Murin de Daubenton

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive Habitats : Annexe 4

Convention Berne : Annexe 2

Convention Bonn : Annexe 2

Liste Rouge Nationale : A surveiller

Liste Rouge Mondiale : –

Répartition régionale

A l’image de sa répartition nationale, ce Vespertilion est aussi le plus répandu de son genre dans la région Poitou-Charentes, puisqu’on le rencontre sur le quart des mailles, dans les 4 départements.

Du fait de son lien étroit avec le milieu aquatique, où il chasse au ras de l’eau, cette espèce est une des plus faciles à capturer au filet en période d’activité, ce que reflète bien la prépondérance des données “capture” dans la carte des contacts estivaux.

Les Deux-Sèvres se distinguent cependant par une majorité de données issues de la prospection des ponts, auxquels le Daubenton est souvent associé.

En hiver, du fait de sa présence régulière en milieu souterrain et de sa position souvent très en vue dans ces cavités, la répartition de cette espèce reflète pratiquement la disponibilité régionale en sites de ce type.

Effectif et fréquence

Contacté sur 54% des mailles prospectées, ce Vespertilion est sans doute le chiroptère le plus fréquent avec les Pipistrelles, en particulier aux abords des milieux aquatiques de tous types, et notamment des cours d’eau.
C’est aussi une espèce que l’on rencontre régulièrement dans les cavités souterraines en hiver, mais toujours en faible nombre.

D’une manière générale, sauf semble-t-il en Charente-maritime, le Daubenton surprend par son omniprésence contrastant avec des effectifs réduits.

Gîtes utilisés

Bien que cette espèce soit très répandue, on connaît relativement peu de colonies de reproduction. Absent des cavités souterraines l’été, on le trouve rarement en milieu bâti, la plupart des colonies connues, toujours de petite taille, se situant dans des ponts. Ces structures sont aussi très utilisées par des non-reproducteurs ou des groupes de mâles l’été, mais plus encore en période de transit.

En hiver, le Daubenton est fréquent dans les cavités souterraines, où les effectifs rencontrés, toujours faibles, sont très en dessous de ce que laisserait supposer l’abondance estivale de l’espèce.

Commentaires sur les habitats utilisés

L’habitat préférentiel de cette espèce est sans conteste le milieu aquatique, avec une préférence souvent nette pour les eaux courantes. Aucun lien particulier avec la qualité des cours d’eau n’a été mis en évidence, le facteur le plus limitant étant celui de la disponibilité en proies (insectes aquatiques et crustacés). Le Daubenton semble aussi exploiter les lisières de boisements, à distance de l’eau.

Statut patrimonial et évolution des populations

Le Vespertilion de Daubenton reste une des espèces les plus communes de la région, et ce statut ne semble pas avoir évolué ces dernières années.

Cependant, et c’est là un paradoxe pour cette espèce, ses effectifs sont parmi les moins bien quantifiés, que ce soit en hiver et plus encore en été. Le statut du Murin « cantalou », capturé en Charente-Maritime, reste à préciser.

CV.


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Rainette arboricole

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexe 4

Convention Berne : Annexe 2

Liste Rouge nationale : Vulnérable

Liste rouge régionale : Mentionné

Espèce menacée sur l’ensemble de son aire de répartition où les populations sont en diminution dans l’ensemble des pays.

Biologie et écologie

La Rainette verte se différencie des autres groupes de grenouilles, comme sa cousine la Rainette méridionale, par la possibilité qu‘elle a de grimper sur les végétaux, grâce à des pelotes adhésives qu’elle possède au bout des doigts. Elle ne descend que rarement à terre.

S’accommodant de milieux variés, elle se fait remarquer dès le mois d’avril et jusqu’au début de l’été, par son chant puissant, plus rapide que celui de la Rainette méridionale, d’autant plus audible de loin qu’elle chante en chœur. Elle peut reprendre ces chants en fin d’été.

Elle affectionne les mares à végétation touffue. Surtout nocturne, elle capture insectes volants : mouches, moucherons, et autres proies diverses.

