Sonneur à ventre jaune

Bombina variegata *(Linnaeus, 1758)
Sonneur à ventre jaune
Atlas préliminaire des Amphibiens et Reptiles du Poitou-Charentes, juillet 2002. Le Sonneur à ventre jaune est parfaitement adapté aux milieux temporaires.

Poitou-Charentes Nature

Laurent PRECIGOUT

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexes 2 et 4

Convention Berne : Annexe 2

Liste Rouge nationale : Vulnérable

Liste rouge régionale : Vulnérable

Sonneur à ventre jaune, Bombina variegata (Linnaeus, 1758)
Petit crapaud les pattes dans l’eau
Crédit photo : © Daniel Heuclin

Cette espèce occupant une bonne partie de l’Europe centrale et méridionale est actuellement en déclin en maints endroits sur l’ensemble de son aire de répartition.

Biologie et écologie

Espèce pionnière parfaitement adaptée aux milieux temporaires, ce petit Discoglossidé reconnaissable à sa coloration ventrale noire marbrée de jaune, se laisse surprendre en Poitou-Charentes dans des milieux très variés (ornières, fossés, mares forestières, anciennes carrières, abreuvoirs).

La majeure partie des observations sont réalisées d’avril à juillet lors de la saison de reproduction. Les mâles, actifs de jour comme de nuit, émettent un chant (poup, poup) audible à quelques dizaines de mètres seulement.

Les œufs sont déposés au contact des végétaux aquatiques. Dans ces milieux temporaires, les têtards ont un développement extrêmement rapide.

Répartition

Cette espèce se trouve en Poitou-Charentes à la limite Ouest de son aire de répartition européenne. La connaissance du sonneur dans notre région remonte au XIXème siècle, où il était signalé comme très commun aux environs d’Angoulême (TREMEAU DE ROCHEBRUNE,1843).

Actuellement, même si l’espèce est connue dans tous les départements de la région, seule la Charente héberge une bonne vingtaine de stations, à l’Est d’une ligne Confolens-Barbezieux. La majorité d’entre elles sont constituées d’une dizaine d’individus, néanmoins certaines peuvent atteindre plus de quarante individus (PRECIGOUT, inédit.). Les habitats utilisés sont très variés mais souvent en relation avec le milieu boisé.

En Vienne, une petite population de sonneur se maintient depuis une dizaine d’années dans des ornières de la forêt de Moulière. Plus récemment, une station a été trouvée dans des mares bocagères du sud du département. Pour les Deux-Sèvres, deux stations d’une dizaine d’individus sont actuellement connues dans des mares bocagères du sud du département, aux environs de Bougon.

La situation est similaire en Charente-Maritime, où un massif boisé du sud du département constitue l’unique site d’accueil de l’espèce pour ce département (FOUQUET com. pers.).

Rare en Poitou-Charentes, le Sonneur à ventre jaune est menacé par les comblements de mares, les curages intempestifs des fossés et le débardage en période de reproduction.

Laurent PRECIGOUT

Consultez la carte de répartition des amphibiens et des reptiles

Grenouille verte

Statut de protection

Protection nationale : Article 3

Directive habitats : Annexe 5

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale

Liste rouge régionale

En raison de la dépendance génétique de ce taxon à la Grenouille de Lessona et de l’importation de la Grenouille rieuse, sa conservation doit faire l’objet de suivis rigoureux dans les années à venir.

Biologie et écologie

L’histoire de la Grenouille verte illustre à la fois les avancées passionnantes de la systématique et de celles de notre connaissance des espèces.

En effet, en Europe occidentale, nous distinguions jusqu’en 1912 une seule espèce ; aujourd’hui 9 espèces et 3 hybrides du sous-genre Pelophylax ont été décrits (DUBOIS et OHLER 1994 ; DUBOIS 1997).

Les expériences d’hybridation et les études morpho-génétiques des 30 dernières années ont montré que finalement la « Grenouille verte » de Carl VON LINNAEUS n’est pas une espèce mais un klepton, du klepto, voleur, sous-entendant que ces formes subtilisent les gamètes d’autres espèces pour réaliser leur reproduction (DUBOIS et GÜNTHER 1982).

