Vipère aspic

Statut de protection

Protection nationale : Article 2

Directive habitat

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale

Liste rouge régionale

Le statut taxonomique de la Vipère aspic est actuellement assez confus, aussi bien en ce qui concerne les espèces que les sous-espèces. Les principales controverses se situent entre les populations françaises et italiennes. Par exemple, il est possible que les Vipères aspics du sud-est de la France appartiennent à l’espèce Vipera atra, ou à la sous-espèce Vipera aspis atra. Le plus simple actuellement est de considérer que Vipera aspis occupe les deux tiers méridionaux de la France (grosso modo absente au nord d’une ligne St-Nazaire – Paris – Nancy), l’Italie et une petite partie de la Suisse. Elle est en régression sur la plupart de son aire de distribution (disparition des bocages).

Biologie et écologie


La Vipère aspic est le reptile français le plus étudié, et donc le mieux connu. Extrêmement polymorphes, les Vipères aspics du Poitou-Charentes ont tendance à être d’assez grande taille (parfois plus de 70 cm du museau au cloaque et plus de 300 g).

Chaque population présente des caractéristiques propres. Par exemple les vipères qui vivent dans les marais de Charente-Maritime sont très différentes (couleur du type Zinnikeri) de celles qui vivent près de Poitiers à coloration plus discrète.

Chez les femelles, la vitellogenèse et la gestation nécessitent environ six mois, de mars à septembre. Après les mises bas la majorité des femelles ne survivra pas.

Toutefois, une faible proportion de femelles produira deux ou trois portées ; avec une fréquence moyenne d’une reproduction tous les trois ans et une fécondité annuelle de 6 vipéreaux (4 à 10 en général). Les mises bas ont lieu fin août – début septembre ; les nouveaux-nés mettront environ 2 à 4 ans pour atteindre la maturité sexuelle.

Répartition

Les Vipères aspics occupent des milieux très variés. Abondantes dans les bocages serrés (même humides), les densités de populations sont assez faibles en forêt. Les futaies serrées sont trop sombres pour cette espèce. La Vipère aspic a probablement profité des pratiques agricoles jusqu’en 1950 environ.

Depuis, le remembrement, l’extension des monocultures et les traitements phytosanitaires (destruction des campagnols) entraînent une chute rapide de la plupart des populations. En effet, des suivis à long terme ont montré que la dynamique de population de la Vipère aspic est intimement liée aux fluctuations de l’espèce proie principale, Microtus arvalis.

Encore assez répandue dans l’ensemble du Poitou-Charentes, elle est désormais absente de grandes zones comme la plaine Niortaise par exemple. Très discrète dans les zones forestières, les données sur sa répartition sont certainement encore incomplètes.

Bien que persécutée, comme le sont les autres serpents, la Vipère aspic survit assez bien dans des zones refuges de relativement petite taille (forêt de Chizé-79 ou dans les marais près de Ballon-17).

Il est probablement illusoire de conserver les populations résiduelles, mais il est indispensable de conserver les refuges principaux, notamment les bocages serrés où elle est encore abondante.

Xavier BONNET

Triton palmé

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale : A surveiller

Liste rouge régionale

Cette espèce, qui habite l’ouest de l’Europe, présente des populations encore importantes sur l’ensemble de son aire de répartition bien que les populations les plus nordiques soient considérées en danger.

Biologie et écologie

En Poitou-Charentes, l’espèce fréquente tous les types de milieux aquatiques stagnants ou non : flaques temporaires, fossés, mares, étangs, bras morts des rivières, eaux saumâtres, ruisseaux… Il peut coloniser parfois des milieux eutrophisés.

Lors des hivers doux, il peut être observé toute l’année dans l’eau, mais il est cependant plus souvent noté de février à mai, à l’époque de la reproduction. On peut alors parfois observer des rassemblements importants.
Le développement des larves dure environ 3 mois.

A partir de juin, la phase terrestre des adultes commence ; leur activité est alors nocturne. Le Triton palmé se nourrit de petits invertébrés terrestres et aquatiques.

Répartition

Dans la région, c’est le plus commun des tritons. Il est présent sur l’ensemble des 4 départements, sauf dans l’Ile de Ré.

Il est probable que les secteurs vides sur la carte reflètent plutôt le manque de prospection que l’absence de l’espèce, qui devra donc être recherchée, particulièrement au nord-ouest de la Charente, au sud-ouest des Deux-Sèvres et au sud de la Vienne.

