Avant-propos

Apparues il y a plus de 300 millions d’années, les libellules constituent l’un des plus anciens groupes d’insectes. Avec plus de 6000 espèces dans le monde, elles ont toujours fasciné de nombreuses civilisations.

Les appellations populaires, au Moyen Age « d’aiguille de Satan », de « flèche du démon », de « putain du dragon »… témoignent de la frayeur et de la réputation démoniaque que les odonates ont longtemps véhiculées.

Cependant, en Extrême-Orient, ces insectes jouissent d’une très grande considération, notamment au Japon. La ville de Nakamura, leur a même consacré un musée unique en son genre, elles représentent le symbole de la force et de la bravoure, et leur silhouette est synonyme de bonheur et de victoire.

Emblèmes de nos cours d’eau et de nos zones humides, les libellules font partie des insectes les plus populaires. Cependant, tout pêcheur, randonneur ou naturaliste rencontré au détour d’un méandre de rivière, vous dira que ces insectes sont de moins en moins nombreux. Ce constat a motivé les associations de protection de la nature et de l’environnement du Poitou-Charentes à se lancer dans un inventaire afin de parfaire les connaissances sur ces insectes, dans un objectif de conservation des populations et de leurs habitats, puis d’informer, de sensibiliser les citoyens, les acteurs, notamment par l’édition de cet ouvrage.

Le Président de Poitou-Charentes Nature

Pierre GUY

La région Poitou-Charentes. (ORE, 2009)

Occurring more than 300 million years ago, dragonflies form one of the most ancient groups of insects. With more than 6 000 species world-wide, they have fascinated numerous civilisations over the ages.
Their many popular names (in the Middle Ages, for example, they were known as ’Satan’s needles’, ’Devil’s arrows’ and ’dragon’s whores’) illustrate the fear and demonic reputation they have held over a long period.

However, in the Far East, these insects are regarded with great respect, notably in Japan – the town of Nakamara has even devoted a museum to them, unique of its type – where they represent a symbol of force and bravery, and their silhouette is regarded as synonymous with good luck and victory.

Emblems of our water courses and wetland areas, dragonflies are among the most popular of insects. However, every fisherman, walker or naturalist one meets by the riverside will tell you that these insects are becoming less and less numerous. Such anecdotal evidence has motivated societies for nature conservation and the environment in the Poitou-Charentes to conduct a survey to refine our knowledge of these insects. The aim is to conserve dragonfly populations and their habitats and to bring dragonflies to the attention of the public, especially those involved in decision-making, principally by the publication of this book.More than a simple field guide, this is a book to read at home. It will please naturalists, fishermen and those who enjoy simply observing the natural world around them. It is a collective and associative work where each chapter reflects the different personalities of the contributors.

To know, to respect, and to protect dragonflies – such are the principles which have led us to publish this work today May it contribute to a better understanding and long term protection of these marvellous creatures which form an important part of our natural heritage.

Orthétrum bleuissant

Orthétrum coerulescens (Fabricius, 1798).

Orthétrum bleuissant

Etymologie

Coerulescens de caeruleus (lat) = bleu ciel : l’abdomen du mâle est d’un bleu gris très clair.

Répartition

Cet orthétrum est présent essentiellement dans le sud et le centre de l’Europe. Il est absent d’une grande partie du nord-est de l’Europe.

En France l’espèce est répartie sur tout le territoire avec quelques lacunes dans les départements du nord.

En Poitou-Charentes il est assez commun en Charente et Charente-Maritime, plus ponctuel en Deux-Sèvres et Vienne. Orthetrum coerulescens a été observé dans 422 des communes prospectées (36 %).

Phénologie

D’après les données récoltées lors des prospections, la période de vol des adultes s’étend du moi de mai (08/05) à…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Habitats

Les filets d’eau permanents et ensoleillés du type suintements, résurgences, sources et fossés alimentés, sont les habitats de prédilection des larves. Ces dernières fréquentent…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Biologie

L’Orthétrum bleuissant passe de 1 à 3 ans à l’état de larve (souvent 1 à 2 ans) et n’émerge qu’après avoir subi…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Menaces

Cette espèce bénéficie de la création de plans d’eau (sablières, gravières, argilières…), elle n’est pas menacée en Poitou-Charentes.