Répartition

A peu près uniformément présente dans les trois départements continentaux du Poitou-Charentes, elle n’a quasiment pas été observée au sud d’une ligne Rochefort-Cognac ainsi que dans le quart sud-ouest de la Charente, là où l’on rencontre plus régulièrement Hyla meridionalis. Sa répartition s’arrête à quelques kilomètres du bord de mer, sur le Marais de Voutron ou de Breuil-Magné.
Les observations dispersées recueillies laissent supposer une prospection aléatoire.

Même si on constate au niveau européen une régression générale, par disparition de ses habitats et sites de reproduction, mais aussi suite aux pollutions et à la fragmentation croissante des habitats, elle demeure bien présente en Poitou-Charentes.

Bruno FILLON, Chantal et Danielle FRAINNET

Triton marbré

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexe 4

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale : Vulnérable

Liste rouge régionale : Mentionné

C’est une espèce considérée en danger dans le sud et le centre de la France. Cette espèce est victime du commerce illégal pratiqué en Hollande et en Allemagne.

Biologie et écologie

Le Triton marbré est l’un des tritons les plus aquatiques de la région.

Il fréquente de manière générale les eaux stagnantes pourvues de végétation aquatique, de la petite mare de plein champ à l’étang forestier. On le trouve aussi dans les grandes zones de marais en Charente-Maritime.

En Poitou-Charentes, on rencontre, certaines années, des mâles en phase aquatique et arborant des crêtes bien développées dès le mois de décembre, les femelles étant un peu plus tardives.

C’est la nuit qu’ils se montrent les plus actifs. Les pontes sont facilement repérables par la présence d’une feuille (Potamot, Menthe… ) immergée, repliée en deux et abritant un petit œuf blanc (à l’instar du Triton crêté).

En fin d’été, les tritons en phase terrestre occupent des habitats relativement frais comme des sous-bois ou des haies où ils passent l’essentiel de la journée à l’abri ; il n’est pas rare, à cette époque, de trouver plusieurs dizaines de jeunes tritons arborant une magnifique ligne orangée sur le milieu du dos, lovés en groupe, à l’intérieur d’une vieille souche ou sous de la mousse en pleine forêt. On peut également en rencontrer dans des caves.

Répartition

La répartition mondiale du Triton marbré se limite au sud ouest de l’Europe : Péninsule ibérique, excepté le sud est de l’Espagne et une grande partie ouest de la France (NÖLLERT, 1992) où l’espèce est menacée.

Au niveau régional, GÉLIN (1911) signale l’espèce comme étant assez commune.

Actuellement il semble assez bien réparti sur les quatre départements. On le retrouve en grande partie dans les régions bocagères où un nombre encore important de mares sillonne les prairies naturelles, ainsi que dans les milieux plus forestiers. Il semble délaisser les zones de plaine où règne une agriculture trop intensive.

Le manque de points d’eau et la présence d’un environnement défavorable (grandes parcelles labourées) peut expliquer cette absence (plaine de Niort, plaine de Thouars, plaine du nord de la Vienne…).En Gâtine, les populations peuvent être relativement importantes (jusqu’à 150 individus adultes dans une petite mare isolée).

Cependant, même si le Triton marbré semble encore bien représenté en Poitou-Charentes, le caractère restreint de sa répartition au niveau mondial doit nous inciter à suivre attentivement l’évolution des populations au niveau local.

Il faut veiller au maintien de mares environnées de milieux favorables aux déplacements (prairies naturelles, boisements), conditions nécessaires pour la survie des populations à long terme..

Samuel COUTURIER

*A & C NÖLLERT (1995) Los amphibios de Europa : p 237-240
*H GELIN (1911) Triton marbré. Reptiles & Batraciens des Deux-Sèvres et région voisine p 85

Vipère aspic

Statut de protection

Protection nationale : Article 2

Directive habitat

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale

Liste rouge régionale

Le statut taxonomique de la Vipère aspic est actuellement assez confus, aussi bien en ce qui concerne les espèces que les sous-espèces. Les principales controverses se situent entre les populations françaises et italiennes. Par exemple, il est possible que les Vipères aspics du sud-est de la France appartiennent à l’espèce Vipera atra, ou à la sous-espèce Vipera aspis atra. Le plus simple actuellement est de considérer que Vipera aspis occupe les deux tiers méridionaux de la France (grosso modo absente au nord d’une ligne St-Nazaire – Paris – Nancy), l’Italie et une petite partie de la Suisse. Elle est en régression sur la plupart de son aire de distribution (disparition des bocages).