La présence du Triton palmé en Poitou-Charentes est connue depuis le XIXe siècle (TRÉMEAU DE ROCHEBRUNE, 1843).

Cette espèce, de grande amplitude écologique, ne semble pas être menacée en Poitou-Charentes où on le trouve quasiment partout.

David SUAREZ

Triton de Blasius

Statut de protection

Protection nationale

Directive habitats

Convention Berne

Liste Rouge nationale

Liste rouge régionale : Mentionné

Biologie et écologie

Hybride naturel issu de l’accouplement de Triturus cristatus mâle avec Triturus marmoratus femelle (DE L’ISLE, 1862) ce triton est rarement observé.

Néanmoins les études qui lui ont été consacrées en Mayenne (VALLÉE 1960, ZUIDERWIJK et al., 1987) et localement les observations régulières de la population de la réserve naturelle du Pinail, permettent d’apporter plusieurs éléments : morphologiquement et comparés aux espèces parentales, les individus arborent des couleurs plus ternes, des dessins plus flous, leur taille adulte est plus grande (surtout les femelles) et les malformations sont plus fréquentes. Il n’existe pas de « type » Blasius homogène mais au contraire une grande variabilité des phénotypes.

Biologiquement les mâles sont stériles et les femelles partiellement fertiles, le pic d’activité sexuelle se situant comme chez les autres grands tritons lors des 3 premières heures des nuits de printemps.

En outre il possède un caractère aquaphile prononcé proche de celui de T. cristatus. D’un point de vue de ses exigences écologiques il apparaît assez ubiquiste puisque la nature du sol, le pH, la turbidité et la végétalisation des points d’eau semblent peu influer sur sa répartition.

Répartition

Le Blasius est découvert près de Nantes en 1858 par DE L’ISLE qui le considère comme espèce. En 1894 ROLLINAT et PARÂTRE supposent son caractère hybride, ce qui est confirmé expérimentalement en 1903 par WOLTERSTOFF.

Sa répartition est bien évidemment étroitement liée à celles des deux espèces parentales. Celles ci se chevauchent uniquement en Europe dans le centre-ouest de la France.

Dans la région Poitou-Charentes les récentes prospections ne font état que de quelques Blasius isolés hormis sur la réserve naturelle du Pinail où ses effectifs sont conséquents.

A la vue des cartes des T. cristatus et T. marmoratus du présent atlas, il est potentiellement présent dans l’intégralité du département de la Vienne (hormis le Loudunais) ainsi que dans le département des Deux-Sèvres où des petites populations sont connues vers Thouars et Bougon.

Toutefois du fait du taux d’hybridation qui oscille entre 4 à 6 %, les populations d’espèces parentales doivent être assez importantes pour que l’on puisse le déceler. Par ailleurs du fait qu’il ne se distingue du Triton marbré que par sa face ventrale, des captures systématiques sont obligatoires.

Pascal DUBECH

Pélodyte ponctué

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive Habitats

Convention Berne : Annexe 3

Liste rouge nationale : Vulnérable

Liste rouge régionale

Cette espèce est considérée en danger dans différentes parties du nord-est de l’Europe : Belgique, Luxembourg et nord de la France.

Biologie et écologie

Le Pélodyte ponctué fait partie des amphibiens les plus discrets en dehors de la période de reproduction. Sa petite taille (4 cm environ) renforce cet aspect.
Aussi à l’aise sur terre que dans l’eau, capable de grimper sur les murs et les branches, son activité plutôt crépusculaire le mène vers les zones de carrières avec des mares temporaires, des fossés d’exploitation ou de drainage végétalisés, des prairies humides de bords de rivière.

Sa présence en nombre sur les dunes de l’arrière littoral charentais ou dans des carrières du centre Vienne démontre bien l’ubiquité de l’animal.

L’espèce peut être repérée de fin février à mi-mai, grâce au chant des mâles qui ressemble au bruit d’une semelle qui grince. Une seconde ponte est également possible en fin de saison estivale (septembre).

Répartition

Si l’espèce est bien représentée sur la façade atlantique et les îles de la région Poitou-Charentes, la présence du Pélodyte ponctué sur le reste de la région semble plus aléatoire. Cette dissémination ponctuelle de l’espèce est également observée au niveau national avec une nette abondance dans le sud du pays, confirmant ainsi sa répartition biogéographique Franco-ibérique.

