Minioptère de Schreibers

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive Habitats : Annexes 2 et 4

Convention Berne : Annexe 2

Convention Bonn : Annexe 2

Liste Rouge Nationale : Vulnérable

Liste Rouge Mondiale : Faible risque

Répartition régionale

Le Minioptère de Schreibers est une espèce migratrice fortement grégaire dont le Poitou-Charentes constitue la limite septentrionale d’aire de répartition dans l’ouest de la France.

Actuellement, seules deux colonies de parturition sont connues en Poitou-Charentes. La plus importante (colonie mère) se situe en Charente, près de la Rochefoucauld ; l’autre se trouve en Charente-Maritime et ne revêt qu’un caractère satellite par rapport à la première. Il est en effet très probable que les animaux de Charente-Maritime hibernent pour la grande majorité en Charente.

Quelques données de baguage attestent d’ailleurs l’existence d’échanges d’animaux entre ces deux départements.

Durant les périodes de transit, un grand nombre de cavités sont utilisées. Ainsi, dès le début avril, des Minioptères s’assemblent dans quelques carrières désaffectées de Charente-Maritime, avant de rejoindre leur gîte de reproduction à la fin du mois.

A l’automne, l’erratisme est plus marqué et des animaux apparaissent régulièrement dans les carrières du pays savinois, dans la région d’Angoulême, voire en Vienne et en Deux-Sèvres où l’espèce se reproduisait il y a une quarantaine d’années (Melle et Lussac-les-Châteaux).

Certains individus s’attardent même tout l’hiver dans certaines cavités de Charente-Maritime (région de Jonzac, de Saint-Savinien, de Saujon) ou dans l’ouest de la Charente (Cognac).

Effectifs régionaux

L’effectif hivernal du Minioptère dans la cavité mère de Charente est suivi annuellement depuis 1987. Il est soumis à d’importantes fluctuations inter annuelles (Barataud, in lit.) mais la tendance est stable sur 13 ans de suivi.

Les effectifs varient entre 8 500 et 23 000 individus, la moyenne sur la période étant de 14 600 animaux.

En période de reproduction, on ne dénombre plus qu’environ 5 000 animaux en Charente et 1 500 en Charente-Maritime.

Fréquence

Le Minioptère n’est noté que dans 7 % des mailles prospectées en Poitou-Charentes, l’essentiel des contacts étant constitué par des observations en milieu souterrain sur les sites de transit.

Gîtes utilisés

En hiver comme en été, le Minioptère est une espèce strictement troglophile. Elle fréquente de vastes grottes pourvues de grandes salles ainsi que des carrières souterraines abandonnées.

Nombre de Minioptères présents en janvier à Rancogne (16) entre 1987 et 1999 et tendance d’évolution (d’après les données de Michel Barataud)

En période de transit, il est possible qu’elle utilise quelques habitats sortant de la norme comme l’indique la découverte d’un cadavre dans un viaduc autoroutier en Charente-Maritime.

Habitats et terrains de chasse

On sait peu de choses sur l’utilisation de l’habitat par le Minioptère. Quelques captures indiquent qu’il vole parfois à basse altitude (moins d’un mètre) le long de lisières ou près de rivières et de points d’eau.

Des détections distantes de plusieurs dizaines de kilomètres des gîtes connus pourraient indiquer que l’espèce est capable de longs déplacements nocturnes.

Statut patrimonial et évolution des populations

Le Minioptère est une espèce très localisée, tant en période de reproduction (2 gîtes connus) qu’en hibernation (moins de 3 gîtes régulièrement utilisés).

Au niveau géographique, l’espèce a disparu en période de reproduction de deux départements mais la tendance sur les 13 dernières années semble stable en Charente.

Le Minioptère demeure menacé et strictement dépendant pour sa survie de la protection de ses gîtes de reproduction, de transit et d’hibernation.

PJ.

Rhinolophe euryale

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive Habitats : Annexes 2 et 4

Convention Berne : Annexe 2

Convention Bonn : Annexe 2

Liste Rouge Nationale : Vulnérable

Liste Rouge Mondiale : Vulnérable

Remarque préliminaire

Cette espèce est extrêmement localisée dans la région. Depuis 1984 elle a été observée dans 7 sites et seules la Charente-Maritime et la Vienne accueillent régulièrement une population.

