyenne et inférieure (métapotamon et hypotamon) des rivières de plaine. Zone à Brème
  • Cours d’eau intermittents
  • Bancs de graviers ou de sables sans végétation
  • Bancs de graviers ou de sables végétalisés
  • Vases alluviales dépourvues de végétation
  • Végétation des rivières oligotrophes acidiphiles (Myriophyllum alterniflorum, Callitriche hamulata)
  • Végétation des rivières oligotrophes riches en calcaire (Potamogeton coloratus…)
  • Végétation des rivières mésotrophes (Berula erecta, Groenlandia densa, Callitriche obtusangula)
  • Végétation des rivières eutrophes (Ranunculus fluitans, Myriophyllum spicatum)

Végétation des sources

Vasières, estuaires et lagunes Eaux calmes

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie-structure

Les estrans tidaux, les embouchures fluviales et les lagunes arrière-littorales forment un ensemble d’habitats propres aux côtes basses de Charente-Maritime colmatées par des alluvions récentes. Ils regroupent des surfaces plus ou moins étendues de replats alternativement inondés ou exondés par des eaux salées ou saumâtres, et constituées de sédiments variés provenant pour majorité des bassins versants amont (la part d’origine marine – notamment les débris de coquillages – étant en général minoritaire). Ceux-là sont classés en fonction de leur granulométrie :

  • les sables présentent une fraction dominante de grains de diamètre compris entre 0.5 et 1mm ; selon les sites, leur teneur en débris coquilliers et, donc, en carbonate de calcium, est très variable ;
  • les vases, riches en argile, correspondent aux sédiments les plus fins (0.1-5 microns) ;
  • les tangues forment une classe intermédiaire (5-50 microns).

Malgré cette diversité de situations granulométriques, ces habitats présentent plusieurs traits en commun :

  • ils sont situés à l’interface entre le milieu terrestre et le milieu marin et, comme tels, subissent des influences très variées ;
  • ils connaissent une forte variabilité de divers facteurs écologiques fondamentaux que sont le degré de salinité des eaux, leur température et les cycles d’assec/submersion ;
  • leur déclinaison en habitats élémentaires – parfois nombreux – repose sur quelques paramètres essentiels tels que l’amplitude des marées, le profil topographique ou le mode hydrodynamique, ce dernier très important car définissant la nature des matériaux de colmatage (sédiments d’autant plus fins que le mode est abrité, d’autant plus grossiers que celui-ci est exposé).

Caractéristiques biologiques

Selon les situations, la couverture végétale est plus ou moins importante ; les phanérogames sont très peu diversifiées mais peuvent constituer localement des herbiers denses : peuplements de Zostère naine Zostera noltii sur certaines slikkes, de Ruppie maritime Ruppia maritima dans certaines lagunes. Les Algues sont parfois abondantes comme c’est le cas des Chaetomorpha, Entemorpha ou Ulva dans les bassins confinés de lagunes aménagées où leur prolifération peut poser des problèmes.
Le peuplement faunistique varie beaucoup selon les situations : les invertébrés sont ainsi très abondants et diversifiés au niveau des replats boueux ou sableux exondés à marée basse mais peu diversifiés au contraire dans les estuaires ou les lagunes où les conditions écologiques sévères et aléatoires sélectionnent fortement les taxons potentiels.
Ces espaces jouent un rôle majeur pour plusieurs groupes de Vertébrés :

  • les Poissons qui y vivent ou y effectuent des transits plus ou moins longs (poissons migrateurs) ;
  • les Oiseaux qui utilisent les énormes biomasses d’invertébrés pour s’alimenter, notamment durant la mauvaise saison (350 000 oiseaux d’eau en janvier 2007 sur les vasières littorales de Charente-Maritime).

Espèces caractéristques

Branta bernicla, Calidris alpina, Calidris canutus, Charadrius hiaticula, Haematopus ostralegus, Limosa lapponica, Numenius arquata, Numenius phaeopus, Pluvialis squatarola, Recuvirostra avosettaTadorna tadorna, Tringa totanus
Cerastoderma edulae, Macoma baltica, Scrobicularia plana
Artemia salina, Palemonetes varians
Bar, Daurade royale, Flet, Gambusie, Muges sp.pl.

