Crapaud commun

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale : A surveiller

Liste rouge régionale

Cette espèce est commune sur l’ensemble de son aire de répartition européenne.

Biologie et écologie

On peut trouver le Crapaud commun dans un large éventail d’habitats souvent assez secs comme les jardins, bas de haies, broussailles et bois.

Cette espèce très répandue est essentiellement nocturne : au crépuscule ce crapaud émerge de sa cachette de la journée. Il se déplace d’habitude en marchant, excepté lorsqu’il a peur, auquel cas il saute.
Bien que les femelles adultes puissent atteindre 15 cm de longueur, dans notre région il est rare qu’elles dépassent 10 cm, alors que les mâles sont plus petits.

Les Crapauds communs se nourrissent d’une grande variété d’invertébrés, et affectionnent particulièrement les cloportes.

La majeure partie de l’année ces crapauds vivent de façon terrestre et solitaire, mais ils se regroupent massivement pour la reproduction dans les fossés inondés, les mares et les bords de lacs, retournant chaque année au même endroit. Selon les températures les plus favorables le frai a lieu de février à mars. On ne verra aucune migration en dessous de 4°C.

Fin mai début juin les têtards sont complètement développés et se dispersent, en général au petit matin ou en fin de journée.

Répartition

Cette espèce est largement répandue à travers l’Europe, mais absente en Irlande, en Corse, en Sardaigne, dans les Baléares, à Malte et en Crète. C’est une espèce très commune et répandue en Poitou-Charentes.

Le fait qu’elle n’ait pas été recensée dans certaines zones provient probablement plus d’un manque d’observation que de l’absence de l’animal.

Cependant on peut penser que la baisse de population de certaines zones provient de modifications du milieu comme le rebouchage de mares, de fossés remplacés par des tuyaux d’écoulement.

D’un autre côté, la création de mares et étangs privés ou publics pour la pêche et autres agréments constitue de nouveaux espaces de reproduction pour l’espèce : les têtards de crapaud, contrairement aux autres batraciens, ne se font pas manger par les poissons.

A la période des migrations on peut constater d’énormes pertes sur les routes. Les morts sur les routes ne sont pas dues seulement à l’écrasement de l’animal mais aussi à sa projection par le déplacement d’air sur la partie basse des véhicules.

Les mesures prises à l’heure actuelle pour procurer aux crapauds et autres batraciens des passages pour traverser la route en période de migration se sont avérées satisfaisantes et mériteraient être généralisées.

Neil WILDING

Crapaud calamite

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexe 4

Convention Berne : Annexe 2

Liste Rouge nationale : A surveiller

Liste rouge régionale : Mentionné

La répartition mondiale du Crapaud calamite s’étend de la péninsule ibérique aux pays baltes en incluant la Grande-Bretagne et le sud de la Suède. Hormis en Espagne, la répartition de ce crapaud semble partout se fragmenter et se réduire sous l’influence des activités humaines.

Biologie et écologie

Actif de nuit entre mars et octobre, le Crapaud calamite est facile à repérer à l’oreille, son chant rappelant, dans certaines conditions, celui de la courtilière.

Les femelles pondent de 1000 à 3000 œufs par ponte, qui se présentent sous forme d’un ruban déposé sur le fond d’une mare, d’un point d’eau temporaire, parfois d’une ornière.

Selon la littérature (SINSCH, 1998 p. ex.) [1], la période de reproduction s’étale de fin mars à juillet et culmine au mois de mai.

Les jeunes crapauds quittent l’élément liquide environ 4 à 10 semaines après la ponte en fonction de la température de l’eau et de la disponibilité alimentaire.

L’alimentation des adultes est variée, constituée de proies dont la taille est comprise entre 4 et 8 mm. Elles se composent de fourmis, coléoptères, araignées, larves diverses, parfois vers de terre.

Le calamite fréquente essentiellement des habitats ouverts, à végétation clairsemée, avec une prédilection marquée pour les sols meubles. Il est souvent présent dans les sablières abandonnées, les landes ouvertes, parfois des cultures (vignes, asperges par ex.).