Samuel DUCEPT

Leucorrhine à large queue

Leucorrhinia caudalis (Charpentier, 1840).

Leucorrhine à large queue

DHFF annexe IV

Protection nationale

Liste Rouge du Poitou-Charentes : Au bord de l’extinction

Etymologie

Face blanche, abdomen épaissi en forme de massue.

Répartition

Ce petit anisoptère est répandu dans le nord-est de l’Europe avec une répartition fragmentée dans l’ouest et le sud de son aire de distribution.

En France, l’espèce est rare et menacée, et n’est connue que dans 17 départements. Elle peut néanmoins être localement abondante dans les biotopes qui lui sont favorables.

En Poitou-Charentes, autrefois citée en Charente, elle n’y a pas été retrouvée et n’est présente que dans la Vienne. Dans ce département, elle était mentionnée comme locale par Martin en 1907, et fut « redécouverte » en 1983 par M. Caupenne dans la Réserve Naturelle (R.N.) du Pinail sur la commune de Vouneuil-sur-Vienne, puis sur l’étang du Défens situé à proximité immédiate, en 1984. C’est dans les milliers de mares de la R.N. du Pinail que se tient la seule population régionale constituée de plusieurs centaines d’imagos. Un individu isolé a été observé en 1998 (Cavallin, com. pers.) sur un étang du camp militaire de Montmorillon. Sept mâles ont été observés en 2008 sur deux étangs de la Forêt de la Guerche (Leugny) (Boutry, com. pers.), limitrophe de l’Indre.

Phénologie

La période d’émergence est précoce et courte : de la mi-mai à début…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Habitats

Les exigences écologiques de cette espèce apparaissent assez strictes : eaux stagnantes de plaine à tendance…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Biologie

Le mâle mature se pose très régulièrement sur les mêmes supports, souvent une feuille de nénuphar (Nymphea alba). de laquelle il surveille…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Menaces

L’espèce se trouve dans notre région en limite de son aire de répartition ce qui la rend d’autant plus sensible à la destruction de ses habitats de prédilection. Par ailleurs il n’existe qu’une seule population isolée dans la région, la population de grande taille la plus proche se situant en Brenne. La larve semble résister grâce à ses épines dorsales à la présence de poissons carnassiers invasifs.

Protection

La Réserve Naturelle du Pinail possède une responsabilité majeure dans la protection régionale de l’espèce. Un suivi régulier des effectifs est réalisé tous les ans par un indice kilométrique d’abondance (IKA) pour les imagos et tous les 5 ans par récolte d’exuvies sur des mares témoins. La végétation rivulaire des mares est régulièrement régénérée par brûlis dirigé.

Pascal DUBECH

Bibliographie

Caupenne M., 1983 – Préinventaire des espèces en vue de l’étude sur la recolonisation après incendie de la Réserve du Pinail par la faune et la flore. SEPNV, p 36-39.

Dubech P., 2003 – Les libellules de la Réserve naturelle du Pinail : synthèse . Rapport d’étude, GEREPI, 25p.

Durepaire P., 1992 – Etude de la population de Leucorrhinia caudalis sur la Réserve naturelle du Pinail. Rapport de stage, Université de Poitiers, 30p.

Prévost O., Durepaire P., 1994 – Etat de la population de Leucorrhinia caudalis dans la Réserve naturelle du Pinail (Département de la Vienne). Martinia, 10(2) : 23-27.

Libellule à quatre taches

Libellula quadrimaculata (Linnaeus, 1758).

Libellule à quatre taches

Etymologie

Quadrimaculata de quadri dérivé de quattuor (lat) = quatre ; maculatus (lat) = taché, maculé : cette espèce a ses quatre ailes marquées de taches au niveau du nodus.

Répartition

La Libellule à quatre taches a une répartition de type holarctique. Elle est présente en Amérique du nord, en Europe, en Asie et en Afrique du nord. C’est une des espèces les plus communes d’Europe.