Classification

Vasières et estuaires (partie maritime)

  • Estuaires
    • Slikke en mer à marée
  • Replats boueux ou sableux exondés à marée basse
    • Sables de hauts de plage à Talitres
    • Galets et cailloutis des hauts de plage à Orchestia
    • Estrans de sable fin
    • Sables dunaires
    • Estrans de sables grossiers et graviers
    • Sédiments hétérogènes envasés

Lagunes côtières

Fleuves et rivières soumis à marée (partie non maritime des estuaires)

  • Eau saumâtre des cours d’eau soumis à marée
  • Eau douce des cours d’eau soumis à marée
A marée basse, les slikkes de l’estuaire de la Charente se découvrent jusqu’à&nbsp;(...)

A marée basse, les slikkes de l’estuaire de la Charente se découvrent jusqu’à l’île Madame
Situées entre l’estuaire de la Seudre au sud et celui de la Charente au nord,&nbsp;(...)

Situées entre l’estuaire de la Seudre au sud et celui de la Charente au nord, les vasières tidales de la Baie de Brouage couvrent une surface d’une trentaine de km² environ
C’est au niveau de la ville de Rochefort que se situe la coupure entre la&nbsp;(...)

C’est au niveau de la ville de Rochefort que se situe la coupure entre la partie maritime (vers l’aval) et la partie saumâtre (vers l’amont) de l’estuaire de la Charente
La partie maritime de l’estuaire de la Seudre est, avec 25km,  la plus&nbsp;(...)

La partie maritime de l’estuaire de la Seudre est, avec 25km, la plus longue des estuaires charentais

Falaises maritimes atlantiques

Crithmo-Limonion binervosi
18-21

Physionomie – écologie

Rédacteur : Guy Chezeau

Les conditions stationnelles de cet habitat sont essentiellement liées à l’existence d’un substrat minéral. Sa nature pétro-graphique n’est pas déterminante. Elle est calcaire, marno-calcaire ou gréseuse en Poitou-Charentes où elle appartient aux étages du Jurassique supérieur et à ceux du Crétacé supérieur. L’exposition aux embruns, les facteurs climatiques sont par contre essentiels tout comme la texture de la roche. L’orientation de la falaise notamment est souvent déterminante en ce qu’elle conditionne la durée de l’ensoleillement, l’efficacité des pluies ou l’énergie des vents dominants. La minéralité d’un substrat souvent chargé en sel, la rareté des ressources en eau spécialement en période estivale entraînent fréquemment des adaptations physiologiques de la plante lesquelles se traduisent par un important développement racinaire utilisant les fissures de la roche (chasmophytes) mais également par la crassulescence de certaines espèces (criste marine) ou encore par le développement d’une pilosité et d’une épaisse cuticule propres à limiter l’évapotranspiration (Limonium).
La flore phanérogamique est constituée de deux grands ensembles. Les chasmophytes prennent racine dans les fentes de la roche entre les strates ou au sein des diaclases. Certaines espèces des vases ou des prairies salées se fixent sur les replats ou dans les fissures où se sont accumulés argile de décalcification et sel. S’y ajoute une importante flore de lichens fruticuleux ou crustacés.
Lorsque la falaise est vive et directement soumise aux embruns comme dans l’Ile Madame s’observe la végétation des prés salés atlantiques à dominance d’hémicryptophytes (Criste marine Crithmum maritimum et Statice à feuilles ovales Limonium ovalifolium remplacé sur les côtes de Gironde par le Statice de Dodart Limonium dodartii). L’Armérie maritime Armeria maritima sans être toujours rare se montre beaucoup plus discrète que sur les falaises de Vendée ou de Bretagne.
Lorsque la falaise est morte sur les côtes de Gironde, la végétation de chasmophytes pionnières aérohalines à Crithmum et Limonium est associée au Chou marin Brassica oleracea et à l’Immortelle Helichrysum stoechas pour constituer alors une association endémique (transition entre le Crithmo-Limonion et les pelouses sèches du Xerobromion).
Les suintements d’eau douce permettent ici ou là le développement d’une végétation hygrophile à Hépatiques et fougères (Capillaire de Montpellier Adiantum capillus- veneris).