Par le biais de ce phénomène de reproduction original, nommé hybridogenèse (SCHULTZ 1969), Rana kl. esculenta continue à se maintenir. Mieux, elle semble bénéficier d’une vigueur hybride lui conférant le statut de taxon euryhèce, c’est-à-dire à forte valence écologique. Ainsi, elle s’accommode d’une grande variété de milieux aquatiques.

En Poitou-Charentes, elle fréquente aussi bien les pièces d’eau de taille modeste à petite, elle colonise les déversoirs d’orage et les étangs de pêche. Elle paraît même bien supporter les milieux pollués et fortement anthropisés. Il n’est pas rare de la contacter dans des bassins enclavés dans des grandes monocultures.

Elle se reproduit d’avril à juin. Les mâles manifestent leur excitation par des chants en trilles et modulés. Au cours de l’amplexus axillaire, la ponte est disséminée par petits paquets à la surface de l’eau. Une partie des têtards passent l’hiver dans l’eau.

Répartition

Bien que très incomplètement connue, la distribution de la Grenouille verte laisse présager qu’elle colonise les 2/3 orientaux du Poitou-Charentes. Elle se rencontre en fréquence variable dans les quatre départements : dans les Deux-Sèvres, elle paraît se raréfier sur les bassins tertiaires du sud du département, dans le département de la Vienne, dans la moitié septentrionale du département de la Charente et d’une localité de la Charente-Maritime. Cette dernière localité pourrait s’avérer être plutôt un autre taxon du sous-genre Pelophylax.

La carte globale lessonae/esculenta, premier groupe à l’intérieur du sous-genre Pelophylax montre la même tendance, c’est-à-dire une distribution à peu près uniforme dans les trois départements continentaux et une absence totale de la Charente-Maritime, département caractérisé par un mésoclimat plus chaud et plus sec, avec des hivers doux et des anomalies thermiques positives, notamment en zone littorale.

François DUSOULIER et Olivier GROSSELET

Cistude d’Europe

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexes 2 et 4

Convention Berne : Annexe 2

Liste Rouge nationale : Vulnérable

Liste rouge régionale : Mentionné

Cette espèce à large répartition est considérée comme vulnérable en Europe bien qu’elle soit considérée en danger dans quelques pays européens et en déclin notamment en France.

Biologie et écologie

En Poitou-Charentes, la Cistude d’Europe fréquente toutes sortes d’hydrosystèmes : rivières à cours lent, mares, étangs, baisses, fossés de marais, canaux…

En général, la Cistude d’Europe est active de la fin février jusqu’à la première quinzaine du mois d’octobre (DUGUY et al, 1998).

Pour la thermorégulation deux périodes sont discernables : de la fin février à la mi-avril ainsi que de septembre à octobre les cistudes ont tendance à sortir en début d’après-midi, alors que durant la saison estivale l’une en fin de matinée (10-11 h) et l’autre en fin d’après-midi (16-18h) (loc. cit.).

L’activité de ponte se déroule dès le début mai et se poursuit jusque vers la mi-juillet. Les sites de ponte sont très variables avec une préférence pour les sols meubles exondés et se trouvant souvent à proximité de sites à bonne densité d’adultes.

L’émergence des jeunes peut intervenir dès la fin de l’été, bien qu’en général ce soit au printemps qu’ils sortent.

Répartition

La Cistude d’Europe est signalée dans les quatre départements du Poitou-Charentes.

La première trace de l’espèce en Charente-Maritime remonterait au Xlle siècle avec la sculpture d’une Tortue sur l’église romane de Champagne (DUGUY, 1993). Dans ce département l’espèce est connue avec certitude dans le Marais de Saint Augustin et dans une partie de la Presqu’île d’Arvert, le Marais de Brouage, quelques secteurs de la basse vallée de la Charente, de la Seugne, de la Boutonne, de l’Arnoult et de la Seudre ainsi que dans une grande partie de la Haute Saintonge. La seule donnée insulaire pour l’atlantique français est à attribuer à l’île d’Oléron où la première mention de l’espèce sur l’île remonte à 1904 (ALLENOU et al, 2001).

