Pour une eau potable et sans pesticides

Pour une eau potable et sans pesticides

Suite aux découvertes sur la pollution de l’eau potable au Chlorothalonil à l’automne dernier, Vienne Nature et ses associations partenaires ont publié un communiqué de presse le 10 janvier 2024 ainsi qu’une lettre ouverte au préfet de la Vienne. Une pétition a également était co-lancée avec Greenpeace Poitiers.

Communiqué

Vienne Nature attend une réponse de la Préfecture concernant la qualité de l’eau destinée à la consommation humaine.

Fontaine-le-Comte, le 10 janvier 2024

Face à la pollution au Chlorothalonil, Vienne Nature, la LPO de la Vienne, l’UFC Que-Choisir de la Vienne et les Coquelicots de Châtellerault interpellaient en novembre dernier le préfet de la Vienne pour lui demander de se saisir des outils réglementaires à sa disposition afin de limiter les risques qu’un autre pesticide reproduise demain la situation actuelle.

Car pour le métabolite du Chorothalonil, fongicide suspecté par l’ANSES de présenter un risque cancérigène pour l’hommele mal est déjà fait. Le Chlorothalonil, mis sur le marché en 1970, a été épandu pendant 50 ans et a été seulement interdit en France depuis 2020. Dans les 2/3 du département, les concentrations du métabolite suspect dépassent déjà la limite règlementaire pour l’eau du robinet. Elles ne vont pas baisser dans les années à venir, et devraient même augmenter compte tenu de la lenteur d’infiltration des eaux de pluie vers les nappes.

De plus, d’autres métabolites du Chlorothalonil, non recherchés à cette heure, pourraient à l’avenir aggraver la situation. Les deux tiers de la France et d’autres pays sont touchés : la Suisse, elle, cherche et trouve 8 métabolites du Clorothalonil !

Le préfet de la Vienne n’a donné suite ni au courrier de nos associations ni aux questions de la Nouvelle République (article du 19 décembre 2023). Nous réitérons, dans une lettre ouverte publiée ci-dessous, notre demande que l’État et le préfet de la Vienne prennent leurs responsabilités afin de protéger la population.

Lettre ouverte – Qualité de l’eau destinée à la consommation humaine dans notre département

Fontaine-le-Comte, le 10 janvier 2024

Monsieur le Préfet,

N’ayant pas reçu de réponse de votre part à notre courrier du 14 novembre 2023, nous réitérons notre demande et vous renvoyons ci-dessous notre courrier.

Au nom de Vienne Nature, j’ai l’honneur d’attirer votre attention sur la nécessité de prévenir la répétition des contaminations graves et durables qui altèrent depuis des décennies la qualité de l’eau destinée à la consommation humaine dans notre département et mettent en danger la santé humaine. Les résidus de l’Atrazine et les métabolites du Metolachlore sont détectés et quantifiés depuis des années, dernièrement la présence quasi générale de métabolites du Chhlorothalonil découverte récemment a donné une dimension d’urgence à la prévention des pollutions diffuses.

Ces pollutions sur la longue durée sont irréversibles et ni les moyens techniques curatifs ni les moyens financiers disponibles ne permettent d’en pallier les effets dans des délais raisonnables. C’est pourquoi nous vous prions de bien vouloir mettre en œuvre tous les outils règlementaires dont vous disposez pour prévenir la répétition de pareilles situations.

Notre association a pris acte avec intérêt des arrêtés de DUP que vous avez signés en 2022 pour les captages d’eau potable de Fontaine de Maillé et de La Preille. Pour la première fois, vous y définissez l’objet des périmètres de protection en termes de protection « contre les pollutions diffuses » alors que vos précédents arrêtés se limitaient à la protection contre les « pollutions accidentelles ». En cela vous appliquez telles que traduites dans le SDAGE 20022-2027, les dispositions du Code de la Santé Publique et du Code de l’environnement.

Cependant nous avons regretté que dans les arrêtés cités plus haut vous n’ayez pas intégré dans la règlementation des périmètres de protection cet élargissement aux pollutions diffuses par nitrates et pesticides. Pourtant elles compromettent si gravement la qualité des eaux brutes fournies par ces captages que l’hydrogéologue agréé recommande pour Fontaine de Maillé d’en envisager l’abandon. Nous espérons que l’élargissement de votre périmètre d’intervention se traduira par des avancées règlementaires.

Dans cette perspective nous vous prions de bien vouloir relancer la lutte contre les pollutions diffuses en usant des textes règlementaires actualisés pour :

  • Faire bénéficier comme l’imposent le Code de la Santé Publique (L1321-2, 13, 14) et le Code de l’environnement (L215-13), tous les captages d’eau potable du département de périmètres de protection définis dans des arrêtés de DUP. Nous demandons de prioriser les captages les plus vulnérables et notamment ceux qui font l’objet d’arrêtés de dérogations.
  • Programmer la révision de tous vos arrêtés de DUP qui ne comportent pas de prise en compte des pollutions diffuses en commençant par les captages classés prioritaires et sensibles par le SDAGE en fonction de l’objectif de prévention de toutes les pollutions y compris diffuses.

Votre droit d’édicter des prescriptions liées aux pollutions diffuses est défini dans le Code de la Santé Publique (L1321-2 ; R1321-13 et 14). Ce rôle des Périmètres de Protection est rappelé dans la fiche N° 8 du document du Ministère de la Transition Ecologique consacré à la « Protection de la Ressource » : ils visent « à protéger contre toutes les pollutions et, a minima, contre les pollutions ponctuelles et accidentelles ». Le Ministère confirme plus loin : « les mesures prises dans le cadre des Protections des captages d’eau (PPC) n’excluent pas les mesures de protection contre les pollutions diffuses » (Page 4, « Focus sur les PPC »).

  • Introduire dans vos arrêtés, révisés ou nouveaux, des prescriptions limitant la fertilisation azotée et interdisant l’usage des pesticides dans tous les cas où les teneurs moyennes en nitrates dépassent les 40 mg/l et où des pics dépassent les 50 mg/l ; dans tous les cas où des pics de pollution par pesticides s’approchent des valeurs limite de 0,1 microgramme par litre pour chaque molécule et de 0,5 microgramme pour l’ensemble des molécules détectées.

Ces dispositions concerneront, outre les périmètres immédiats et rapprochés, tout ou partie des périmètres de protection éloignés selon les préconisations de l’hydrogéologue agréé.

  • Prescrire dans vos arrêtés, révisés ou nouveaux, une délimitation des périmètres de protection adaptée à la prévention des pollutions diffuses chroniques et non plus seulement à la prévention des pollutions accidentelles.
  • Prescrire, dans le cas de périmètres de protection éloignés très étendus, d’identifier les secteurs les plus contributeurs en nitrates et pesticides afin de pouvoir prioriser ultérieurement vos prescriptions en les adaptant à l’hétérogénéité des territoires et des modes d’occupation des sols.
  • Prescrire la définition des Aires d’Alimentation de Captage dans le cadre de la révision des arrêtés de DUP et la prescrire systématiquement dans les nouveaux arrêtés afin de faciliter, au-delà de vos prescriptions, des mesures volontaires prises à l’échelle des AAC dans le cadre de contrats territoriaux.

Je vous remercie par avance, Monsieur le Préfet, de bien vouloir prendre en compte nos propositions et vous prie d’accepter mes sentiments dévoués à l’intérêt public.

Le Président de Vienne Nature, Michel Levasseur

@C.MILLET_PCN