Effectifs

En janvier 1999, 399 individus ont été dénombrés dans 2 sites. Une cavité de la vallée de la Gartempe (86) accueille à elle seule 96% de cette population, le reste est observé en Charente-Maritime.

En période estivale, en dehors du site de la Gartempe où se reproduit la population hivernale, deux autres cavités abritent quelques femelles et leurs jeunes dans la Vienne et en Charente-Maritime.

Dans ce département, des données des années 80 font état de la présence de 300-400 animaux en transit prénuptial, dans un gîte où seules 10 à 20 femelles se reproduisent aujourd’hui. Enfin, 6 individus en train de s’accoupler sont notés en octobre 1997 dans la carrière protégée des Pieds Grimaud (86). Cette cavité accueille presque régulièrement 1 à 2 animaux en hiver.

Fréquence

En dehors des gîtes cités précédemment, le Rhinolophe euryale n’a jamais été capturé sur un terrain de chasse et aucun crâne n’a été découvert dans les pelotes de réjection d’Effraie.

Gîtes utilisés

Dans la région, le Rhinolophe euryale est exclusivement cavernicole. Les 7 sites connus sont constitués de deux grottes et de cinq carrières abandonnées. Le site majeur de la région est une grotte composée de quatre salles reliées par d’étroits boyaux.

En été, les Rhinolophes circulent dans toute la cavité. Durant l’hibernation tous les animaux sont concentrés dans une petite salle formant un cul-de-sac, où le taux de gaz carbonique est parfois suffisamment élevé pour provoquer une gêne respiratoire chez les humains.

En Charente-Maritime, la maternité est située dans une vaste carrière où pénètre profondément la lumière qui éclaire partiellement la colonie.

En reproduction, l’association avec d’autres espèces est toujours observée : le Grand Rhinolophe (2 cas) ou le Murin à oreilles échancrées (1 cas). En hiver les individus observés aux Pieds Grimaud étaient toujours dans l’essaim de Grands Rhinolophes, alors que dans un gîte de Charente-maritime la vingtaine d’animaux observés était éparpillée dans l’ensemble de la carrière.

Comentaires sur les habitats utilisés

En Charente-Maritime, le gîte de reproduction est situé au cœur d’une zone où alternent cultures céréalières et prairies pâturées, bordée de part et d’autre par des marais doux et salés.

Le site de la Vienne se trouve dans une chênaie pubescente dominant la vallée de la Gartempe bordée de prairies pâturées.

Enfin, l’habitat autour de la carrière de Pieds Grimaud, site de transit et d’hibernation, est constitué de cultures où subsistent quelques haies en périphérie d’un village.

Statut patrimonial et évolution des populations

Le Rhinolophe euryale est sans doute l’espèce la plus fragile de Poitou-Charentes en raison de son extrême localisation et de la sensibilité des sites qu’elle utilise tout au long de son cycle annuel.

Il apparaît d’ailleurs que les populations régionales sont parmi celles qui, en France, ont le plus diminué depuis 40 ans (Brosset et coll., 1988). On constate ainsi la désertion de plusieurs sites au cours des dernières décennies :

Charente.

  • Grotte de Rancogne : elle abritait la plus grande colonie d’euryales connue en France avec 1000 à 1500 individus jusque dans les années soixante.
  • Forêt de la Braconne : une cavité de reproduction (effectif non connu).
  • Château de la Rochefoucault : reproduction dans les cheminées.
    Deux-Sèvres.
  • Grotte de Loubeau : un essaim d’hibernation s’est maintenu au moins jusqu’en 1970, peut-être jusqu’en 1985.
  • Carrière de Tourtenay : quelques individus en hiver avec les Grands Rhinolophes. Disparition des chiroptères lors de la transformation des carrières en champignonnières vers 1965.
    Vienne.
  • Grotte de Fon-serin : quelques dizaines de femelles associées à un essaim de Myotis myotis jusqu’au milieu des années soixante.

