Charente Nature : les dangers de l’utilisation des pesticides

Charente Nature : les dangers de l’utilisation des pesticides

Retrouvez deux articles publiés par Charente Libre : le premier est une tribune de Charente Nature en réaction aux annonces du gouvernement sur le sujet des pesticides et le second est le témoignage de Thomas Loury, ingénieur agronome victime de l’utilisation des pesticides.

CHARENTE NATURE « ESTOMAQUÉE » D’APPRENDRE QU’ATTAL ABANDONNE L’INDICATEUR DE SUIVI DE RECOURS AUX PESTICIDES

Dans une tribune adressée à CL, Charente Nature s’appuie sur les expertises scientifiques qui ont démontré l’ampleur des impacts des pesticides sur la santé humaine et l’environnement pour dénoncer la décision prise il y a peu par le gouvernement Attal.

[VIDEO] A ANGOULÊME, THOMAS LOURY, 51 ANS DONT DOUZE ANS DE PARKINSON : IL RACONTE SA VIE CHAMBOULÉE

Thomas Loury n’avait que 39 ans quand la maladie de Parkinson lui a été diagnostiquée. C’était en 2012. Un tremblement intempestif, un mot qui fait peur. En cette veille de journée mondiale, ce père de quatre enfants raconte cette vie chamboulée.

Crédits photo : Jean-Pierre Sardin et Renaud Joubert

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Charente Nature : Exposition aux pesticides et son livret Santé Pesticides

FNE quitte le comité Ecophyto 2030

FNE quitte le comité Ecophyto 2030

France Nature Environnement a quitté le comité d’orientation stratégique et de suivi du plan Ecophyto 2030 ce lundi 12 février aux côtés de 6 autres associations (Fondation pour la Nature et l’Homme, Générations Futures, Humanité et Biodiversité, Réseau Environnement Santé, Ligue de Protection des Oiseaux et WWF France).

Le plan Ecophyto adopté en fin d’année 2023 prévoyait de réduire de 50% l’usage des pesticides d’ici 2030 par rapport à la période 2015-2017. En effet, suite aux grèves des agriculteurs, Gabriel Attal a déclaré le 1er février la mise en pause de ce plan.

Cette décision arbitraire a été prise en dehors du comité d’orientation stratégique et de suivi du plan, c’est pourquoi les associations ont décidé de se retirer.

Isabelle Loulmet, présidente de France Nature Environnement Nouvelle-Aquitaine nous explique plus en détail ce choix à l’antenne de RCF Poitou.

Orientation de la politique agricole au détriment de la transition écologique

Orientation de la politique agricole au détriment de la transition écologique

Suite aux mouvements des agriculteurs qui ont eu lieu en ce début d’année 2024 et aux réactions du gouvernement sur les orientations de la politique agricole en France, deux de nos associations membres ont souhaité réagir : Deux-Sèvres Nature Environnement et le Groupe Ornithologique des Deux-Sèvres.

La position du GODS sur la crise agricoles, 6 février 2024

En tant qu’APNE, impliquée au quotidien dans la défense de la biodiversité, notamment au côté des agriculteurs dans le cadre des mesures agro-environnementales, le GODS ne peut rester indifférent à la crise qui secoue le monde agricole.  

Si nous pouvons comprendre l’inquiétude, la colère et parfois la détresse exprimées par les manifestants, nous nous inquiétons des réponses hâtives fournies par le gouvernement.  

D’une part, elle constituent un recul significatif par rapport aux engagements pris, aux niveaux européens et national, pour commencer la transition vers une agriculture plus respectueuse de la santé des hommes et de l’environnement et plus attentive à la protection des biens communs que constituent l’eau et la biodiversité.  

D’autre part, elles ne résolvent en rien le problème fondamental d’un système de production alimentaire productiviste, contrôlé, des semences à la grande distribution, par un petit nombre d’acteurs et dont les premières victimes sont les agriculteurs eux-mêmes, pris dans une spirale mortifère associant surendettement, prix trop bas et assistanat.