Répartition

Au plan régional, les données tirées de la littérature du XIXe siècle n’apportent pas grand chose sur la distribution passée de l’espèce. Seul TREMEAU DE ROCHEBRUNE [2] (1843) donne quelques éléments précis en indiquant la présence de l’espèce : « dans les vignes du petit Rochefort, à 4 kilomètres, sud de la ville ». Actuellement contacté dans près de 13% des mailles, et quatre départements de la région, le Crapaud calamite présente une répartition largement morcelée.

Globalement, le nombre de contacts s’amoindri de l’est à l’ouest alors que la fragmentation des populations s’accroît de façon drastique.

La Vienne et la Charente rassemblent l’essentiel des données. En Vienne, le calamite se limite à la grande moitié est du département où la répartition de l’espèce présente une certaine continuité.

En Charente, les observations sont mieux réparties mais plus diffuses, l’espèce étant notée de la Double au Confolentais. En Deux-Sèvres, la population de calamite semble cantonnée à deux noyaux distincts, centrés sur la région niortaise d’une part et entre Bressuire et Parthenay d’autre part.

En Charente-Maritime, seule l’île de Ré semble bien peuplée. Ailleurs, le Crapaud des joncs n’est connu que de localités isolées. Cette situation contraste singulièrement avec celle présentée dans l’atlas national de 1989, où l’espèce était mentionnée en presqu’île d’Arvert, en Aunis, en pays rochefortais et dans toute la Haute Saintonge à partir de Jonzac.

Philippe JOURDE

Rainette méridionale

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexe 4

Convention Berne : Annexe 2

Liste rouge nationale : A surveiller

Liste rouge régionale : Mentionné


La principale aire de distribution de cette espèce se situe dans le sud-ouest de l’Espagne et le sud de la France où les populations se maintiennent à un bon niveau malgré la destruction de ses milieux de reproduction et l’utilisation intensive de pesticides.

Biologie et écologie

La Rainette méridionale est assez peu exigeante quant aux milieux aquatiques qu’elle affectionne pour sa reproduction si ce n’est leur caractère ouvert (déboisés) et relativement proche du littoral.

Elle supporte en effet un certain taux de salinité puisqu’on la trouve en abondance dans les marais saumâtres de l’île de Ré et de l’île d’Oleron ainsi que dans ceux de tout le littoral charentais. On la trouve même dans des canaux d’irrigation. Cette espèce fréquente toute sorte de biotopes : milieux dunaires, clairières, landes, centres-villes, lisières forestières…

Les mâles viennent à l’eau à partir de fin mars pour y pousser des cris graves et lents (contrairement à Hyla arborea). L’accouplement est lombaire et la femelle dépose un millier d’œufs en petits paquets de la forme d’une noix, accrochés aux plantes aquatiques.

Les têtards, à la crête caudale très prononcée, mettent environ 3 mois à se métamorphoser. Grâce à la douceur du climat océanique, on peut observer cette espèce quasiment toute l’année lorsque l’humidité est suffisante.

Répartition

Comme son nom l’indique, la Rainette méridionale est un des exemples frappant du caractère méditerranéen de la faune et de la flore de Charente-Maritime. En effet, c’est dans ce département que l’on trouve les plus fortes populations. Cette espèce est répartie sur la moitié ouest de ce département, dont les populations les plus importantes sont localisées dans les marais littoraux. Elle est aussi présente dans le sud et l’ouest de la Charente, ainsi que, avec de très rares incursions, en Deux-Sèvres, où elle est à rechercher notamment au niveau du marais poitevin et de l’extrême sud de ce département vers Chizé.

Cette espèce est donc en limite nord de sa répartition dans notre région. Cette limite, qui continue au sud de la Vendée, étant plus ou moins bien définie, il conviendrait de la préciser afin d’évaluer son éventuelle évolution.

Antoine FOUQUET

Grenouille rousse

Statut de protection

Protection nationale : Articles 3 – 4

Directive Habitats : Annexe 5

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge Nationale

Liste Rouge Régionale : Mentionnée

Espèce à très vaste distribution médio-européenne et boréale, la Grenouille rousse est en revanche plus rare dans le domaine atlantique et absente des régions les plus méditerranéennes.

