Cordulégastre bidenté

Cordulégaster bidentata (Linnaeus, 1758).

Cordulégastre bidenté

Répartition

L’aire de répartition de ce cordulégastre est assez réduite et plutôt morcelée en Europe. Il est présent, souvent assez rare, de l’Allemagne aux Balkans, de la Grèce aux Pyrénées.

En France, il est totalement absent à l’ouest d’une ligne reliant les Ardennes au Pays basque. A l’est de cette ligne, il privilégie très nettement les zones de relief.

Les données les plus proches du Poitou-Charentes proviennent de la bordure occidentale du Massif central. L’espèce a été citée une fois au nord-est de la Dordogne en 1987 (Cloupeau in Dommanget, 1987) et à notre connaissance, n’y a plus été mentionnée depuis. Par contre les observations réalisées en Haute-Vienne sont beaucoup plus récentes. L’espèce a été trouvée en 2001 dans les gorges du Thaurion, un affluent de la Vienne, à une soixantaine de kilomètres des départements de la Charente et de la Vienne (SLO, 2003). L’espèce n’a jamais été mentionnée dans la région Poitou-Charentes.

Écologie et potentialités régionales

Ce gros anisoptère occupe des habitats particuliers. Il affectionne particulièrement les eaux de toute petite taille sur des pentes boisées à forte déclivité, et ce à moyenne altitude. On le rencontre donc près des petites sources en zone abrupte, sur des suintements, des rigoles, de minuscules ruisselets. La quantité d’eau qui dévale ne doit pas être importante et il suffit parfois que le substrat reste juste imbibé pour que cet odonate s’en accommode. Les larves vivent dans les amas de débris végétaux et de sable à l’abri du courant principal (SLO, op. cit.).

Quelques parties du territoire régional, notamment les marges est de la Charente et le sud-est de la Vienne, peuvent offrir les conditions écologiques optimales à cette espèce, à savoir des pentes escarpées et boisées, coupées de façon régulière par des clairières ou des chemins forestiers et pourvues de minuscules écoulements. L’altitude très modérée ne semble pas gênante puisque les observations en Limousin ont été réalisées entre 170 et 600 m (SLO, op.cit.). Il semble vraiment que ce soit le caractère abrupt des pentes qui soit primordial. Dans cette région, c’est la recherche systématique des larves dans ces milieux très particuliers qui a permis d’augmenter de façon remarquable le nombre de données sur cette espèce (Lolive et Guerbaa, 2007). Il paraît indispensable de suivre cet exemple en Poitou-Charentes d’autant plus que la recherche des imagos semble assez aléatoire, les femelles étant extrêmement discrètes et les mâles n’occupant les zones de reproduction que durant une période limitée (SLO, op.cit.). La période de vol de cette espèce s’étend de début juin à début septembre.

Eric PRUD’HOMME

Bibliographie

S.L.O., 2003 – Atlas des Libellules du Limousin. Epops, HS : 110 p.