Sympétrum noir

Sympetrum danae (Sulzer, 1776).

Sympétrum noir

Etymologie

Du grec sym = avec et petra = pierre, rocher = pour évoquer l’habitude de ce genre à se poser sur les pierres et les rochers. Dans la mythologie grecque, Danaé est la mère de Persée et fille d’Acrisios, roi d’Argos, et d’Eurydice.

Répartition

Le Sympétrum noir est une espèce holarctique. Cependant elle n’est vraiment commune qu’au nord de son aire de répartition.

Dans le sud de la France, l’espèce est présente dans les massifs montagneux, jusqu’à 2180 mètres d’altitude. En plaine, Sympetrum danae est une espèce rare sauf au nord du pays, elle est absente de Corse et du bassin méditerranéen et très locale dans l’ouest et le sud ouest.

En Poitou-Charentes, les observations de ce sympétrum ne sont qu’occasionnelles avec seulement 8 citations de l’espèce en 15 ans. Gelin (1908) décrit l’espèce en Charente-Maritime, à Fouras et à Châtelaillon, dans des prés marécageux proches de la mer. L’espèce y est actuellement considérée comme disparue. Des mentions plus récentes concernent la Charente : deux individus isolés contactés sur des étangs à Nieuil et à Guizengeard en juin 1991 et 1996. Puis, en Vienne, un mâle a été observé, cantonné sur un chemin forestier sur le site des Grandes Brandes de Lussac, le 29 mai 1999. Depuis, l’espèce a de nouveau été contactée en juin 2000, en août 2002 et en septembre 2006 sur la même station. En Deux-Sèvres, la première mention de l’espèce date du 24 août 2005, sur une zone humide récemment créée sur la commune de la Petite Boissière où un mâle est resté cantonné une semaine. Un mâle y a de nouveau été observé l’année suivante, début août.

Phénologie

Les observations picto-charentaises étant très peu nombreuses, il est impossible de présenter une phénologie…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Habitats

En Poitou-Charentes, les biotopes où l’espèce a été contactée à l’état imaginal sont très divers : prairie humide nouvellement mise en eau avec de nombreux…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Biologie

La phase de reproduction se déroule essentiellement de mi-juillet à fin août. Les tandems précopulatoires se forment…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Menaces

En Poitou-Charentes, toutes les données sont ponctuelles et aucune mention ne permet d’envisager une possible autochtonie de l’espèce d’autant plus que le pouvoir de dispersion est assez marqué chez les adultes. Cependant, les observations consécutives réalisées sur le même site dans le nord-ouest des Deux-Sèvres et sur les landes de Lussac-les-Châteaux en Vienne peuvent au moins laisser supposer l’existence d’une population à proximité de ces sites. Cette espèce ne se reproduisant pas actuellement dans la région, elle ne fait l’objet d’aucune menace directe.

Protection

D’une manière générale, la conservation ou la restauration des tourbières acides, des étangs tourbeux, des mares oligotrophes, sans présence de poissons, ne peut être que bénéfique à l’accueil éventuel d’une population de Sympetrum danae.

Une amélioration des connaissances sur le statut de l’espèce en Poitou-Charentes est de toute façon indispensable.

Alexandre BOISSINOT, Laurent PRECIGOUT & Eric PRUDHOMME

Bibliographie

Boissinot A., 2005 – Deux nouvelles espèces d’insectes pour les Deux-Sèvres cet été – Une Libellule : Sympetrum danae. Bull. Deux-Sèvres Nature Environnement, fasc 34-2. p 26-27.

Libellule fauve

Libellula fulva (Müller, 1764).

Libellule fauve

Etymologie

Fulva de fulvus (lat) = fauve, roussâtre ; couleur générale de la femelle et des immatures.

Répartition

Libellula fulva est une espèce du paléarctique occidental. Elle est néanmoins absente des régions nordiques et au Sud, de l’Espagne. En outre, au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la moitié méditerranéenne de l’Europe, sa répartition semble plus morcelée.

Cette libellule occupe la quasi-totalité du territoire français à l’exception des reliefs.

En Poitou-Charentes, l’espèce est largement répandue sur l’ensemble du territoire, même si sa présence au nord de la région paraît plus irrégulière. Cette espèce a été recensée dans 1 051 localités et sur 43, 2 % des communes prospectées.

