Chênaie pubescente

Rédacteur : Geneviève Gueret

Physionomie – écologie

Cette forêt se présente tantôt comme un taillis dense, d’une hauteur de 10 à 15 m avec un recouvrement pouvant atteindre 90%, tantôt comme un « pré-bois » où les pelouses alternent avec les faciès forestiers. Dans tous les cas, la strate arborée est dominée par le Chêne pubescent, essence à croissance lente, à fût court et tortueux et écorce noirâtre (d’où le nom local de « chêne noir »), à face inférieure des feuilles, bourgeons et jeunes rameaux velus, facilement reconnaissable l’hiver à ses feuilles marcescentes. Le Chêne pubescent est exigeant en chaleur et lumière ; il supporte bien la sécheresse et peut vivre plus de cinq siècles. Dans les secteurs où les 2 espèces cohabitent, il s’hybride facilement avec le Chêne pédonculé. C’est dans cet habitat que l’Erable de Montpellier a son optimum biologique, accompagné souvent par l’Alisier torminal Sorbus torminalis, plus rarement par le Cormier Sorbus domestica.
La strate arbustive est caractérisée par des arbustes bas tels que la Viorne lantane, les cornouillers mâle et sanguin et, dans les manteaux externes, différents rosiers ainsi que le Cerisier de Ste Lucie Prunus mahaleb (Charente surtout) et le Genévrier Juniperus communis. Le Buis Buxus sempervirens est parfois abondant dans l’est de la région. L’Alisier blanc Sorbus aria, caractéristique exclusive mais très rare, n’est connu que des environs d’Angoulême et au nord de Poitiers. À l’interface manteau/ourlet les lianes comme la Garance Rubia peregrina et le Tamier Tamus communis sont très fréquentes. La strate herbacée intra-forestière est peu diversifiée lorsque la canopée est fermée et ne s’enrichit que dans les faciès plus ouverts (=pré-bois), où certaines espèces de l’ourlet peuvent alors pénétrer en sous-bois. Les ourlets des chênaies pubescentes sont souvent très riches et constituent le refuge de nombreuses plantes à affinités méridionales ou sud-européennes.
Cet habitat se rencontre généralement sur roche-mère calcaire, du Jurassique supérieur ou du Crétacé : calcaires durs du Coniacien, calcaires blancs crayeux à spongiaires du Campanien, calcaires tendres du Turonien supérieur, marnes du Kimméridgien, calcaires marneux maestrichtiens, calcaires argilo-sableux de Cénomanien, sables et calcaires glauconieux du Coniacien, formations superficielles argilo-limono-sableuses plaquées sur calcaire marneux. Le sol est maigre, de type brun calcaire ou rendzine, l’humus un mull calcique, le pH>7. L’eau peut stagner en surface l’hiver, mais les sols ont une faible réserve utile en eau et se déshydratent à la belle saison. L’ambiance micro-climatique est nettement thermophile.
En fonction de la nature de leur substrat – type de roche-mère, profondeur, teneur en argile, réserves hydriques – et de leur situation géographique, les chênaies pubescentes régionales présentent une forte variabilité.
Celle-ci oscille entre un pôle mésophile où le Chêne pédonculé accompagne le Chêne pubescent et un pôle xérophile avec pénétration d’espèces sempervirentes telles que le Chêne vert, le Rosier sempervirent ou le Filaire à feuilles larges qui assure une transition avec la véritable chênaie verte centre-atlantique où ces espèces deviennent prépondérantes.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Classe Querco roboris-Fagetea sylvaticae Br-Bl &Vlieger in Vlieger 1937
Quercion pubescenti-sessiliflorae Br-Bl 1932
Sous-Alliance Sorbo ariae-Quercenion pubescentis Rameau 1996

COR 1991

41.71 Chênaies blanches occidentales et communautés apparentées
41.711 Bois occidentaux de Quercus pubescens

Directive habitat 1992 : Non retenu

Confusions possibles

Des confusions sont possibles entre la chênaie pubescente surtout son faciès xérophile sur calcaires durs – et la chênaie verte : celle-ci – outre la forte dominance (voire l’exclusivité) du Chêne vert et d’autres espèces sempervirentes – se distingue par son tapis herbacé plus pauvre en raison d’un sous-bois très sombre où le Lierre présente souvent un recouvrement important. Le Chêne pubescent, lorsqu’il est présent, ne joue qu’un rôle effacé. La situation géographique est aussi déterminante, la chênaie verte ne s’éloignant guère – sauf exceptions (peuplements des Chaumes Boissières en Charente) – de plus de 30km du littoral alors que la chênaie pubescente est potentiellement présente sur l’ensemble des sols calcaires de la région Poitou-Charentes.

Dynamique

Ce milieu est souvent en continuité spatiale et temporelle avec les pelouses calcicoles du Mesobromion et du Xerobromion avec lesquelles il tend à former des complexes d’un grand intérêt. Exploitée généralement en taillis, la chênaie pubescente apparaît comme un habitat stable en raison de conditions édaphiques assez contraignantes (sécheresse, pauvreté trophique).

Espèces indicatrices

[plante2] Quercus pubescens, Acer monspessulanum, Cornus mas, Sorbus torminalis, *Sorbus aria, Viburnum lantana, Viola alba ssp.scotophylla
[plante1] Brachypodium pinnatum, Buxus sempervirens, Campanula glomerata, Campanula persicifolia, Carex flacca, *Carex digitata, *Carex montana, Cephalanthera longifolia, Cephalanthera rubra, *Daphne laureola, *Epipactis muelleri, Euphorbia brittingeri, Filipendula hexapetala, Geranium sanguineum, Helleborus foetidus Juniperus communis, Lathyrus latifolius, Lathyrus niger, Ligustrum vulgare, Limodorum abortivum, Lithospermum purpureo-caeruleum, Lonicera xylosteum, Melampyrum cristatum, Melittis melissophyllum, Mercurialis perennis, Orchis mascula, Platanthera chloranta, Polygonatum odoratum, Prunus mahaleb, Quercus ilex, Quercus robur , Rhamnus catharticus, Rubia peregrina, Silene nutans, Sorbus domestica, Tamus communis, Trifolium medium, Trifolium rubens, Veronica teucrium, Viola hirta
[briophytes] Ctenidium molluscum, Rhytidiadelphus triquetrus
[champignons] Agaricus fuscofibrillosus, Amanita ovoidea, A. proxima, A. strobiliformis, Boletus lupinus , B. luteocupreus, B. rhodopurpureus, B. satanas, B. torosus, B. xanthocyaneus, Cortinarius aleuriosmus, C. caerulescens, C. ionochlorus, C. multiformis, C. nanceiensis, C. rapaceus, C. rapaceotomentosus var. violaceotinctus, C. xanthophyllus, Hygrophorus penarius, H. persoonii, H. russocoriaceus, H. russula, Lactarius acerrimus, L. evosmus, L. zonarius, Russula maculata, R. olivacea, Tuber aestivum, T. brumale, T. melanosporum, T. mesentericum, Xerocomus dryophilus
[orthopteres] Cyrtaspis scutata, Meconema thalassinum, Nemobius sylvestris, Phaneroptera falcata, Pholidoptera griseoaptera
[lepidopteres] Clossiana dia, Hipparchia fagi

Valeur biologique

En tant qu’habitat, la chênaie pubescente au sens strict ne possède pas de rareté intrinsèque au niveau régional puisqu’elle représente environ 30% des forêts du Poitou-Charentes. En revanche, ses lisières constituent un biotope de choix pour les ourlets xéro-thermophiles où se réfugie une flore originale et précieuse (voir fiche « Ourlets maigres xéro-thermophiles »). Par ailleurs, elle forme souvent des mosaïques biologiquement très riches avec des milieux ouverts ou semi-ouverts tels que les pelouses calcicoles ou les fourrés thermophiles.
Contrairement aux ourlets, floristiquement très riches, la chênaie pubescente n’abrite qu’un nombre modéré d’espèces végétales patrimoniales : Laîche des montagnes Carex montana, Laîche digitée Carex digitata, Alisier blanc Sorbus aria etc..

Menaces

Dépourvue d’intérêt sylvicole réel, la chênaie pubescente fait souvent l’objet d’enrésinements (Pin noir d’Autriche, Pin sylvestre), qui altèrent sa valeur biologique. À proximité des agglomérations, elle est souvent « mitée » par des constructions ; plus localement enfin, elle peut constituer un site pour la culture de la truffe.

Statut régional

Cet habitat a une répartition assez large dans la région et peut couvrir des surfaces conséquentes au sein des secteurs calcaires, sa fréquence départementale reflétant assez fidèlement l’étendue des affleurements crétacés et jurassiques : très commune en Charente, commune en Charente-Maritime et Vienne, la chênaie pubescente devient plus localisée dans les Deux-Sèvres. C’est dans un petit secteur à cheval sur le nord de 17 et le sud de 79 que se trouvent les exemplaires de cet habitat les plus riches botaniquement de tout le Poitou-Charentes : il s’agit de fragments relictuels d’une ancienne ceinture de forêts s’étendant jusqu’aux environs d’Angoulême et connue sous le nom de « sylve d’Argenson », ensemble aujourd’hui morcelé , défriché et mis en culture depuis le Moyen Age.

16 : forêt de la Braconne, forêt de Boixe
17 : forêt de Benon, bois de St Christophe
79 : forêt d’Aulnay, forêt de Chizé, bois d’Availles
86 : forêt de Lussac, bois de St Benoît, de Chauvigny

 

Forêts de pentes et de ravins à tilleuls et érables

Rédacteur : David Suarez

Physionomie – écologie

Cet habitat, aussi appelé tiliaie-acéraie, se développe sur les fortes pentes calcaires (parfois aussi siliceuses) ou au sein de talwegs forestiers, situés le plus souvent en marge des plateaux calcaires durs entaillés par des vallées.