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004
Ordre : Crithmo maritimi-Armerietelia maritima Géhu 1975
Alliance : Crithmo maritimi-Armerion maritimae Géhu 1973

Ordre : Crithmo maritimi -Staticetalia Molinier 1934
Alliance : Crithmo maritimi – Limonion binervosi Géhu et Géhu franck ss. alliance Crithmo- Limonienion binervosi Géhu et Géhu

Ass 1 : DACTYLO HISPANICAE-LIMONIETUM DODARTII sur les falaises de l’estuaire de la Gironde de Saint-Palais jusqu’à Talmont
Ass 2 : CRITHMO MARITIMI- LIMONIETUM OVALIFOLII sur les falaises de l’Ile d’Aix, de l’Ile Madame ainsi qu’à Saint-Palais-sur-mer.

Ass 3 : HELICHRYSO STOECHADIS-BRASSICETUM OLERACEAE endémique des falaises mortes de la Gironde au sud de Talmont .
Ass ? : colonies d’Adiantum capillus-veneris au niveau des suintements ombragés, thermophiles sur substrat calcaire avec parfois dépôt de tuf (à rattacher à la classe des Adiantetea capilli-veneris Br-Bl 1952)

COR 1991
18.21 Falaises atlantiques avec végétation

Directive Habitats 1992
1230-2 Végétation des fissures des rochers thermo-atlantiques

Confusions possibles

La situation géographique exclusivement littorale ne peut être source de problèmes d’identification ni même de confusion possible notamment avec les parois rocheuses, les grottes ou les milieux rocheux anthropogènes.
Cependant, les falaises mortes d’Esnandes au nord de La Rochelle, bien qu’en situation littorale, appartiennent au groupe d’habitats intitulés « parois rocheuses calcaires » (Cor. 62.1) ; les espèces indicatrices des falaises maritimes y sont en effet absentes.

Dynamique

La végétation se contente de suivre l’érosion de la falaise, elle ne présente pas de dynamique propre. L’impact humain est généralement faible à nul sauf lorsque s’installent des pontons de pêche sur falaises vives ou en pied de falaise morte lorsque se développent des dépôts anthropogènes nitrophiles.
En dehors de ces exceptions il n’y a pas de gestion spécifique.

Espèces indicatrices

Brassica oleracea , Crithmum maritimum
Adiantum capillus-veneris, *Armeria maritima, Helichrysum stoechas, Limonium dodartii, *Limonium ovalifolium
Arthopyrenia halodytes, Caloplaca aquensis, Caloplaca heppiana, Caloplaca marina, Lichina confinis, Porina linearis, Psorotichia montinii, Toninia aromatica, Verrucaria nigrescens, Verrucaria symbalana
Ligia oceanica

Valeur biologique

Cet habitat héberge plusieurs plantes à valeur patrimoniale comme le Statice à feuilles ovales ainsi que le Chou sauvage ou le Sisymbre des Pyrénées, dont certaines sont protégées en Poitou-Charentes.
Une association au moins, celle du Chou sauvage et de l’Immortelle est considérée comme endémique (Helichryso-Brassicetum oleraceae).

Menaces

La situation de cet habitat le rend peu ou pas accessible au public et limite d’autant les menaces qui pourraient exister liées à la fréquentation touristique littorale. Cependant les aménagements, constructions ou infrastructures en sommet de falaise ou à leur pied sont à proscrire de même que les enrochements.
Ce type d’habitat est susceptible d’être touché par les hydro-carbures en cas de marée noire.

Falaise littorale morte sur l’estuaire de la Gironde

Falaise littorale morte sur l’estuaire de la Gironde

Statut régional

Habitat strictement limité au littoral de la Charente Maritime. Sa valeur patrimoniale est élevée.
Le sites majeurs ont été intégrés dans les inventaires ZNIEFF et NATURA 2000 .