En Poitou-Charentes, le pélodyte présente une répartition inégale. En effet, on observe une abondance bien répartie sur la Charente-Maritime particulièrement dans les marais littoraux (à l’exception des coteaux de Gironde et du bocage de Mirambeau) et des zones très ponctuelles où la concentration est forte sur les départements des Deux-Sèvres (entre 250 et 500 animaux comptabilisés sur une prairie humide à Bougon , plusieurs centaines d’individus autour d’un étang dans le nord de ce département), de la Charente, et de la Vienne (une centaine d’individus sur une zone d’étangs et mares de Montreuil Bonnin).

A l’opposé, l’espèce est totalement absente sur de vastes zones de ces 3 départements, comme le Montmorillonnais, le Loudunais, le Confolentais, le Montmorélien, le bocage Bressuirais ou la plaine de Niort.

Pascal CAVALLIN, Conservatoire d’Espaces Naturels de Poitou-Charentes

Crapaud commun

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale : A surveiller

Liste rouge régionale

Cette espèce est commune sur l’ensemble de son aire de répartition européenne.

Biologie et écologie

On peut trouver le Crapaud commun dans un large éventail d’habitats souvent assez secs comme les jardins, bas de haies, broussailles et bois.

Cette espèce très répandue est essentiellement nocturne : au crépuscule ce crapaud émerge de sa cachette de la journée. Il se déplace d’habitude en marchant, excepté lorsqu’il a peur, auquel cas il saute.
Bien que les femelles adultes puissent atteindre 15 cm de longueur, dans notre région il est rare qu’elles dépassent 10 cm, alors que les mâles sont plus petits.

Les Crapauds communs se nourrissent d’une grande variété d’invertébrés, et affectionnent particulièrement les cloportes.

La majeure partie de l’année ces crapauds vivent de façon terrestre et solitaire, mais ils se regroupent massivement pour la reproduction dans les fossés inondés, les mares et les bords de lacs, retournant chaque année au même endroit. Selon les températures les plus favorables le frai a lieu de février à mars. On ne verra aucune migration en dessous de 4°C.

Fin mai début juin les têtards sont complètement développés et se dispersent, en général au petit matin ou en fin de journée.

Répartition

Cette espèce est largement répandue à travers l’Europe, mais absente en Irlande, en Corse, en Sardaigne, dans les Baléares, à Malte et en Crète. C’est une espèce très commune et répandue en Poitou-Charentes.

Le fait qu’elle n’ait pas été recensée dans certaines zones provient probablement plus d’un manque d’observation que de l’absence de l’animal.

Cependant on peut penser que la baisse de population de certaines zones provient de modifications du milieu comme le rebouchage de mares, de fossés remplacés par des tuyaux d’écoulement.

D’un autre côté, la création de mares et étangs privés ou publics pour la pêche et autres agréments constitue de nouveaux espaces de reproduction pour l’espèce : les têtards de crapaud, contrairement aux autres batraciens, ne se font pas manger par les poissons.

A la période des migrations on peut constater d’énormes pertes sur les routes. Les morts sur les routes ne sont pas dues seulement à l’écrasement de l’animal mais aussi à sa projection par le déplacement d’air sur la partie basse des véhicules.

Les mesures prises à l’heure actuelle pour procurer aux crapauds et autres batraciens des passages pour traverser la route en période de migration se sont avérées satisfaisantes et mériteraient être généralisées.

Neil WILDING

Crapaud calamite

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexe 4

Convention Berne : Annexe 2

Liste Rouge nationale : A surveiller

Liste rouge régionale : Mentionné

La répartition mondiale du Crapaud calamite s’étend de la péninsule ibérique aux pays baltes en incluant la Grande-Bretagne et le sud de la Suède. Hormis en Espagne, la répartition de ce crapaud semble partout se fragmenter et se réduire sous l’influence des activités humaines.

Biologie et écologie

Actif de nuit entre mars et octobre, le Crapaud calamite est facile à repérer à l’oreille, son chant rappelant, dans certaines conditions, celui de la courtilière.

Les femelles pondent de 1000 à 3000 œufs par ponte, qui se présentent sous forme d’un ruban déposé sur le fond d’une mare, d’un point d’eau temporaire, parfois d’une ornière.