Biologie et écologie


La Vipère aspic est le reptile français le plus étudié, et donc le mieux connu. Extrêmement polymorphes, les Vipères aspics du Poitou-Charentes ont tendance à être d’assez grande taille (parfois plus de 70 cm du museau au cloaque et plus de 300 g).

Chaque population présente des caractéristiques propres. Par exemple les vipères qui vivent dans les marais de Charente-Maritime sont très différentes (couleur du type Zinnikeri) de celles qui vivent près de Poitiers à coloration plus discrète.

Chez les femelles, la vitellogenèse et la gestation nécessitent environ six mois, de mars à septembre. Après les mises bas la majorité des femelles ne survivra pas.

Toutefois, une faible proportion de femelles produira deux ou trois portées ; avec une fréquence moyenne d’une reproduction tous les trois ans et une fécondité annuelle de 6 vipéreaux (4 à 10 en général). Les mises bas ont lieu fin août – début septembre ; les nouveaux-nés mettront environ 2 à 4 ans pour atteindre la maturité sexuelle.

Répartition

Les Vipères aspics occupent des milieux très variés. Abondantes dans les bocages serrés (même humides), les densités de populations sont assez faibles en forêt. Les futaies serrées sont trop sombres pour cette espèce. La Vipère aspic a probablement profité des pratiques agricoles jusqu’en 1950 environ.

Depuis, le remembrement, l’extension des monocultures et les traitements phytosanitaires (destruction des campagnols) entraînent une chute rapide de la plupart des populations. En effet, des suivis à long terme ont montré que la dynamique de population de la Vipère aspic est intimement liée aux fluctuations de l’espèce proie principale, Microtus arvalis.

Encore assez répandue dans l’ensemble du Poitou-Charentes, elle est désormais absente de grandes zones comme la plaine Niortaise par exemple. Très discrète dans les zones forestières, les données sur sa répartition sont certainement encore incomplètes.

Bien que persécutée, comme le sont les autres serpents, la Vipère aspic survit assez bien dans des zones refuges de relativement petite taille (forêt de Chizé-79 ou dans les marais près de Ballon-17).

Il est probablement illusoire de conserver les populations résiduelles, mais il est indispensable de conserver les refuges principaux, notamment les bocages serrés où elle est encore abondante.

Xavier BONNET

Triton palmé

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale : A surveiller

Liste rouge régionale

Cette espèce, qui habite l’ouest de l’Europe, présente des populations encore importantes sur l’ensemble de son aire de répartition bien que les populations les plus nordiques soient considérées en danger.

Biologie et écologie

En Poitou-Charentes, l’espèce fréquente tous les types de milieux aquatiques stagnants ou non : flaques temporaires, fossés, mares, étangs, bras morts des rivières, eaux saumâtres, ruisseaux… Il peut coloniser parfois des milieux eutrophisés.

Lors des hivers doux, il peut être observé toute l’année dans l’eau, mais il est cependant plus souvent noté de février à mai, à l’époque de la reproduction. On peut alors parfois observer des rassemblements importants.
Le développement des larves dure environ 3 mois.

A partir de juin, la phase terrestre des adultes commence ; leur activité est alors nocturne. Le Triton palmé se nourrit de petits invertébrés terrestres et aquatiques.

Répartition

Dans la région, c’est le plus commun des tritons. Il est présent sur l’ensemble des 4 départements, sauf dans l’Ile de Ré.

Il est probable que les secteurs vides sur la carte reflètent plutôt le manque de prospection que l’absence de l’espèce, qui devra donc être recherchée, particulièrement au nord-ouest de la Charente, au sud-ouest des Deux-Sèvres et au sud de la Vienne.