Entre 1936 et 1960, le plus fort taux de baguage sur cette espèce en France a été obtenu dans la région Poitou-Charentes avec 1606 euryales bagués (Balliot, 1964). Cette pratique, stoppée en 1970, ainsi que le développement de la fréquentation du milieu souterrain, ont largement contribué à la diminution du Rhinolophe euryale en Poitou-Charentes.

Pour l’heure la protection de tous les sites accueillant cette espèce est une priorité absolue.

OP.

Crapaud accoucheur

Statut de protection

Protection nationale

Directive habitats : Article 1

Convention Berne : Annexe 4

Liste Rouge nationale : Annexe 2

Liste rouge régionale : Indéterminé

Espèce bien répartie dans la partie nord de la Péninsule ibérique et une grande partie de la France, bien qu’elle subisse une diminution d’effectifs sur la bordure nord-est de son aire de distribution.

Biologie et écologie

L’Alyte est un petit crapaud de couleur grisâtre de la famille des discoglossidées. Ses habitats préférentiels sont assez variés, mais il semble avoir une préférence pour les carrières abandonnées, les zones rocheuses, les vieux murs et/ou des talus herbeux parfois très proches des habitations.

Sa stratégie de reproduction, unique en Europe, fait en sorte qu’il ne s’éloigne que très rarement du milieu aquatique. La période de reproduction débute dès les premières nuits douces du printemps (avril mai) ; les mâles entament alors leur chant caractéristique, se rapprochant du chant du Hibou petit duc.

Chez l’Alyte, la fécondation a lieu hors de l’eau, le mâle prenant en charge les œufs (sous forme de petits chapelets de 50 à 60 œufs) sur ses pattes postérieures pendant toute la période de développement embryonnaire. Au moment de l’éclosion, le mâle gagne un milieu aquatique (mare, étang, rivière) où les têtards seront libérés. Il arrive qu’il y ait une deuxième période de reproduction en juillet, dans ce cas, les têtards passent l’hiver à l’état larvaire.

Répartition

En Poitou-Charentes, on peut l’observer sur les quatre départements mais il semble parfois assez localisé. On observe ainsi des zones ou il paraît totalement absent comme dans le nord-ouest des Deux-Sèvres, le nord-est de la Charente-Maritime, le nord-ouest et le centre de la Vienne et le sud-ouest de la Charente.

En Vienne, il suit les vallées alluviales des rivières principales, mais il est aussi souvent abondant au niveau des vallées sèches localisées autour de Poitiers. Le département de la Charente est celui pour lequel il y a le plus de stations connues. La aussi, il semble suivre les vallées alluviales tout comme en Charente-Maritime (fleuve Charente).

En Deux-Sèvres, de nombreuses stations connues hébergent, a priori, des petites populations à l’exception de quelques sites dans le sud de ce département, particulièrement autour de Chizé.

Le chant de ce petit crapaud est caractéristique, sa recherche n’est pas très compliquée et devra être de mise pour compléter les zones pour lesquelles aucune observation n’a été faite.

Miguel GAILLEDRAT

Triton alpestre

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats

Convention Berne : B3

Liste Rouge nationale : Vulnérable

Liste rouge régionale : Mentionné

Le Triton alpestre est rare en Hongrie et en Bulgarie, menacé en Autriche et Danemark et en danger en Hollande, Belgique et Luxembourg.

Biologie et écologie

En période de reproduction, le mâle présente des couleurs vives qui rendent sa détermination aisée.

En plaine, l’espèce recherche les pièces d’eau plutôt fraîches et ombragées pour se reproduire : mares forestières et de bocage, fossés forestiers, tourbières…
L’herpétologue G.H. PARENT note le rôle pionnier et la résistance du Triton alpestre qui peut occuper des sites nouveaux et sans végétation, voire légèrement pollués.

Répartition

Le Triton alpestre occupe une vaste aire médio-européenne incluant la moitié Nord et Est de la France.

La plupart des auteurs considèrent que la Loire constitue dans notre pays une barrière géographique pour cette espèce. Le Triton alpestre est effectivement présent uniquement dans la partie nord de la Loire-Atlantique (P. EVRARD et D. MONTFORT), très rare dans le nord du Maine-et-Loire (P. PAILLEY) et dans le Nord de l’Indre-et-Loire (G. TARDIVO).