En France, l’espèce est présente sur l’ensemble du territoire et se rencontre jusqu’à 2 200 mètres d’altitude dans les Pyrénées.

On la trouve dans les quatre départements du Poitou-Charentes. Bien que très localisée, avec une distribution morcelée, elle peut être relativement abondante sur certains secteurs, notamment sur les mares et étangs des zones de bocage : au nord-ouest des Deux-Sèvres, sur les Terres de brandes de la Vienne, dans le Confolentais et le Montbronnais en Charente. Les marais de Rochefort et la Double saintongeaise hébergent également d’importantes populations. Elle a été observée sur 223 communes (19%) de la région.

Phénologie

C’est une des espèces les plus précoces. Elle peut être observée dès début…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Habitats

Les larves de Libellule à quatre taches fréquentent une grande variété d’habitats aux eaux stagnantes généralement ensoleillées, envahies par…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Biologie

Les mâles de Libellule à quatre taches sont très territoriaux et agressifs. Très souvent postés sur une branche basse ou au sommet d’une tige, ils surveillent…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Menaces

L. quadrimaculata est menacée par la disparition importante des mares ces dernières décennies. Celles qui demeurent pâtissent, entre autres, de périodes d’assèchement de plus en plus longues ou de dégradations chimiques ou organiques rédhibitoires pour l’espèce.

L’artificialisation grandissante des zones humides (pêche, loisirs…) paraît également constituer un facteur limitant au développement de cette libellule ainsi que la disparition de la végétation des rives.

Protection

La principale mesure de protection à prendre pour cette espèce est la conservation des zones humides riches en végétaux aquatiques, en particulier les mares, les prairies alluviales et les zones de marais.

Alexandre BOISSINOT, Laurent PRECIGOUT & Eric PRUDHOMME

Bibliographie

Artiss T., 2004 – Phylogeography of a facultatively migratory dragonfly Libellula quadrimaculata (Odonata : Anisoptera). Hydrobiologia, 515. p225 – 234.

Convey P., 1989 – Influences on the choice between territorial and satellite behaviour in male Libellula quadrimaculata Linn. (Odonata : Libellulidae). Behaviour, 109 (1-2). p 125 – 141.

Cordulie à taches jaunes

Somatochlora flavomaculata (Vander Linden, 1825).

Cordulie à taches jaunes

Syn. Chlorocordulie à taches jaunes

Liste Rouge du Poitou-Charentes : En Danger

Etymologie

Somatochlora du grec sôma = le corps et khlôros = vert. Le nom de l’espèce d’origine latine flavo désigne à la fois le jaune ou le doré et maculata taché ou maculé : une libellule maculée de doré en quelque sorte.

Répartition

La Cordulie à taches jaunes occupe une vaste aire de répartition qui s’étend des rivages atlantiques à la Sibérie orientale. Totalement absente des Iles Britanniques et de la Péninsule Ibérique, elle atteint la Méditerranée plus à l’est, avec des populations disséminées de l’Italie à la Turquie.

En France, Somatochlora flavomaculata est souvent peu commune, absente des départements riverains de la Manche et d’un vaste secteur méditerranéen.

L’espèce n’est connue que de 3% des communes prospectées en Poitou-Charentes, où elle est localisée : landes du Pinail et du Montmorillonnais dans la Vienne, Marais de Saint-Fraigne, anciennes tourbières de Gurat et de Mouthiers en Charente, vallée du Mignon et de la Courance dans le Marais poitevin et un étang de Gâtine. Les principales populations de la région se situent en Haute-Saintonge dans le sud de la Charente-Maritime.