La cistude est connue également en Charente où les populations du sud semblent être en continuité avec celles de Charente-Maritime. Sa répartition actuelle semble être limitée au sud d’une ligne Cognac à Montbron (selon les dernières données de 2001 non intégrées dans cet atlas).

Pour les Deux-Sèvres une population était signalée dans les années 80 par Michel Fouquet sur l’Argenton et les étangs du nord.

Pour la Vienne, une des premières mentions remonte à MAUDUYT (1844) où un individu a été capturé sur le Clain. La seule population bien établie semble être limitée aux étangs de la région de Montmorillon.

Toutes les autres mentions de cistude en Poitou-Charentes semblent être des individus épars sans doute échappés de jardin.

Raymond DUGUY et Jean-Marc THIRION

Lézard des souches

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitat : Annexe 4

Convention Berne : Annexe 2

Liste rouge Nationale : Indéterminé

Liste rouge Régionale : Mentionné

Espèce à vaste répartition, de climat tempéré frais et continental du centre de l’Europe à l’Asie, qui semble atteindre ici sa marge ouest européenne.

Biologie et écologie


Ses noms français, anglais (Sand lizard) et allemand (Zauneidechse) illustrent mieux sa biologie que son nom scientifique, car l’espèce est peu agile. Elle fréquente en effet des biotopes variés, de la plaine jusqu’à plus de 2000 m.

Elle vit surtout au sol, dans des haies, talus, bords de champs ou de prairies, en général bien ensoleillés, avec une végétation dense.

Dans les îles britanniques, en Hollande et Belgique, elle vit souvent dans la végétation des dunes. En Poitou-Charentes, l’espèce a été observée sur un talus exposé au sud, dans la vallée de la Tardoire, avec une végétation de buis et de vieilles souches sur la pente du talus offrant de nombreux abris.

Il semble que l’insolation joue un rôle important et explique que l’hibernation de cette espèce commence souvent en septembre et puisse se prolonger tard (parfois jusqu’en mai) si les conditions sont défavorables.
Le Lézard des souches est ovipare.

La femelle pond, dès le mois de mai, 6 à 20 œufs dans une dépression du sol. Une deuxième ponte a été observée parfois en été.

Répartition

Le Lézard des souches atteint en Poitou-Charentes sa limite ouest de répartition. Une mention ancienne (TREMEAU DE ROCHEBRUNE – 1843) pourrait se rapporter à cette espèce : appelée « Lézard vert à 2 raies » (Lacerta bilineata), elle est notée sur un coteau sablonneux exposé au midi, au sud-est d’Angoulême.

Plus récemment, c’est encore dans l’est de la Charente qu’il semble présent : Il a été noté au début des années 80 en bordure de la forêt d’Etagnac, (L. SAUTEREAU, com. pers.), puis de nouveau observé (1991-1992) dans l’est du département, plus au sud, près de Montbron.

La ressemblance superficielle de certains individus avec des subadultes des Lézards verts femelles peut entraîner parfois des confusions mais n’explique pas ce manque d’observations, qui traduit plutôt une réalité de terrain : l’espèce est très rare dans notre région, et doit être avant tout recherchée sur la marge orientale.

Jean-Pierre SARDIN

Rainette arboricole

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexe 4

Convention Berne : Annexe 2

Liste Rouge nationale : Vulnérable

Liste rouge régionale : Mentionné

Espèce menacée sur l’ensemble de son aire de répartition où les populations sont en diminution dans l’ensemble des pays.

Biologie et écologie

La Rainette verte se différencie des autres groupes de grenouilles, comme sa cousine la Rainette méridionale, par la possibilité qu‘elle a de grimper sur les végétaux, grâce à des pelotes adhésives qu’elle possède au bout des doigts. Elle ne descend que rarement à terre.

S’accommodant de milieux variés, elle se fait remarquer dès le mois d’avril et jusqu’au début de l’été, par son chant puissant, plus rapide que celui de la Rainette méridionale, d’autant plus audible de loin qu’elle chante en chœur. Elle peut reprendre ces chants en fin d’été.