En 1844, MAUDUYT signale l’espèce aux environs de Poitiers mais sa description n’est pas convaincante et la donnée est ensuite mise en doute (GELIN, 1911). Dans les années 70 et 80, quelques observations ont été faites dans les Deux-Sèvres (M. FOUQUET) mais les stations ont aujourd’hui disparu et il pourrait s’agir d’introductions.

De même, depuis 1979, une population est observée dans une mare forestière des environs de Chauvigny, dans la Vienne (P. EVRARD). On peut bien sûr également douter de l’indigénat de cette population.

Toutefois on note que celle-ci semble parfaitement acclimatée et vit dans un biotope qui correspond bien à son écologie. De plus, le Triton alpestre vient d’être découvert dans l’Indre, dans la région des Marches Berrichonnes (P. BOYER), ce qui constitue un lien éventuel avec les populations connues du Limousin.

La présence naturelle du Triton alpestre reste donc à confirmer dans le département de la Vienne et celui des Deux-Sèvres.

Philippe EVRARD

Triton de Blasius

Statut de protection

Protection nationale

Directive habitats

Convention Berne

Liste Rouge nationale

Liste rouge régionale : Mentionné

Biologie et écologie

Hybride naturel issu de l’accouplement de Triturus cristatus mâle avec Triturus marmoratus femelle (DE L’ISLE, 1862) ce triton est rarement observé.

Néanmoins les études qui lui ont été consacrées en Mayenne (VALLÉE 1960, ZUIDERWIJK et al., 1987) et localement les observations régulières de la population de la réserve naturelle du Pinail, permettent d’apporter plusieurs éléments : morphologiquement et comparés aux espèces parentales, les individus arborent des couleurs plus ternes, des dessins plus flous, leur taille adulte est plus grande (surtout les femelles) et les malformations sont plus fréquentes. Il n’existe pas de « type » Blasius homogène mais au contraire une grande variabilité des phénotypes.

Biologiquement les mâles sont stériles et les femelles partiellement fertiles, le pic d’activité sexuelle se situant comme chez les autres grands tritons lors des 3 premières heures des nuits de printemps.

En outre il possède un caractère aquaphile prononcé proche de celui de T. cristatus. D’un point de vue de ses exigences écologiques il apparaît assez ubiquiste puisque la nature du sol, le pH, la turbidité et la végétalisation des points d’eau semblent peu influer sur sa répartition.

Répartition

Le Blasius est découvert près de Nantes en 1858 par DE L’ISLE qui le considère comme espèce. En 1894 ROLLINAT et PARÂTRE supposent son caractère hybride, ce qui est confirmé expérimentalement en 1903 par WOLTERSTOFF.

Sa répartition est bien évidemment étroitement liée à celles des deux espèces parentales. Celles ci se chevauchent uniquement en Europe dans le centre-ouest de la France.

Dans la région Poitou-Charentes les récentes prospections ne font état que de quelques Blasius isolés hormis sur la réserve naturelle du Pinail où ses effectifs sont conséquents.

A la vue des cartes des T. cristatus et T. marmoratus du présent atlas, il est potentiellement présent dans l’intégralité du département de la Vienne (hormis le Loudunais) ainsi que dans le département des Deux-Sèvres où des petites populations sont connues vers Thouars et Bougon.

Toutefois du fait du taux d’hybridation qui oscille entre 4 à 6 %, les populations d’espèces parentales doivent être assez importantes pour que l’on puisse le déceler. Par ailleurs du fait qu’il ne se distingue du Triton marbré que par sa face ventrale, des captures systématiques sont obligatoires.

Pascal DUBECH

Pélodyte ponctué

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive Habitats

Convention Berne : Annexe 3

Liste rouge nationale : Vulnérable

Liste rouge régionale

Cette espèce est considérée en danger dans différentes parties du nord-est de l’Europe : Belgique, Luxembourg et nord de la France.