17 : falaises de l’estuaire de la Gironde, des environs de Royan et de St-Palais, de l’Ile Madame et de l’île d’Aix, anse de Fouras.

Les calcaires crayeux très friables des falaises de la Gironde sont peu&nbsp;(...)

Les calcaires crayeux très friables des falaises de la Gironde sont peu favorables à l’implantation durable des végétaux
La percolation d’eau douce au niveau de diaclases favorise l’expression de&nbsp;(...)

La percolation d’eau douce au niveau de diaclases favorise l’expression de communautés cryptogamiques très originales avec des fougères et des mousses particulières
La Criste marine est l’espèce la plus typique des falaises maritimes

La Criste marine est l’espèce la plus typique des falaises maritimes
Statice à feuilles ovales Limonium ovalifolium

Statice à feuilles ovales Limonium ovalifolium

Plages et dunes

Rédacteur : Guy Chezeau

Physionomie – structure

Les conditions stationnelles de cet ensemble d’habitats sont liées à l’existence d’un substrat minéral meuble. Si la nature pétrographique des éléments n’est pas déterminante, leur granulométrie a en revanche un impact sur leur mobilité. Ce dernier facteur est essentiel dans la disposition ou l’évolution des habitats.
L’influence du sel se fait sentir selon un gradient décroissant au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la mer. Dans le même temps, la perméabilité du substrat allant en diminuant, son hydromorphie tend à augmenter, lorsqu’on se déplace vers l’intérieur des terres.
La corrélation de ces facteurs multiples détermine l’existence d’habitats successifs disposés plus ou moins parallèlement au rivage. Classiquement, de manière simplifiée, on distingue la succession suivante : la plage de sable, la dune embryonnaire, la dune mobile ou dune blanche, la dune fixée ou dune grise et la dune boisée ou encore la plage de galets, la levée de galets et la lagune (ou la zone humide).
L’ensemble est soumis aux effets mécaniques de la mer et du vent, il en résulte localement des phénomènes d’érosion avec recul du trait de côte et une agression des milieux dunaires. Ailleurs, comme à Bonne Anse, la sédimentation très active entraîne une accrétion rapide qui se traduit par une dynamique extrêmement active du milieu.

Caractéristiques biologiques

Au sein de ces habitats, tous les types biologiques sont représentés, depuis les annuelles ou thérophytes jusqu’aux arbres ou phanérophytes. Les adaptations sont également variées. On retiendra notamment l’adaptation à la sécheresse, le substrat meuble favorise en effet une circulation très rapide des eaux météoritiques asséchant le milieu. La combinaison de ce facteur avec un ensoleillement marqué au niveau de la dune blanche et de la dune grise est source d’une aridité prononcée. On note ainsi un développement extrême des systèmes racinaires horizontal et vertical en même temps que la réduction foliaire ou la protection des organes aériens propre à limiter les pertes d’eau. L’action du sel et des embruns est également source d’une adaptation des plantes de la plage et de la dune embryonnaire, plusieurs espèces montrent une crassulescence prononcée.

Espèces caractéristiques

Ammophila arenaria, Artemisia campestris ssp.maritima var.lloydii, Calystegia soldanella, Carex arenaria, Elymus farctus, Ephedra distachya, Euphorbia paralias, Helichrysum stoechas, *Salix arenaria

Classification

Le Chiendent à feuilles de jonc est l’espèce édificatrice par excellence du&nbsp;(...)

