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Plantes – Oiseaux – Insectes – Mammifères, reptiles
Qu’il s’agisse de landes à bruyères mésophiles ou xérophiles, de landes à ajoncs ou à genêts, l’ensemble de ces milieux naturels est marqué par une remarquable richesse écologique. En effet, les landes constituent un habitat essentiel au développement de nombreuses espèces inféodées exclusivement à ce type de paysage ouvert, buissonnant et dense.
Dans l’objectif de mettre en évidence l’intérêt patrimonial des landes picto-charentaises, nous avons dressé une liste non exhaustive des espèces rencontrées sur les sites inventoriés à l’échelle régionale (cf. tableau 1). Cette liste rassemble les espèces d’intérêt patrimonial, c’est-à-dire bénéficiant d’une protection nationale/régionale, ou inscrites sur les Listes rouges nationale/régionale (ROCAMORA & YEATMAN-BERTHELOT, 1999), ou retenues comme déterminantes en Poitou-Charentes (JOURDE & TERRISSE, 2001), tout en distinguant les espèces typiques des landes.
Cependant, cette analyse ne permet aucune comparaison qualitative régionale, car les sites recensés au cours du programme n’ont pas fait l’objet d’inventaires faune-flore systématiques, mis à part pour la Charente-Maritime. Ces données proviennent donc d’inventaires localisés sur quelques sites pilotes, hors protocole (CREN, Natura 2000, réserve naturelle…).
Plantes retour
Les landes abritent des habitats rares voire menacés : 64 espèces patrimoniales y ont été inventoriées. Parmi celles-ci, 8 sont protégées à l’échelon national et 15 autres sur le Poitou-Charentes.
C’est plus particulièrement dans les landes humides que l’on retrouve une richesse botanique importante, les conditions biologiques particulières de cet habitat ayant entraîné le développement d’une flore hautement spécialisée dont les éléments les plus spectaculaires sont les plantes carnivores : Droséras (Drosera intermedia, D. rotundifolia), Grassette du Portugal (Pinguicula australis), Utriculaire australe (Utricularia australis, U. Minor).
Sur les landes sèches, on trouve également de nombreuses plantes patrimoniales, notamment des orchidées comme le Sérapia en cœur (Serapias cordigera), la seule station régionale connue étant située sur une lande des Deux-Sèvres, et le Glaïeul d’Illyrie (Gladiolus illyricus). Ces plantes se développent dans les clairières et les layons entretenus.
Oiseaux retour
Parmi les espèces d’oiseaux observées dans les landes, 10 sont inscrites à l’annexe I de la Directive européenne 79/409 dite « Directive Oiseaux ». L’espèce phare de ce milieu est sans conteste la Fauvette pitchou (Sylvia undata). En régression lente mais régulière en Poitou-Charentes, cette petite fauvette fréquente presque exclusivement les landes, où elle trouve des conditions proches des maquis du pourtour méditerranéen, bastion de l’espèce. La conservation de cette espèce dépend ainsi strictement de celle des landes.
D’autres espèces d’intérêt communautaire comme les Busards cendré (Circus pygargus) et Saint-Martin (C. cyaneus) y sont également bien représentées. Les landes constituent leur milieu originel de nidification, et les couples qui s’y établissent connaissent une reproduction bien meilleure qu’en zone céréalière (mortalité lors des moissons). De même, l’Engoulevent d’Europe (Caprimulgus europaeus), amateur d’espaces ouverts à végétation basse, est un hôte régulier des landes, surtout si elles sont à proximité d’espaces boisés.
On rencontre enfin un cortège composé d’espèces qui apprécient particulièrement les landes sans y être inféodées, comme la Locustelle tachetée (Locustella naevia) et l’Alouette lulu (Lullula arborea). Quant au Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), au régime alimentaire principalement composé de reptiles, il fréquente très régulièrement les landes sèches pour chasser lézards ou couleuvres.
Amphibiens retour
Sept espèces d’amphibiens ont été observées sur ces landes, en particulier dans les landes humides où elles trouvent des points d’eau pour se reproduire : mares, parfois creusées pour l’extraction d’argile ou de pierres meulières sur bon nombre de sites, mais aussi ornières et fossés.