Biologie et écologie

Le Pélodyte ponctué fait partie des amphibiens les plus discrets en dehors de la période de reproduction. Sa petite taille (4 cm environ) renforce cet aspect.
Aussi à l’aise sur terre que dans l’eau, capable de grimper sur les murs et les branches, son activité plutôt crépusculaire le mène vers les zones de carrières avec des mares temporaires, des fossés d’exploitation ou de drainage végétalisés, des prairies humides de bords de rivière.

Sa présence en nombre sur les dunes de l’arrière littoral charentais ou dans des carrières du centre Vienne démontre bien l’ubiquité de l’animal.

L’espèce peut être repérée de fin février à mi-mai, grâce au chant des mâles qui ressemble au bruit d’une semelle qui grince. Une seconde ponte est également possible en fin de saison estivale (septembre).

Répartition

Si l’espèce est bien représentée sur la façade atlantique et les îles de la région Poitou-Charentes, la présence du Pélodyte ponctué sur le reste de la région semble plus aléatoire. Cette dissémination ponctuelle de l’espèce est également observée au niveau national avec une nette abondance dans le sud du pays, confirmant ainsi sa répartition biogéographique Franco-ibérique.

En Poitou-Charentes, le pélodyte présente une répartition inégale. En effet, on observe une abondance bien répartie sur la Charente-Maritime particulièrement dans les marais littoraux (à l’exception des coteaux de Gironde et du bocage de Mirambeau) et des zones très ponctuelles où la concentration est forte sur les départements des Deux-Sèvres (entre 250 et 500 animaux comptabilisés sur une prairie humide à Bougon , plusieurs centaines d’individus autour d’un étang dans le nord de ce département), de la Charente, et de la Vienne (une centaine d’individus sur une zone d’étangs et mares de Montreuil Bonnin).

A l’opposé, l’espèce est totalement absente sur de vastes zones de ces 3 départements, comme le Montmorillonnais, le Loudunais, le Confolentais, le Montmorélien, le bocage Bressuirais ou la plaine de Niort.

Pascal CAVALLIN, Conservatoire d’Espaces Naturels de Poitou-Charentes

Crapaud commun

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale : A surveiller

Liste rouge régionale

Cette espèce est commune sur l’ensemble de son aire de répartition européenne.

Biologie et écologie

On peut trouver le Crapaud commun dans un large éventail d’habitats souvent assez secs comme les jardins, bas de haies, broussailles et bois.

Cette espèce très répandue est essentiellement nocturne : au crépuscule ce crapaud émerge de sa cachette de la journée. Il se déplace d’habitude en marchant, excepté lorsqu’il a peur, auquel cas il saute.
Bien que les femelles adultes puissent atteindre 15 cm de longueur, dans notre région il est rare qu’elles dépassent 10 cm, alors que les mâles sont plus petits.

Les Crapauds communs se nourrissent d’une grande variété d’invertébrés, et affectionnent particulièrement les cloportes.

La majeure partie de l’année ces crapauds vivent de façon terrestre et solitaire, mais ils se regroupent massivement pour la reproduction dans les fossés inondés, les mares et les bords de lacs, retournant chaque année au même endroit. Selon les températures les plus favorables le frai a lieu de février à mars. On ne verra aucune migration en dessous de 4°C.

Fin mai début juin les têtards sont complètement développés et se dispersent, en général au petit matin ou en fin de journée.

Répartition

Cette espèce est largement répandue à travers l’Europe, mais absente en Irlande, en Corse, en Sardaigne, dans les Baléares, à Malte et en Crète. C’est une espèce très commune et répandue en Poitou-Charentes.

Le fait qu’elle n’ait pas été recensée dans certaines zones provient probablement plus d’un manque d’observation que de l’absence de l’animal.

Cependant on peut penser que la baisse de population de certaines zones provient de modifications du milieu comme le rebouchage de mares, de fossés remplacés par des tuyaux d’écoulement.

D’un autre côté, la création de mares et étangs privés ou publics pour la pêche et autres agréments constitue de nouveaux espaces de reproduction pour l’espèce : les têtards de crapaud, contrairement aux autres batraciens, ne se font pas manger par les poissons.