Phénologie

Les premiers imagos sont visibles dès le 3 mai. L’essentiel des émergences se produit…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Habitats

La Cordulie à taches jaunes est inféodée aux milieux stagnants peu profonds, parfois en voie de colmatage, envahis par…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Biologie

Les mâles adultes se cantonnent à un espace de faible dimension (quelques dizaines de m²) sur les sites de reproduction. Pour défendre ce petit territoire, ils…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Menaces

La Cordulie à taches jaunes est menacée par l’atterrissement excessif de ses zones de reproduction, l’assèchement prolongé des mares et des fossés, l’abaissement des niveaux d’eau, l’eutrophisation, l’utilisation massive de pesticides dans les zones humides, le drainage et le remblaiement des marécages. L’isolement et la fragmentation des populations fragilisent aussi la conservation de l’espèce à plus long terme.

Protection

Certains sites de reproduction font l’objet de mesures de protection réglementaires ou de maîtrise foncière : réserve naturelle du Pinail ; arrêté préfectoral de protection de biotope de la tourbière du Bourdet-Amuré ; acquisitions foncières par le CREN (Les Grandes Brandes de Lussac-les-Châteaux, Landes de Corignac…). Sur ces sites, des mesures de gestion pourraient être mises en œuvre comme une gestion appropriée des niveaux d’eau et de la dynamique végétale. La réhabilitation des mares et des fossés et la création d’espaces tampons non cultivés permettraient de renforcer les effectifs de Cordulie à taches jaunes dont les exigences écologiques sont incompatibles avec celles de l’agriculture moderne.

Philippe ROUILLIER

Bibliographie

Barbarin J.-P., 2004 – Les odonates (Libellules) des tourbières du nord-est cantalien (site Natura 2000 FR 8301056) – écologie et recherche de L. pectoralis (Charpentier, 1825) sur le site de Jolan (Ségur-les-Villas, 15). Stage de maîtrise BPE, Université Clermont II, PNR des Volcans d’Auvergne. 52p.

Cordulie arctique

Somatochlora arctica (Zetterstedt, 1840).

Cordulie arctique

Répartition

Cette cordulie est de répartition eurosibérienne. Elle est présente de l’Écosse au Japon, commune dans le nord de l’Europe, plus localisée aux zones montagneuses au sud du continent.

En France, on la trouve essentiellement à l’est du territoire, dans les Vosges, le Jura et les Alpes. Quelques populations isolées sont également connues dans les Pyrénées et dans les Ardennes. Le Massif Central constitue la limite occidentale de sa répartition en Europe continentale. Des populations y sont connues dans 10 départements où cette cordulie est considérée comme rare. Seul le département de la Corrèze abrite sur le plateau de Millevaches des populations conséquentes (SLO, 2003). D’après Dommanget et al., (2002) elle a été observée à 19 reprises sur 11 communes dans ce département.

Les données les plus proches du Poitou-Charentes proviennent du marais de Vénachat sur la commune de Compreignac en Haute-Vienne (87), soit à environ 35 km du département de la Charente (Lolive et Hennequin, 2007).

Écologie et potentialités régionales

Elle semble totalement inféodée aux zones tourbeuses avec une nette préférence pour les milieux acides. Elle fréquente les tourbières, les mares, les fossés et dépressions inondés. Elle peut être rencontrée sur des étangs acides de taille respectable comme sur de petits trous d’eau ou suintements. Elle n’est présente en plaine qu’à l’extrême nord de la France et au-delà. Au sud, ses populations ne s’installent pas en deçà de 500 m d’altitude. La colline la plus haute du Poitou-Charentes culminant à 366 m et les milieux tourbeux acides y étant particulièrement rares, on peut raisonnablement douter de la présence de cette cordulie dans la région. Il convient tout de même de continuer à prospecter consciencieusement les rares zones tourbeuses ainsi que les étangs oligotrophes du Confolentais et du Montmorillonnais, zones les plus proches des données du Limousin. La Cordulie arctique est discrète et passe assez facilement inaperçue. La collecte d’exuvies paraît être le moyen le plus efficace de déceler sa présence. D’après Grand et Boudot (2006), la période d’émergence débute fin mai, début juin. On ne retrouve, à notre connaissance, dans aucune publication ancienne, de mention de S. arctica concernant le Poitou-Charentes.

Eric PRUD’HOMME

Bibliographie

S.L.O., 2003 – Atlas des Libellules du Limousin. Epops, HS : 110 p.

