Aeshna grandis (Linnaeus, 1758).
Grande Aeschne
Répartition
Cette espèce possède une vaste répartition allant du nord à l’est de l’Europe jusqu’en Sibérie.
En France, elle est présente essentiellement sur les reliefs et dans le quart nord-est du pays.
Mentions anciennes
Cette belle aeschne d’origine euro-sibérienne n’a pas été observée dans la région depuis au moins un siècle ! Et on peut d’ailleurs s’interroger dans quelle circonstance elle le fut un jour. Gelin (1908), remarquait fort justement à propos d’A. grandis, « (qu’)il n’a encore été fait dans l’Ouest aucune capture authentique ».
En Charente-Maritime, sa présence éventuelle repose sur l’observation de Beltremieux (1884), au sein d’une liste très réduite de 8 taxons, étrangement hétérogène quant au statut des espèces signalées, les plus rares côtoyant les plus communes (Jourde, 2005). Sa présence en Vienne et en Charente est seulement mentionnée dans un tableau de synthèse publié par Martin (1907b), qui ne fait aucun commentaire à son sujet. La légende du tableau indique que l’espèce est rare ou exceptionnelle en Charente, et commune en Vienne. Cette information est étonnante, car Martin la signalait à la même époque comme rare dans l’Indre limitrophe (1888c, 1907b). L’hypothèse d’une population isolée, mais abondante, en Vienne est peu crédible. Par contre, il serait logique que l’auteur ait pu la rencontrer exceptionnellement dans le Montmorillonnais, proche de la Brenne, et qu’il fréquentait régulièrement. La Grande aeschne n’a jamais été mentionnée dans les Deux-Sèvres.
Données récentes et potentialités régionales
Les inventaires des deux dernières décennies n’ont pas modifié le statut de cet odonate dans la région centre, où il est considéré comme rare (Lett et al., 2001), et notamment en Brenne, où il n’existe aucune observation récente. En définitive, les stations de reproduction les plus proches se situent aux confins de la Haute-Vienne, de la Corrèze et de la Creuse, avec une abondance optimum au-dessus de 450 m d’altitude (Guerbaa, 2002). Déjà éloigné de la limite occidentale de répartition de l’espèce, le Poitou-Charentes, avec une altitude maximum de 366 m (nord-est de la Charente), a peu de chance de l’accueillir. Le réchauffement climatique pourrait, de plus, accélérer un retrait progressif d’Aeshna grandis vers des altitudes plus élevées, et l’éloigner définitivement de notre région.
Bibliographie
Beltremieux E., 1884 – Faune vivante de la Charente-Inférieure. Académie des belles lettres, Sciences et Arts de la Rochelle. Extrait Annales Soc. Sci. Nat. Charente-Inférieure.
Gelin H., 1908 – Catalogue des Orthoptères et Libellules observés dans l’ouest de la France (zone littorale océanique d’altitude inférieure à 300 m). Clouzot, Niort : 35-57.
Guerbaa K., 2002 – Les espèces d’odonates « remarquables » du Limousin. Martinia 18(1) : 3-12.
Lett JM., Cloupeau R., Pratz JL. et Male-Malherbe E. (Coord.), 2001 – Liste commentée des Odonates de la région Centre (Départements de Cher, de l’Eure-et-Loir, de l’Indre, de l’Indre-et-Loire, du Loir-et-Cher et du Loiret). Martinia 17 (4) : 123-168
Martin R., 1888c – Tableau synoptique (Faune de France). Tribu des aeschnines. (Insectes névroptères du sous-ordre des odonates). Feuille jeun. Nat., 18 (211) : 99-103.
Martin R., 1907b – Les odonates de la Haute-Vienne, (suite et fin). Revue scient. Limousin, 15 (170) : 17-20.