Phénologie

Dans la région, la période d’émergence commence tôt au printemps, au début…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Habitats

Par rapport aux autres espèces du genre, L. depressa et L. quadrimaculata, la libellule fauve paraît plus exigeante quant au choix du milieu de développement larvaire et colonise, …(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Biologie

Comme pour les autres espèces du genre Libellula, le mâle de L. fulva passe beaucoup de temps posé, en poste sur une feuille de roseau, de carex ou sur une branche sèche et isolée, surveillant…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Menaces

Dans la région Poitou-Charentes, la Libellule fauve souffre avant tout d’une baisse de la qualité des eaux. L’eutrophisation excessive de certains petits cours d’eau entraîne sa disparition. L’assèchement estival récurrent des ruisseaux et petites rivières en tête de bassin nuit également au bon développement de cette espèce.

Protection

Les mesures qui pourraient s’avérer profitables à L. fulva sont avant tout celles qui visent à une amélioration de la gestion de l’eau tant au niveau qualitatif que quantitatif. Le maintien des secteurs bien ensoleillés sur le cours des ruisseaux et des rivières végétalisées, favorise cette espèce.

Eric PRUD’HOMME

Bibliographie

Nagy B.H., Szallassy N., Devai G., 2008 – Site fidelity, satellite tactics and mating success in Libellula fulva (Müller) (Anisoptera : Libellulidae). Odonatologica 37 (3), p. 203-211.

Leucorrhine à gros thorax

Leucorrhinia pectoralis (Charpentier, 1825).

Leucorrhine à gros thorax

DHFF annexe II et IV

Protection nationale

Liste Rouge du Poitou-Charentes : Au bord de l’extinction

Etymologie

Pectoralis du latin pextus = muscles de la région du thorax.

Répartition

Espèce eurosibérienne, cette leucorrhine est peu commune sur l’ensemble de son aire de répartition en particulier dans le sud et l’ouest de l’Europe où les noyaux de population se présentent en aires disjointes.

En France, les populations de Leucorrhine à large thorax sont relativement isolées et réparties sur une vingtaine de départements.

En Poitou-Charentes, 4 populations sont connues : 3 dans la Vienne (Vouneuil-sur-Vienne, Lussac-les-Châteaux et Montmorillon) et 1 dans les Deux-Sèvres (Boussais). Elle semble avoir disparu de la Charente, où les dernières mentions de l’espèce remontent au début du XXe siècle (Martin, 1907).

Phénologie

Les premiers imagos peuvent apparaître dès le 7 avril et être visibles jusqu’à fin…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Habitats

Toutes les localités poitevines concernent des milieux oligotrophes à mésotrophes, et plus précisément des landes tourbeuses sur d’anciennes…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Biologie

Après 2 années de vie larvaire, c’est généralement le matin qu’a lieu l’émergence, dans la végétation riveraine, sur des…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Menaces

Même si ses effectifs semblent en augmentation depuis ces dernières années sur les sites connus (Pinail et landes de Lussac), cette espèce figure dans la liste des 7 libellules les plus menacées (au bord de l’extinction) du Poitou-Charentes.

La protection et la gestion de la totalité des sites qui l’accueillent mettent à l’abri l’espèce à court terme. Cependant, l’isolement et la fragmentation des milieux favorables constituent une très forte menace à long terme. Le programme régional de sauvegarde des landes devra permettre de maîtriser la gestion sur d’autres sites et peut être de favoriser ainsi leur colonisation. En outre, les populations de L. pectoralis sont particulièrement vulnérables à l’assèchement des milieux et à l’introduction d’espèces aquatiques prédatrices telles que les écrevisses (Procambarus clarkii) et les poissons.

Protection

En Vienne, les 3 sites abritant des populations de Leucorrhine à gros thorax sont intégrés au réseau Natura 2000 (Zone Spéciale de Conservation). Trois sites, deux dans la Vienne et les landes de L’Hôpiteau dans les Deux-Sèvres, sont gérés par le Conservatoire Régional des Espaces Naturels.

Nicolas COTREL

Bibliographie

Barbarin J.-P., 2004 – Les odonates des tourbières du Nord Est cantalien : écologie et recherche de Leucorrhinia pectoralis sur le site de Jolan (Ségue-les-Villas, 15). Université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand, PNRdes Volcans d’Auvergne. 52p.