Selon la littérature (SINSCH, 1998 p. ex.) [1], la période de reproduction s’étale de fin mars à juillet et culmine au mois de mai.

Les jeunes crapauds quittent l’élément liquide environ 4 à 10 semaines après la ponte en fonction de la température de l’eau et de la disponibilité alimentaire.

L’alimentation des adultes est variée, constituée de proies dont la taille est comprise entre 4 et 8 mm. Elles se composent de fourmis, coléoptères, araignées, larves diverses, parfois vers de terre.

Le calamite fréquente essentiellement des habitats ouverts, à végétation clairsemée, avec une prédilection marquée pour les sols meubles. Il est souvent présent dans les sablières abandonnées, les landes ouvertes, parfois des cultures (vignes, asperges par ex.).

Répartition

Au plan régional, les données tirées de la littérature du XIXe siècle n’apportent pas grand chose sur la distribution passée de l’espèce. Seul TREMEAU DE ROCHEBRUNE [2] (1843) donne quelques éléments précis en indiquant la présence de l’espèce : « dans les vignes du petit Rochefort, à 4 kilomètres, sud de la ville ». Actuellement contacté dans près de 13% des mailles, et quatre départements de la région, le Crapaud calamite présente une répartition largement morcelée.

Globalement, le nombre de contacts s’amoindri de l’est à l’ouest alors que la fragmentation des populations s’accroît de façon drastique.

La Vienne et la Charente rassemblent l’essentiel des données. En Vienne, le calamite se limite à la grande moitié est du département où la répartition de l’espèce présente une certaine continuité.

En Charente, les observations sont mieux réparties mais plus diffuses, l’espèce étant notée de la Double au Confolentais. En Deux-Sèvres, la population de calamite semble cantonnée à deux noyaux distincts, centrés sur la région niortaise d’une part et entre Bressuire et Parthenay d’autre part.

En Charente-Maritime, seule l’île de Ré semble bien peuplée. Ailleurs, le Crapaud des joncs n’est connu que de localités isolées. Cette situation contraste singulièrement avec celle présentée dans l’atlas national de 1989, où l’espèce était mentionnée en presqu’île d’Arvert, en Aunis, en pays rochefortais et dans toute la Haute Saintonge à partir de Jonzac.

Philippe JOURDE

Grenouille rousse

Statut de protection

Protection nationale : Articles 3 – 4

Directive Habitats : Annexe 5

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge Nationale

Liste Rouge Régionale : Mentionnée

Espèce à très vaste distribution médio-européenne et boréale, la Grenouille rousse est en revanche plus rare dans le domaine atlantique et absente des régions les plus méditerranéennes.

Biologie et écologie

Comme les autres grenouilles brunes, la Grenouille rousse est essentiellement terrestre en dehors de la période de reproduction et principalement inféodée à des milieux boisés, bocagers ou forestiers, plutôt frais et humides.

Lors de la saison de reproduction qui débute dès janvier (voire décembre avec la clémence contemporaine des hivers), la Grenouille rousse recherche des zones humides où s’effectuent les rassemblements nuptiaux, les accouplements, les pontes et le développement larvaire : en Poitou-Charentes, il s’agit surtout d’ornières et de fossés forestiers ainsi que des prairies faiblement inondées, ou des points d’eau peu profonds dans les clairières ou en périphérie des boisements, la particularité commune de ces frayères semblant être ici représentée par leur caractère aquatique temporaire.

Le développement des têtards demande environ un mois, à quelques jours près selon la température et les conditions trophiques.

Après l’émancipation du milieu aquatique, les Grenouilles rousses deviennent plus difficiles à observer. L’espèce est donc à rechercher de préférence en début d’année, spécialement par nuits calmes et humides.

Répartition

Discrète et encore régulièrement confondue avec la Grenouille agile, beaucoup plus commune et abondante dans l’ouest de la France, la Grenouille rousse est une espèce très rare au niveau régional, déjà décrite comme telle par LATASTE en 1876 ou par GÉLIN en 1911. Elle est toutefois signalée dans les quatre départements mais de manière très ponctuelle et disparate, sous forme le plus souvent de petites populations isolées et, par conséquent, fragiles et vulnérables, même si la viabilité de certaines d’entre elles semble encore assez convenable (c’est le cas par exemple de la belle population du canton de Ménigoute, dans les Deux Sèvres et de celle de Fouquebrune en Charente).