Ces pentes sont alors recouvertes d’éboulis grossiers, voire de blocs calcaires détachés par l’érosion. Il s’agit d’un boisement sombre, frais et à forte humidité atmosphérique, très pentu, généralement orienté au nord ou à l’est, et dont le sol peu épais est recouvert d’une couche muscinale importante. L’accessibilité difficile des ravins dans lesquels il s’installe rend l’exploitation du bois presque impossible et permet le maintien d’une futaie âgée, prenant parfois l’aspect d’une forêt subprimaire.

La strate arborée est composée de grands tilleuls (Tilia platyphyllos), érables (Acer campestre surtout, plus rarement Sycomore Acer pseudoplatanus seulement subspontané en région Poitou-Charentes), chênes (Quercus robur), frênes (Fraxinus excelsior), plus rarement d’Orme de montagne Ulmus glabra et la strate herbacée est plutôt clairsemée, généralement caractérisée par l’omniprésence des fougères dont la Scolopendre Asplenium scolopendrium est la plus répandue.

Les conditions micro-climatiques réunies dans ces stations sont favorables à la présence d’espèces végétales à affinités montagnardes ne supportant pas un ensoleillement prolongé, souvent relictuelles et généralement rares en plaine, comme la Cardamine pennée Cardamine heptaphylla, dont la floraison printanière de milliers de pieds illumine le sous-bois de son unique localité régionale située en Charente, près de Cognac. D’autres plantes remarquables, plutôt indicatrices des chênaies-charmaies du Carpinion Betuli avec lesquelles la tiliaie est souvent en contact, notamment en bas de pente, peuvent s’insérer dans le cortège végétal, comme la Lathrée écailleuse Lathraea squamaria, le Lis martagon Lilium martagon, l’Androsème Hypericum androsaemum

On notera que cet habitat couvre généralement de faibles surfaces en Poitou-Charentes, car les conditions nécessaires à son développement (fortes pentes, éboulis, exposition nord…) sont rarement réunies en plaine. De plus, il reste mal connu et les formes atypiques ou de transition avec d’autres types forestiers sont plus fréquentes que les situations exemplaires.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Alliance : Tilio platyphylli-Acerion pseudoplatani (Klika 1955)

COR 1991

41.41 Forêts de pentes et de ravins à tilleuls et érables

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

9180* Forêts de pentes, éboulis, ravins du Tilio-Acerion

Confusions possibles

Cet habitat peut être confondu avec d’autres boisements susceptibles de coloniser les pentes calcaires comme les chênaies-frênaies atlantiques qui se développent plutôt sur les pentes modérées et sur des matériaux plus fins, les chênaies-charmaies, qui se développent généralement en fond de vallée sur un sol profond mais qui sont souvent en contact direct avec la tiliaie-acéraie en bas de pente ; la chênaie thermophile peut également présenter un faciès « frais » et descendre le long des rebords de plateaux calcaires qu’elle occupe le plus souvent, et se mêler alors avec la tiliaie. Sur sol acide, avec des conditions stationnelles équivalentes, on observe un boisement d’apparence assez similaire, où le Hêtre est alors souvent présentdans des stations qui jouent le rôle de refuge pour cette essence au sein d’une région dont le climat général ne lui convient pas (pluviométrie insuffisante). Les confusions possibles avec d’autres types de boisements sont assez nombreuses et seuls des relevés rigoureux de végétation permettent de caractériser avec certitude cet habitat, surtout en zone de basse altitude comme c’est le cas en Poitou-Charentes.

Dynamique

Les forêts de pentes et de ravins sont des boisements stables, qui constituent le stade final de développement de la végétation sur pentes et éboulis calcaires en exposition fraîche (nord ou est). En raison des conditions d’exploitation très difficiles liées notamment aux conditions d’accès, ces forêts sont souvent laissées en l’état, et constituent peut-être les dernières reliques, ou du moins un aperçu, de ce que pouvaient être les forêts primaires qui couvraient autrefois toute l’Europe.

Espèces indicatrices

[plante2] Asplenium scolopendrium , *Cardamine heptaphylla, *Carex digitata, *Doronicum plantagineum, *Dryopteris affinis, *Polystichum aculeatum, Polystichum setiferum, Stachys alpina, Tilia platyphyllos, *Ulmus glabra
[plante1] Acer campestre, Acer pseudoplatanus, *Aconitum vulparia, Buxus sempervirens, Campanula trachelium, Cardamine impatiens, Corydalis solida, Corylus avellana, *Doronicum pardalianches, *D.plantagineum, Fagus sylvatica, Fraxinus excelsior, Hedera helix, Hypericum androsaenum, Lamium galeobdolon, *Lathraea squamaria, *Lilium martagon, Milium effusum, *Muscari botryoides, Orchis mascula, Oxalis acetosella, Quercus robur, *Scilla bifolia, *Veronica montana
[briophytes] Cirriphyllum piliferum, Ctenidium molluscum, Eurhynchium striatulum, Eurhynchium striatum, Fissidens taxifolius, Hylocomium brevirostre, Neckera crispa, Polytrichum formosum, Rhytidiadelphus loreus, Rhytidiadelphus triquetrus, Thamnobryum alopecurum, Thuidium tamariscinum
[champignons] Rutstroemia luteovirescens
[mammiferes] Blaireau d’Europe Meles meles
[oiseaux] Pic cendré Picus canus
[mollusques] Acicula fusca, Arion intermedius, Carychium minimum

Valeur biologique

Cet habitat est rare en région Poitou-Charentes, où il couvre généralement de faibles surfaces. De plus, les stations où le cortège floristique est riche en espèces végétales à affinités montagnardes ou continentales, souvent relictuelles en plaine, se comptent quasiment sur les doigts de la main. De fait, beaucoup des plantes caractéristiques de ce groupement sont au moins inscrites sur la Liste Rouge des espèces menacées en Poitou-Charentes. L’exemple le plus remarquable est le Bois des Fosses, situé en Charente près de Cognac le long de la vallée du fleuve Charente, où l’on peut observer la Cardamine pennée Cardamine heptaphylla, ici en aire disjointe et dont les stations les plus proches sont situées dans le Massif Central. La présence de futaies souvent âgées et peu fréquentées du fait de l’accessibilité difficile favorise également la faune : les rares pics mar et cendré peuvent y être rencontrés, le Blaireau, qui utilise les zones d’éboulis pour creuser son terrier, apprécie particulièrement ce milieu. Lorsque l’érosion a pris soin de creuser des grottes à flanc de pente, des chauves-souris y élisent alors fréquemment domicile.

Menaces

En raison des difficultés d’exploitation sylvicole des stations où cet habitat est présent, il n’existe pas de menace réelle pour le maintien de ce boisement en Poitou-Charentes. Toutefois, en raison de la pente qui le caractérise, et surtout lorsqu’une route le surplombe, on y observe fréquemment des dépôts sauvages, parfois très anciens (carcasses de vieilles voitures…). Parfois, les éboulis rocheux sont utilisés par des véhicules tout-terrain, notamment les motos de trial. Ces atteintes restent cependant peu fréquentes.

Statut régional

Habitat disséminé : présent surtout en 16 et en 86

Les sites comportant des surfaces significatives de cet habitat ont presque tous été intégrés et décrits dans les inventaires du patrimoine naturel récent (ZNIEFF, Natura 2000) auxquels on se reportera pour plus de détails.

16 : Bois des Fosses, Grande Fosse (forêt de la Braconne), Côte du Chatelars, Bois des Loges

79 : Vallée de la Touche-Poupard

86 : bords de la Vienne aux environs de Chauvigny, vallée d’Anglin

 

Chênaies-charmaies, chênaies-frênaies

Rédacteur : Jean-Pierre Sardin

Physionomie-écologie

Ces habitats génériques correspondent à un ensemble d’associations qui déterminent ici la forêt mésophile ouest européenne atlantique. D’une façon générale, ces boisements – appelés aussi chênaies mixtes à charme – sont caractérisés par des essences de lumière, de dimension variable, qui favorisent des strates arbustives et herbacées assez denses et riches en espèces. Ils se développent sur des sols fertiles, au substrat frais, parfois temporairement humide, mais jamais engorgé. Selon les sols, mais aussi la latitude, on distinguera d’une part le groupe des chênaies-charmaies subcontinentales, limité dans notre région à la chênaie-charmaie calcicole, localisée essentiellement dans le nord et l’est, et d’autre part le groupe des chênaies-frênaies atlantiques neutroclines, beaucoup plus varié, avec des chênaies-frênaies plutôt liées à des sols bruns assez profonds, souvent en terrain plat ou à faible pente, sur lesquels elles remplacent la chênaie thermophile, et des chênaies-charmaies sur des sols à acidité plus ou moins modérée, comme des sables argileux, ou en bas de pente.

En raison de leur productivité assez importante, ces boisements sont très exploités, en taillis sous futaie ou en futaie. Ainsi, dans notre région, ces habitats sont en général des forêts secondaires, résultant du traitement forestier, et non des forêts climaciques. Ces traitements forestiers raccourcissent le cycle de régénération et imposent parfois la dominance de certaines espèces.

Selon les substrats et le relief, la latitude également, la diversité de
la strate arborée varie. Au nord, Chêne pédonculé Quercus robur et Chêne sessile Quercus petraea cohabitent souvent, le sessile étant plus rare vers le sud et le sud-ouest. Le Charme Carpinus betulus est parfois presque monospécifique, le Frêne commun Fraxinus excelsior étant le plus souvent accompagnant, même dans la chênaie-frênaie.

Les autres ligneux les plus fréquents sont le Noisetier Corylus avellana, l’Erable champêtre Acer campestre, l’Orme champêtre Ulmus minor, le Tilleul à petites feuilles Tilia cordata, le Merisier Prunus avium.