Cotrel N., 2008 – Suivi du site CREN des Landes de l’Hopiteau (20052008) dans le cadre du suivi et de l’évaluation des protocoles de gestion. Deux-Sèvres Nature Environnement : 95-132.

Cury D., Meyer H., 2006 – Suivi des populations de Leucorrhine de la Réserve naturelle du Pinail. 3p in Dubech, 2006. Rapport d’étude 20052006 de la réserve naturelle du Pinail. GEREPI

Dommanget J.-L., 2004 – fiche 1042 : Leucorrhinia pectoralis (Charpentier, 1825) [297-300] in Muséum National d’Histoire Naturelle, 2004. Tome 7 : espèces animales Coll. Cahiers d’habitats Natura 2000. La Documentation française. 353p.

Wildermuth H., 2006 – Fiche de protection 1/6 : Leucorrhinia pectoralis. 6p

Cordulie métallique

Somatochlora metallica (Vander Linden, 1825).

Cordulie métallique

Syn. Chlorocordulie métallique

Liste Rouge du Poitou-Charentes : Vulnérable

Etymologie

De metallon (gr) = initialement la mine, puis le métal que l’on y trouve : le corps de cette espèce présente des reflets métalliques.

Répartition

La Cordulie métallique possède une large distribution qui s’étend du littoral atlantique à la Sibérie Centrale. Absente de la péninsule Ibérique et du pourtour méditerranéen, elle est remplacée dans le sud-est de la France, en Italie et dans la péninsule balkanique par la sous-espèce méridionale Somatochlora metallica meridionalis.

En France, S. metallica est surtout présente dans les régions montagneuses, plus dispersée en plaine.

En Poitou-Charentes, la Cordulie métallique est localisée (7% des communes prospectées). Elle est bien répartie, mais jamais abondante, dans les bocages du nord et du centre des Deux-Sèvres. Elle occupe également les portions de vallées boisées du Marais poitevin en Deux-Sèvres et en Charente-Maritime. Dans ce dernier département, l’espèce est aussi présente, en Haute-Saintonge et plus ponctuellement ailleurs. En Vienne, on la trouve dans les deux tiers sud du département. La Cordulie métallique n’a été trouvée en Charente qu’en 2000, elle y est peu commune et localisée au nord-est du département et dans la basse vallée du Né.

Phénologie

Les imagos sont habituellement observés à partir du 10 mai. L’essentiel des émergences se produit…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Habitats

Dans la région, la Cordulie métallique montre une nette préférence pour les vallées boisées et les secteurs de bocage. Elle affectionne…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Biologie

Les imagos passent fréquemment inaperçus car très mobiles, ils volent haut, à contre-jour, et se posent fréquemment dans la voûte des arbres. Néanmoins, ils patrouillent…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Menaces

Inscrite comme une espèce « vulnérable » sur la liste rouge des libellules menacées en Poitou-Charentes, la Cordulie métallique montre toutefois une certaine plasticité quant à la qualité des milieux fréquentés. La principale contrainte qui conditionne sa présence semble être l’existence de haies et de rives boisées. Le creusement et le redressement des cours d’eau, en faisant disparaître les boisements rivulaires, tout comme l’arasement généralisé des haies constituent les principales causes de destruction de l’habitat de cette espèce. La concentration des effluents et des rejets agricoles, l’assèchement des ruisseaux et des petites rivières, l’abandon et le comblement des mares mettent également en péril sa survie.

Protection

Une gestion plus écologique des berges le long des cours d’eau où l’espèce est présente et l’entretien raisonné des ripisylves favoriseraient le maintien des populations. L’implantation récente des jachères enherbées en bordure des rivières et des ruisseaux devrait profiter à cette espèce qui les utilise fréquemment comme territoire de chasse.

Philippe ROUILLIER

Bibliographie

Wildemermuth H., 2005 – Somatochlora metallica in Fauna helvetica – Odonata les libellules de Suisse. Centre suisse de cartographie de la faune. p282-285.

Epithèque bimaculée

Epitheca bimaculata (Charpentier, 1825).