Le Chiendent à feuilles de jonc est l’espèce édificatrice par excellence du cordon embryonnaire situé au pied ou en avant de la dune vive
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Sur le versant continental de la dune blanche où les sables sont encore mobiles, seuls quelques végétaux très spécialisés peuvent survivre : ici l’Oyat et l’Euphorbe des sables
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En région centre-atlantique, les sables fixés de la dune grise sont occupés par des peuplements étendus d’Immortelle jaune ; remarquer ici le tapis bryo-lichénique dense qui couvre presque entièrement le substrat entre les touffes d’immortelles

Végétation annuelle des laisses de mer
CH « Laisses de mer sur substrat sableux à vaseux des côtes Manche-Atlantique et mer du Nord » CAKILETEA MARITIMAE
Dunes [1] …
CH « Dunes mobiles embryonnaires » : AMMOPHILION ARENARIAE pp.
CH « Dunes mobiles du cordon littoral à Ammophila arenaria  »
(dunes blanches) AMMOPHILION ARENARIAE pp.
CH « Dunes côtières fixées à végétation herbacée » (dunes grises) EUPHORBIO-HELICHRYSION STOECHADIS

Dépressions humides arrière-dunaires
CH « Dépressions humides intra-dunales » MOLINIO-HOLOSCHOENION
CH « Dunes à Salix repens ssp.argentea » SALICION ARENARIAE

 

[1] Les habitats « Dunes boisées littorales thermo-atlantiques à Chêne vert », « Arrière-dunes boisées à Chêne pédonculé » et « Aulnaies, saulaies… arrière-dunaires » seront traités dans des fiches spécifiques concernant les forêts.

Prés salés

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie-structure

Les prés salés constituent un groupe d’habitats côtiers dont l’occupation est centrée sur l’étage médio-littoral (ou estran = zone de balancement des marées)) mais qui déborde en partie sur l’étage supra-littoral et peut même pénétrer sous certaines circonstances à plusieurs kilomètres à l’intérieur des terres loin de l’influence marine directe (marais endigués, prairies saumâtres, partie aval des estuaires). Classiquement, l’estran est divisé en 2 compartiments écologiques majeurs en fonction de la fréquence et de la durée des submersions par la mer :

  • la slikke est la partie inférieure de l’estran ; constituée de vases molles, non ou peu consolidées, elle est recouverte à chaque marée haute et seule sa partie supérieure est colonisée par des îlots pionniers de salicornes annuelles (15.1) ou de spartines (15.2) ; sa partie inférieure est le domaine exclusif – dans les zones d’estuaires à sédimentation vaseuse – des herbiers de Zostère naine Zostera noltii ;
  • le schorre correspond à la zone de l’estran atteinte seulement par les hautes mers de vives eaux ; sur des vases stabilisées, la végétation de pré salé est en général très recouvrante (15.3, 15.6) et se différencie finement selon les accidents topographiques et le gradient de pente qui règle la durée annuelle de submersion par les eaux marines

Les marées, dont dépendent entièrement sur la côte atlantique les prés salés, correspondent à un phénomène périodique d’oscillation du niveau marin : au rythme biquotidien (2 marées par cycle de 24 heures) se superpose un rythme bimensuel, le marnage étant le plus important (les vives eaux) à la fois au moment de la pleine lune et lors de la nouvelle lune (syzygies). Le marnage, qui s’exprime par un coefficient s’étendant de 20 (mortes eaux) à 120 (vives eaux exceptionnelles) connaît par ailleurs son amplitude maximale au moment des équinoxes (mars et septembre) et son oscillation minimale lors des solstices. Toutes ces variations au cours d’un cycle annuel sont évidemment fondamentales pour comprendre la zonation et l’agencement des communautés de prés salés, la nature et la granulométrie des sédiments – vases, sables, graviers, amas coquilliers – ne jouant finalement qu’un rôle secondaire.
En ce qui concerne l’étage supra-littoral, les apports de sel sont effectués à la fois par les vagues (côtes rocheuses basses) et par les embruns, les vents d’ouest fréquents projetant des aérosols à plusieurs centaines de mètres de la frange littorale (beaucoup plus lors des tempêtes « sèches », sans pluie, où le sel peut griller les bourgeons des arbres exposés au vent à plusieurs kilomètres du littoral).