En tant qu’acteurs de terrain, nous avons la conviction que seul un virage volontariste et rapide vers l’agroécologie, soutenu par des politiques publiques ciblées et dotées de moyens conséquents peut permettre d’imaginer un futur proche avec la production d’une alimentation de qualité dans le cadre d’exploitations de taille raisonnable, orientée vers la consommation locale, accessible à tous et pour laquelle les paysans reçoivent une juste rémunération.

Les mesures proposées ne nous paraissent pas de nature à amorcer enfin ces changements. Bien au contraire, en supprimant des barrières règlementaires pourtant largement insuffisantes, elles actent la victoire des lobbies de l’agrochimie, de l’industrie agro-alimentaire et de la grande distribution et, sans résoudre les difficultés quotidiennes des manifestants, annoncent des jours sombres pour notre environnement et la biodiversité.

Un éleveur heureux…ça existe

Voici le témoignage de Sébastien Quinault de l’EARL « Le Troupeau rouge » situé à Gourgé (79). Sébastien fait pâturer ses Salers sur les 70 hectares des parcelles de son exploitation. Elles sont nourries à l’herbe toute l’année, à 90% avec les ressources de la ferme. A la saison sèche, il complète l’alimentation par du foin de la ferme ou acheté à l’extérieur.

Il vend sa production en colis de 5 ou 10 kg à un réseau de particuliers adeptes de la viande de bœuf persillé, de très haute qualité sur les départements de la Vienne, des Deux-Sèvres, de Vendée et de Loire Atlantique. Une viande bio qui bénéficie du label Pâtures et Papilles, qui garantit la qualité de l’alimentation des vaches. La viande de bœuf et de veau, en fonction des naissances, est vendue emballée sous vide.

Mes prix de vente n’ont pas évolué depuis 2 ans, et c’est aussi grâce à vous ! La ferme trouve son équilibre financier en n’ayant que peu d’investissements, de bâtiments et de mécanisation, et je suis presque complètement affranchi des fluctuations du marché : en plus des ventes directes je vends des animaux à une coopérative bio où le prix est fixé par les éleveurs.
Évidemment les aides de la PAC viennent compléter le chiffre d’affaires à hauteur de 40% environ, et m’aident à poursuivre cette activité pour un élevage vertueux sur le long terme. 

Je n’ai que deux richesses: le troupeau et les prairies! Sans produits chimiques, avec peu de pétrole, je produis non seulement de la viande, mais aussi de l’eau potable de qualité (par les prairies), de la biodiversité (par le grand nombre de haies et d’arbres), et cet ensemble VIVANT permet de capter plus de carbone qu’il n’en émet. 
Bref, à titre personnel, et même si ça n’est pas facile tous les jours, je prouve que c’est possible et surtout : « je suis heureux du mal que je n’ai pas fait »…

Communiqué de presse de Deux-Sèvres Nature Environnement, 7 février 2024

Deux-Sèvres Nature Environnement, comme toutes les associations de protection de la nature, est très inquiète des nouvelles orientations en matière de politique agricole prises par le gouvernement français.

Les changements visant à stopper les actions en faveur de la transition écologique de notre agriculture auront des répercussions notoires dans notre département.

En effet, le département des Deux-Sèvres est un territoire rural avec 77 % de sa surface occupée par l’agriculture.

Nous sommes particulièrement inquiets de l’arrêt des dispositifs (Ecophyto) visant la limitation de l’utilisation des pesticides qui sont en grande partie responsables de l’érosion de la biodiversité, de la pollution des sols et de l’eau alors même que la qualité des eaux de notre département est déjà dans un état critique.

La majorité des molécules indésirables détectées dans les eaux provient de l’agriculture. Si la nature est capable de produire des poisons extrêmement violents (venin, insecticides…), elle est également en mesure de les dégrader et invente des stratagèmes pour épurer les eaux et assainir les sols.