Les espèces découvertes au cours de l’inventaire et espèces à rechercher

L’augmentation considérable des prospections durant les cinq années de l’inventaire régional, l’implication de nombreux naturalistes et l’élargissement quasi-exhaustif de la pression d’observation à l’ensemble du territoire régional ont permis, en même temps que la récolte de très nombreuses données, la découverte de nouvelles espèces dans chacun des quatre départements. Parfois ces espèces étaient observées pour la première fois dans la région Poitou-Charentes. A l’inverse, certains taxons cités dans la littérature du siècle précédent n’ont pas été retrouvés lors de l’inventaire et quelques espèces observées dans les départements limitrophes au Poitou-Charentes n’ont jamais été contactées.

Espèces découvertes et redécouvertes

En 2001, lorsque a débuté l’inventaire régional des libellules, les quatre départements ont dressé la liste des espèces recensées depuis vingt ans sur leur territoire. L’inventaire de l’odonatofaune régionale ainsi obtenu comptait 64 espèces. Les milliers d’heures passées sur le terrain durant les cinq années d’inventaire ont permis de trouver quatre nouvelles espèces, uniquement des anisoptères qui sont venues étoffer la richesse odonatologique du Poitou-Charentes :

  • la Cordulie splendide Macromia splendens (Pictet, 1843), observée le 25 juin 2004 en Charente-Maritime sur la commune de La Barde, puis en Charente le 13 juillet 2004 sur la commune de Bazac. (p. 154)
  • le Sympétrum jaune Sympetrum flaveolum (Linné, 1758), trouvé le 20 août 2005 en Charente-Maritime sur la commune de Corignac, puis en Deux-Sèvres le 15 août 2006 sur la commune de La Petite-Boissière. (p. 190)

Parmi ces quatre espèces, deux sont en fait des redécouvertes. En effet, Macromia splendens et Sympetrum flaveolum avaient déjà fait l’objet de mentions dans la région dans des publications anciennes et du tout début du XXe siècle. La Cordulie splendide avait été observée dans les environs de Jarnac en Charente par Delamain dans les années 1860 (Delamain 1868, Gelin, 1908). Quant au Sympétrum jaune, Beltrémieux le cite comme Libellula flaveola en Charente-Maritime en 1884, puis Gelin en 1908, mentionne Diplax flaveola en Charente-Maritime et en Deux-Sèvres. En 1961 dans leur guide naturaliste, Harant et Jarry évoquent la présence de M. splendens sur la Charente à Jarnac et à Angoulême mais ils ne la situent pas dans le temps. Aucune autre publication, à notre connaissance n’a fait état d’observations précises de ces espèces en Poitou-Charentes. Elles étaient donc considérées comme disparues dans la région. Il faut aussi noter que les preuves d’autochtonie en Poitou-Charentes n’existent pour l’instant que pour les seules M. splendens et E. bimaculata.

L’inventaire régional a également été l’occasion d’enrichir les connaissances sur le patrimoine odonatologique de chaque département. Le tableau suivant énumère les espèces découvertes dans chaque département. Les astérisques signifient qu’il s’agit d’une redécouverte puisque les dernières mentions publiées datent de 1868 (Delamain) pour M. splendens en Charente et de 1920 (Lacroix) pour Gomphus graslinii en Deux-Sèvres. Les noms en gras correspondent aux espèces pour lesquelles la reproduction est prouvée en Poitou-Charentes.

Charente Charente-Maritime
Epitheca bimaculata (2004) Macromia splendens (2004)
Macromia splendens* (2004) Trithemis annulata (2005)
Sypetrum flaveolum (2005)
Deux-Sèvres Vienne
Calopteryx haemorrhoidalis (2004) Epitheca bimaculata (2001)
Sympetrum danae (2005)
Anax parthenope (2003)
Anax parthenope (2003)
Gomphus graslinii* (2003)