La présence du Triton palmé en Poitou-Charentes est connue depuis le XIXe siècle (TRÉMEAU DE ROCHEBRUNE, 1843).

Cette espèce, de grande amplitude écologique, ne semble pas être menacée en Poitou-Charentes où on le trouve quasiment partout.

David SUAREZ

Minioptère de Schreibers

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive Habitats : Annexes 2 et 4

Convention Berne : Annexe 2

Convention Bonn : Annexe 2

Liste Rouge Nationale : Vulnérable

Liste Rouge Mondiale : Faible risque

Répartition régionale

Le Minioptère de Schreibers est une espèce migratrice fortement grégaire dont le Poitou-Charentes constitue la limite septentrionale d’aire de répartition dans l’ouest de la France.

Actuellement, seules deux colonies de parturition sont connues en Poitou-Charentes. La plus importante (colonie mère) se situe en Charente, près de la Rochefoucauld ; l’autre se trouve en Charente-Maritime et ne revêt qu’un caractère satellite par rapport à la première. Il est en effet très probable que les animaux de Charente-Maritime hibernent pour la grande majorité en Charente.

Quelques données de baguage attestent d’ailleurs l’existence d’échanges d’animaux entre ces deux départements.

Durant les périodes de transit, un grand nombre de cavités sont utilisées. Ainsi, dès le début avril, des Minioptères s’assemblent dans quelques carrières désaffectées de Charente-Maritime, avant de rejoindre leur gîte de reproduction à la fin du mois.

A l’automne, l’erratisme est plus marqué et des animaux apparaissent régulièrement dans les carrières du pays savinois, dans la région d’Angoulême, voire en Vienne et en Deux-Sèvres où l’espèce se reproduisait il y a une quarantaine d’années (Melle et Lussac-les-Châteaux).

Certains individus s’attardent même tout l’hiver dans certaines cavités de Charente-Maritime (région de Jonzac, de Saint-Savinien, de Saujon) ou dans l’ouest de la Charente (Cognac).

Effectifs régionaux

L’effectif hivernal du Minioptère dans la cavité mère de Charente est suivi annuellement depuis 1987. Il est soumis à d’importantes fluctuations inter annuelles (Barataud, in lit.) mais la tendance est stable sur 13 ans de suivi.

Les effectifs varient entre 8 500 et 23 000 individus, la moyenne sur la période étant de 14 600 animaux.

En période de reproduction, on ne dénombre plus qu’environ 5 000 animaux en Charente et 1 500 en Charente-Maritime.

Fréquence

Le Minioptère n’est noté que dans 7 % des mailles prospectées en Poitou-Charentes, l’essentiel des contacts étant constitué par des observations en milieu souterrain sur les sites de transit.

Gîtes utilisés

En hiver comme en été, le Minioptère est une espèce strictement troglophile. Elle fréquente de vastes grottes pourvues de grandes salles ainsi que des carrières souterraines abandonnées.

Nombre de Minioptères présents en janvier à Rancogne (16) entre 1987 et 1999 et tendance d’évolution (d’après les données de Michel Barataud)

En période de transit, il est possible qu’elle utilise quelques habitats sortant de la norme comme l’indique la découverte d’un cadavre dans un viaduc autoroutier en Charente-Maritime.

Habitats et terrains de chasse

On sait peu de choses sur l’utilisation de l’habitat par le Minioptère. Quelques captures indiquent qu’il vole parfois à basse altitude (moins d’un mètre) le long de lisières ou près de rivières et de points d’eau.

Des détections distantes de plusieurs dizaines de kilomètres des gîtes connus pourraient indiquer que l’espèce est capable de longs déplacements nocturnes.

Statut patrimonial et évolution des populations

Le Minioptère est une espèce très localisée, tant en période de reproduction (2 gîtes connus) qu’en hibernation (moins de 3 gîtes régulièrement utilisés).

Au niveau géographique, l’espèce a disparu en période de reproduction de deux départements mais la tendance sur les 13 dernières années semble stable en Charente.