La pérennité de la composante patrimoniale et biogéographique majeure que constitue la présence de Rana temporaria pour la batrachofaune de Poitou-Charentes passe par une protection des sites occupés qui tienne compte du fonctionnement démographique métapopulationnel de l’espèce (protection large et globale des habitats incluant les zones terrestres, les zones aquatiques et les espaces interstitiels).

Didier MONTFORT

Grenouille agile

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexe 4

Convention Berne : Annexe 2

Liste Rouge nationale : A surveiller

Liste rouge régionale

Abondante dans la moitié sud de l’Europe, elle est considérée en danger au centre et au nord de l’Europe.

Biologie et écologie

La Grenouille agile a un petit territoire : guère plus de 40 m² explorés en une nuit, et à peine 200 m entre la mare, ou le fossé nuptial, et le terrain de chasse estival (LODÉ, 1993).
Dans ces conditions, seuls les jeunes sont tolérés sur le territoire des adultes, c’est-à-dire tant qu’ils ne partagent pas les mêmes proies.

Cette sédentarité affirmée est un trait de caractère dominant chez la Grenouille agile, et peut servir d’indicateur, pour évaluer l’état des populations : en prospectant les pontes, en tout début de printemps (début février au sud de la région), on constate que plus les milieux marginaux sont occupés, plus la population locale est importante.

Contrairement à d’autres anoures, la Grenouille agile hiberne bien souvent près de l’eau, quitte à effectuer une courte migration prénuptiale dès l’automne, pour être à pied d’œuvre au premier printemps. Les femelles, les premières, quittent mares et fossés après la reproduction, pour gagner le couvert des grandes herbes. Elles s’y régaleront, jusqu’à l’automne, de diptères, lépidoptères, orthoptères, capturés chaque nuit au cours de longs postes d’affût.

Répartition

Comme son nom latin l’indique, la Grenouille de « Dalmatie » est une espèce médio-européenne, largement répartie en France, en dehors du bassin méditerranéen.

En Poitou-Charentes, elle a été notée sur l’ensemble du territoire régional, à l’exception des îles.
Cette relative uniformité de répartition est néanmoins trompeuse, car les populations sont généralement de faibles effectifs, peu mobiles, et sensibles à toutes modifications des habitats humides.

A ce titre, l’avenir de la Grenouille agile en Poitou-Charentes dépend en grande partie du maintien des prairies humides permanentes et de leur réseau hydrographique associé.

Marc CARRIERE

BIBLIOGRAPHIE
LODÉ T., 1993 – Rythme d’activité et déplacements chez la Grenouille agile Rana dalmatina Bonaparte 1840 dans l’ouest de la France. Bull. Soc. Herpétol. Fr., 67-68 : 13-22.

Grenouille de Lessona

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexe 4

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale : A surveiller

Liste rouge régionale


Les populations de cette espèce sont liées à des milieux de qualité. Tout déclin local entraînant des effondrements locaux des Grenouilles vertes, des mesures de conservation des habitats et des connections sont indispensables à son maintien.

Biologie et écologie

En 1968, le statut d’espèce à part entière est conféré à cette petite Grenouille verte, grâce aux travaux de croisements du polonais BERGER.

Les critères morphologiques associés à l’approche acoustique suffisent généralement pour la distinguer des autres Grenouilles vertes. D’autre part elle se rencontre préférentiellement dans des habitats peu ou pas modifiés, tels que les tourbières, les marais anciens, les dépressions forestières, les mares bocagères bordées d’une abondante végétation.

Elle se reproduit d’avril à juin, coassant des trilles rapides et monochordes à l’aide de ses sacs vocaux latéraux, blancs immaculés. Les mâles arborent alors une coloration vert clair, jaune et plus rarement bleue. Elle hiberne dans la vase.

En Poitou-Charentes, sa valeur patrimoniale résulte tant de sa limite chorologique sud-ouest que dans sa sensibilité aux modifications des milieux, couplée à sa position d’espèce clef dans le maintien des populations du synklepton esculenta-lessonae.

En effet, dans une dynamique métapopulationnelle, sa présence conditionne la pérennité de la forme esculenta en assurant l’apport permanent du demi-génome lessonae à partir des milieux favorables à son maintien.