Epithèque bimaculée

Syn. Epithèque à deux taches

Etymologie

Epitheca vient de deux mots grecs « sur » et « étui » qui feraient référence à la couche de gelée qui enveloppe les œufs. Bimaculata fait quant à lui écho aux deux taches présentes à la base des ailes postérieures. Le nom français n’est qu’une adaptation vernaculaire du nom scientifique.

Répartition

L’Epithèque bimaculée est une espèce euro-sibérienne qui est présente sporadiquement sur une large bande centrale allant de l’est de la France à l’Asie en passant par le sud de la Suède et le nord de la Croatie.

En France, elle est essentiellement présente dans le quart nord-est. Les observations les plus nombreuses, ont été réalisées dans les Ardennes, la Marne, la Meurthe-et-Moselle.

En Poitou-Charentes, cette libellule est localisée à l’est de la région et a été recensée dans 9 localités et sur 8 communes. Observée pour la première fois dans le département de la Vienne en 2001, les preuves de reproduction dans ce département ont été découvertes en 2003 dans le Montmorillonnais (Moncomble, 2003) et en 2005 en Charente (Prud’homme et Suarez, 2006). Sa découverte récente ne permet pas de définir un statut régional.

Phénologie

La date la plus précoce de récolte d’exuvie en Poitou-Charentes est un 25 avril ( Pleuville, 16). Epithéca bimaculata se caractérise par…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Habitats

Les pièces d’eau que cette espèce occupe sont généralement grandes et profondes et se trouvent souvent dans…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Biologie

Les observations en Poitou-Charentes étant rares et récentes, c’est grâce à la littérature que l’on peut succinctement décrire le comportement reproducteur de l’espèce. Les mâles territoriaux volent…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Menaces

Malgré le faible nombre d’observations en Poitou-Charentes, on peut estimer que la principale menace pesant sur E. bimaculata est la dégradation de la qualité des eaux des étangs où elle se reproduit. Les raisons peuvent être multiples : développement de la pisciculture, surfréquentation des anatidés (lié à l’agrainage pour la chasse), apport excessif d’intrants agricoles. La mauvaise gestion de la végétation des berges (faucardage intensif, altération de la flore riveraine…) doit aussi nuire à l’espèce.

Protection

Les sites de reproduction connus doivent être particulièrement surveillés avec la mise en place de mesures de protection réglementaires ou, à défaut, de mesures de gestion favorables à l’espèce consistant principalement à conserver le caractère oligotrophe des étangs. C’est ce qui a été proposé pour la gestion des étangs du Montmorillonnais inclus dans un site Natura 2000.

Mathieu MONCOMBLE

Bibliographie

Coppa G., 1991 – Note sur l’émergence d’Epitheca bimaculata (Charpentier) (Odonata : Corduliidae). Martinia, 7(1) : 7-16.

Moncomble M., 2003 – Première observation de la reproduction d’Epitheca bimaculata (Charpentier 1825) en Poitou-Charentes et mise à jour des départements mentionnant cette espèce. Martinia, 19 (4) : 149 – 153.

Morelon S., 1996 – Epitheca bimaculata (Charpentier, 1825) dans le nord du département de la Creuse. Martinia, 12 (4) : 111.

Prud’homme E., Suarez D., 2006 – Deux nouvelles espèces pour le département de la Charente : Epitheca bimaculata (Charpentier, 1825) et Macromia splendens (Pictet, 1843) (Odonata, Anisoptera, Corduliidae, Macromiidae). Martinia, 23 (2) : 43 – 51.

Cordulie bronzée

Cordulia aenea (Linnaeus, 1758).

Cordulie bronzée

Liste Rouge du Poitou-Charentes : Quasi menacé

Etymologie

cordulia de kordyleia (gr) = massue : du fait de la forme de l’abdomen du mâle ; aenea de aeneus (lat) = bronzé : du fait des reflets bronzé du corps du mâle.

Répartition

La Cordulie bronzée possède une aire de répartition qui s’étend de l’ouest au nord de l’Europe jusqu’à la Sibérie et l’Asie.

A l’exception de la région méditerranéenne et de la Corse, elle est bien répartie en France.