Biologie et écologie

Comme les autres grenouilles brunes, la Grenouille rousse est essentiellement terrestre en dehors de la période de reproduction et principalement inféodée à des milieux boisés, bocagers ou forestiers, plutôt frais et humides.

Lors de la saison de reproduction qui débute dès janvier (voire décembre avec la clémence contemporaine des hivers), la Grenouille rousse recherche des zones humides où s’effectuent les rassemblements nuptiaux, les accouplements, les pontes et le développement larvaire : en Poitou-Charentes, il s’agit surtout d’ornières et de fossés forestiers ainsi que des prairies faiblement inondées, ou des points d’eau peu profonds dans les clairières ou en périphérie des boisements, la particularité commune de ces frayères semblant être ici représentée par leur caractère aquatique temporaire.

Le développement des têtards demande environ un mois, à quelques jours près selon la température et les conditions trophiques.

Après l’émancipation du milieu aquatique, les Grenouilles rousses deviennent plus difficiles à observer. L’espèce est donc à rechercher de préférence en début d’année, spécialement par nuits calmes et humides.

Répartition

Discrète et encore régulièrement confondue avec la Grenouille agile, beaucoup plus commune et abondante dans l’ouest de la France, la Grenouille rousse est une espèce très rare au niveau régional, déjà décrite comme telle par LATASTE en 1876 ou par GÉLIN en 1911. Elle est toutefois signalée dans les quatre départements mais de manière très ponctuelle et disparate, sous forme le plus souvent de petites populations isolées et, par conséquent, fragiles et vulnérables, même si la viabilité de certaines d’entre elles semble encore assez convenable (c’est le cas par exemple de la belle population du canton de Ménigoute, dans les Deux Sèvres et de celle de Fouquebrune en Charente).

La pérennité de la composante patrimoniale et biogéographique majeure que constitue la présence de Rana temporaria pour la batrachofaune de Poitou-Charentes passe par une protection des sites occupés qui tienne compte du fonctionnement démographique métapopulationnel de l’espèce (protection large et globale des habitats incluant les zones terrestres, les zones aquatiques et les espaces interstitiels).

Didier MONTFORT

Grenouille agile

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexe 4

Convention Berne : Annexe 2

Liste Rouge nationale : A surveiller

Liste rouge régionale

Abondante dans la moitié sud de l’Europe, elle est considérée en danger au centre et au nord de l’Europe.

Biologie et écologie

La Grenouille agile a un petit territoire : guère plus de 40 m² explorés en une nuit, et à peine 200 m entre la mare, ou le fossé nuptial, et le terrain de chasse estival (LODÉ, 1993).
Dans ces conditions, seuls les jeunes sont tolérés sur le territoire des adultes, c’est-à-dire tant qu’ils ne partagent pas les mêmes proies.

Cette sédentarité affirmée est un trait de caractère dominant chez la Grenouille agile, et peut servir d’indicateur, pour évaluer l’état des populations : en prospectant les pontes, en tout début de printemps (début février au sud de la région), on constate que plus les milieux marginaux sont occupés, plus la population locale est importante.

Contrairement à d’autres anoures, la Grenouille agile hiberne bien souvent près de l’eau, quitte à effectuer une courte migration prénuptiale dès l’automne, pour être à pied d’œuvre au premier printemps. Les femelles, les premières, quittent mares et fossés après la reproduction, pour gagner le couvert des grandes herbes. Elles s’y régaleront, jusqu’à l’automne, de diptères, lépidoptères, orthoptères, capturés chaque nuit au cours de longs postes d’affût.

Répartition

Comme son nom latin l’indique, la Grenouille de « Dalmatie » est une espèce médio-européenne, largement répartie en France, en dehors du bassin méditerranéen.

En Poitou-Charentes, elle a été notée sur l’ensemble du territoire régional, à l’exception des îles.
Cette relative uniformité de répartition est néanmoins trompeuse, car les populations sont généralement de faibles effectifs, peu mobiles, et sensibles à toutes modifications des habitats humides.

A ce titre, l’avenir de la Grenouille agile en Poitou-Charentes dépend en grande partie du maintien des prairies humides permanentes et de leur réseau hydrographique associé.