Ainsi est-il probable que les régressions locales de Grenouilles vertes soient liées à la fragilisation des réseaux d’échanges génétiques (assèchement et drainage des marais, ouverture des tourbières, canalisation des cours d’eaux, pollutions diverses et barrières de circulation telles que les infrastructures routières), entraînant des disparitions en cascade des populations périphériques.

Répartition

Plus septentrionale que la Grenouille verte, sa distribution dans la région étudiée est beaucoup plus limitée. Plusieurs éléments de réponse peuvent être avancés :

  • sensibilité plus grande vis-à-vis des conditions topoclimatiques ;
  • sensibilité plus grande vis-à-vis de la qualité des milieux (en terme d’artificialisation) ;
  • la présence de biotopes réunissant ces deux contraintes : grands marais, tourbières, zones humides… ;
  • l’influence de facteurs écologiques divers : acidité de l’eau, etc…
    Elle est signalée dans trois départements : la Vienne, les Deux-Sèvres et l’extrême Nord de la Charente.

François DUSOULIER et Olivier GROSSELET

Grenouille rieuse

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexe 5

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale : A surveiller

Liste rouge régionale

Il semblerait que sur le plan régional cette espèce soit introduite. Elle représente une menace certaine dans le devenir des populations locales. Un suivi méthodique de sa biologie et de l’évolution de sa chorologie est indispensable dans l’optique d’une conservation à long terme des populations autochtones.

Biologie et écologie

Cette Grenouille verte est distinguée comme sous-espèce en 1891 par BOULENGER et est reconnue comme espèce en 1912 par SCHREIBER. Son génome est présent dans les trois kleptons actuellement connus : Rana kl. esculenta, Rana kl. grafi, et Rana kl. hispanica. L’hybridation avec Rana lessonae remonterait au début du retrait des glaciers post-würmienn, dans une zone de contact correspondant au nord des Alpes (Hotz 1974). Par la suite, son demi-génome aurait « voyagé » vers l’ouest grâce au klepton esculenta.

Autrement dit, les Grenouilles vertes hybrides de l’ouest de la France se transmettent un demi-génome de Grenouille rieuse vieux d’environ 10 000 ans.

La Grenouille rieuse préfère des pièces d’eau de grande dimension : le bord des fleuves et des rivières, les étangs et les lacs. Toutefois, elle est également présente sur des mares bocagères où l’espèce fait une apparition fortement remarquée ces dernières années (chant tonitruant).

Elle tend par endroits à coloniser des tourbières et pénétrer des zones marécageuses. Ainsi son habitat est assez varié et cette espèce semble faiblement exigeante. Elle s’accommode de milieux pollués, comme les déversoirs d’orages recevant par exemple les hydrocarbures des parkings de grandes surfaces !.

Echappée des Universités (Poitiers, Nantes, Rennes … ) et des « élevages » pour la consommation, cette espèce se déplace plus rapidement que les autres Grenouilles vertes.

Sa colonisation actuelle dans l’ouest de la France s’accompagne d’une véritable pollution biologique, certes discrète et pourtant catastrophique pour les taxons autochtones.

En effet, elle s’accouple tant avec la Grenouille de Lessona qu’avec la Grenouille verte hybride. Par conséquent elle insuffle dans les populations un nouveau génome « ridibunda » qui d’une part réanime l’ancien stock contenu dans les hybrides et d’autre part déstabilise l’équilibre lessonae-esculenta en sa faveur.

Dès lors, les formes esculenta peuvent se reproduire entre elles, pour former des Grenouilles… rieuses, de sorte que le pool génétique lessonae s’amenuise et disparaît.

Ce constat devrait faire l’objet d’une véritable recherche en biologie de la conservation pour tenter d’apporter des solutions avant qu’il ne soit trop tard, si ce n’est pas déjà le cas.

Répartition

La carte de la Grenouille rieuse montre que c’est une espèce assez répandue en Poitou-Charentes. Elle est présente en fréquence variable mais avec des points et stations plus fréquentes autour des villes régionales : Poitiers, Angoulême, Niort ; et dans certains secteurs comme les marais de Saintonge (Brouage). Elle paraît présente aussi sur les îles de Ré et d’Oléron où un individu énorme a été vu dévorant un poussin de Gallinula chloropus (Nicolas VRIGNAULT, comm. pers.).

François DUSOULIER et Olivier GROSSELET