A l’étage en dessous, on observe notamment l’Aubépine monogyne Crataegus monogyna, le Troëne Ligustrum vulgare, le Fusain Evonymus europaeus, parfois le Fragon Ruscus aculeatus et le Camerisier Lonicera xylosteum.

L’une des caractéristiques physionomiques de ces habitats est la présence de nombreuses géophytes à floraison spectaculaire, abondante, prévernale et vernale, comme la Jonquille Narcissus pseudonarcissus, la Jacinthe des bois Hyacinthoides non-scripta, l’Ail des ours Allium ursinum

La strate herbacée est assez fournie, avec localement une grande diversité. Elle est dominée localement par l’Anémone des bois Anemone nemorosa, l’Hellébore fétide Helleborus foetidus, la Mélique uniflore Melica uniflora, la Pulmonaire à feuilles longues Pulmonaria longifolia, la Primevère élevée Primula elatior ou l’Arum d’Italie Arum italicum.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • Carpinion betuli Issler 1931 : sols ressuyés mais sans déficit hydrique.
  • Fraxino-Quercion roboris Rameau 1996 : sols à bonne réserve hydrique

COR 1991

  • 41.21 et 41.35 Chênaies et chênaies-frênaies atlantiques mixtes à Jacinthe (Endymio-Carpinetum, Corylo-Fraxinetum)
  • 41.22 et 41.36 Frênaies-chênaies et chênaies-charmaies aquitaniennes (Rusco-Carpinetum, Saniculo-Carpinetum)
  • 41.23 et 41.37 Frênaies-chênaies sub-atlantiques à Primula elatior méso-eutrophes
    • 41.231 Frênaie-chênaie à Arum
    • 41.232 Frênaie-chênaie à Corydalis solida
    • 41.233 Frênaie-chênaie à Allium ursinum
  • 41.27 Chênaies-charmaies et frênaies-charmaies calciphiles
    • 41.273 Chênaie-charmaie calciphile du sud du Bassin parisien avec Lilium martagon, Arum italicum, Daphne laureola
  • 41.39 Bois de frênes post-culturaux

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

NC

Confusions possibles

Les nombreux faciès associés à ces groupements expliquent la difficulté d’identification et les risques importants de confusion avec
d’autres habitats forestiers. Certaines chênaies présentent des faciès plus frais à frêne, alors que sur les pentes exposées au nord, on peut interpréter à tort une tiliaie-acéraie. Il y a d’autre part des convergences possibles avec la hêtraie calcicole dans certains massifs (Braconne, Chizé…) et les limites ne sont pas toujours très nettes. Aussi les relevés précis de la flore, arbustive et herbacée, sont-ils indispensables pour caractériser le plus sûrement ces habitats. Lorsque le sol est enrichi artificiellement en azote, ou lors de recolonisation forestière après culture, des groupements proches peuvent apparaître : les bois de frênes post-culturaux restent pour certains auteurs rattachés à l’ensemble ici décrit, alors que l’ormaie rudérale est considérée comme une variante anthropique du Carpinion. Ces boisements d’origine anthropique sont souvent colonisés par des plantes allochtones échappées de jardins environnants.

Dynamique

Ces forêts sont très souvent exploitées, conduites en futaie ou en taillis sous futaie, ce qui renforce parfois la fraîcheur du sous-bois et favorise l’implantation de ces habitats. Néanmoins, l’exploitation à courte révolution peut freiner ou empêcher l’apparition du climax. Ainsi ne peut-on parler de boisements stables, seules les parcelles situées sur un relief accentué, limitant l’exploitation, peuvent véritablement vieillir. C’est d’ailleurs au niveau de ces boisements préservés que l’on observe généralement les cortèges végétaux les plus intéressants d’un point de vue patrimonial.

Espèces indicatrices

[plante2] *Aconitum vulparia, Adoxa moschatellina, Allium ursinum, Arum italicum, Arum maculatum, *Cardamine bulbifera, Carpinus betulus, *Corydalis solida, Corylus avellana, *Daphne laureola, *Doronicum pardalianches, Fraxinus excelsior, *Helleborus viridis, Hyacinthoides non-scripta, *Hypericum androsaemum, Lamium galeobdolon, *Lilium martagon, Lonicera xylosteum, *Luzula sylvatica, *Lysimachia nemorum, Milium effusum, Moehringia trinervia, *Narcissus pseudonarcissus, *Nectaroscordum siculum, *Oxalis acetosella, *Primula elatior, Prunus avium, Quercus robur, Ranunculus auricomus, *Scilla bifolia, Symphytum tuberosum, *Thalictrella thalictroides , *Veronica montana
[plante1] Anemone nemorosa, Anthriscus sylvestris, Aquilegia vulgaris, Astragalus glycyphyllos, Athyrium filix-femina, Campanula trachelium, Cardamine flexuosa, Cardamine pratensis, *Carex digitata, Carex sylvatica, Circaea lutetiana, Conopodium majus, Cornus mas, Crataegus laevigata, Dryopteris carthusiana, Dryopteris filix-mas, Euphorbia amygdaloides, *Galium odoratum, Hedera helix, Helleborus foetidus, Iris foetidissima, *Lathraea squamaria, Melica uniflora, Mercurialis perennis, Mycelis muralis, *Myosotis sylvatica, Orchis mascula, Ornithogalum pyrenaicum, Polygonatum multiflorum, *Polystichum aculeatum, Polystichum setiferum, Primula acaulis, Pulmonaria longifolia, Ranunculus ficaria, Ruscus aculeatus, *Stachys alpina, Stachys sylvatica, Stellaria holostea, Veronica chamaedrys, Vicia sepium, Vinca minor, Viola riviniana
[champignons] Amanita lividopallescens, Boletus depilatus, B. dupainii, B. fechtneri, B. luteocupreus, B. queletii, B. rhodopurpureus, B. rhodoxanthus, Cortinarius cristallinus, Cortinarius galeobdolon, Gyroporus castaneus, Hygrophorus carpini, Lactarius circellatus, Leccinum carpini, Morchella vulgaris, Xerocomus armeniacus
[mammiferes] Meles meles
[amphibiens] Bufo bufo, Rana dalmatina, Salamandra salamandra

Valeur biologique

Cet ensemble est bien répandu en Poitou-Charentes, sur la plupart des terrains sédimentaires des bassins aquitain et parisien. Les variations sont nombreuses du nord au sud, souvent liées aux conditions de sol qui déterminent la présence ou l’absence d’espèces herbacées déterminantes, le cortège arboré et la physionomie restant le plus souvent similaire. Le cortège floristique patrimonial y est important, même s’il est peu fréquent de rencontrer de nombreuses espèces rares sur un même site : Aconitum vulparia, Cardamine bulbifera, Doronicum pardalianches, Lilium martagon, Nectaroscordum siculum en Vienne… Toutes ces espèces bénéficient d’un statut de protection au moins régional, et de nombreuses autres plantes peuplant cet habitat sont inscrites sur la liste rouge régionale.

Menaces

En raison de l’exploitation régulière et souvent assez intense des parcelles, les habitats sont instables et assez appauvris. Néanmoins, le large spectre des conditions d’installation, tant édaphiques que climatiques, permet à ces forêts mésophiles une large distribution. Les ensembles types sont cependant peu nombreux et de faible surface.

C’est le débourrage tardif des essences dominantes de la chênaie-charmaie Carpinus betulus et Quercus robur qui explique le développement d’une strate herbacée richement colorée dès le tout début du printemps (mars-avril).

Statut régional

Habitat répandu surtout dans la moitié orientale et le nord de la région, se raréfiant vers le sud et le sud-ouest. De nombreuses chênaies-charmaies ont été intégrées dans le réseau des ZNIEFF, notamment toutes celles abritant des stations de Lis martagon, de Scille à 2 feuilles, d’Ail de Sicile ou de Dentaire bulbifère.

16 : forêts de La Braconne et de Bois-Blanc, forêt de Ruffec

17 : vallées du Bourrut et du Coran

79 : bois des Grais, bois de Glassac, forêt de Secondigny

86 : coteau de la Touche, bois de la Héronnière, bois de Maviaux, vallée de Teil

 

Ourlet maigre xéro-thermophile

Rédacteur : Guy Chézeau

Physionomie-écologie

L’ourlet forestier désigne le milieu de transition établi selon une bande assez étroite entre la pelouse et le manteau préforestier.

En Poitou-Charentes, l’ourlet xérothermique apparaît sur des sols calcaires filtrants peu profonds de type rendzines. Ces sols se sont formés sur les calcaires marneux du Jurassique ou du Crétacé ; ils sont en conséquence bien développés en Charente et Charente-Maritime mais beaucoup plus rares en Deux-Sèvres et Vienne. Cet habitat est exclusivement associé à la chênaie pubescente.

L’analyse phytosociologique conduit à distinguer en lisière de bois ou en clairière une succession la plupart du temps soumise à une dynamique et constituée par :

  • la végétation d’ourlet, toujours la plus riche floristiquement (Geranion sanguinei) ;
  • le manteau arbustif (Berberidion vulgaris) ;
  • la chênaie de Chêne pubescent (Quercion pubescentis)

Les espèces de l’ourlet sont héliophiles ou de demi-ombre pour certaines ; inféodées aux sols secs et chauds, elles sont dites thermo-xérophiles.
On note la très nette prédominance d’espèces vivaces hémi cryptophytes associées à des chaméphytes ou à des nanophanérophytes (ex. Rosa pimpinellifolia), l’ensemble indiquant le passage de la pelouse rase au manteau arbustif.

Les floraisons sont abondantes et prolongées, aussi l’ourlet constitue-t-il un milieu particulièrement fréquenté par l’entomofaune et, corrélativement, par les prédateurs de cette dernière.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • TRIFOLIO MEDII-GERANIETEA SANGUINEI Müller 1962 : pelouses pré-forestières héliophiles à hémi-sciaphiles, calcicoles à acidiclines
    • Geranion sanguinei Tüxen in Müller 1962 : communautés thermophiles, plus ou moins xérophiles

COR 1991

34.41 Lisières thermo-xérophiles

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

nc.