Au XIXe siècle, cette cordulie était considérée comme commune par Martin (1888) dans le Poitou. Aujourd’hui, en Poitou-Charentes, elle est présente dans les 4 départements mais avec une répartition fragmentée. En Charente-Maritime, Cordulia aena est localisée à quelques secteurs de Haute-Saintonge, aux Landes de Cadeuil et à l’est du Marais poitevin. Dans les Deux-Sèvres, elle est peu commune mais présente dans le Bressuirais et la Gâtine. La répartition de l’espèce semble plus homogène en Vienne et en Charente. Cette espèce a été recensée sur 117 communes (10 %).

Phénologie

En Poitou-Charentes, les premières émergences sont observées début avril (05/04/) et se poursuivent…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Habitats

La Cordulie bronzée fréquente des milieux stagnants, généralement pauvres en nutriments (méso-oligotrophes). On la trouve dans…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Biologie

Le développement larvaire dure 2 à 3 ans. Alors que les larves ont une chasse active la nuit, en journée elles pratiquent…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Menaces

Cette espèce possède une aire de répartition fragmentée en Poitou-Charentes. Elle est sensible à l’eutrophisation, à la destruction de ses habitats (comblements de mares, pollutions) et aux modifications liées au faucardage de la végétation des berges ou à l’introduction d’espèces piscicoles indésirables (poissons-chats, carpes amour…).

Protection

Cette espèce devrait faire l’objet d’un suivi particulier. Le maintien et la création d’un réseau de milieux favorables au développement de l’espèce autour des populations connues permettraient d’assurer sa préservation à long terme.

Miguel GAILLEDRAT

Bibliographie

Prévost O, Durepaire P., 1992 – Les Odonates de la réserve naturelle du Pinail in Réserves Naturelle du Pinail, rapport d’activité n°6. GEREPI, Vouneuil-sur-Vienne, 33-67.

Gomphe de Graslin

Gomphus graslinii (Rambur, 1842).

Gomphe de Graslin

DHFFII-IV

Protection nationale

Liste Rouge du Poitou-Charentes : Vulnérable

Etymologie

Graslinii en l’honneur de Alphonse-Hercule de Graslin (1802-1882).

Répartition

Cette espèce présente une aire de répartition très limitée, qui couvre partiellement le Portugal, l’Espagne et la France. La répartition française se limite aux zones de plaine situées au sud d’une ligne Rochefort, Le Mans, Orléans, Lyon et Marseille.

En Poitou-Charentes, les principaux bastions de l’espèce sont le fleuve Charente (en amont de Saint-Savinien), les rivières Dronne, Gartempe et Vienne, ainsi que certains de leurs affluents (Lary, Boutonne, Anglin). Elle semble plus ponctuelle ailleurs, notamment en Deux-Sèvres, où une exuvie a récemment été découverte sur la Sèvre niortaise en amont de Niort. Le Gomphe de Graslin a été observé dans 84 communes, soit 7 % des communes prospectées.

Phénologie

Les émergences s’étalent du 30 mai au…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Habitats

Gomphus graslinii est une espèce des cours d’eau calmes de plaine. En Poitou-Charentes, elle fréquente…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Biologie

Après un développement larvaire de 3 à 4 ans, l’émergence se fait généralement…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Menaces

Dans plusieurs localités de l’espèce, un déclin récent est observé. Les raisons sont probablement multiples. L’augmentation de la sédimentation du fait d’un débit devenu insuffisant en été et le développement du tourisme fluvial sont les plus évidentes. Les bateaux de croisière soulèvent des vagues de près d’un mètre qui, en heurtant les berges, emportent la majorité des insectes en cours de métamorphose jusqu’à une hauteur d’environ 1,50 m. La pratique du jet-ski et du ski nautique est pire encore à cet égard. Il est en outre possible que ces lames en remuant les sédiments révèlent la présence des larves de gomphes aux prédateurs et accroissent ainsi la mortalité (poissons et écrevisse).

Enfin, l’arrivée de pesticides agricoles dans les rivières, notamment du fait de la mise en culture des vallées alluviales et du ruissellement accru des terres cultivées intensivement des bassins versants sont susceptibles de menacer les populations de cette espèce endémique.

Protection

La préservation du Gomphe de Graslin passe par une restauration de la qualité et de la ressource en eau. Cet objectif ambitieux implique une forte diminution des prélèvements d’eau, notamment agricoles, une restauration des maillages bocagers à l’échelle des bassins versants pour ralentir l’arrivée des eaux de ruissellement, une forte diminution de l’usage des pesticides dans les zones proches des cours d’eau.