Le Minioptère demeure menacé et strictement dépendant pour sa survie de la protection de ses gîtes de reproduction, de transit et d’hibernation.

PJ.

Rhinolophe euryale

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive Habitats : Annexes 2 et 4

Convention Berne : Annexe 2

Convention Bonn : Annexe 2

Liste Rouge Nationale : Vulnérable

Liste Rouge Mondiale : Vulnérable

Remarque préliminaire

Cette espèce est extrêmement localisée dans la région. Depuis 1984 elle a été observée dans 7 sites et seules la Charente-Maritime et la Vienne accueillent régulièrement une population.

Effectifs

En janvier 1999, 399 individus ont été dénombrés dans 2 sites. Une cavité de la vallée de la Gartempe (86) accueille à elle seule 96% de cette population, le reste est observé en Charente-Maritime.

En période estivale, en dehors du site de la Gartempe où se reproduit la population hivernale, deux autres cavités abritent quelques femelles et leurs jeunes dans la Vienne et en Charente-Maritime.

Dans ce département, des données des années 80 font état de la présence de 300-400 animaux en transit prénuptial, dans un gîte où seules 10 à 20 femelles se reproduisent aujourd’hui. Enfin, 6 individus en train de s’accoupler sont notés en octobre 1997 dans la carrière protégée des Pieds Grimaud (86). Cette cavité accueille presque régulièrement 1 à 2 animaux en hiver.

Fréquence

En dehors des gîtes cités précédemment, le Rhinolophe euryale n’a jamais été capturé sur un terrain de chasse et aucun crâne n’a été découvert dans les pelotes de réjection d’Effraie.

Gîtes utilisés

Dans la région, le Rhinolophe euryale est exclusivement cavernicole. Les 7 sites connus sont constitués de deux grottes et de cinq carrières abandonnées. Le site majeur de la région est une grotte composée de quatre salles reliées par d’étroits boyaux.

En été, les Rhinolophes circulent dans toute la cavité. Durant l’hibernation tous les animaux sont concentrés dans une petite salle formant un cul-de-sac, où le taux de gaz carbonique est parfois suffisamment élevé pour provoquer une gêne respiratoire chez les humains.

En Charente-Maritime, la maternité est située dans une vaste carrière où pénètre profondément la lumière qui éclaire partiellement la colonie.

En reproduction, l’association avec d’autres espèces est toujours observée : le Grand Rhinolophe (2 cas) ou le Murin à oreilles échancrées (1 cas). En hiver les individus observés aux Pieds Grimaud étaient toujours dans l’essaim de Grands Rhinolophes, alors que dans un gîte de Charente-maritime la vingtaine d’animaux observés était éparpillée dans l’ensemble de la carrière.

Comentaires sur les habitats utilisés

En Charente-Maritime, le gîte de reproduction est situé au cœur d’une zone où alternent cultures céréalières et prairies pâturées, bordée de part et d’autre par des marais doux et salés.

Le site de la Vienne se trouve dans une chênaie pubescente dominant la vallée de la Gartempe bordée de prairies pâturées.

Enfin, l’habitat autour de la carrière de Pieds Grimaud, site de transit et d’hibernation, est constitué de cultures où subsistent quelques haies en périphérie d’un village.

Statut patrimonial et évolution des populations

Le Rhinolophe euryale est sans doute l’espèce la plus fragile de Poitou-Charentes en raison de son extrême localisation et de la sensibilité des sites qu’elle utilise tout au long de son cycle annuel.

Il apparaît d’ailleurs que les populations régionales sont parmi celles qui, en France, ont le plus diminué depuis 40 ans (Brosset et coll., 1988). On constate ainsi la désertion de plusieurs sites au cours des dernières décennies :

Charente.