Confusions possibles

S’il est assez aisé de distinguer la végétation de l’ourlet de celle de la pelouse du Mesobromion qui la précède et du manteau qui lui succède lorsqu’on se déplace en direction du milieu forestier, il est en revanche plus délicat de faire la distinction entre l’ourlet xérothermophile (le Geranion sanguinei) de l’ourlet mésophile calcicole (le Trifolion medii)

Dans le second cas, cependant, on note la présence d’un certain nombre d’espèces prairiales absentes dans l’ourlet xérophile.

Plusieurs espèces, notamment des Orchidées, se retrouvent au niveau du Mesobromion en même temps que du Geranion sanguinei : Ophrys apifera, Ophrys scolopax, Orchis ustulata, Anacamptis pyramidalis…d’autres espèces comme Limodorum abortivum, Senecio doronicum, Hypochoeris maculata et Geranium sanguineum signent l’ourlet forestier.

Dynamique

Dans les stations les plus sèches, la dynamique est lente voire nulle ; ailleurs, on assiste au déplacement du manteau, les espèces arbustives puis arborescentes peuvent alors envahir l’ourlet. Lorsque les clairières ou les allées sont de dimension réduite, l’ourlet peut ainsi totalement disparaître.

Valeur biologique

Avec 19 espèces végétales inscrites sur la Liste Rouge régionale, l’ourlet xéro-thermophile est un habitat très original et précieux sur le plan botanique : le Séneçon du Rouergue Senecio doronicum ssp. ruthenensis, Astéracée endémique française inscrite au Livre Rouge National comme taxon prioritaire, y possède ses rares stations régionales. Beaucoup des autres espèces rares de l’habitat sont des plantes méridionales en limite d’aire de répartition (Scorzonera hirsuta, Inula spiraeifolia) ou en aire disjointe (Astragalus hypoglottis, Centaurea triumfetti, Xanthoselinum austriacum).

Espèces indicatrices

[plante2] Anthericum ramosum, Aquilegia vulgaris, Aster linosyris, *Astragalus hypoglottis, *Bellis sylvestris ssp.pappulosa, Bupleurum falcatum, Campanula persicifolia, *Centaurea triumfetti, Cephalanthera longifolia, Digitalis lutea, *Euphorbia esula ssp.tristis Filipendula vulgaris, Fragaria viridis, Geranium sanguineum, Helleborus foetidus, Hypericum montanum, *Hypochoeris maculata, Inula salicina, *Inula spiraeifolia, *Laserpitium latifolium, Lathyrus latifolius, Limodorum abortivum, *Limodorum trabutianum, Lithospermum purpureocaeruleum, Melampyrum cristatum, Orobanche gracilis, *Peucedanum officinale, *Rosa pimpinellifolia, *Scorzonera hirsuta, *Scorzonera hispanica, Securigera varia, *Senecio doronicum ssp. ruthenensis, *Seseli libanotis, Stachys heraclea, Tanacetum corymbosum, *Thalictrum minus, Trifolium rubens, Veronica austriaca ssp. teucrium, Vicia tenuifolia, Vincetoxicum hirundinaria, *Viola alba, *Viola suavis, *Xanthoselinum austriacum
[plante1] Brachypodium pinnatum, Bromus erectus, Campanula rapunculus, Carex hallerana, Festuca marginata, Helianthemum nummularium, Lathyrus niger, Melittis melissophyllum, Origanum vulgare, Pulmonaria longifolia, Rubia peregrina, Viola hirta
[briophytes] Ctenidium molluscum, Ditrichum flexicaule, Entodon concinnus, Hypnum lacunosum, Pleurochaete squarrosa,
Scleropodium purum
[champignons] Amanita ovoidea, Calocybe gambosa, Tuber aestivum, T. brumale, T. excavatum, T. melanosporum, T. mesentericum
[reptiles] Hierophis viridiflavus, Lacerta bilineata
[orthopteres] Oecanthus pellucens, Pholidoptera griseoaptera, Platycleis albopunctata, Platycleis tessellata

Menaces

On est là en présence d’un habitat menacé. Les profondes modifications dans la gestion des espaces forestiers (enrésinements, mécanisation de l’entretien…) mettent en péril le Geranion sanguinei. La chênaie pubescente produit peu de bois de valeur, elle est exploitée pour le bois de feu et valorisée par la chasse, l’entretien des allées peut être négligé.

Ailleurs, la mise en culture des terrains jusqu’à l’extrême limite du manteau forestier a fait totalement disparaître l’ourlet.

Le maintien d’un ourlet conséquent et en bon état est fortement dépendant d’une bonne gestion. A l’intérieur des boisements, il est nécessaire de favoriser le maintien de secteurs ouverts conséquents, clairières et chemins forestiers. L’entretien du manteau est alors, de manière idéale, manuel et à défaut mécanique, l’ourlet étant soumis à une fauche retardée.
L’ourlet externe doit être favorisé par l’existence d’une bande non cultivée et son entretien soumis aux mêmes règles.

L’ourlet xéro-thermophile constitue l’habitat de nombreuses plantes rares du Poitou-Charentes

Statut régional

L’habitat est présent dans les 4 départements, quoique avec des fréquences variables. Les plus beaux exemplaires se rencontrent sur calcaires jurassiques durs du nord 17, extrême sud 79 et nord-est 16, en lisière de bosquets relictuels de chênaies pubescentes correspondant à l’ancienne « sylve d’Argenson ».

16 : forêt de Boixe, forêt de Tusson, bois des environs d’Aigre

17 : bois de St Christophe, bois de Benon, forêt de Benon

79 : bois du Grand Breuil, forêt de Chizé, Chênaie de Viron, bois de Breuillac

86 : vallée du Talbat, coteau des Pendants, bois des environs de Vendeuvre-du-Poitou

 

Landes humides

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie – écologie

Les landes humides se développent sur des sols pauvres en substances nutritives, très acides (pH4.5), de type podzols, sur des roches-mères variées – sables siliceux des dépôts continentaux tertiaires (Eocène), meulière issues de la silicification de marnes lacustres (Oligocène), roches cristallines et métamorphiques du socle primaire – et dans des situations topographiques diversifiées : cuvettes et dépressions au sein des grands complexes de landes, bords d’étangs oligotrophes, versants avec suintements d’eau tellurique. Dans tous les cas, une nappe d’eau, temporaire ou permanente, à fluctuations saisonnières plus ou moins marquées, est présente à faible profondeur et imprègne une partie du profil, générant la formation d’un pseudogley (voire parfois d’un gley véritable). Selon le degré d’hydromorphie du sol, le substrat est plus ou moins minéral ou organique, et entraîne des différences dans le cortège végétal : la présence de sphaignes notamment caractérise les faciès les plus fortement engorgés alors que celles-ci manquent dans les variantes moins humides.
La différenciation des landes humides se fait sur des critères à la fois climatiques et floristiques. En Poitou-Charentes, deux associations de lande humide sont présentes : la lande thermo-atlantique à Bruyère à balais, B. à 4 angles et Bruyère ciliée, et la lande mésotherme à Ajonc nain et Bruyère à balais, en dehors de l’aire régionale de la Bruyère ciliée.
Comme dans les autres types de landes, la physionomie est marquée par la dominance des chaméphytes (bruyères et Callune) et des nanophanérophytes (Erica scoparia, ajoncs), la présence systématique de la Bruyère à 4 angles étant le meilleur réactif floristique de la lande humide. Selon les faciès, la structure verticale peut toutefois varier : strate basse de 0.3 à 0.7m de hauteur pour la lande à Ajonc nain et Bruyère à 4 angles, strate moyenne atteignant 2.5m pour la lande à Bruyère à balais et Bruyère à 4 angles. Dans certaines situations (landes dégradées surtout), la dominance de la Molinie peut induire un aspect nettement herbacé alors que la présence de tapis discontinus de sphaignes, parfois bombés, caractérise les variantes les plus hygrophiles.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Alliance Ulicion minoris Malcuit 1929

Sous-Alliance Ulici minoris-Ericenion ciliaris (Géhu 1975) Géhu et Botineau 2004

Groupe d’associations Ulici-Ericeta tetralicis (landes humides non tourbeuses) :

  • Ericetum scopario-tetralicis (Rallet 1935) J.M.Géhu et J.Géhu 1975 (lande thermo-atlantique de répartition aquitano-ligérienne)
  • Ulici minoris-Ericetum tetralicis (Allorge 1922) Lemée 1937 emend.J.M et J.Géhu 1975 (lande atlantique mésotherme)

COR 1991

31.11 Landes humides atlantiques septentrionales

31.12 Landes humides atlantiques méridionales

31.13 Landes humides à Molinia caerulea

Directive Habitats 1992

4010 Landes humides atlantiques septentrionales à Erica tetralix

4020 Landes humides atlantiques tempérées à Erica ciliaris et Erica tetralix

Confusions possibles

La distinction entre les landes atlantiques septentrionales et méridionales n’est pas aisée, ces dernières étant avant tout caractérisées par la co-présence de la Bruyère ciliée et de la Bruyère à 4 angles, alors que dans les premières seule la Bruyère à 4 angles existe (dans ces situations, la Bruyère ciliée est reléguée dans des landes plus mésophiles où la Bruyère à 4 angles manque).
Dans les grands complexes de landes, la lande humide vient souvent en contact avec la lande mésophile : l’absence d’Erica tetralix permet alors de distinguer celle-ci de celle-là.
Dans les milieux les plus engorgés, la lande humide à sphaignes peut passer progressivement à une tourbière acide : seul l’examen du spectre biologique (balance chaméphytes / sphaignes) et de la composition floristique (poids des espèces turficoles comme Eriophorum angustifolium) permet alors de trancher.