Parmi celles-ci, deux sont plus particulièrement intéressantes : le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) et le Triton crêté (Triturus cristatus), espèces inscrites à l’annexe II de la Directive Habitats. Cependant, aucune de ces espèces n’est inféodée aux habitats de landes. Elles dépendent surtout de milieux lentiques marqués par la présence de prairies et/ou boisements à proximité.
Insectes retour
- Rhopalocères
Six espèces patrimoniales de Lépidoptères diurnes ont été observées sur les landes de la région, dont 3 inscrites à la Directive Habitats (annexes II et IV), toutes dépendantes des landes humides ouvertes, permettant le développement de leurs plantes hôtes.
Le Fadet des laîches (Coenonympha oedippus) trouve sur les landes de Charente-Maritime 3 sites de reproduction, soit la plus importante des populations de la région. Cette espèce, seulement présente au sud du Poitou-Charentes, figure parmi les plus menacées de la région puisqu’elle a déjà disparu de nombreuses localités du département charentais et des Deux-Sèvres. Elle dépend notamment des habitats associés aux landes humides, bas-marais à Choin et Molinie, où se développent ses plantes hôtes.
Quant à l’Azuré des mouillères (Maculinea alcon), il ne se rencontre en Deux-Sèvres que sur une lande humide ouverte. Découverte récemment, cette population est d’autant plus fragile qu’elle se réduit à un seul site de prairie et lande humide à Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe), où se trouvent également ses fourmis hôtes.
- Odonates
Parmi les 20 Odonates inscrits sur la Liste rouge du Poitou-Charentes, 8 se retrouvent sur les sites de landes.
Au sein de ceux-ci, la famille des Leucorrhines figure parmi les plus inféodées aux landes humides. Leurs exigences écologiques nécessitent des milieux lentiques oligotrophes ou mésotrophes moyennement végétalisés, fréquemment acides, et situés dans un environnement assez ouvert. La région accueille les Leucorrhines à large queue (Leucorrhinia caudalis) et à gros thorax (L. pectoralis), deux des 4 espèces présentes en France (toutes avec des aires de répartition disjointes). De plus, elles présentent le statut de conservation le plus défavorable (inscrites aux annexes II et IV de la Directive Habitats, inscrites « en danger » sur la liste rouge nationale).
L’ultra-spécialisation de ces espèces ainsi que la fragilité de leurs populations régionales rendent la sauvegarde de ces landes prioritaire pour leur maintien.
- Orthoptères
Au total quatre espèces de criquets ont été identifiées sur les landes lors des inventaires. On y rencontre le Criquet des ajoncs (Chorthippus binotatus) qui, comme son nom l’indique, se nourrit strictement de jeunes pousses d’ajoncs.
D’autre part, la présence du Criquet ensanglanté (Stetophyma grossum) est particulièrement intéressante. Autrefois, très largement répandu, ses effectifs ont beaucoup décliné lors des dernières décennies en raison de la régression de ses habitats : les landes humides. Exclusivement inféodé aux secteurs humides, proches des tourbières, il fait partie des orthoptères les plus gravement menacés d’extinction en France.
Mammifères, Reptiles retour
Aucune donnée ne peut être analysée de façon significative concernant ces groupes puisque aucune espèce n’est spécifiquement inféodée à l’habitat des landes.
Malgré leur étendue régionale fortement relictuelle, cette brève analyse montre que les landes picto-charentaises offrent encore une forte valeur patrimoniale. Toutefois, leur vieillissement entraîne une homogénéisation de leur structure et, de ce fait, une perte de leur diversité floristique puis faunistique.
Il est donc urgent de retrouver une gestion agropastorale, voire environnementale, de ces espaces pour préserver l’ensemble de la biodiversité qui leur est associée. De plus, la dislocation continue des grands ensembles de landes pose désormais le problème de la connectivité entre les populations d’espèces strictement inféodées aux habitats de landes.