Caractéristiques biologiques

Les types biologiques des végétaux structurants et, donc, la physionomie, sont très variables selon l’habitat élémentaire concerné – vivaces ou annuels, herbacés ou ligneux – et pas moins de 6 classes différentes de végétation (sur les 76 décrites en France) sont présentes :

  • THERO-SUAEDETEA SPLENDENTIS : végétation pionnière annuelle des vases salées littorales ;
  • SPARTINETEA GLABRAE : végétation pionnière vivace sur vases molles salées ou saumâtres, longuement inondables ;
  • ASTERETEA TRIPOLII : végétation des prés salés atlantiques à dominance d’hémicryptophytes (également pelouses aérohalines sur falaises) ;
  • SALICORNIETEA FRUTICOSAE : végétation crassulescente à dominance de chaméphytes ou de nanophanérophytes des sols salés en zone méditerranéenne-atlantique ;
  • SAGINETEA MARITIMAE : végétation de petites annuelles halophiles (ou subhalophiles) des sols devenant secs en été, à texture sablo-limoneuse ou graveleuse ;
  • AGROSTIETEA STOLONIFERAE : végétation prairiale des sols minéraux engorgés ou inondables, mésotrophes à eutrophes.

La plupart des espèces végétales constituantes des prés salés sont des halophytes : cette appellation commode cache en fait une adaptation au sel des phanérogames très variable selon les espèces et les stades phénologiques : la germination des graines d’Aster tripolium est ainsi optimale en milieu salé mais certaines salicornes germent très bien en l’absence de sel ; durant la croissance, les taux de sels exigés/tolérés sont également très variables et ont amené à distinguer des halophytes strictes d’halophytes dites seulement préférantes.
Un trait morphologique commun à de nombreuses plantes de prés salés est par ailleurs la succulence de leurs organes végétatifs : rameaux charnus des salicornes, feuilles cylindriques des Suaeda. Cette adaptation qui génère un potentiel osmotique élevé permet à la plante de conserver un potentiel hydrique inférieur à la solution du sol et facilite son alimentation en eau.

Espèces caractéristiques

Aster tripolium, Halimione portulacoides, Limonium vulgare, Salicornia ramosissima
Anser anser, Anthus pratensis, Carduelis cannabina, Emberiza schoeniclus, Motacilla flava
Hydrobia ventrosa, Leucophysia (Auriculinella) bidentata, Myosotella myosotis, Peringia ulvae
Epacromius tergestinus

Classification

Végétations pionnières annuelles des sols salés

  • Communautés de salicornes annuelles THERO-SALICORNIETALIA DOLICHOSTACHYAE
  • Communautés de petites annuelles halophiles SAGINETALIA MARITIMAE

Prés à spartines

  • SPARTINION ANGLICAE

Prés salés atlantiques

  • Schorres inférieurs à moyens PUCCINELLION MARITIMAE
  • Niveaux hauts des schorres ARMERION MARITIMAE
  • Milieux saumâtres GLAUCO MARITIMAE-JUNCION MARITIMI

Prés salés méditerranéens et thermo-atlantiques

  • Prairies méso-hygrophiles thermo-atlantiques ALOPECURION UTRICULATI
  • Prairies méso-hygrophiles piétinées, eutrophes POTENTILLION ANSERINAE
  • Prairies atlantiques longuement inondables OENANTHION FISTULOSAE

Fourrés des prés salés

  • Communautés des schorres eu-halins cantabro-atlantiques à atlantiques HALIMIONION PORTULACOIDIS

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Coefficient 115 le long du Havre de Brouage : les prés salés sont entièrement submergés jusqu’à la frange de fourré à Soude arbrisseau à droite qui souligne la digue de protection

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En Baie de l’Aiguillon, l’importance prise par l’Aster tripolium sur le schorre témoigne probablement d’une eutrophisation du bassin versant

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Les marais endigués sont souvent favorables à l’expression des communautés du haut schorre, ici le fourré à Salicorne ligneuse (île d’Oléron)

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La plus grande zone de prés salés du Fier d’Ars (île de Ré) résulte en fait de la colonisation par les halophytes – ici de l’Obione – d’anciennes prises destinées à l’aquaculture mais aujourd’hui reprises par la mer