Espèces à rechercher car mentionnées dans la littérature du XXe siècle

Si la Cordulie splendide en Charente, le Sympétrum jaune en Charente-Maritime et le Gomphe de Graslin en Deux-Sèvres ont été retrouvés lors de l’inventaire, alors qu’on croyait que les publications dont ils avaient fait l’objet au XIXe et au tout début du XXe siècle appartenaient à une époque depuis longtemps révolue, d’autres n’ont au contraire toujours pas été recontactées. Pour ces deux espèces, une monographie allégée est présentée dans les pages suivantes :

  • La Grande Aeschne Aeshna grandis (L, 1758) citée en Charente-Maritime par Beltrémieux (1884) et en Charente et en Vienne par Martin (1907b). Observations récentes les plus proches en Haute-Vienne (87), voir monographie p. 204.
  • Le Sympétrum déprimé Sympetrum depressiusculum (Selys, 1841) dont deux individus récoltés en Charente par Martin sont présents dans une collection du MHN de Nantes (Meurgey, 2001). Observation récente la plus proche en Dordogne (24), voir monographie p. 203.
  • Le cas de l’Agrion bleuissant Coenagrion caerulescens (Fonscolombe, 1838) est particulier. Cette espèce est notée par Blanc dans un article datant de 1995. Son nom apparaît dans une liste de 11 espèces recensées sur la commune de Cravans en Charente-Maritime. Cet agrion strictement méditerranéen est très rare en France, où il n’est observé régulièrement que dans quelques départements du sud-est. Les données les plus proches du Poitou-Charentes, validées par la Sfo, proviennent du Tarn. La mention de 1995 doit donc être prise avec beaucoup de prudence. D’ailleurs, la rédaction de la revue Sympetrum qui a publié l’article s’interroge sur la validité de l’observation. En outre, Dommanget et al. en 2002, Grand et Boudot en 2006 et Dijkstra en 2006 ne prennent pas en compte cette mention dans leurs publications et ouvrages sur les odonates de France et d’Europe. Il semble donc cohérent d’exclure l’Agrion bleuissant de la faune odonatologique de la région.

Sympétrum vulgaire

Sympetrum vulgatum (Linnaeus, 1758).

Sympétrum vulgaire

Liste Rouge du Poitou-Charentes : Au bord de l’extinction

Etymologie

Vulgatum de vulgatus (lat) = vulgaire, commun, ordinaire : dans de nombreuses régions d’Europe, il s’agit du plus commun des sympétrums.

Répartition

L’espèce nominale S. vulgatum vulgatum, qui nous concerne, est largement répartie depuis l’Europe de l’ouest jusqu’en Sibérie.

En France cet eurosibérien n’est vraiment commun, sans être abondant, que dans l’Est et dans le Massif central.

Observé sur 10 communes (0,9 %), il est extrêmement localisé en Poitou-Charentes, où l’on ne connaît actuellement aucun cas de reproduction. Pour le moment, seul le sud-ouest de la Charente procure des observations quasi-régulières, sans pour autant qu’une population locale n’ait été identifiée. L’espèce n’a toujours pas été observée dans les Deux-Sèvres.

Phénologie

Les observations réalisées dans les départements charentais montrent que cette espèce émerge à partir de la…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Habitats

Généralement inféodé aux eaux stagnantes, ce sympétrum, au comportement migratoire, colonise une grande variété d’habitats, dès lors qu’il y a un peu…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Biologie

Les mâles territoriaux se postent sur les buissons, les pierres et les souches localisées sur les berges des pièces d’eau. Après l’accouplement, la femelle…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Menaces

Contactée sur moins de 1 % des communes de la région, S. vulgatum fait partie du groupe des libellules « au bord de l’extinction en Poitou-Charentes ». A l’exception d’un petit noyau qui semble fidèle au sud-ouest de la Charente, cet odonate reste très occasionnel dans les autres départements. Dans deux cas, on a observé la destruction du biotope dans lequel se développait l’espèce (une marnière et un ruisselet, tous deux situés dans la Vienne).

Protection

Il est bien délicat d’envisager des mesures conservatoires pour une espèce aussi peu constante dans sa présence sur notre territoire.

Olivier PREVOST

Bibliographie

Prévost O. et Moncomble M., 2004 – Nouvelles données sur les odonates de la Vienne. Martinia, 20(3) : 115-119.

