Des bassins saumâtres aux lacs de montagne, des zones de source aux stations de retraitement d’eaux surpolluées, il n’est guère de milieux aquatiques qui ne puissent être colonisés par des odonates. Leurs capacités d’adaptation sont telles qu’ils peuvent vivre dans les tourbières acides ou dans des sources pétrifiantes. Certaines espèces sont adaptées aux eaux vives et suroxygénées des accélérations des rivières, d’autres aux eaux stagnantes et eutrophes des marais. Au plan régional, seules les eaux trop salées ou les points d’eau trop éphémères ne permettent pas le développement des larves.
Certaines espèces font preuve d’une grande plasticité écologique et peuvent à la fois se reproduire dans des cours d’eau et des étangs. La plupart des espèces ont cependant une préférence soit pour les eaux courantes (milieu lotique) soit pour les eaux stagnantes (milieu lentique).
Quelques espèces ont développé des exigences particulières et se comportent en spécialistes. Le Leste à grands stigmas Lestes macrostigma fait partie de celles-ci. Ce zygoptère ne s’observe que dans des eaux douces l’hiver, devenant progressivement saumâtres à partir du printemps. Ce leste est donc confiné à certaines anciennes lagunes, déconnectées du réseau salé. Il y vit en étroite association avec une plante, le Scirpe maritime Bolboschoenus maritimus, qui présente les mêmes exigences écologiques.