Landes – Historique et enjeux

Historique : pourquoi la lande ?

C’est au Moyen-Âge que l’influence de l’homme sur le couvert forestier est la plus marquante. La mise en valeur d’immenses territoires agricoles par des paysans défricheurs, puis l’exploitation intensive de la forêt pour les activités minières, métallurgiques et navales accentuent la régression de la forêt au profit de la lande.
Ces paysages de lande se sont, par la suite, maintenus au cours des siècles grâce à diverses activités humaines traditionnelles qui avaient pour effet de maintenir un niveau faible de nutriments dans le sol telles que le pâturage extensif (chevaux, vaches et moutons), la fauche pour la récolte de matériaux servant essentiellement pour la fourniture de fourrage pour le bétail, de litière, de compost mais aussi pour le paillage des légumes et la construction de palissades.

Une régression anthropique phénoménale

L’économie agro-sylvo pastorale a connu son apogée dans la première moitié du 19ème siècle qui fut aussi l’époque d’extension maximale des landes dans l’ouest européen. Le mouvement allait bientôt s’inverser…

Considérées comme des « terres incultes » par les uns, des « surfaces inutiles » par les autres, les landes ont subi les effets de l’abandon ou de la reconversion.

Les hommes qui, par leurs pratiques culturales, ont longtemps permis le maintien de la lande. Cependant, au 18ème siècle, les vastes étendues de landes (tout comme les friches et les marécages considérés comme « l’expression de la stérilité et de la pauvreté ») déclenchèrent chez les agronomes et dans les milieux progressistes un actif besoin de réforme du système de production agricole. Il fallait « défricher, assainir et cultiver » (Granger, 2003). C’est à partir du 19ème siècle que le défrichement devient très actif. Ainsi en Haut-Poitou, 30 000 ha de landes disparaissent entre 1860 et 1885.

Intensification agricole

Pour remplacer les zones de landes, l’Homme a tout d’abord cherché à rendre ces terres fertiles. Puis, de nouvelles pratiques agricoles intensives ont fait leur apparition et ont participé à l’accélération du processus. La politique productiviste a imposé aux agriculteurs une mise en valeur systématique des « incultes » en privilégiant les productions céréalières. Les landes ont été labourées, drainées, fertilisées pour pouvoir être cultivées ou transformées en prairies productives. Mais malgré les progrès de l’agriculture et l’usage croissant des engrais, la lande est toujours restée le support de médiocres cultures.
Ces pratiques existent toujours aujourd’hui mais ne constituent plus la principale menace car le besoin toujours plus grand d’engrais pour valoriser les landes décourage certains agriculteurs.

Utilisation à des fins sylvicoles

Cependant, c’est le boisement qui a été le plus employé pour la restauration économique des incultes. Des essais entrepris dès la fin du 18ème siècle notamment dans le département des landes, avaient montré que l’opération était possible. Ainsi se sont constituées de nouvelles régions forestières là où il n’y avait jadis que des landes.
La valorisation sylvicole des landes a au fil du temps pris le relais de la valorisation agricole des landes.
Cette pression sylvicole a en effet été encouragée par les politiques forestières ; l’état s’est ainsi positionné en faveur du boisement, renforçant encore le phénomène : il a créé des primes d’encouragement à l’enrésinement et a permis aux propriétaires reboisant leurs parcelles d’être exonérés d’impôts fonciers pendant trente ans.

Abandon des landes et évolution naturelle vers le boisement
La cause principale de régression des landes est le reboisement naturel que subissent les landes intervenant après l’abandon de leur exploitation agropastorale extensive.
La litière s’accumule au fur et à mesure que la lande vieillit, le sol s’enrichit : ajoncs, genêts à balais se multiplient et les premiers arbres, résineux et feuillus, apparaissent jusqu’à dominer l’ensemble.

Autres

Ces terres ont également servi, avec l’arrivée de l’ère industrielle, de zones privilégiées pour l’implantation d’activités polluantes ou dévoreuses d’espaces (construction de lotissements, routes, carrières, dépôts d’ordures…).

Un patrimoine culturel et naturel essentiel qui se perd…

La lande était autrefois un paysage commun qui s’étalait sur de vastes surfaces. Ainsi les brandes du Poitou occupaient un territoire de 80 000 ha en 1962 alors que leur superficie s’est réduite à moins de 5000 ha morcelés. Ce paysage est donc devenu complètement marginal de nos jours ; cette formation singulière ne ressemble à aucun autre type de paysage contemporain et mérite donc une attention particulière. D’un point de vue esthétique, la lande est à la fois étrange et attractive, à l’allure sauvage sous un ciel brumeux hivernal, ou colorée, sous un soleil estival ou automnal, d’une mosaïque de teintes attrayantes donnée par la floraison des bruyères et des ajoncs …

De plus, la lande a contribué à donner une identité historique et culturelle à la région. Les dizaines de noms reliés aux landes issus de la toponymie illustrent bien le lien étroit entre les zones de landes et leurs habitants. Les grandes brandes, les ajoncs, les bruyères, la lande…sont autant de noms qui ont franchi les ans pour persister aujourd’hui. En outre, à la lande étaient associées des pratiques agriculturales traditionnelles, témoins d’un certain mode de vie de l’époque et qui tendent à se perdre définitivement aujourd’hui.

Enfin, comme nous l’avons vu précédemment, la lande est un milieu à la biodiversité riche et unique, accueillant nombres d’espèces protégées à l’échelle régionale ou nationale et d’intérêt communautaire (Directives CE Habitats et Oiseaux) qu’il est absolument essentiel de préserver pour les générations à venir.