Dynamique

Comme les landes sèches ou mésophiles, les landes humides du Poitou-Charentes résultent toutes de défrichements plus ou moins anciens suivis d’un entretien souvent pluriséculaire par la fauche (pour la litière), le pâturage et les incendies courants qui ont empêché indéfiniment la régénération de la forêt initiale. Depuis leur sortie du circuit économique agropastoral et la cessation des modalités de gestion qui assuraient leur entretien et leur pérennité, les landes humides – à l’égal des autres types de landes – sont devenues des espaces « improductifs » repris par l’évolution progressive de la végétation. De nos jours, en l’absence de rajeunissement, les landes humides ont tendance à vieillir (homogénéisation structurale et perte de diversité floristique : sur-développement de la Callune, invasion par la Molinie, la Fougère aigle) tout en étant progressivement envahies par des arbustes pionniers plus ou moins hygrophiles tels que la Bourdaine, le Saule roux, le Piment royal, voire le Pin maritime ou le Chêne pédonculé quand des porte graines existent à proximité (cas fréquent dans la région où les landes font l’objet d’enrésinements massifs). Si la prolifération des sangliers peut entraîner localement une réouverture du milieu, cela ne suffit pas toutefois à empêcher la lente restauration d’un milieu forestier qui va peu à peu faire disparaître les espèces typiques, en général strictement héliophiles.

Espèces indicatrices

[plante2] Erica ciliaris, Erica tetralix
[plante1] Agrostis canina, Calluna vulgaris, *Carex binervis, Carum verticillatum, Cirsium dissectum, Dactylorhiza maculata, Erica scoparia, *Eriophorum angustifolium, Frangula alnus, Genista anglica, *Gentiana pneumonanthe, Hydrocotyle vulgaris, Juncus acutiflorus, Lobelia urens, Molinia caerulea, *Myrica gale, *Narthecium ossifragum, Pedicularis sylvatica, Polygala serpyllifolia, Potentilla erecta, Pseudarrhenatherum longifolium, Salix atrocinerea, *Salix repens, Schoenus nigricans, Scorzonera humilis, Scutellaria minor, Serratula tinctoria, Ulex minor
[briophytes] Aulacomnium palustre, Dicranum bonjeani, Hypnum jutlandicum, Microlepidozia setacea, Rhytidiadelphus squarrosus, Sphagnum auriculatum, Sphagnum compactum, Sphagnum inundatum
[oiseaux] Sylvia undata, Circus cyaneus
[reptiles] Anguis fragilis, Vipera aspis
[lepidopteres] Carterocephalus palaemon, Celastrina argiolus, Coenonympha oedippus, Heteropterus morpheus, Maculinea alcon
[orthopteres] Chrysochraon dispar, Locusta migratoria, Pteronemobius heydenii

Statut régional

Habitat rare et très localisé, ne subsistant plus que dans les grands ensembles de landes régionaux : Double saintongeaise et charentaise, Montmorillonais, nord de Poitiers. Les autres localités, très ponctuelles, sont très menacées par le drainage et la reconversion sylvicole.
Les sites comportant encore des surfaces significatives de cet habitat ont presque tous été intégrés et décrits dans les inventaires du patrimoine naturel récents (ZNIEFF, NATURA 2000) auxquels on se reportera pour plus de détails.

16 : landes des cantons de Blanzac, Montmoreau, Chalais
17 : landes de Montendre, landes de Cadeuil
86 : landes du Pinail, camp militaire de Montmorillon
79 : brandes de l’Hôpiteau, environs d’Argenton-Château

 

Landes sèches à mésophiles

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie – écologie

Les landes sèches à mésophiles occupent des sols sableux, ou sablo-argileux, oligotrophes, généralement acides à pH5 (mais la lande à Bruyère vagabonde colonise des stations peu acides, souvent en contexte calcaire), parfois podzoliques, à réserve en eau faible à moyenne sauf dans quelques variantes fraîches de l’habitat où il peut y avoir présence d’une nappe battante (présence d’un pseudogley à faible profondeur), sur des roches-mères variées : sédiments détritiques transportés depuis le Massif Central à l’Eocène dans la Double charentaise et saintongeaise (dépôts du Sidérolithique, podzols de la région de Montendre 17), épandages argilo-sableux à bancs de grès indurés des « terres de brandes » du Montmorillonnais 86, altérites sur granites roses de la vallée de l’Issoire 16, doucins sableux de la région de Cadeuil 17, argile à meulière recouvrant des marnes et des calcaires lacustres cénomaniens au Pinail 86 etc.. Les situations topographiques sont aussi très diverses – plateaux, pentes faibles, crêtes rocheuses – mais ne comprennent jamais des cuvettes qui sont en principe occupées alors par la lande humide ou tourbeuse.

Avec 8 associations végétales recensées à ce jour en PC, la variabilité régionale est importante, la différenciation typologique se faisant sur des critères à la fois édaphiques et climatiques (landes arides/sèches/fraîches, landes thermophiles/landes tempérées) alors que la reconnaissance sur le terrain s’appuie souvent sur l’espèce physionomiquement dominante. On distinguera ainsi deux landes dominées par la Bruyère cendrée Erica cinerea, une par la Bruyère vagabonde Erica vagans, deux par la Bruyère ciliée Erica ciliaris, une par la Bruyère à balais Erica scoparia et deux par des Cistacées ligneuses, l’Hélianthème en ombelle Halimium umbellatum et l’Hélianthème faux-alysson Halimium alyssoides.

En corrélation avec la diversité typologique, la physionomie est assez variable : landes rases à moyennes (20 à 80cm de hauteur) pour la majorité des faciès, mais landes hautes (jusqu’à 2m, voire 2.5m) dès que la Bruyère à balais est présente ou que la dynamique pré-forestière est active. Par ailleurs, la structure horizontale varie elle aussi beaucoup en fonction de la topographie, du stade évolutif et des facteurs anthropo-zoogènes : couverture sub-continue de chaméphytes dans les sites non perturbés ou « rajeunis » ou nappes ouvertes d’Ericacées trouées de clairières occupées par des hémicryptophytes divers, voire des cryptogames (lichens, bryophytes). Enfin, l’habitat se présente rarement isolément mais forme plutôt des mosaïques ou des séquences selon un gradient topographique par exemple avec la lande humide ou divers autres habitats oligotrophiques.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Alliance Ulicion minoris Malcuit 1929

Sous-Alliance Ulicenion minoris Géhu et Botineau 2004

Groupe d’associations Ulici minoris-Ericeta cinereae (landes sèches atlantiques à Ulex minor) : Rubio peregrinae-Ericetum vagantis, Potentillo montanae-Ericetum cinereae, Helianthemo umbellati-Ericetum cinereae, Ulici minoris-Ericetum cinereae

Groupe d’associations Helianthemo alyssoidis-Ericeta cinereae (landes arides, thermo-atlantiques, dégradées) : Arrhenathero thorei-Helianthemetum alyssoidis

Sous-Alliance Ulici minoris-Ericenion ciliaris (Géhu 1975) Géhu et Botineau 2004

Groupe d’associations Ericeta scopario-ciliaris (landes mésophiles thermophiles) : Arrhenathero thorei-Ericetum cilaris, Scorzonero humilis-Ericetum ciliaris, Ulici minoris-Ericetum scopariae

 

COR 1991

31.23 Landes atlantiques à Erica et Ulex

31.24 Landes ibéro-atlantiques à Erica, Ulex, Cistus

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

4030 Landes sèches européennes

4030-4 Landes sèches thermo-atlantiques

4030-7 Landes atlantiques subsèches

4030-8 Landes atlantiques fraîches méridionales

Confusions possibles

Les landes sèches à Erica vagans ou Erica cinerea ne présentent guère de risques de confusion. Celles à Erica ciliaris devront en revanche être distinguées soigneusement des « landes humides méridionales » où cette espèce co-domine avec Erica tetralix. Par ailleurs, la présence d’Erica scoparia ne suffit pas à « signer » l’appartenance à la lande mésophile puisque cette espèce de grande amplitude écologique peut se rencontrer à la fois dans les landes sèches avec la Bruyère cendrée et les landes humides avec la Bruyère à 4 angles, voire même dans des manteaux méso-oligotrophes qui ne sont plus de véritables landes au sens strict du terme : dans ces cas-là, la totalité du cortège végétal doit être prise en compte pour statuer précisément sur la nature de l’habitat.

Dynamique

Contrairement à certaines landes littorales ou montagnardes, climaciques, toutes les landes de la région sont des formations secondaires résultant de l’exploitation par l’homme d’anciennes forêts acidophiles : défrichement, pâturage extensif, fauche, incendies contrôlés destinés à faire régresser les sous-arbrisseaux ligneux au profit des végétaux herbacés. Toutes ces pratiques traditionnelles ont aujourd’hui presque totalement disparu en Poitou-Charentes, hormis sur certains espaces protégés (cf Réserve Naturelle du Pinail) où elles ont été réintroduites comme outils de gestion. En l’absence de facteurs de rajeunissement, la lande sèche ou mésophile « vieillit » et se trouve envahie plus ou moins rapidement – selon la profondeur et la richesse trophique du substrat – par des espèces pré-forestières, préfigurant le stade forestier terminal de la série : des espèces pionnières comme le Prunellier, l’Ajonc d’Europe, le Genêt à balais, les ronces, le Pin maritime, voire la Bourdaine ou le Saule roux dans les variantes fraîches, précèdent ainsi l’implantation d’essences nomades telles que les chênes (C.tauzin, C.pédonculé, voire C.pubescent dans quelques cas) dont l’arrivée va précipiter l’élimination de la majorité des espèces landicoles plus ou moins strictement héliophiles.