  • Grotte de Rancogne : elle abritait la plus grande colonie d’euryales connue en France avec 1000 à 1500 individus jusque dans les années soixante.
  • Forêt de la Braconne : une cavité de reproduction (effectif non connu).
  • Château de la Rochefoucault : reproduction dans les cheminées.
    Deux-Sèvres.
  • Grotte de Loubeau : un essaim d’hibernation s’est maintenu au moins jusqu’en 1970, peut-être jusqu’en 1985.
  • Carrière de Tourtenay : quelques individus en hiver avec les Grands Rhinolophes. Disparition des chiroptères lors de la transformation des carrières en champignonnières vers 1965.
    Vienne.
  • Grotte de Fon-serin : quelques dizaines de femelles associées à un essaim de Myotis myotis jusqu’au milieu des années soixante.

Entre 1936 et 1960, le plus fort taux de baguage sur cette espèce en France a été obtenu dans la région Poitou-Charentes avec 1606 euryales bagués (Balliot, 1964). Cette pratique, stoppée en 1970, ainsi que le développement de la fréquentation du milieu souterrain, ont largement contribué à la diminution du Rhinolophe euryale en Poitou-Charentes.

Pour l’heure la protection de tous les sites accueillant cette espèce est une priorité absolue.

OP.

Crapaud accoucheur

Statut de protection

Protection nationale

Directive habitats : Article 1

Convention Berne : Annexe 4

Liste Rouge nationale : Annexe 2

Liste rouge régionale : Indéterminé

Espèce bien répartie dans la partie nord de la Péninsule ibérique et une grande partie de la France, bien qu’elle subisse une diminution d’effectifs sur la bordure nord-est de son aire de distribution.

Biologie et écologie

L’Alyte est un petit crapaud de couleur grisâtre de la famille des discoglossidées. Ses habitats préférentiels sont assez variés, mais il semble avoir une préférence pour les carrières abandonnées, les zones rocheuses, les vieux murs et/ou des talus herbeux parfois très proches des habitations.

Sa stratégie de reproduction, unique en Europe, fait en sorte qu’il ne s’éloigne que très rarement du milieu aquatique. La période de reproduction débute dès les premières nuits douces du printemps (avril mai) ; les mâles entament alors leur chant caractéristique, se rapprochant du chant du Hibou petit duc.

Chez l’Alyte, la fécondation a lieu hors de l’eau, le mâle prenant en charge les œufs (sous forme de petits chapelets de 50 à 60 œufs) sur ses pattes postérieures pendant toute la période de développement embryonnaire. Au moment de l’éclosion, le mâle gagne un milieu aquatique (mare, étang, rivière) où les têtards seront libérés. Il arrive qu’il y ait une deuxième période de reproduction en juillet, dans ce cas, les têtards passent l’hiver à l’état larvaire.

Répartition

En Poitou-Charentes, on peut l’observer sur les quatre départements mais il semble parfois assez localisé. On observe ainsi des zones ou il paraît totalement absent comme dans le nord-ouest des Deux-Sèvres, le nord-est de la Charente-Maritime, le nord-ouest et le centre de la Vienne et le sud-ouest de la Charente.

En Vienne, il suit les vallées alluviales des rivières principales, mais il est aussi souvent abondant au niveau des vallées sèches localisées autour de Poitiers. Le département de la Charente est celui pour lequel il y a le plus de stations connues. La aussi, il semble suivre les vallées alluviales tout comme en Charente-Maritime (fleuve Charente).

En Deux-Sèvres, de nombreuses stations connues hébergent, a priori, des petites populations à l’exception de quelques sites dans le sud de ce département, particulièrement autour de Chizé.

Le chant de ce petit crapaud est caractéristique, sa recherche n’est pas très compliquée et devra être de mise pour compléter les zones pour lesquelles aucune observation n’a été faite.

Miguel GAILLEDRAT

Pélobate cultripède

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexe 4

Convention Berne : Annexe 2

Liste Rouge nationale : Vulnérable

Liste rouge régionale : Mentionnée

Cette espèce propre au sud-ouest de l’Europe est considérée en déclin et vulnérable sur l’ensemble de son aire de répartition.

Biologie et écologie

En Poitou-Charentes, le Pélobate cultripède fréquente principalement les milieux sableux littoraux : les dunes grises, les dunes boisées et les anciens cordons dunaires.

Dès la fin février, il se reproduit dans les marais arrières littoraux ou au sein des dépressions humides arrières dunaires, aussi bien en eau douce que saumâtre.