La restauration des prairies alluviales est à encourager pour l’intérêt qu’elles représentent en tant qu’habitat de chasse des imagos et en tant que filtre des effluents agricoles issus des versants.

La pratique des activités nautiques devrait être mieux régulée, celles du ski nautique et du jet-ski interdites.

Philippe JOURDE & Robert HUSSEY

Bibliographie

Leipelt K.G., Suhling F., 2001 – Habitat sélection of larval Gomphus graslinii and Oxygastra curtisii (Odonata : Gomphidae, Corduliidae). International Journal of Odonatology, 4 (1) : 23-34.

Aeschne isocèle

Aeshna isoceles (Müller, 1767).

Aeschne isocèle

Liste Rouge du Poitou-Charentes : En Danger

Etymologie

Isoceles du grec isos = égal et skelos = côté, du fait du triangle isocèle jaune pâle qui orne les premiers segments abdominaux de l’insecte. Le nom français est une adaptation du nom scientifique.

Répartition

L’Aeschne isocèle est une espèce largement répartie en Europe et en France mais elle présente une distribution très morcelée.

En Poitou-Charentes, l’espèce n’a pas été observée en Deux-Sèvre depuis 1970 (Boutonne et Marais poitevin). Les populations des trois autres départements sont localisées. L’espèce a été observée dans 30 communes (2,6 % des communes prospectées), dont 25 sont situées en Charente-Maritime.

Phénologie

L’Aeschne isocèle est une espèce vernale. Les imagos s’observent de début mai à…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Habitats

A. isoceles est une espèce des milieux stagnants à faiblement courants. En Poitou-Charentes, elle fréquente…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Biologie

Le déroulement du développement des œufs et des larves est inconnu en Poitou-Charentes où, à notre connaissance, aucune larve n’a jamais été trouvée. Selon Peters (1987), l’espèce se développerait…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Menaces

En Poitou-Charentes, l’Aeschne isocèle est une des espèces qui a le plus dramatiquement régressé durant les deux dernières décennies. La disparition et la dégradation des zones humides, la diminution de la qualité de l’eau et l’introduction d’espèces exogènes comme le ragondin (qui abaisse la qualité d’eau et fait disparaître la végétation aquatique) et de l’Écrevisse de Louisiane (qui prédate les larves et coupe la végétation) sont les principales menaces qui affectent l’espèce.

Dans les vallées alluviales, l’altération des cycles naturels d’inondation a fait disparaître la plupart des zones palustres favorables à l’espèce. La disparition de nombreuses mares permanentes, par comblement ou assèchement chronique, affecte aussi les populations dont les noyaux sont désormais très distants les uns des autres.

Protection

La préservation de l’espèce passe par la restauration de réseaux de mares alimentées par des sources ou de l’eau de pluie, ceinturés d’hélophytes et exempts de poissons, de ragondins et d’écrevisses. La restauration du fonctionnement naturel des milieux alluviaux est primordiale pour cette espèce, dont les principaux noyaux de population se situent désormais dans le bassin du fleuve Charente.

 

Philippe JOURDE & Michel CAUPENNE

 

Bibliographie

Peters G., 1987 – Die Edellibellen Europes. Die Neue Brehm-Bücherei, 585, Wittenberg, 140p.

Agrion porte-coupe

Enallagma cyathigerum (Charpentier, 1840).

Agrion porte-coupe

Syn. Portecoupe holarctique

Etymologie

De enallagma (gr) = confusion : Charpentier dénommait ainsi les coenagrionidés bleus, particulièrement difficiles à identifier ; cyathigerum de cyathus (gr) = coupe et ger(um) (lat) = porter : porte-coupe du fait du dessin noir du 2e segment abdominal, qui ressemble à une coupe ou à un calice.

Répartition

L’Agrion porte-coupe est une espèce dont l’aire de répartition s’étend du cercle polaire arctique à la Méditerranée.

En Poitou-Charentes comme en France, cet agrion est assez commun. Il est présent dans les quatre départements de la région où il a été observé dans 230 communes, soit près de 20 % des communes prospectées.