Espèces indicatrices

[plante2] *Ajuga occidentalis, *Allium ericetorum, *Avenula sulcata, Calluna vulgaris, *Daphne cneorum, Erica ciliaris, Erica cinerea, Erica scoparia, *Erica vagans, *Gladiolus illyricus, *Halimium alyssoides, *Halimium umbellatum, Simaethis planifolia, Ulex minor, Viola lactea
[plante1] Agrostis curtisii, Agrostis tenuis, Agrostis vinealis, Arenaria montana, Asphodelus albus, Cytisus scoparius, Danthonia decumbens, Deschampsia flexuosa, Euphorbia angulata, Genista anglica, Hypericum pulchrum, Lobelia urens, Polygala serpyllifolia, Potentilla montana, Pseudarrhenatherum longifolium, Pteridium aquilinum, Quercus pyrenaica, *Scilla verna, Scutellaria minor, Serratula tinctoria, Solidago virgaurea, Succisa pratensis, Ulex europaeus, Viola canina, Viola riviniana minor
[briophytes] Campylopus introflexus, Dicranum scoparium, Hypnum cupressiforme, Hypnum jutlandicum, Polytrichum juniperinum, Scleropodium purum
[lichens] Cladonia sp.pl.
[oiseaux] Acanthis cannabina, Caprimulgus europaeus, Circus cyaneus, Sylvia undata
[reptiles] Coronella austriaca, Lacerta lepida
[lepidopteres] Clossiana dia, Ematurga atomaria, Lycophotia porphyrea, Pavonia pavonia, Xestia agathina
[orthopteres] Chorthippus binotatus, Chrysochraon dispar, Gomphocerippus rufus, Myrmeleotettix maculatus
[coleopteres] Agapanthia asphodeli

Valeur biologique

Certains faciès de l’habitat – lande aride à Avoine de Thore et Hélianthème faux-alysson, lande sèche à Hélianthème en ombelle et Bruyère cendrée, lande calcicline à Garance voyageuse et Bruyère vagabonde, lande mésophile à Avoine de Thore et Bruyère ciliée – ne sont connus dans la région que d’une poignée de stations où ils représentent des localités marginales par rapport au barycentre sud-ouest européen de leur répartition. Cet habitat abrite de nombreuses espèces végétales rares ou menacées en Poitou-Charentes – Ail des bruyères, Daphné camélée, Bruyère vagabonde, Glaïeul d’Illyrie, Hélianthème faux-alysson, Hélianthème en ombelle, Ciste à feuilles de sauge (hors littoral) – tandis que d’autres, assez répandues dans la partie sud-occidentale de la dition (Double), deviennent très rares vers le nord-est où elles fonctionnent comme des « marqueurs biogéographiques » (Avoine de Thore, Phalangère à feuilles planes, Sabline des montagnes, Violette laiteuse…).

Menaces

Comme les prairies, les landes sèches et mésophiles sont des habitats dont l’expansion au cours de la période historique est le fruit de l’action humaine et de ses animaux qui ont permis leur épanouissement et leur maintien durant des siècles à partir d’un fonds d’espèces végétales et animales préexistantes. Depuis le milieu du XXe siècle au moins, cet habitat a connu une régression spectaculaire victime d’un double mouvement d’intensification se traduisant par un défrichement de la lande et son remplacement par des cultures, ou au contraire d’abandon, les espaces de landes étant réoccupés peu à peu par des forêts maigres de chênes. De nos jours, l’habitat n’occupe plus en Poitou-Charentes que des stations relictuelles, généralement sur des surfaces réduites et, le plus souvent, dans un état de conservation médiocre à mauvais (structure atypique, cortège incomplet, absence d’espèces caractéristiques). La valorisation sylvicole – surtout enrésinement à base de Pin maritime dans la région – reste aujourd’hui, avec le défrichement pour mise en culture, le principal facteur de menace des derniers grands secteurs de landes du Poitou-Charentes.

Statut régional

Habitat très disséminé : présent surtout en sud 17 et 16 (région de la Double), dans le Confolentais 16, et dans le Montmorillonnais 86. Très rare en 79.

Les sites comportant encore des surfaces significatives de cet habitat ont presque tous été intégrés et décrits dans les inventaires du patrimoine naturel récents (ZNIEFF, NATURA 2000) auxquels on se reportera pour plus de détails.

16 : landes de Touvérac, gorges de l’Issoire à St-Germain-de-Confolens.
17 : camp militaire de Bussac, landes de Cadeuil
86 : camp militaire de Montmorillon, brandes de la Pierre-là.
79 : brandes de l’Hôpiteau, environs d’Argenton-Château


 

Fourrés littoraux à Tamaris

Rédacteur : Guy Chézeau

Physionomie-écologie

Il s’agit de communautés des milieux saumâtres. En Poitou-Charentes, on les rencontrera donc uniquement sur le littoral charentais maritime. Le caractère méditerranéen et thermo- atlantique de cette formation lui permet de s’exprimer en priorité sur le littoral saintongeais.

Le Tamaris d’Angleterre Tamarix gallica est une espèce qui résiste bien au sel et au vent, on l’observe donc à proximité immédiate du littoral ; cependant, il borde volontiers les fossés en zone de marais et peut s’enfoncer alors à l’intérieur des terres.

Le tamaris est un arbuste peu exigeant sur la qualité des sols, il réclame pourtant une certaine fraîcheur et préfère les terrains légers, argilo-sableux. La plante appartient à un genre qui présente des caractères morphologiques permettant une parfaite adaptation aux conditions de vie subdésertiques dont plusieurs se rencontrent en milieu littoral. Les feuilles, minuscules, sont dépourvues de stomates sur leur face supérieure, assurant au tamaris une bonne résistance à un climat très ensoleillé et à des sécheresses périodiques. La biologie de la plante l’apparente aux saules : habitat, graines de petite taille munies d’une aigrette ce qui facilite une réinstallation rapide après l’inondation, enfin bouturage très facile. Le tamaris absorbe des quantités importantes de sel.

La plante, très rameuse, se couche volontiers et multiplie son enracinement par marcottage : ainsi se forment de véritables fourrés laissant peu de place à l’installation d’autres espèces.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • NERIO OLEANDRI-TAMARICETEA AFRICANAE Br.-Bl. &O. Bolos 1958
    • TAMARICETALIA AFRICANAE Br.-Bl.& O. Bolos 1958
      • Tamaricion africanae Br.-Bl. & O. Bolos 1958

COR 1991

  • 44.813 Fourrés de tamaris

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

nc.

Confusions possibles

La situation, les conditions stationnelles, la présence du tamaris ne laissent la place à aucune confusion concernant cet habitat.

Dynamique

On n’observe pas de dynamique propre.
Lorsque les conditions du milieu sont stables, notamment en
l’absence d’intervention humaine (assèchement, débroussaillage…) l’habitat ne présente pas de dynamique.

Espèces indicatrices

[plante2] Tamarix gallica
[plante1] Crataegus monogyna, Prunus spinosa, Solanum dulcamara, Ulmus minor
[champignons] Leucoagaricus idae-fragum
[oiseaux] Luscinia svecica namnetum
[amphibiens] Hyla meridionalis
[lepidopteres] Parapodia sinaica (galle provoquée par un lépidoptère)
[coleopteres] Psecrosema tamaricum (galle provoquée par un diptère)

Valeur biologique

Dans les marais littoraux, les haies de tamaris sont souvent les seules formations ligneuses pouvant atteindre deux à trois mètres de hauteur, elles constituent donc des brise-vent efficaces en même temps que des refuges et des observatoires pour de nombreux passereaux, voire d’autres animaux : insectes, reptiles….

Leur valeur biologique tient donc au rôle qu’elles jouent en
faveur des espèces qu’elles peuvent héberger de manière temporaire ou définitive. C’est tout particulièrement le cas pour la Gorgebleue à miroir blanc de Nantes Luscinia svecica namnetum, une sous-espèce endémique du littoral franco-atlantique (entre le sud Finistère et le bassin d’Arcachon) et dont la région Poitou-Charentes accueille près du cinquième de la population mondiale.

Menaces

Cet habitat est en régression. L’assèchement des zones humides, le nivellement des bosses, le remplacement des tamaris par des espèces allochtones également résistantes au sel comme le Séneçon en arbre Baccharis halimifolia sont autant de facteurs défavorables qui participent à sa raréfaction.

Statut régional

En Poitou-Charentes l’habitat est limité au littoral de la Charente-Maritime.

17 : îles de Ré, d’Aix, d’Oléron, Madame, marais de Brouage, marais de Seudre, estuaire Gironde.

La Gorgebleue à miroir blanc de Nantes Luscinia svecica namnetum est une espèce migratrice, présente dans nos contrées entre le début mars et septembre-octobre. En Poitou-Charentes, elle se cantonne surtout dans les anciens marais salants où les arbustes halophiles – Soude arbrisseau, Salicorne ligneuse – et les bosquets de tamaris lui servent à la fois de perchoir, de poste de chant et de site de nidification.

 

Fourrés méditerranéens

Rédacteur : Guy Chézeau

Physionomie – écologie

Le caractère méditerranéen de la Charente-Maritime et, plus particulièrement, de la Saintonge littorale est connu de longue date. La richesse de la flore et de la faune qui s’y trouvent associées est liée à l’existence d’une sécheresse estivale.

Pour Ruiz de la Torre (1971), le fourré méditerranéen ou « matorral » est une « formation de plantes ligneuses dont la partie aérienne n’arrive pas à se différencier en tronc et frondaison, étant en général très ramifiée dès le bas, et pouvant atteindre un port d’arbuste prostré ». Ce terme de matorral, d’origine espagnole, remplace d’une manière plus générale les mots français de « maquis » sur sol acide et de « garrigue » sur sol calcaire.

