LGV POITIERS-LIMOGES : nouvelles atteintes au cadre de vie et à la biodiversité

En effet, après avoir proposé huit points de raccordement possible sur les lignes existantes (Limoges-Poitiers et Bordeaux Poitiers) pour entrer en gare de Poitiers par la bifurcation de Saint-Benoît, Réseau Ferré de France (RFF) a éliminé de sa seule initiative, avant tout débat, cinq sites et ne retient plus que Saint-Benoît , Ligugé et Iteuil. Pour se justifier, RFF évoque la « raison fonctionnelle », c’est-à-dire le temps de parcours : il s’agit d’économiser les 2 ou 3 minutes supplémentaires que coûterait un raccordement plus au Sud de Poitiers, dans une zone beaucoup moins sensible.

Nous regrettons que les graves inconvénients pour les habitations et pour les milieux naturels, bien que clairement identifiés, soient balayés d’un coup de baguette magique. Il a suffit à RFF de modifier la règle établie pour définir les zones d’exclusion sur le tracé entre Poitiers et Limoges, celles où la LGV ne pourra pas passer : au lieu d’un enjeu « très fort », urbanisation, zone Natura 2000, il faudra désormais trois enjeux très forts superposés pour qu’un site mérite d’être épargné !
Sans ce tour de passe-passe, la ligne nouvelle ne passe pas. Il faudrait alors revenir à la solution de bon sens : une rénovation lourde de la ligne actuelle. Elle mettrait Limoges à une heure de Poitiers et désenclaverait les territoires intermédiaires.
Nous considérons que l’urgence c’est la desserte de Bellac et Montmorillon par des TER performants circulant de bout en bout sur une ligne enfin électrifiée. Le culte de la vitesse pure n’a rien à voir avec l’aménagement du territoire.

Mais telle n’est pas la logique de RFF, exclusivement préoccupé de performance : mettre Limoges à 2 h de Paris. Tout gain de temps, si minime soit-il, l’emporte donc sur les facteurs humains et environnementaux.

En refusant systématiquement de placer les bourgs et les hameaux en zone d’exclusion, RFF sacrifie délibérément les habitants riverains de la future ligne Poitiers-Limoges. Dans le même esprit, il se déclare prêt à trancher dans le réseau dense de zones naturelles, protégées sous des statuts divers, qui caractérise les territoires traversés, en particulier le Montmorillonnais.
Les riverains du projet de la LGV SEA et nos associations en font déjà la triste expérience : RFF n’a cure de la notion de biodiversité et pas davantage de la dimension humaine, il préfère couper des hameaux en 2 et proposer ensuite l’expropriation comme réparation du dommage subi !

Notre participation à la « concertation » ne saurait cautionner ce gâchis : 10 trains seulement par jour et des dégâts irréversibles pour un coût estimé à 1,3 milliards d’euros !

Rappelons la priorité donnée par la loi Grenelle à la rénovation du réseau ferré actuel, en bien piteux état : la ligne actuelle Limoges-Poitiers !

Dans la phase actuelle, RFF élabore des « Zones Préférentielles de Passage » définies, entre autres critères, en fonction d’un certain nombre de sites potentiels de raccordement au Sud de Poitiers entre la future LGV et l’actuelle ligne Bordeaux-Paris. Selon nous, ces « Z.P.P » et ces raccordements mettent toutes gravement en danger le cadre de vie et les milieux naturels des communes traversées

Dans ces conditions, Poitou-Charentes Nature, Vienne Nature et la LPO Vienne ont souhaité inviter les élus à une soirée d’information et d’échanges, qui s’est déroulée le mercredi 15 avril à Ligugé.
Une nouvelle réunion d’information pour le grand public a été organisée à Lussac-les-Châteaux le 13 mai, en présence de plus de 120 personnes !

Plusieurs questions restent posées :

· Combien de trains circuleront par jour dans les deux sens en respectant les 2 heures annoncées entre Limoges et Paris ?

· Quels horaires pourront être garantis, compte tenu du couplage obligatoire en gare de Poitiers et de la saturation du trafic à l’approche de Paris ?

· A qui profitera la nouvelle liaison : vers Limoges ou à partir de Limoges ? En clair : sera-t-elle un outil de revitalisation ou d’appauvrissement ?

· Quelle va être la réelle charge financière en matière d’investissement et d’entretien pour les collectivités et communes concernées : endettement de combien, et sur combien de temps ?

· Quelles assurances peuvent être données que cette nouvelle ligne sera rentable et ne devra pas être soutenue par les fonds publics des territoires concernés ?

· Qu’en pensent les futurs utilisateurs et surtout les citoyens concernés par le passage de la future ligne : sont-ils vraiment au courant et parfaitement informés ?

Toutes ces questions méritent des réponses claires et précises.

Du point de vue de nos associations [3], le débat est loin d’être clos, y compris donc sur l’opportunité du projet et la recherche de solutions alternatives.

Communiqué de presse complet du 4 avril 2009

Avis de Poitou-Charentes Nature du 15 décembre 2010 : fin étape 2