A la période des migrations on peut constater d’énormes pertes sur les routes. Les morts sur les routes ne sont pas dues seulement à l’écrasement de l’animal mais aussi à sa projection par le déplacement d’air sur la partie basse des véhicules.

Les mesures prises à l’heure actuelle pour procurer aux crapauds et autres batraciens des passages pour traverser la route en période de migration se sont avérées satisfaisantes et mériteraient être généralisées.

Neil WILDING

Crapaud calamite

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexe 4

Convention Berne : Annexe 2

Liste Rouge nationale : A surveiller

Liste rouge régionale : Mentionné

La répartition mondiale du Crapaud calamite s’étend de la péninsule ibérique aux pays baltes en incluant la Grande-Bretagne et le sud de la Suède. Hormis en Espagne, la répartition de ce crapaud semble partout se fragmenter et se réduire sous l’influence des activités humaines.

Biologie et écologie

Actif de nuit entre mars et octobre, le Crapaud calamite est facile à repérer à l’oreille, son chant rappelant, dans certaines conditions, celui de la courtilière.

Les femelles pondent de 1000 à 3000 œufs par ponte, qui se présentent sous forme d’un ruban déposé sur le fond d’une mare, d’un point d’eau temporaire, parfois d’une ornière.

Selon la littérature (SINSCH, 1998 p. ex.) [1], la période de reproduction s’étale de fin mars à juillet et culmine au mois de mai.

Les jeunes crapauds quittent l’élément liquide environ 4 à 10 semaines après la ponte en fonction de la température de l’eau et de la disponibilité alimentaire.

L’alimentation des adultes est variée, constituée de proies dont la taille est comprise entre 4 et 8 mm. Elles se composent de fourmis, coléoptères, araignées, larves diverses, parfois vers de terre.

Le calamite fréquente essentiellement des habitats ouverts, à végétation clairsemée, avec une prédilection marquée pour les sols meubles. Il est souvent présent dans les sablières abandonnées, les landes ouvertes, parfois des cultures (vignes, asperges par ex.).

Répartition

Au plan régional, les données tirées de la littérature du XIXe siècle n’apportent pas grand chose sur la distribution passée de l’espèce. Seul TREMEAU DE ROCHEBRUNE [2] (1843) donne quelques éléments précis en indiquant la présence de l’espèce : « dans les vignes du petit Rochefort, à 4 kilomètres, sud de la ville ». Actuellement contacté dans près de 13% des mailles, et quatre départements de la région, le Crapaud calamite présente une répartition largement morcelée.

Globalement, le nombre de contacts s’amoindri de l’est à l’ouest alors que la fragmentation des populations s’accroît de façon drastique.

La Vienne et la Charente rassemblent l’essentiel des données. En Vienne, le calamite se limite à la grande moitié est du département où la répartition de l’espèce présente une certaine continuité.

En Charente, les observations sont mieux réparties mais plus diffuses, l’espèce étant notée de la Double au Confolentais. En Deux-Sèvres, la population de calamite semble cantonnée à deux noyaux distincts, centrés sur la région niortaise d’une part et entre Bressuire et Parthenay d’autre part.

En Charente-Maritime, seule l’île de Ré semble bien peuplée. Ailleurs, le Crapaud des joncs n’est connu que de localités isolées. Cette situation contraste singulièrement avec celle présentée dans l’atlas national de 1989, où l’espèce était mentionnée en presqu’île d’Arvert, en Aunis, en pays rochefortais et dans toute la Haute Saintonge à partir de Jonzac.

Philippe JOURDE

Grenouille rousse

Statut de protection

Protection nationale : Articles 3 – 4

Directive Habitats : Annexe 5

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge Nationale

Liste Rouge Régionale : Mentionnée

Espèce à très vaste distribution médio-européenne et boréale, la Grenouille rousse est en revanche plus rare dans le domaine atlantique et absente des régions les plus méditerranéennes.

Biologie et écologie

Comme les autres grenouilles brunes, la Grenouille rousse est essentiellement terrestre en dehors de la période de reproduction et principalement inféodée à des milieux boisés, bocagers ou forestiers, plutôt frais et humides.