L’habitat « matorral à chênes verts » correspond à une série dynamique du groupement forestier climacique appartenant au Quercion ilicis . En région méditerranéenne sensu stricto l’agro- pastoralisme et les incendies à répétition sont en grande partie responsables de la régression de la chênaie yeuse vers le matorral. En Charente-Maritime, on le rencontre en manteau littoral de la forêt dunaire à Pin maritime et Chêne vert, le pin en est absent et le chêne est alors anémomorphosé sous l’action des vents dominants. Cet habitat fait la plupart du temps défaut, la gestion forestière en favorisant le Pin maritime, voire d’autres espèces de résineux résistants aux embruns, l’empêche de s’exprimer totalement. Le matorral à Chêne vert est une formation qui favorise au sol les essences les moins exigeantes en lumière en éliminant les plus héliophiles.

Un maquis bas silicicole à cistes, Daphné garou et Osyris blanc forme des fourrés sur sols sableux dunaires en Oléron. Daphne gnidium et Osyris alba sont ici spontanés. On a longtemps, par contre, discuté l’indigénat des cistes méditerranéens présents sur l’Ile d’Oléron et souvent découverts assez tardivement. Le caractère méditerranéen marqué du milieu est confirmé par la présence d’un certain nombre d’espèces dont celle de lichens – citons Cladonia mediterranea – dont plusieurs sont ici en aire de distribution disjointe. On est en droit d’estimer que c’est le cas de cet habitat.

Le fourré se développe la plupart du temps en lisière de la forêt au niveau du manteau ainsi qu’en limite de la forêt à proximité du littoral, les plantes résistant bien aux embruns. L’extension de l’habitat à l’intérieur du milieu forestier cesse avec le développement du couvert arborescent qui constitue alors un frein à l’existence d’espèces fortement héliophiles.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • QUERCETEA ILICIS Br.-Bl. In Br.-Bl., Roussine & Nègre 1952
    • Quercion ilicis Br.-Bl. ex Molinier 1934
      • Querco ilicis-Pinenion maritimi Géhu & Géhu-Franck
  • CISTO LADANIFERI-LAVANDULETEA STOECHADIS Br.-Bl. in Br.-Bl., Molinier & Wagner 1940
    • Cistion laurifolii Rivas Goday in Rivas Goday, Borja, Monasterio, Galiano & Rivas-Martinez 1956

Association Daphno-Ligustretum

COR 1991

  • 16.28 x 32.34 Fourrés dunaires sclérophylles x Maquis bas à Cistes
  • 32.11 Matorral à chênes sempervirents

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

nc.

Confusions possibles

Pas de confusion possible avec d’autres types d’habitats sauf avec l’ourlet à Ciste à feuilles de sauge et Garance, de structure plus basse (il s’agit d’un ourlet et non d’un fourré) mais se rencontrant dans le même milieu : forêt littorale à Pin maritime et Chêne vert sur dunes fossiles.

Dynamique

Elle est spontanée et dépend notamment de l’avancée ou du recul du manteau forestier, ainsi que des modifications du trait de côte.

Espèces indicatrices

[plante2] *Arbutus unedo, *Cistus laurifolius, *Cistus monspeliensis, *Cistus psilosepalus, Cistus x obtusifolius, Clematis flammula, *Cytinus hypocistis, Daphne gnidium, *Osyris alba, *Phillyrea angustifolia, *Phillyrea latifolia, Quercus ilex
[plante1] Carex arenaria, Cytisus scoparius, Erica scoparia, Hedera helix, Ligustrum vulgare, Orobanche caryophyllacea, Pinus pinaster, Rubia peregrina, Ulex europaeus
[briophytes] Hypnum cupressiforme, Pleurochaete squarrosa, Scleropodium purum, Tortula ruraliformis
[lichens] Cladonia mediterranea
[lepidopteres] Lobesia botrana (= Eudémie de la vigne)
[orthopteres] Cyrtaspis scutata, Ephippiger ephippiger, Leptophyes punctatissima, Oecanthus pellucens, Phaneroptera falcata
[coleopteres] Dicladispa testacea

Valeur biologique

Le fourré arrière-dunaire à cistes, Daphne et Osyris constitue un habitat très rare en Poitou-Charentes et exceptionnel sur le littoral atlantique où il est limité à quelques rares localités littorales et surtout insulaires (Oléron essentiellement, Ré, Aix et presqu’île d’Arvert). Il constitue une irradiation thermo-atlantique relictuelle d’un habitat méditerranéen que l’on ne retrouve qu’en Corse.

On y note la présence d’espèces rares ou menacées avec le Ciste de Montpellier Cistus monspeliensis, le Ciste à feuilles de laurier Cistus laurifolius protégé en Poitou-Charentes, le Ciste à sépales poilus Cistus psilosepalus, espèce protégée au niveau national.

Le matorral à chênes verts ne présente pas d’espèces protégées, sa valeur biologique n’en est pas moins importante de par sa rareté puisqu’il ne peut s’observer qu’ici ou là dans l’Ile d’Oléron ou en presqu’île d’Arvert.

Menaces

Ces habitats en régression pour avoir été menacés par l’enrésinement des milieux dunaires littoraux, subissent maintenant une pression fortement négative liée au développement du tourisme balnéaire avec ses corollaires que sont le tourisme vert et les aménagements qui lui sont liés.

Le Daphné garou Daphne gnidium et l’Osyris blanc Osyris alba sont 2 arbrisseaux méditerranéens localement abondants au sein de la forêt littorale à Pin maritime et Chêne vert du littoral charentais.

Statut régional

Habitat très rare, présent seulement dans quelques localités littorales, surtout insulaires, de Charente-Maritime

17 : île de Ré (forêt de Trousse-Chemise), île d’Oléron (forêt des Saumonards), île d’Aix, forêt de la Coubre, presqu’île d’Arvert

 

Fourrés sur sols acides

Rédacteur : Guy Chézeau

Physionomie-écologie

On a là des formations buissonnantes caractérisées par une strate dominante de ligneux à feuilles caduques d’une taille moyenne de l’ordre de 2 à 3 mètres. D’un point de vue physionomique, on les observe au voisinage des landes dites hautes.

En Poitou-Charentes, ces fourrés ne couvrent pas de grandes surfaces homogènes. Ils forment avec les milieux ouverts ou en marge des milieux forestiers des mosaïques avec les habitats voisins, ils constituent alors des milieux de transition.

Il s’agit de séries dynamiques souvent liées à l’abandon de prairies anciennement cultivées mais de faibles capacités agronomiques ou de landes autrefois pâturées sur un mode extensif.

La nature du sous sol, le type de sol déterminent l’apparition de deux grands types d’habitats :

  • Les fourrés à genêts à balais ou brandes sur sols faiblement acides, sur argiles de décalcification ou sur sols acides thermophiles.
  • Les fourrés à ajoncs d’Europe sur sols acides mésophiles voire hydromorphes.

Le recouvrement est maximum (100%), par définition le fourré est difficilement pénétrable.

Le genêt à balais comme l’ajonc d’Europe sont des espèces héliophiles, mellifères et acidiphiles à large spectre, elles possèdent en outre des caractères anatomophysiologiques qui leur confère des aptitudes exceptionnelles à coloniser des sols pauvres. Le genêt à balais possède une écorce chlorophyllienne, c’est donc la plante entière qui par ses organes aériens assure la photosynthèse. L’ajonc d’Europe comme la plupart des légumineuses héberge au sein de nodosités racinaires des bactéries symbiotiques assurant une fixation de l’azote atmosphérique entraînant à terme un enrichissement du sol.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • CYTISETEA SCOPARIO-STRIATI Rivas-Martinez 1975 : végétations arbustives dominées par des Fabacées sur des sols profonds, subacides à acides
    • CYTISETALIA SCOPARIO-STRIATI Rivas-Martinez 1975
      • Ulici europaei-Cytision striati Rivas-Martinez, Bascnes, T.E. Diaz, Fernandez Gonzalez & Loidi 1991 : communautés thermo-atlantiques
      • Sarothamnion scoparii Tüxen ex Oberdorfer 1957 : communautés atlantiques et continentales

COR 1991

  • 31.84 Landes à Genêts
  • 31.85 Landes à Ajoncs

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

nc.

Confusions possibles

Pas de confusions possibles

DYNAMIQUE

Ces fourrés peuvent être soumis à une dynamique importante. Ils doivent évoluer vers une chênaie à chênes tauzins sur les sols les mieux drainés ou vers une chênaie à chênes pédonculés sur les substrats plus humides. En Poitou-Charentes, dans les deux cas on va vers un bois acido-thermophile.

Espèces indicatrices

[plante2] Cytisus scoparius, Erica scoparia, *Pyrus cordata, Ulex europaeus
[plante1] Castanea sativa (juv), Frangula alnus, Lonicera periclymenum, Populus tremula (juv), Pteridium aquilinum, Pyrus pyraster, Quercus pyrenaica (juv), Quercus robur (juv), Rubia peregrina, Rubus section Fruticosi (sous-section Discolores), Rubus section Corylifolii,, Sorbus torminalis (juv) Salix acuminata, Ulmus minor
[briophytes] Hylocomium splendens, Hypnum cupressiforme, Pleurozium schreberi, Scleropodium purum
[orthopteres] Leptophyes punctatissima, Phaneroptera falcata, Phaneroptera nana, Tettigonia viridissima

Valeur biologique

Cet habitat n’héberge pas d’espèces végétales protégées.

Son intérêt biologique réside dans le fait qu’il s’agit d’un habitat de transition.

Menaces

L’aspect touffu des fourrés, leur situation en marge de milieux plus faciles à identifier, la difficulté à prendre en compte une approche dynamique des paysages, amènent trop fréquemment les aménageurs et les responsables de gestion à pratiquer des « nettoyages » et à faire disparaître ce type d’habitats.