Phénologie

La période de vol de cette espèce est relativement longue. Dans la région, elle s’étend…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Habitats

Enallagma cyathigerum est une espèce des eaux stagnantes, parfois faiblement courantes, qui délaisse…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Biologie

Le développement larvaire relativement court, se ferait en 3 mois à 1 an selon…(ce texte est disponible intégralement en version papier dans le livre Libellules du Poitou-Charentes).

Menaces

Cette espèce dispose d’une importante capacité de colonisation des milieux aquatiques récents (bassins d’orage, argilières, bassins de décantation) et peut tolérer un fort niveau de pollution. Elle ne semble pas réellement menacée même si des déclins locaux ont pu être observés depuis 2003, sans que les causes en soient clairement identifiées. L’intensification des activités piscicoles et l’expansion de l’Écrevisse de Louisiane pourraient provoquer à terme le déclin d’importantes populations d’E. cyathigerum présentes sur les étangs.

Protection

En Poitou-Charentes, l’Agrion porte-coupe ne bénéficie d’aucune mesure de protection. Comme pour d’autres espèces, le maintien des milieux stagnants permanents, riches en végétation, permettraient d’assurer la conservation de cet odonate qui profite d’ailleurs de l’implantation des bassins de lagunage.

 

Laurent PRECIGOUT & Philippe JOURDE

 

Bibliographie

Miller P.L., 1994 – Submerged oviposition and responses to oxygen lack in Ennalagma cyathigerum (Charpentier) (Zygoptera : Coenagrionidae). Advances in Odonatology, 6 : 79-88.

Parr L.J., 1976 – Some aspects of the population ecology of the damsel-fly Enallagma cyathigerum (Charpentier) (Zygoptera : Coenagrionidae). Odonatologica, 12 : 45-57.

Le changement global

Le changement global ne se limite pas aux modifications d’origine naturelle (conditions abiotiques et climatiques). Il résulte en grande partie d’une empreinte écologique humaine considérable et grandissante. La fragmentation et la destruction des habitats sont fortement liées à l’intensification agricole et à l’urbanisation. Le transport et l’introduction, plus ou moins volontaires, de nombreux animaux et plantes exotiques, contribuent à homogénéiser et à déstabiliser les écosystèmes. Ces deux phénomènes contribuent aussi à augmenter la régression, voire l’extinction de bon nombre d’espèces. La pollution, par consommation accrue d’énergies fossiles et de produits chimiques, entraîne des modifications très importantes sur l’atmosphère, sur la qualité des terres et des eaux ainsi que sur la physiologie et le cycle biologique de nombreux êtres vivants, dont l’Homme et les libellules.

Disparition et altération des zones humides

En France, les zones humides ont perdu 65 % de leur surface depuis le début du XXe siècle. Leur assèchement, direct ou à l’échelle du bassin-versant, ainsi que leur comblement pour leur mise en culture, voire leur urbanisation, en sont les principaux facteurs. Cette situation perdure et la dégradation de ces milieux continue.

En Poitou-Charentes, cette pression s’est particulièrement exercée sur les zones humides connexes aux rivières et ruisseaux, dans les lits majeurs. Ces espaces, qui servent de zones naturelles d’expansion des crues et qui sont des réservoirs importants de biodiversité ont en effet, pour beaucoup, été profondément transformés au profit de la culture du maïs ou de la populiculture. Le changement radical de gestion hydraulique des cours d’eau opéré à partir des années 1960, à base de grands travaux de curage et de mise en place de barrages, a également conduit à l’assèchement des zones humides et à leur dégradation à vaste échelle. L’augmentation et la généralisation des traitements phytosanitaires utilisés en agriculture et par les jardiniers amateurs, s’ajoutent aux polluants d’origine industrielle et contribuent à une dégradation très importante des milieux aquatiques.

Sur la principale zone humide régionale qu’est le Marais Poitevin, plus de la moitié des prairies naturelles humides (33 000 des 60 000 hectares) ont ainsi disparu entre 1973 et 1990, au profit des cultures céréalières (source : Coordination pour la Défense du Marais Poitevin).

Altération de la ressource et de la qualité de l’eau

Le tarissement prolongé de sections de cours d’eau s’est fortement accentué ces 20 dernières années, et atteint en moyenne plus de 1000 kilomètres de cours d’eau en Poitou-Charentes (carte 1).