Lors de la saison de reproduction qui débute dès janvier (voire décembre avec la clémence contemporaine des hivers), la Grenouille rousse recherche des zones humides où s’effectuent les rassemblements nuptiaux, les accouplements, les pontes et le développement larvaire : en Poitou-Charentes, il s’agit surtout d’ornières et de fossés forestiers ainsi que des prairies faiblement inondées, ou des points d’eau peu profonds dans les clairières ou en périphérie des boisements, la particularité commune de ces frayères semblant être ici représentée par leur caractère aquatique temporaire.

Le développement des têtards demande environ un mois, à quelques jours près selon la température et les conditions trophiques.

Après l’émancipation du milieu aquatique, les Grenouilles rousses deviennent plus difficiles à observer. L’espèce est donc à rechercher de préférence en début d’année, spécialement par nuits calmes et humides.

Répartition

Discrète et encore régulièrement confondue avec la Grenouille agile, beaucoup plus commune et abondante dans l’ouest de la France, la Grenouille rousse est une espèce très rare au niveau régional, déjà décrite comme telle par LATASTE en 1876 ou par GÉLIN en 1911. Elle est toutefois signalée dans les quatre départements mais de manière très ponctuelle et disparate, sous forme le plus souvent de petites populations isolées et, par conséquent, fragiles et vulnérables, même si la viabilité de certaines d’entre elles semble encore assez convenable (c’est le cas par exemple de la belle population du canton de Ménigoute, dans les Deux Sèvres et de celle de Fouquebrune en Charente).

La pérennité de la composante patrimoniale et biogéographique majeure que constitue la présence de Rana temporaria pour la batrachofaune de Poitou-Charentes passe par une protection des sites occupés qui tienne compte du fonctionnement démographique métapopulationnel de l’espèce (protection large et globale des habitats incluant les zones terrestres, les zones aquatiques et les espaces interstitiels).

Didier MONTFORT

Grenouille agile

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexe 4

Convention Berne : Annexe 2

Liste Rouge nationale : A surveiller

Liste rouge régionale

Abondante dans la moitié sud de l’Europe, elle est considérée en danger au centre et au nord de l’Europe.

Biologie et écologie

La Grenouille agile a un petit territoire : guère plus de 40 m² explorés en une nuit, et à peine 200 m entre la mare, ou le fossé nuptial, et le terrain de chasse estival (LODÉ, 1993).
Dans ces conditions, seuls les jeunes sont tolérés sur le territoire des adultes, c’est-à-dire tant qu’ils ne partagent pas les mêmes proies.

Cette sédentarité affirmée est un trait de caractère dominant chez la Grenouille agile, et peut servir d’indicateur, pour évaluer l’état des populations : en prospectant les pontes, en tout début de printemps (début février au sud de la région), on constate que plus les milieux marginaux sont occupés, plus la population locale est importante.

Contrairement à d’autres anoures, la Grenouille agile hiberne bien souvent près de l’eau, quitte à effectuer une courte migration prénuptiale dès l’automne, pour être à pied d’œuvre au premier printemps. Les femelles, les premières, quittent mares et fossés après la reproduction, pour gagner le couvert des grandes herbes. Elles s’y régaleront, jusqu’à l’automne, de diptères, lépidoptères, orthoptères, capturés chaque nuit au cours de longs postes d’affût.

Répartition

Comme son nom latin l’indique, la Grenouille de « Dalmatie » est une espèce médio-européenne, largement répartie en France, en dehors du bassin méditerranéen.

En Poitou-Charentes, elle a été notée sur l’ensemble du territoire régional, à l’exception des îles.
Cette relative uniformité de répartition est néanmoins trompeuse, car les populations sont généralement de faibles effectifs, peu mobiles, et sensibles à toutes modifications des habitats humides.

A ce titre, l’avenir de la Grenouille agile en Poitou-Charentes dépend en grande partie du maintien des prairies humides permanentes et de leur réseau hydrographique associé.

Marc CARRIERE

BIBLIOGRAPHIE
LODÉ T., 1993 – Rythme d’activité et déplacements chez la Grenouille agile Rana dalmatina Bonaparte 1840 dans l’ouest de la France. Bull. Soc. Herpétol. Fr., 67-68 : 13-22.