Marc CARRIERE

BIBLIOGRAPHIE
LODÉ T., 1993 – Rythme d’activité et déplacements chez la Grenouille agile Rana dalmatina Bonaparte 1840 dans l’ouest de la France. Bull. Soc. Herpétol. Fr., 67-68 : 13-22.

Grenouille de Perez

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexe 5

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale : A surveiller

Liste rouge régionale

En limite nord-ouest de son aire de répartition, cette espèce ibéro-méditerranéenne progresserait vers le nord.

Biologie et écologie

Cette petite Grenouille verte fut longtemps confondue avec la Grenouille rieuse. Il a fallu attendre 1974 pour que, sur des considérations biogéographique, HOTZ propose d’en faire une espèce distincte. Les travaux génétiques de TUNNER et UZZELL en 1974, puis de GRAF, KARCH et MOREILLON en 1977, attestèrent de son rang spécifique.

Cette espèce est d’origine ibéro-méditerranéenne, dépassant la chaîne pyrénéenne et gagnant le sud-ouest de la France.

En Poitou-Charentes elle est liée aux canaux, aux marais et aux mares arrière-dunaires. Les populations de Charente-Maritime sont reconnaissables à leurs arrières de cuisse blancs, à leur petite taille, à leur tubercule inexistant (DUSOULIER F. & GOURET L., 2000).

Enfin le chant est très distinct de la Grenouille rieuse : il n’est ni saccadé ni tonitruant ; il s’apparente à la trille de la Grenouille de Lessona, en plus énergique.

Répartition

Elle est bien présente en Charente-Maritime et dans le sud de la Charente. Elle se rencontre en populations importantes dans les marais de Saintonge (Brouage) ainsi que sur l’île d’Oléron. Il semblerait qu’elle soit également présente sur l’île de Ré. Les individus de Charente sont très proches morphologiquement de ceux d’Espagne centrale. Une seule maille dans la Vienne qui serait à confirmer.

Sa situation en limite septentrionale (allant jusque dans le sud de la Vendée !) lui confère une valeur patrimoniale régionale.

François DUSOULIER et Olivier GROSSELET

Grenouille rieuse

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexe 5

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale : A surveiller

Liste rouge régionale

Il semblerait que sur le plan régional cette espèce soit introduite. Elle représente une menace certaine dans le devenir des populations locales. Un suivi méthodique de sa biologie et de l’évolution de sa chorologie est indispensable dans l’optique d’une conservation à long terme des populations autochtones.

Biologie et écologie

Cette Grenouille verte est distinguée comme sous-espèce en 1891 par BOULENGER et est reconnue comme espèce en 1912 par SCHREIBER. Son génome est présent dans les trois kleptons actuellement connus : Rana kl. esculenta, Rana kl. grafi, et Rana kl. hispanica. L’hybridation avec Rana lessonae remonterait au début du retrait des glaciers post-würmienn, dans une zone de contact correspondant au nord des Alpes (Hotz 1974). Par la suite, son demi-génome aurait « voyagé » vers l’ouest grâce au klepton esculenta.

Autrement dit, les Grenouilles vertes hybrides de l’ouest de la France se transmettent un demi-génome de Grenouille rieuse vieux d’environ 10 000 ans.

La Grenouille rieuse préfère des pièces d’eau de grande dimension : le bord des fleuves et des rivières, les étangs et les lacs. Toutefois, elle est également présente sur des mares bocagères où l’espèce fait une apparition fortement remarquée ces dernières années (chant tonitruant).

Elle tend par endroits à coloniser des tourbières et pénétrer des zones marécageuses. Ainsi son habitat est assez varié et cette espèce semble faiblement exigeante. Elle s’accommode de milieux pollués, comme les déversoirs d’orages recevant par exemple les hydrocarbures des parkings de grandes surfaces !.

Echappée des Universités (Poitiers, Nantes, Rennes … ) et des « élevages » pour la consommation, cette espèce se déplace plus rapidement que les autres Grenouilles vertes.

Sa colonisation actuelle dans l’ouest de la France s’accompagne d’une véritable pollution biologique, certes discrète et pourtant catastrophique pour les taxons autochtones.