La cause principale est une pression de l’irrigation très forte (carte 2 – mise à jour 2010) depuis une trentaine d’années, principalement pour la culture du maïs qui représente 80 % des surfaces irriguées, sachant que 3 670 m3/ha sont nécessaires au cycle biologique de cette plante. Ainsi, de 1988 à 2004 en Poitou-Charentes (tableau ci dessous), ce volume a augmenté de 16 millions de m3 (54 %) alors que dans le même temps celui pour l’industrie diminuait de 29% et n’augmentait que de 5% pour l’eau potable. De plus, seulement 30 % de l’eau prélevée est restituée au milieu, de façon différée. Effectuée principalement pendant l’été, cette activité contribue activement à assécher les cours d’eau pendant la période de reproduction des libellules. L’une des solutions alors avancée par la profession agricole est la mise en place de retenues de substitution qui doit permettre de limiter les prélèvements en période d’étiage. Cependant, celles-ci ne présentent pas une réserve suffisante pour tenir tout l’été et leur remplissage se fait au détriment des crues hivernales. En outre, elles contribuent à maintenir un système agricole intensif et défavorable à l’ensemble des écosystèmes.


Évolution des prélèvements d’eau de 1988 à 2006 par usage et par origine. (Source : Agences de l’eau Adour-Garonne et Loire-Bretagne.)
1988 1993 1998 1999 2000 2001 2004 2005 2006
Industries Eaux de surface 27.9 27.6 17.8 16.5 18.9 18.4 18.1 17.9 18
Eaux souterraines 6.3 5.8 14.6 13.8 11.4 11.3 8.6 8.4 8
Total 34.2 32.5 32.4 30.3 30.3 29.7 26.6 26.3 26
Eau potable Eaux de surface 125 95 59 58.1 64.1 61.2 61.8 61.3 60.2
Eaux souterraines 23.1 52.7 92.9 93.3 89.3 96.2 94.1 87.9 89
Total 148.1 147.7 152 151.4 153.4 157.4 156 149.2 149.2
Irrigation Eau de surface 53.3 79.6 75.9 65 91.1 70.4 70.2 45.1 58.6
Eaux souterraines 85.4 130.7 219.3 181.4 157.6 180.2 182.9 124.4 147.8
Total 137.8 210.3 295.2 246.4 248.6 250.6 253.1 169.5 206.4
Tous usages Eaux de surface 206.2 202.2 152.7 139.6 174.1 150 150.1 124.3 136.8
Eaux souterraines 113.9 189.2 326.8 288.5 258.3 287.7 285.6 220.6 248.8
Total 320.1 390.5 479.6 428.1 432.3 437.7 435.6 344.9 381.6

Ce phénomène de dégradation de la ressource en eau est lié également à la disparition des zones humides du bassin versant qui servaient de zones tampons et qui relâchaient leur eau l’été, servant ainsi de soutien à l’étiage.

Les diverses pollutions, par les pesticides, les fertilisants, les cyanophycées, ou encore le phosphore, entraînent, quant à elles, une dystrophie des milieux qui affectent les cours d’eau. Ceci se révèle très défavorable aux libellules, dont les cortèges se retrouvent appauvris. Seules quelques espèces ubiquistes et très tolérantes comme l’Agrion élégant Ischnura elegans ou la Naïade au corps vert Erythromma viridulum arrivent, dans certains cas, à s’adapter.

Les zones humides souffrent également du grignotage du territoire par l’urbanisation ou la création d’infrastructures lourdes, gourmandes en espace (autoroute, lignes ferroviaires, carrières …).

Enfin, le colmatage des lits, à cause du piétinement par le bétail ou la circulation de véhicules tous terrains, a un impact néfaste sur la diversité des cortèges de libellules car il entraîne la diminution, voire la disparition, des herbiers aquatiques, l’augmentation excessive de la turbidité de l’eau, la perte des caches sous les cailloux pour les larves d’espèces tels que le Cordulégastre annelé Cordulegaster boltonii.

Nicolas COTREL

Bibliographie

Coordination pour la Défense du Marais Poitevin., 2009 – Site internet http://www.marais-poitevin.org/ – Consultation du 20/09/09.