Sympétrum sanguin

Sympetrum sanguineum (Müller, 1764).

Sympétrum sanguin

Etymologie

Sanguineum de sanguineus (lat) = sanguin, rouge sang : l’abdomen des mâles matures est rouge clair.

Répartition

L’aire de répartition de Sympetrum sanguineum s’étend de l’ouest de l’Europe au sud-ouest de la Sibérie.

L’espèce est notée dans la totalité des départements français.

Elle est omniprésente sur l’ensemble du Poitou-Charentes où elle a été recensée sur 587 communes (50 %).

Phénologie

Les dates extrêmes d’émergence sont un 2 mai pour la plus précoce et un 10 août pour la plus tardive. Quant à la période de ponte…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Habitats

En Poitou-Charentes, le Sympétrum sanguin a été noté sur une multitude de milieux. Toutefois, pour sa reproduction, il fréquente…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Biologie

Après que le mâle ait saisi la femelle, le tandem vole quelques instants et se pose au…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Menaces

La disparition des ceintures denses de végétation des mares ou des étangs pourrait conduire à la raréfaction de l’espèce même si actuellement le Sympétrum sanguin est une espèce très commune en Poitou-Charentes.

Protection

Du fait de l’abondance de l’espèce et de sa vaste répartition régionale, l’espèce ne bénéficie pas de mesures de gestion ou de protection particulières. Toutes les mesures contribuant à maintenir des ceintures d’hélophytes autour des plans d’eau lui seront favorables.

Johan TILLET & Miguel GAILLEDRAT

Bibliographie

Jourde P., 2004 – Densités remarquables d’Odonates en val de Seugne (département de Charente-maritime). Martinia, 20(1) : 7-12.

Sympétrum méridional

Sympetrum meridionale (Sélys, 1841).

Sympétrum méridional

Etymologie

Meridionale de meridies (lat) = méridional : il s’agit d’une espèce du sud de l’Europe.

Répartition

Le Sympétrum méridional est présent dans toute la moitié sud de l’Europe, le nord du Maghreb et s’étend à l’est jusqu’à la Chine.

En France, l’espèce possède des noyaux de populations dans les marais du Centre-Ouest, de la côte méditerranéenne, dans les zones humides du Centre (Brenne, Sologne) et celles du Centre-Est (Dombes, Forez). Ailleurs, les populations sont plus dispersées et souvent liées à des afflux d’animaux erratiques issus des régions mentionnées.

En Poitou-Charentes, les densités diminuent à mesure que l’on s’éloigne des marais littoraux. L’espèce a été repérée dans 244 communes, soit 20,7 % des communes prospectées, mais elle ne se reproduit que dans quelques-unes de ces localités.

Phénologie

La période de vol s’étend du 2 mai au…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Habitats

Sympetrum meidionale est une espèce des milieux faiblement courants à stagnants, souvent temporaires. La larve vit essentiellement dans…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Biologie

Une fois dans l’eau, les œufs éclosent après 25-30 jours (Jourde, inédit). Le développement larvaire serait de…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Menaces

Le bastion de l’espèce se situe dans les marais arrière-littoraux. Depuis quelques années, qualité et quantité d’eau dans les marais posent des problèmes (hypereutrophisation, assèchement précoce des dépressions humides, connexions des dépressions au réseau syndical et gestion des niveaux d’eau inappropriée dans les canaux).

Protection

Bien que non menacée à court terme, cette espèce bénéficierait d’une amélioration de la gestion de l’eau et des grandes zones humides des marais du Centre-Ouest.

Philippe JOURDE & Didier VON TILLMANN

Bibliographie

Münchberg P., 1966 – Zur chemischen Bestimmung von hemipneus-tisch lebenden Insekten-Larven respiratorisch benötigten Sauerstoffs, zugleich ein Beitrag über die Atmungsintensität von Anisopteren-Nymphen verschiedener ökologescher Valenz (Odonata). Dtsch. Ent. Z., N.F., 13 : 183-200.