Rédacteur : Guy Chézeau
Physionomie-écologie
Il s’agit de communautés des milieux saumâtres. En Poitou-Charentes, on les rencontrera donc uniquement sur le littoral charentais maritime. Le caractère méditerranéen et thermo- atlantique de cette formation lui permet de s’exprimer en priorité sur le littoral saintongeais.
Le Tamaris d’Angleterre Tamarix gallica est une espèce qui résiste bien au sel et au vent, on l’observe donc à proximité immédiate du littoral ; cependant, il borde volontiers les fossés en zone de marais et peut s’enfoncer alors à l’intérieur des terres.
Le tamaris est un arbuste peu exigeant sur la qualité des sols, il réclame pourtant une certaine fraîcheur et préfère les terrains légers, argilo-sableux. La plante appartient à un genre qui présente des caractères morphologiques permettant une parfaite adaptation aux conditions de vie subdésertiques dont plusieurs se rencontrent en milieu littoral. Les feuilles, minuscules, sont dépourvues de stomates sur leur face supérieure, assurant au tamaris une bonne résistance à un climat très ensoleillé et à des sécheresses périodiques. La biologie de la plante l’apparente aux saules : habitat, graines de petite taille munies d’une aigrette ce qui facilite une réinstallation rapide après l’inondation, enfin bouturage très facile. Le tamaris absorbe des quantités importantes de sel.
La plante, très rameuse, se couche volontiers et multiplie son enracinement par marcottage : ainsi se forment de véritables fourrés laissant peu de place à l’installation d’autres espèces.
Phytosociologie et correspondances typologiques
PVF 2004
- NERIO OLEANDRI-TAMARICETEA AFRICANAE Br.-Bl. &O. Bolos 1958
- TAMARICETALIA AFRICANAE Br.-Bl.& O. Bolos 1958
- Tamaricion africanae Br.-Bl. & O. Bolos 1958
- TAMARICETALIA AFRICANAE Br.-Bl.& O. Bolos 1958
COR 1991
- 44.813 Fourrés de tamaris
Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats
nc.
Confusions possibles
La situation, les conditions stationnelles, la présence du tamaris ne laissent la place à aucune confusion concernant cet habitat.
Dynamique
On n’observe pas de dynamique propre.
Lorsque les conditions du milieu sont stables, notamment en
l’absence d’intervention humaine (assèchement, débroussaillage…) l’habitat ne présente pas de dynamique.
Espèces indicatrices
[plante2] | Tamarix gallica |
[plante1] | Crataegus monogyna, Prunus spinosa, Solanum dulcamara, Ulmus minor |
[champignons] | Leucoagaricus idae-fragum |
[oiseaux] | Luscinia svecica namnetum |
[amphibiens] | Hyla meridionalis |
[lepidopteres] | Parapodia sinaica (galle provoquée par un lépidoptère) |
[coleopteres] | Psecrosema tamaricum (galle provoquée par un diptère) |
Valeur biologique
Dans les marais littoraux, les haies de tamaris sont souvent les seules formations ligneuses pouvant atteindre deux à trois mètres de hauteur, elles constituent donc des brise-vent efficaces en même temps que des refuges et des observatoires pour de nombreux passereaux, voire d’autres animaux : insectes, reptiles….
Leur valeur biologique tient donc au rôle qu’elles jouent en
faveur des espèces qu’elles peuvent héberger de manière temporaire ou définitive. C’est tout particulièrement le cas pour la Gorgebleue à miroir blanc de Nantes Luscinia svecica namnetum, une sous-espèce endémique du littoral franco-atlantique (entre le sud Finistère et le bassin d’Arcachon) et dont la région Poitou-Charentes accueille près du cinquième de la population mondiale.
Menaces
Cet habitat est en régression. L’assèchement des zones humides, le nivellement des bosses, le remplacement des tamaris par des espèces allochtones également résistantes au sel comme le Séneçon en arbre Baccharis halimifolia sont autant de facteurs défavorables qui participent à sa raréfaction.
Statut régional
En Poitou-Charentes l’habitat est limité au littoral de la Charente-Maritime.
17 : îles de Ré, d’Aix, d’Oléron, Madame, marais de Brouage, marais de Seudre, estuaire Gironde.
La Gorgebleue à miroir blanc de Nantes Luscinia svecica namnetum est une espèce migratrice, présente dans nos contrées entre le début mars et septembre-octobre. En Poitou-Charentes, elle se cantonne surtout dans les anciens marais salants où les arbustes halophiles – Soude arbrisseau, Salicorne ligneuse – et les bosquets de tamaris lui servent à la fois de perchoir, de poste de chant et de site de nidification.