Statut régional

L’habitat est assez répandu sur les substrats acides des 4 départements

 

Fourrés xéro-thermophiles

Rédacteur : David Suarez

Physionomie – écologie

Les fourrés xéro-thermophiles sont des formations arbustives denses qui se développent sur des substrats carbonatés ou basiques formés sur les calcaires secondaires du Jurassique et du Crétacé supérieur. Il s’agit le plus souvent de peuplements de Genévrier commun Juniperus communis, associés ou non à d’autres essences arbustives basses, dont la physionomie varie du fourré dense au voile épars, voire d’îlots parsemant les pelouses calcicoles auxquelles ils sont presque toujours associés. En fonction des conditions stationnelles, ces fourrés peuvent revêtir un caractère primaire, notamment sur les corniches rocheuses ou les fortes pentes soumises à des contraintes érosives bloquant la dynamique évolutive naturelle de cet habitat. Dans ces conditions, le Buis Buxus sempervirens remplace alors souvent le genévrier et forme des peuplements denses et monospécifiques. En dehors de ces stations particulières, il s’agit de formations secondaires instables issues de pratiques agropastorales extensives anciennes. En l’absence de pastoralisme ou de gestion mécanique permettant la régénération du genévrier et freinant le développement des jeunes arbres, la dynamique évolutive naturelle conduit à l’installation d’un boisement calcicole (chênaie pubescente, chênaie verte atlantique).

Le Genévrier est un arbuste répandu en Europe, des plaines jusqu’à l’étage subalpin, dont la hauteur peut atteindre 7 à 8 mètres et dont le port, très variable, est en rapport avec les conditions environnementales. Les sexes sont séparés et il existe des pieds mâles (plus nombreux mais à sénescence plus précoce) et des pieds femelles. La longévité moyenne est de l’ordre de 70-100 ans mais un record de 2000 ans est connu. La maturité sexuelle est tardive (vers 10 ans) et la période de fertilité optimale se situe entre 20 et 45 ans.

Le Buis est, quant à lui, un arbuste thermophile à affinités méditerranéo-montagnardes qui, après une extension importante à

la période xéro-thermique (- 4000 à – 5000 ans), n’a pu se maintenir en plaine centre-atlantique qu’à la faveur de biotopes particuliers tels que les corniches rocheuses, les sommets de falaises ou les pelouses calcicoles à sol très superficiel où sa présence a un caractère relictuel.

En Poitou-Charentes, la variabilité de l’habitat est faible puisque 3 associations végétales différentes sont présentes :

En Charente, sur les plateaux calcaires tabulaires durs du Turonien, aux environs d’Angoulême, se développe la junipéraie à Nerprun des rochers et brande Rhamno saxatilis-Ericetum scopariae , avec Rhamnus saxatilis, Rhamnus alaternus, Rosa pimpinellifolia.Ils sont ici associés aux pelouses calcicoles xérophiles du Xerobromion, et plus particulièrement à l’association du Sideritido guillonii-Koelerietum vallesianae.

En Charente, Charente-Maritime et Vienne, là aussi en association avec les pelouses calcicoles du Xerobromion sur des sols bruns calciques, se développe une association originale à tendance acidicline : la junipéraie à brande et Spirée d’Espagne Erico scopariae-Spiraetum obovati, avec Erica scoparia et Spiraea hypericifolia ssp obovata.

En Charente, aux alentours d’Angoulême sur les pentes rocheuses et les éboulis exposés au sud des plateaux calcaires durs, on observe ponctuellement la buxaie à Nerprun des rochers et buis Rhamno saxatilis-Buxetum sempervirentis, avec Buxus sempervirens et Rhamnus saxatilis .

Ces 3 associations bien caractérisées restent très rares en Poitou-Charentes. La plupart des autres stations de fourrés xéro-thermophiles de la région appartenant à l’alliance du Berberidion se présentent sous forme de junipéraies ou de buxaies monospécifiques de faible intérêt floristique par rapport aux pelouses calcicoles qu’elles accompagnent généralement.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

Alliance : Berberidion vulgaris (Braun-Blanq. 1950)

Sous-alliances : Berberidenion vulgaris Géhu, De Foucault Delelis 1983, Rosenion micranthae Arlot ex Rameau

Associations : Erico scopariae-Spiraetum obovati, Rhamno saxatilis-Ericetum scopariae, Rhamno saxatilis-Buxetum sempervirentis

COR 1991

31.82 Fruticées à Buis

31.88 Fruticées à Genévriers communs

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

5110 Formations stables xéro-thermophiles à Buxus sempervirens des pentes rocheuses

5130 Formations à Juniperus communis sur landes ou pelouses calcaires

Confusions possibles

Cet habitat peut être confondu avec d’autres fourrés. Néanmoins, la dominance du genévrier ou du buis permet généralement de le différencier des fruticées à pruneliers et troènes, sur sols plus profonds, ou de la jeune chênaie pubescente, où les genévriers, généralement âgés, se raréfient au profit des chênes omniprésents. En cas de forte présence de la Brande (Erica scoparia), le Berberidion peut également être confondu avec la lande sèche, qui se développe sur les sols acides. Dans ce cas la présence d’autres éricacées comme la Bruyère cendrée (Erica cinerea) ou la Callune (Calluna vulgaris), permet de faire aisément la différence entre ces 2 habitats.

Dynamique

Formations secondaires issues de déforestations historiques anciennes et de régimes agri-pastoraux (pacage), parfois aussi d’une reconstitution séculaire du tapis végétal après abandon des cultures, les fourrés xéro-thermophiles évoluent naturellement vers la forêt calcicole. Cette évolution peut être plus ou moins rapide, en fonction de l’épaisseur du sol.

Espèces indicatrices

[plante2] *Berberis vulgaris, Buxus sempervirens, Juniperus communis, Prunus mahaleb, *Rhamnus alaternus, *Rhamnus saxatilis ssp infectoria, *Rosa pimpinellifolia, *Spiraea hypericifolia ssp obovata
[plante1] Acer monspessulanum, Brachypodium pinnatum, Cornus sanguinea, Erica scoparia , *Genista pilosa, Hedera helix, Laburnum anagyroides, Ligustrum vulgare , Lonicera periclymenum, *Phillyrea latifolia, Prunus spinosa, Quercus humilis, Quercus ilex, Rosa agrestis, Rosa gr.canina, Rosa micrantha, Rubia peregrina, *Sorbus aria, Taxus baccata, Teucrium chamaedrys, Viburnum lantana , Vincetoxicum hirundinaria
[briophytes] Bryum caespiticium, Ditrichum crispatissimum, Entodon concinnus, Fissidens dubius, Hylocomium splendens, Hypnum cupressiforme, Hypnum lacunosum, Pleurochaete squarrosa, Racomitrium canescens, Rhytidium rugosum, Scleropodium purum, Thuidium philiberti, Trichostomum crispulum
[champignons] Calocybe gambosa, Entoloma clypeatum, Mycena ustalis, Tricholoma scalpturatum, Tubaria autochtona
[oiseaux] Hypolaïs polyglotte Hippolais polyglotta, Pipit des arbres Anthus trivialis
[coleopteres] Cicadetta montana, Empusa pennata

Valeur biologique

Cet habitat est encore relativement bien représenté en Poitou-Charentes. Néanmoins, la plupart des stations existantes sont constituées de peuplements quasi monospécifiques de Genévrier commun ou de Buis, le plus souvent accompagnés d’espèces pionnières de la chênaie pubescente. Le cortège floristique est alors banal, la majorité des plantes présentes étant communes dans les secteurs calcaires de la région.

Cependant, le groupement du Berberidion typique, à forte valeur patrimoniale, existe encore sur les sites très secs où il est en contact avec des pelouses du Xerobromion. Plusieurs espèces végétales protégées au niveau régional ou inscrites sur la Liste Rouge régionale peuvent alors êtres présentes comme Berberis vulgaris, Phillyrea latifolia, Rhamnus alaternus, Rhamnus saxatilis, Rosa pimpinellifolia, Spiraea hypericifolia ou Sorbus aria. Ces fourrés abritent également une faune diversifiée, notamment des reptiles, oiseaux et mammifères qui utilisent le couvert végétal dense souvent impénétrable pour l’homme comme lieu de refuge et de reproduction.

Menaces

Comme les pelouses calcicoles, les fourrés xéro-thermophiles de la région sont les témoins d’action anthropiques anciennes, et notamment du pâturage des coteaux par les ovins, et ce depuis des siècles. Depuis le milieu du XXème siècle, cet habitat a connu une régression due à différents facteurs comme l’abandon du pastoralisme, qui conduit peu à peu à des boisements de moindre intérêt biologique, l’enrésinement systématique des coteaux, la mise en culture des secteurs à faible pente, l’exploitation des carrières de calcaire, l’urbanisation… Sur certaines zones situées en périphérie urbaine, on observe parfois une colonisation du Berberidion par des arbustes exotiques échappés des jardins, comme les cotonéasters, pyracanthas, buddleias… qui peuvent prendre de l’ampleur rapidement et menacer le cortège végétal initial du groupement.

Statut régional

Cet habitat a une répartition assez large dans la région et peut couvrir des surfaces conséquentes au sein des secteurs calcaires, sa fréquence départementale reflétant assez fidèlement l’étendue des affleurements crétacés et jurassiques : très commune en Charente, commune en Charente-Maritime et Vienne, la chênaie pubescente devient plus localisée dans les Deux-Sèvres. C’est dans un petit secteur à cheval sur le nord de 17 et le sud de 79 que se trouvent les exemplaires de cet habitat les plus riches botaniquement de tout le Poitou-Charentes : il s’agit de fragments relictuels d’une ancienne ceinture de forêts s’étendant jusqu’aux environs d’Angoulême et connue sous le nom de « sylve d’Argenson », ensemble aujourd’hui morcelé , défriché et mis en culture depuis le Moyen Age.

16 : forêt de la Braconne, forêt de Boixe

17 : forêt de Benon, bois de St Christophe

79 : forêt d’Aulnay, forêt de Chizé, bois d’Availles

86 : forêt de Lussac, bois de St Benoît, de Chauvigny