Trop de retenues (de substitution) tue les réserves (en eau) !

Communiqué de presse du 4 novembre 2008

Poitou-Charentes Nature s’insurge contre la multiplication anarchique de ces retenues qui en fin de compte ne servent qu’à conforter des pratiques nocives pour les milieux naturels et dangereuses pour la santé de l’homme.

Selon Pierre GUY, Président de la Fédération régionale Poitou-Charentes Nature, affiliée à France Nature Environnement « il est nécessaire de définir des dispositions réglementaires strictes de prélèvements en hiver et d’étudier l’impact des projets cumulés à l’échelle des bassins versants ».

Le manque d’eau estival est un problème récurrent en Poitou-Charentes. Les cours d’eau souffrent en été, et malgré cela ils doivent subvenir à des besoins toujours plus importants : alimentation en eau potable (car la ressource souterraine a été trop sévèrement polluée), irrigation… ce qui remet en cause le maintien de leur bon fonctionnement biologique.

Les irrigants demandent à la société de régulariser une situation qui s’est mise en place dans les années 70 et 80 en dehors de toute concertation et sans que l’administration ait eu la possibilité de vérifier l’adéquation des volumes prélevés par rapport aux possibilités des milieux naturels. L’irrigation s’est développée sans évaluation des impacts cumulés et sans contrôle efficace de l’administration (rapport conjoint des inspecteurs généraux des ministères de l’environnement et de l’agriculture – juin 2007).

Les retenues de substitution, réclamées avec véhémence par les agriculteurs, ont été imaginées pour prétendre améliorer la gestion de l’eau, notamment afin de répondre aux problèmes estivaux d’assecs ; elles ne règlent en fait que la sécurisation de l’approvisionnement en eau pour une irrigation massive !

Le déficit en eau est seulement déplacé dans la saison, avec un pompage dans les cours d’eau ou dans les nappes aquifères hors périodes de basses eaux, en substitution des prélèvements estivaux, sans réelles précautions pour respecter les crues utiles de l’hiver, et sans évaluation de l’effet cumulé des projets dans chaque bassin versant.

Par ailleurs, nous constatons tous les jours que la qualité des milieux naturels et de l’eau, y compris celle servant à l’eau potable, ne s’améliore pas : les retenues ne permettent que de maintenir une agriculture intensive gourmande en eau et en polluants (nitrates, pesticides…). ce qui est en totale contradiction avec les objectifs du Plan Régional Santé Environnement et avec ceux des projets de loi du Grenelle de l’Environnement. Leur intérêt économique n’est avéré que du point de vue de grands agriculteurs céréaliers qui trouvent là une solution parfaite pour pérenniser leur activité.

Le financement de ces retenues d’intérêt privé est réalisé à 70%, parfois plus, par des fonds… publics ! Mais tout le monde n’en profite pas : les céréaliers seront une nouvelle fois les mieux servis. Dans chaque cas, le projet ne profite qu’à une minorité des agriculteurs du bassin. Cette minorité a néanmoins le soutien total et inconditionnel de certains élus et de l’Etat !

Il est impensable que les retenues de substitution soient présentées comme étant la solution exclusive aux problèmes de quantité d’eau, alors que la modification des assolements et l’accompagnement de la désirrigation seraient au moins aussi efficaces, et auraient l’avantage de préserver l’environnement !

Le Président, Pierre GUY