Grand Murin, Petit Murin

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive Habitats : Annexes 2 et 4

Convention Berne : Annexe 2

Convention Bonn : Annexe 2

Liste Rouge Nationale : Vulnérable

Liste Rouge Mondiale : Faible risque

Remarque préliminaire

En dehors des différences de niche trophique, la distinction entre ces deux espèces jumelles est basée sur la biométrie (taille inférieure chez M. blythi) et sur la présence d’une tache blanche sur le dessus de la tête de M. blythi. Ce dernier critère, visible sur 95% des individus étudiés par Arlettaz (1995) apparaît comme un élément de détermination fiable. C’est ainsi qu’en Poitou-Charentes, où les deux espèces pourraient cohabiter, les données semblent devoir être attribuées à Myotis myotis.

Il existe toutefois des réserves en Charente-Maritime où plusieurs individus à tache blanche ont été observés en léthargie dans deux cavités. Pour cette raison, seules les données de capture authentifient la présence de Myotis myotis. Ces considérations sont à prendre en compte dans les chapitres suivants. L’appellation Grand Murin Myotis myotis est utilisée pour plus de commodité.

Répartition régionale

Le Grand Murin présente une répartition assez large mais irrégulière. En hiver on remarque une concentration des données dans les secteurs riches en cavités souterraines qui procurent l’intégralité des informations.

Les observations réalisées en période d’activité permettent d’élargir l’aire de présence, notamment dans les Deux-Sèvres et la Vienne. On voit que l’espèce est bien implantée dans le Montmorillonais, le Bressuirais, la Gâtine ainsi que dans les vallées du Clain et du Thouet.

L’absence de prospection du milieu bâti en Charente laisse un vide important mais on peut prédire que le Confolentais en continuité du Montmorillonais abrite des maternités, de même que la vallée de la Charente. En Charente-Maritime, l’espèce a été contactée dans la majorité des secteurs prospectés.

Effectifs

Les informations sont très inégales entre la période d’hibernation et l’estivage/reproduction. En hiver, la population régionale en milieu souterrain est bien connue. Elle dépasse de peu 800 individus, dont 82 % dans la Vienne. La majorité des sites accueillent moins de 10 animaux, et dans la Vienne la moyenne pour ces derniers est de 2,7 individus/site.

Le site majeur de la région est une grotte de la vallée de l’Anglin où l’on compte en moyenne 263 animaux en janvier (max. 328).

A l’opposé, dans les Deux-Sèvres, l’espèce est rarement observée lors des comptages annuels, et l’effectif est très faible en Charente-Maritime (40-50 ind.). Les colonies de reproduction sont souvent importantes. Ainsi, pour 7 colonies, le nombre moyen de femelles est de 180 (maximum 400).

De grandes lacunes dans la prospection nous empêchent d’avoir une idée précise de l’importance de la population estivale dont le volume dépasse déjà celui de l’effectif d’hiver.

Fréquence

En hiver nous avons trouvé le Grand Murin dans 71 des 193 cavités (36%) visitées dans la Vienne ; cette proportion tombe à 17% en Charente-Maritime.

Durant la période estivale, il est présent dans 38% des églises viennoises occupées par des chiroptères identifiés et constitue ainsi l’espèce la plus fréquente dans ce type de gîte. En revanche la fréquence des contacts au détecteur est faible malgré la variété des milieux visités.

Gîtes utilisés

Dans les cavités souterraines d’hibernation les Grands Murins sont la plupart du temps, suspendus isolément ou en essaim dans la partie supérieure des murs ou des parois. Au plafond, bien que parfois librement suspendus, les animaux préfèrent la sécurité d’une fissure. Il est d’ailleurs possible que le comportement fissuricole de certaines populations soit à l’origine des faibles effectifs observés, comme cela pourrait être le cas en Charente-Maritime.

En été, les colonies sont installées dans les combles spacieux des églises ou des grandes bâtisses (châteaux, manoirs, mairies, etc.). Une colonie est connue au sommet d’un clocher, une autre dans les combles d’une mairie au milieu des archives municipales, ce qui indique une certaine tolérance au bruit et au dérangement.

En Charente-Maritime, quelques cas de reproduction sont connus dans des carrières abandonnées et dans un viaduc autoroutier.

Commentaires sur l’habitat utilisé

La répartition des contacts estivaux et l’implantation des colonies sont à quelques nuances près calquées sur les secteurs où la surface fourragère est encore élevée.

Les régions d’élevage, où dominent prairies et haies entrecoupées de bois, comme la frange Limousine, le Bressuirais, la Gâtine, le Montmorillonais sont des secteurs de forte implantation.

En revanche les plaines vouées à la céréaliculture sont peu colonisées par l’espèce en raison de la faiblesse des ressources alimentaires.

Le milieu souterrain, qui joue un rôle important pour l’hibernation, est aussi régulièrement fréquenté durant le transit automnal comme en témoigne la forte proportion d’animaux capturés devant des cavités.

Les captures sont aussi régulières en milieu bâti et dans les parcs, confirmant ainsi les habitudes anthropophiles de l’espèce.

Statut patrimonial et évolution des populations

Dans l’état actuel de nos connaissances, la population hivernale en Poitou-Charentes représente 7% de la population nationale, loin derrière la région Centre (20%) et l’Aquitaine (11%).

En période estivale, la proportion régionale tombe à 3%, chiffre sous-estimé (dans quelle mesure ?) en raison de l’absence de prospection du milieu bâti en Charente et Charente-Maritime. L’essentiel des hivernants et une forte proportion de la population estivale sont implantés dans la Vienne, qui joue pour l’instant le rôle de réservoir régional pour cette espèce.

Bien que la situation locale de ce chiroptère ne soit pas inquiétante, plusieurs désertions de sites souterrains ont été observées durant les 40 dernières années :

  • La grotte de Rancogne, en Charente, accueillait 750 femelles en 1949 (Brosset et Caubère, 1959). Un petit nombre de femelles s’y reproduit encore.
  • A Fon-serin dans la Vienne, une maternité de 400-500 femelles était présente jusqu’en 1965. Cette cavité sur-fréquentée durant toute l’année est désertée par les chiroptères en période estivale.

Au mieux, ces colonies se sont déplacées vers des gîtes anthropophiles. Mais l’aménagement des combles chez les particuliers (un cas en Deux-Sèvres) et les actions menées par les collectivités locales pour fermer l’accès des églises à la faune (au moins un cas dans la Vienne) constituent de nouvelles menaces.

OP.


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