Conclusion

La couverture de l’atlas est inégale selon les départements, les milieux prospectés et les méthodes utilisées. Les résultats les plus homogènes concernent la période hivernale au cours de laquelle ont eut lieu des prospections assez complètes en milieu souterrain. La majorité des grands sites d’hibernation est désormais identifiée. En revanche on constate un déficit d’information important à propos des gîtes de reproduction en milieu bâti en dehors de la Vienne, et un manque général de données pour les gîtes arboricoles. Les ponts n’ont été prospectés assidûment que dans les Deux-Sèvres. A propos des méthodes utilisées, on peut noter l’emploi limité des détecteurs d’ultrasons à l’exception de la Charente-Maritime.

Le Poitou-Charentes accueille en l’état actuel de nos connaissances 20 espèces de chiroptères sur les 29 que compte la faune française. Cette richesse spécifique est assez élevée pour une région de plaine, et il est probable que cette liste s’enrichisse à l’avenir d’une nouvelle espèce, le Petit Murin (Myotis blythi) dont la présence n’est pour l’instant que suspectée. Les potentialités pour d’autres espèces, telle que la Vespère de Savi (Hypsugo savii) découverte dans le sud limousin en 1991 (Barataud et Genest, 1991), sont, par contre, extrêmement minces.

Toutes les chauves-souris sont protégées à des degrés divers tant au niveau national qu’international. Parmi les vingt espèces qui peuplent notre région, 8 sont notamment inscrites à l’annexe II de la Directive Communautaire « Habitats » : Grand Rhinolophe, Petit Rhinolophe, Rhinolophe euryale, 81
, Murin à oreilles échancrées, Murin de Bechstein, Barbastelle, Minioptère. Ces espèces présentent pour certaines d’entre elles des effectifs importants par rapport au niveau national connu :

  • 17% de la population hibernante de Grand Rhinolophe ;
  • environ 10% de la population hibernante de Petit Rhinolophe ;
  • la plus importante colonie de reproduction de Murin à oreilles échancrées connue en France, établie dans un site de Charente-Maritime ;
  • environ 10% de la population hibernante de Minioptère, qui occupe depuis des décennies la grotte de Rancogne en Charente.

Le rôle du Poitou-Charentes dans la conservation des chiroptères français est donc loin d’être négligeable et ce d’autant plus que l’on a constaté une diminution des effectifs voire la disparition des colonies dans un certain nombre de sites locaux. Ceci est notamment vrai pour le Rhinolophe euryale qui a disparu des Deux-Sèvres et de Charente au cours des trente dernières années ou du Minioptère qui ne se reproduit plus dans la Vienne.

La protection des gîtes à chiroptères n’est toutefois pas encore très développée dans la région Poitou-Charentes. Actuellement deux sites seulement bénéficient d’une protection réglementaire : la carrière des Pieds Grimaud dans la Vienne, qui abrite entre 700 et 800 chauves-souris chaque hiver (11 espèces) et les grottes de Loubeau près de Melle dans les Deux-Sèvres, refuge d’un essaim hivernal de Grands Rhinolophes. Nos partenaires dans ces opérations sont la Direction Régionale de l’Environnement Poitou-Charentes (DIREN), qui assure la mise en œuvre de mesures de protection réglementaires, et le Conservatoire d’Espaces Naturels de Poitou-Charentes, qui gère des espaces, des grottes, en accord avec les propriétaires.
On notera en plus quatre colonies de Grands Murins préservées par convention entre associations de protection de la nature et particuliers ou collectivités.

Les informations contenues dans cet atlas préliminaire nous indiquent clairement la marche à suivre désormais. La recherche des colonies de parturition en milieu bâti doit être intensifiée ainsi que la prospection des habitats boisés et la découverte des gîtes arboricoles. Une action prioritaire sera également de mettre l’accent sur l’identification des zones d’alimentation autour des colonies estivales.

Nous pourrons ainsi, avec l’aide de nos partenaires, poursuivre et développer une politique de protection globale en préservant les trois éléments essentiels que sont pour nos chauves-souris, les gîtes d’hibernation, les gîtes de parturition et les territoires de chasse.

Olivier PREVOST.