Dispersions, invasions et migrations

Si certaines espèces ne se dispersent guère autour de leur lieu de naissance (l’Agrion de Mercure Coenagrion mercuriale ne s’éloigne généralement pas à plus de quelques centaines de mètres de son site d’émergence), d’autres peuvent entreprendre de grands déplacements pour coloniser de nouveaux sites de reproduction. Les aeschnes, la Libellule déprimée Libelulla depressa et même de petites espèces comme les caloptéryx s’observent parfois à des dizaines de kilomètres de tout point d’eau.

L’Anax porte-selle Hemianax ephippiger entreprend des déplacements intercontinentaux pouvant le mener de l’Afrique à l’Europe et même de l’Afrique à l’Amérique !

Les déplacements de certaines espèces peuvent parfois être massifs. Ainsi des milliers de Sympétrum jaune Sympetrum flaveolum peuvent apparaître et même se reproduire ponctuellement dans des régions qu’ils ne fréquentent pas classiquement.

Les mouvements coordonnés du Sympétrum strié Sympetrum striolatum sont souvent qualifiés de migration. Ces déplacements, qui n’impliquent pas de retour à un point d’origine, concernent chaque automne des millions d’individus qui se déplacent face au vent le long des côtes du Centre-Ouest.

Les odonates, et tout particulièrement les anisoptères, sont de robustes insectes. Plusieurs espèces américaines, emportées par les tempêtes automnales, ont réussi à atteindre les côtes européennes. L’Anax de juin Anax junius, l’Ischnure citrine Ischnura hastata et la Sympétrule à front blanc Pachydiplax longipennis devraient être recherchées sur les côtes charentaises après le passage de fortes dépressions atlantiques.

 

Philippe Jourde