En effet, elle s’accouple tant avec la Grenouille de Lessona qu’avec la Grenouille verte hybride. Par conséquent elle insuffle dans les populations un nouveau génome « ridibunda » qui d’une part réanime l’ancien stock contenu dans les hybrides et d’autre part déstabilise l’équilibre lessonae-esculenta en sa faveur.

Dès lors, les formes esculenta peuvent se reproduire entre elles, pour former des Grenouilles… rieuses, de sorte que le pool génétique lessonae s’amenuise et disparaît.

Ce constat devrait faire l’objet d’une véritable recherche en biologie de la conservation pour tenter d’apporter des solutions avant qu’il ne soit trop tard, si ce n’est pas déjà le cas.

Répartition

La carte de la Grenouille rieuse montre que c’est une espèce assez répandue en Poitou-Charentes. Elle est présente en fréquence variable mais avec des points et stations plus fréquentes autour des villes régionales : Poitiers, Angoulême, Niort ; et dans certains secteurs comme les marais de Saintonge (Brouage). Elle paraît présente aussi sur les îles de Ré et d’Oléron où un individu énorme a été vu dévorant un poussin de Gallinula chloropus (Nicolas VRIGNAULT, comm. pers.).

François DUSOULIER et Olivier GROSSELET

Grenouille de Graf

Statut de protection

Protection nationale

Directive habitats : Annexe 5

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale

Liste rouge régionale

Son apparition est tant liée à une meilleure connaissance de notre batrachofaune qu’à un probable changement dans la composition des populations de Grenouilles vertes. Un travail spécifique nous permettrait de mieux circonscrire son statut actuel.

Biologie et écologie

Cette grenouille est la dernière décrite dans l’imbroglio des Pelophylax du Paléarctique occidental. TUNNER et UZZELL en 1974 puis GRAF, KARCH et MOREILLON en 1977, signalent l’existence d’individus hybridogénétiques de forme ridibunda x perezi. En 1995, CROCHET, DUBOIS, OHLER et TUNNER décrivent et nomment ce nouveau klepton : Rana kl. grafi.

Toutefois, si la distinction électrophorétique est claire et nette, il n’en reste pas moins vrai que sur le terrain, cette Grenouille verte demeure difficile à caractériser.

Sa détermination est très controversée tant au niveau morphologique que bioacoustique, de sorte que nous disposons de peu d’informations sur ses exigences écologiques.

Sa biologie est-elle intermédiaire entre celles de Rana perezi et de Rana ridibunda ou bien bénéficie-t-elle d’une vigueur hybride à l’instar de Rana kl. esculenta ?

Une autre interrogation est celle de l’origine de cet hybride. Si dans le Gard, l’hypothèse d’un contact ridibunda – perezi semble la plus solide, en Poitou-Charentes, une double origine est envisageable : perezi – ridibunda et perezi – esculenta.

Répartition

Ces hypothèses de formation induisent que sa présence est probable dans la zone de contact entre le synklepton esculenta-lessonae et Rana perezi, c’est-à-dire dans l’aire s’étendant de la Rochefoucault à Niort, mais aussi partout où la sympatrie Rana ridibunda – Rana perezi est mentionnée, à savoir la vallée de la Clouère en Vienne, la vallée de la Tardoire et du Bandiat en Charente et enfin en Charente-Maritime, au sud du marais poitevin et dans les marais de Brouage au sud de Rochefort.

François DUSOULIER et Olivier GROSSELET

Tortue de Floride

Statut de protection

Espèce introduite.

Biologie et écologie

La Tortue de Floride, essentiellement aquatique, affectionne les étangs et les rivières à courant lent, plutôt riche en végétation, où elle se thermorégule au soleil, dès le printemps sur un support émergé. Carnivore dans les premières années de sa vie, elle passe progressivement à un régime plus herbivore.

Dans des conditions optimales, les jeunes animaux présentent une croissance très rapide leur permettant d’acquérir une maturité sexuelle précoce (4 à 5 ans) par rapport à la cistude (12 à 15 ans), lui permettant ainsi de se reproduire plus rapidement, sachant qu’elle peut pondre un maximum de 20 œufs par ponte (16 chez la cistude). De par sa biologie et son comportement, on pensait que cet animal, sous nos latitudes, serait un fort compétiteur pour la cistude, ce qui n’a pas encore été prouvé scientifiquement.

