En 230 pages, dont 196 pages couleur, ce catalogue recense 364 sites sur l’ensemble du Poitou-Charentes pour une superficie de près de 6900 ha.
Préambule
Cette version actualisée de l’inventaire publié en 2006 a permis de regrouper un certain nombre de sites proches. Il comprend la liste des espèces patrimoniales présentes et des espèces caractéristiques rencontrées, ainsi qu’une fiche avec localisation et description pour chaque site. On y trouve aussi des cartes indiquant les différentes menaces pesant sur les sites.
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Le paysage des landes est intimement lié à l’histoire du Poitou. Pour comprendre leur dynamique, il nous faut donc plonger des siècles en arrière…
Il y a des millions d’années, la région Poitou-Charentes couvre un territoire où affleurent des roches de nature variée : roches magmatiques du Massif armoricain et du Massif central et roches sédimentaires du Bassin parisien et du Bassin aquitain. La succession des dépôts de sables, d’argiles, de marnes et de calcaires à cette lointaine époque a engendré des sols parfois presque stériles et toujours difficiles, appelés terres de brandes. Sur ces reliefs, l’action conjuguée des incendies naturels et des grands herbivores maintenait de grandes superficies de landes rases en limitant l’extension de la forêt.
Puis, l’activité humaine apparaît dans la région et commence alors un long processus de dégradation de la forêt originelle. Au Moyen Âge, naissent les droits d’usage. C’est autour des massifs forestiers, propriétés des grands seigneurs, que se concentre la population paysanne. En échange de redevances, elle y trouve le bois nécessaire pour se chauffer et cuire ses aliments. Nombre d’artisans et d’industries utilisent également les ressources de la forêt comme matières premières (bois et minerais) : charbonniers, vanniers, menuisiers, charpentiers, potiers, tuiliers, forgerons… et bien sûr les carriers qui arrachent au sol pendant des siècles les pierres meulières, à l’origine de ce paysage lunaire si particulier du Poitou.
En tout état de cause, au 17e siècle, le paysage régional se partage entre de vastes étendues de landes et des restes de massifs forestiers, au grand dam de leurs propriétaires. Ainsi, près de la moitié du Poitou est occupée par ces terres incultes dont les paysans savent tirer parti pour le pacage des animaux. La brande est alors utilisée pour l’allumage des cheminées et des fours, la construction de hangars agricoles, de toits, la composition des litières pour le bétail… Parfaitement intégrées aux usages courants de l’époque, les landes sont entretenues par le feu qui maintient ce milieu ouvert. Les incendies répétés et l’exportation continue de la matière organique (pâturage, coupe…) contribuent à appauvrir le milieu et donc à l’entretenir. À cette époque et jusqu’au début du 20e siècle « les brandes du Poitou » eurent le privilège de compter parmi les derniers refuges des loups français assurent les spécialistes de l’espèce, ce que confirment les pratiques et écrits des chasseurs à courre du département de la Vienne, en particulier dans le Montmorillonnais.
Les loups disparurent en même temps que ces milieux si particuliers, souvent décrits par les auteurs anciens comme de « mornes étendues couvertes de bruyère à balais, d’ajoncs, de genêts, de callune, de fougère, de molinie associées à des sols de mise en valeur très difficile ». Considérés par les agronomes comme des paysages stériles et pauvres, ces milieux subirent de plein fouet l’actif besoin de réforme du système de production agricole mis en place par les milieux progressistes : il fallait « défricher, assainir et cultiver » ! Le 19e et le 20e siècle amplifient le phénomène avec l’apparition de moyens techniques plus performants. Ainsi, de 1860 à 1885, 30 000 ha de landes disparaissent de notre région. Voilà donc bien la cause première, avec ensuite le boisement anthropique, de la disparition des landes poitevines.
À la même époque émergeait un mouvement de protection des sites et paysages qui naissait de « l’idée de la dégradation du paysage offert en pâture aux appétits productivistes de la population rurale et de la bourgeoisie ». Il ne fit cependant pas le poids face au nécessaire « bonheur du peuple » qui passait par le défrichement, l’assainissement et la culture. Puis, ce furent les naturalistes qui s’attachèrent à la prise en compte des landes et de leur conservation, une action qui aboutit finalement à leur reconnaissance comme une richesse écologique et à leur intégration dans les politiques environnementales de la France et de l’Europe.
À ce stade, il reste encore beaucoup de travail à faire en faveur des landes en général et de celles du Poitou et des Charentes en particulier – dont les surfaces se réduisent toujours – pour les intégrer pleinement dans les politiques en faveur de la biodiversité, au même titre que dans les politiques de qualité paysagère et d’histoire culturelle. Les brandes sont en effet un pan de l’histoire humaine, naturelle et culturelle du Poitou-Charentes qu’il convient de faire connaître et de valoriser à travers des mesures de conservation intelligentes et pragmatiques.
Partant de ces constats, en 2001, la Ligue pour la Protection des Oiseaux de la Vienne a proposé à Poitou-Charentes Nature et à ses associations membres, la mise en œuvre d’un programme intitulé « Pour une sauvegarde des landes du Poitou-Charentes », dont l’objectif général est la préservation des milieux et des paysages de landes et des espèces de faune et de flore qui y sont associées.