Rédacteur : David Suarez
Physionomie-structure
Les habitats de dalles rocheuses se développent sur le sommet des rochers nus, corniches de falaises, éboulis, mais aussi sur les zones sableuses dénudées. Ces conditions stationnelles peuvent être d’origine naturelle, liées à l’érosion, mais aussi d’origine anthropique comme les carrières ou les grands talus routiers ou ferroviaires. La roche peut être carbonatée, cas majoritaire dans la région, avec une granulométrie variable (calcaire plus ou moins dur, craie), ou siliceuse (granites, schistes, grès). Le type de roche est important car il définit les associations végétales qui vont s’y développer, et dont la physionomie est proche. Ces habitats se présentent sous la forme de pelouses très écorchées, composées principalement de chaméphytes ou de thérophytes adaptés, qui occupent des lithosols très fins ou les fissures des roches, le plus souvent en situation horizontale ou sur des pentes légères.
D’autres groupements se développent sur les parois verticales et ne doivent pas être confondus avec les végétations des dalles, même s’ils sont souvent en contact direct. On notera également que des communautés végétales semblables se rencontrent sur certains sommets de vieux murs.
En région Poitou-Charentes, il existe 2 grands types de communautés, qui appartiennent à des associations qui diffèrent en fonction de la nature de la roche : les pelouses médio-européennes sur débris rocheux (sur calcaire : Alysso-Sedion albi , sur silice : Sedo-Veronicion dilenii ), et les dalles de rochers et lapiaz à peu près nus. Sur les sables calcaires on observe des groupements similaires, appartenant au Sileno conicae-Cerastion semidecandri .
Caractéristiques biologiques
Les conditions écologiques difficiles qui règnent sur ces habitats rocheux (quasi absence de substrat, sécheresse…) ne permettent qu’à certaines espèces végétales très spécialisées de s’installer. Il s’agit principalement de chaméphytes crassulescents (orpins), de thérophytes fugaces qui profitent des pluies printanières et automnales pour se développer rapidement, ainsi que de nombreux lichens auxquels s’ajoutent quelques espèces vivaces issues des pelouses plus denses, souvent associées aux groupements de dalles.
Les dalles rocheuses peuvent hébergent des espèces végétales rares, notamment lorsqu’il s’agit de roches siliceuses, moins répandues en Poitou-Charentes, avec par exemple le Millepertuis à feuilles de linaire Hypericum linariifolium sur les contreforts du Massif Central en Charente et Vienne limousines, ou les rarissimes Gagée de bohème Gagea bohemica, Silène de Bastard Silene vulgaris ssp bastardii et Orpin d’Angers Sedum andegavense en Deux-Sèvres.
Concernant la faune, les superficies très faibles occupées par ces habitats et les conditions particulières qui y règnent, favorisent surtout de petites espèces spécialisées, comme des insectes, arthropodes et mollusques, ainsi que des reptiles, qui profitent de l’ensoleillement et de la chaleur de la roche pour leur thermorégulation.
Espèces caractéristiques
Erophila verna, *Gagea bohemica, *Hornungia petraea, *Hypericum linariifolium, Rumex acetosella, Saxifraga tridactylites, *Scleranthus perennis, Sedum acre, *Sedum andegavense, Sedum album, Sedum ochroleucum, Sedum rupestre, Scilla autumnalis | |
Podarcis muralis |
Classification
Végétation des dalles calcaires
- Pelouses médio-européennes sur débris rocheux calcaires ALYSSO-SEDION ALBI
- Pelouses des sables calcaires SILENO CONICAE-CERASTION SEMIDECANDRI
- Dalles rocheuses calcaires ALYSSO-SEDION ALBI
Végétation des dalles siliceuses
- Pelouses médio-européennes sur débris rocheux siliceux SEDO-VERONICION DILENII
- Dalles rocheuses siliceuses SEDO-VERONICION DILENII