Répartition

Originaire des Etats-Unis (tout le long de la vallée du Mississippi), la Tortue de Floride fut introduite sur le territoire français dès 1981, vendue dans les animaleries puis relâchée par les propriétaires lassés de l’animal. La distribution éparse de l’espèce dans la région montre bien que ces individus ont été lâchés par les aquariophiles, et surtout, que le phénomène touche l’ensemble de la région.

On peut s’inquiéter de la progression dans le temps du nombre de sites où l’espèce est présente (dû aux lâchers) et de la progression future de l’animal dans la région (par la reproduction et la migration des adultes). En effet, on ignore encore l’impact exact que peut avoir cette tortue sur les peuplements d’Amphibiens, surtout dans des endroits déjà très sensibles.

Depuis 1998, la Tortue de Floride est interdite d’importation et de vente dans les animaleries, mais a été trop facilement remplacée par des cousines proches (comme Pseudemys floridana LE CONTE, 1830) qui ont la même biologie que la Floride.

D’autres espèces aquatiques qui n’ont jamais cessé d’être importées et relâchées comme les tortues happeuses (Chelydra serpentina (LINNÉ, 1758)) et alligators (Macroclemys temminckii (HARLAN, 1835)), ont déjà fait l’objet d’observations, mais restent difficilement observables car plus discrètes et beaucoup plus rares.

Mickaël GUILLON

Orvet fragile

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale : A surveiller

Liste rouge régionale

Cette espèce est généralement considérée comme commune avec de petites populations localisées.

Biologie et écologie

L’Orvet fréquente aussi bien les milieux ensoleillés que les milieux plus ombragés ; ainsi, dans la région, il apprécie tout particulièrement les clairières, les bords de haies, les talus, les landes et certains bois ; la présence de broussailles peut être un atout supplémentaire. On peut également le rencontrer sur les dunes du littoral ainsi que dans des milieux plus humides.

C’est un animal discret que l’on rencontre le plus souvent à l’abri sous une pierre, une tôle ou des souches. Il n’est pas fréquent de l’observer s’exposant directement au soleil et il est particulièrement actif le soir et après une pluie.

Sa période d’activité débute vers le mois de mars pour s’interrompre vers la fin octobre selon les conditions climatiques.

Les accouplements ont lieu d’avril à juin. La femelle est ovovivipare et pond ses œufs en août-septembre.

L’orvet se nourrit essentiellement de lombrics, de petites limaces, de chenilles, d’araignées, de divers insectes et de leurs larves.

Répartition

L’Orvet fragile se rencontre sur une grande partie du territoire européen. Il est mentionné en Poitou-Charentes par Mauduyt (1844) qui le cite pour le département de la Vienne, puis par Gelin (1911) pour le département des Deux-Sèvres.

Actuellement, cette espèce est présente sur les quatre départements de la région, mais la lecture de la carte fait apparaître un certain morcellement qui se traduit pour les Deux-Sèvres par la présence d’un « noyau fort » dans l’est de la Gâtine.

Pour la Charente-Maritime, l’essentiel des données se localise au niveau d’Oléron et la Presqu’île d’Arvert (forêt de la Coubre), avec des stations, a priori, isolées vers La Rochelle et dans le sud de ce département.

En Charente, l’essentiel des observations se situe au niveau de la latitude d’Angoulême avec une station isolée dans le sud et dans la Vienne, le maximum de points est concentré dans le centre de ce département et dans le Montmorillonnais.

Cette répartition très irrégulière pour cette espèce où l’on note de grandes zones, a priori inoccupées, peut en partie s’expliquer par sa relative discrétion mais aussi un manque évident de prospections. Ce constat est certain en Deux-Sèvres où les points mentionnés en Gâtine correspondent aux secteurs les mieux couverts par les herpétologues.

De futures recherches devraient combler ces lacunes. Néanmoins, la plupart des herpétologues régionaux s’accordent pour dresser le constat d’une régression du nombre d’observations ces dernières années.

Si l’Orvet fragile ne semble pas directement menacé dans notre région, la destruction de ses biotopes et le développement d’une agriculture de plus en plus intensive doivent nous inciter à rester vigilants.

Thibaud COUTURIER