L’Homme, dans sa volonté de contrôler la nature, a inventé des molécules synthétiques biocides, mais dont il est incapable de maîtriser les impacts. La nature n’est pas non plus en capacité de dégrader ces produits chimiques synthétiques.

Nous retrouvons dans les captages d’eau potable des molécules épandues il y a des dizaines d’années et, pire encore, qui se sont recombinées avec d’autres substances. Nous ne sommes pas en mesure d’évaluer la dangerosité de ces « cocktails » sur les populations ni sur les écosystèmes.

Le Président de la République et le Premier ministre ont affirmé pour l’utilisation des pesticides : « Il n’y aura pas d’interdiction sans solutions ». Cependant, nous n’avons aucune solution pour dépolluer les sols, l’eau potable et l’eau sauvage.

Techniquement et à grands frais (répercutés sur le consommateur), il est possible de filtrer une partie des molécules chimiques dans nos eaux de boisson, mais nous n’avons aucun moyen ni technique ni financier pour dépolluer les 436 000 ha de terres agricoles de notre département ni les 6 000 Km de cours d’eau des Deux-Sèvres.

La semaine dernière, on a évoqué dans les médias la souveraineté alimentaire. Or, l’agriculture intensive est inféodée aux importations d’engrais provenant de l’étranger. L’utilisation des engrais azotés a augmenté (87 kg/ha aujourd’hui contre 57 kg/ha en 1972), faisant de la France le plus gros consommateur d’Europe : on comprend mieux pourquoi de nombreux captages d’eau potable sont
inutilisables en raison d’un taux de nitrates dépassant les normes sanitaires.

Notre association, Deux-Sèvres Nature Environnement soutient tous les agriculteurs qui font le choix de changer de modèle agricole et de développer une vraie souveraineté alimentaire.

Ces agriculteurs s’engagent dans l’utilisation de solutions basées sur la nature. Ils favorisent les équilibres naturels pour limiter les invasions de prédateurs et les maladies. Ils veillent à la bonne santé des sols et des micro-organismes qui les composent, car un sol en bon état retient l’eau et permet aux plantes de pousser dans de bonnes conditions sans recours à la chimie.

L’agro-écologie est toutefois difficile à mettre en œuvre car elle nécessite une grande technicité de la part des agriculteurs et une bonne connaissance de l’agronomie. Là où la chimie peut, sans se poser de questions, anéantir les invasions des prédateurs, l’agriculteur qui veut préserver son environnement et sa santé devra faire appel à des connaissances fines des équilibres de la nature.

Les naturalistes de DSNE ont réalisé des inventaires dans 10 fermes du bocage de Gâtine engagées dans une agriculture respectueuse de l’environnement, les résultats sont impressionnants. Ils ont recensé 702 taxons de flore et 324 espèces animales.

Cette riche biodiversité accompagne des paysans et des paysannes. Elle permet le maintien des équilibres naturels et une meilleure production agricole avec des produits de qualité (sans pesticides).

Ce type d’agriculture doit être encouragé, il est le seul à permettre la préservation de notre eau potable et de notre santé tout en maintenant un cadre de vie sain pour les habitants de la ruralité.

De plus, l’agroécologie est en mesure de nourrir la totalité de la population mondiale* pour peu que les pouvoirs publics en aient la volonté et ne se plient pas aux intérêts des lobbys de l’agrobusiness au détriment de la santé publique et de l’avenir de très nombreux paysans et paysannes.

*https://www.inrae.fr/dossiers/alimentation-saine-durable/comment-nourrir-planete-2050


Pour aller plus loin

La réaction de notre fédération France Nature Environnement vis à vis de la réponse du gouvernement aux mouvements des agriculteurs qui acte un recul quant à la protection du vivant et à la transition vers une agriculture plus respectueuse de la biodiversité : https://fne.asso.fr/communique-presse/agriculture-gabriel-attal-tire-a-cote-de-la-cible-une-fois-sur-deux 

15 propositions pour une agriculture plus durable et plus juste (France Nature Environnement).