Il est à noter l’observation d’une reproduction automnale en 1999 (THIRION, 2000). La ponte est souvent déposée à une profondeur inférieure à 20 centimètres. Le développement des têtards dure en moyenne 3 à 4 mois.

Les adultes en phase terrestre sont principalement actifs au printemps et à l’automne. Si les hivers sont doux, on peut l’observer toute l’année. Les conditions optimales de sortie sont des nuits douces et humides souvent accompagnées de vent faible.

Répartition

Dans la région, cette espèce n’est connue qu’en Charente-Maritime. Elle a été signalée dès le XIXème siècle (BELTRÉMIEUX, 1884) mais sans aucune information sur sa répartition. Dans les années 80, l’espèce sera notée dans la Presqu’île d’Arvert et dans la commune d’Yves (THIRION & VRIGNAUD, 1999).

Actuellement, l’espèce est connue sur le continent au sein de la réserve naturelle du Marais d’Yves, des communes de Moëze et Saint-Froult et au sud du massif de La Coubre.

Récemment, le Pélobate cultripède a été trouvé sur les îles d’Oléron et de Ré. Sur l’île d’Oléron, l’espèce a été notée sur un site de la commune de Saint-Denis-d’Oléron classé espace naturel sensible du département, ainsi qu’au sud de Boyardville. Sur l’île de Ré, le Pélobate cultripède a été observé tout au nord de l’île, sur le secteur de la forêt du Lizay, site Natura 2000. Cette espèce méditerranéenne ne possède des populations insulaires que sur trois îles du littoral atlantique français.

Jean-Marc THIRION

Pélodyte ponctué

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive Habitats

Convention Berne : Annexe 3

Liste rouge nationale : Vulnérable

Liste rouge régionale

Cette espèce est considérée en danger dans différentes parties du nord-est de l’Europe : Belgique, Luxembourg et nord de la France.

Biologie et écologie

Le Pélodyte ponctué fait partie des amphibiens les plus discrets en dehors de la période de reproduction. Sa petite taille (4 cm environ) renforce cet aspect.
Aussi à l’aise sur terre que dans l’eau, capable de grimper sur les murs et les branches, son activité plutôt crépusculaire le mène vers les zones de carrières avec des mares temporaires, des fossés d’exploitation ou de drainage végétalisés, des prairies humides de bords de rivière.

Sa présence en nombre sur les dunes de l’arrière littoral charentais ou dans des carrières du centre Vienne démontre bien l’ubiquité de l’animal.

L’espèce peut être repérée de fin février à mi-mai, grâce au chant des mâles qui ressemble au bruit d’une semelle qui grince. Une seconde ponte est également possible en fin de saison estivale (septembre).

Répartition

Si l’espèce est bien représentée sur la façade atlantique et les îles de la région Poitou-Charentes, la présence du Pélodyte ponctué sur le reste de la région semble plus aléatoire. Cette dissémination ponctuelle de l’espèce est également observée au niveau national avec une nette abondance dans le sud du pays, confirmant ainsi sa répartition biogéographique Franco-ibérique.

En Poitou-Charentes, le pélodyte présente une répartition inégale. En effet, on observe une abondance bien répartie sur la Charente-Maritime particulièrement dans les marais littoraux (à l’exception des coteaux de Gironde et du bocage de Mirambeau) et des zones très ponctuelles où la concentration est forte sur les départements des Deux-Sèvres (entre 250 et 500 animaux comptabilisés sur une prairie humide à Bougon , plusieurs centaines d’individus autour d’un étang dans le nord de ce département), de la Charente, et de la Vienne (une centaine d’individus sur une zone d’étangs et mares de Montreuil Bonnin).

A l’opposé, l’espèce est totalement absente sur de vastes zones de ces 3 départements, comme le Montmorillonnais, le Loudunais, le Confolentais, le Montmorélien, le bocage Bressuirais ou la plaine de Niort.

Pascal CAVALLIN, Conservatoire d’Espaces Naturels de Poitou-Charentes