Elle affectionne les mares à végétation touffue. Surtout nocturne, elle capture insectes volants : mouches, moucherons, et autres proies diverses.

Répartition

A peu près uniformément présente dans les trois départements continentaux du Poitou-Charentes, elle n’a quasiment pas été observée au sud d’une ligne Rochefort-Cognac ainsi que dans le quart sud-ouest de la Charente, là où l’on rencontre plus régulièrement Hyla meridionalis. Sa répartition s’arrête à quelques kilomètres du bord de mer, sur le Marais de Voutron ou de Breuil-Magné.
Les observations dispersées recueillies laissent supposer une prospection aléatoire.

Même si on constate au niveau européen une régression générale, par disparition de ses habitats et sites de reproduction, mais aussi suite aux pollutions et à la fragmentation croissante des habitats, elle demeure bien présente en Poitou-Charentes.

Bruno FILLON, Chantal et Danielle FRAINNET

Annexe

Les critères pris en compte pour élaborer cette liste prennent en compte :

  • la répartition de l’espèce dans la région et en France, son intérêt biogéographique et le degré de responsabilité de la région pour sa survie ;
  • le niveau et l’évolution des effectifs, le degré de vulnérabilité dans la région
  • la place de l’espèce dans les listes officielles (liste rouge nationale, Convention de Berne, Directive Habitats,..)

Triton alpestre (Triturus alpestris)

Triton de Blasius (Triturus blasii) (hybride)

Triton crêté (Triturus cristatus)

Triton marbré (Triturus marmoratus)

Crapaud des joncs (calamite) (Bufo calamita)

Grenouille de lessona (petite grenouille verte) (Rana lessonae)

Grenouille rousse (Rana temporaria)

Pélobate cultripède (Pelobates cultripes)

Rainette arboricole (Hyla arborea)

Rainette méridionale (Hyla meridionalis)

Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata)

Cistude d’Europe (Emys orbicularis)

Coronelle girondine (Coronella girondica)

Coronelle lisse (Coronella austriaca)

Lézard des souches (Lacerta agilis)

Lézard ocellé (Lacerta lepida)

Seps strié (Chalcides striatus)

Classe des Reptiles

Le Poitou-Charentes compte 15 espèces de Reptiles (les Tortues marines ne sont pas prises en compte dans l’atlas préliminaire) sur les 38 recensées en France. Parmi ces espèces, le Lézard des murailles est l’espèce qui a été la plus contactée, suivi de la Couleuvre verte et jaune, du Lézard vert et de la Couleuvre à collier.

Classe des Reptiles

Ordre des Chéloniens (tortues) : 2 espèces

Famille des Emydidés : nombre de données

Cistude d’Europe (Emys orbicularis) : 167

Tortue de Floride (Trachemys scripta elegans) : 47

Ordre des Sauriens (lézards) : 6 espèces

Famille des Anguidés : nombre de données

Orvet (Anguis fragilis) : 73

Famille des Lacertidés

Lézard vert occidental (Lacerta bilineata) : 592

Lézard des souches (Lacerta agilis) : 2

Lézard ocellé (Lacerta lepida) : 43

Lézard des murailles (Podarcis muralis) : 951

Famille des Scincidés

Seps strié (Chalcides striatus) : 2

Ordre des Ophidiens (serpents) : 7 espèces

Famille des Colubridés : nombre de données

Couleuvre verte et jaune (Coluber viridiflavus) : 748

Coronelle lisse (Coronella austriaca) : 13

Coronelle girondine (Coronella girondica) : 59

Couleuvre d’Esculape (Elaphe longissima) : 233

Couleuvre vipérine (Natrix maura) : 248

Couleuvre à collier (Natrix natrix) : 412

Vipère aspic (Vipera aspis) : 203

Triton marbré

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexe 4

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale : Vulnérable

Liste rouge régionale : Mentionné

C’est une espèce considérée en danger dans le sud et le centre de la France. Cette espèce est victime du commerce illégal pratiqué en Hollande et en Allemagne.

Biologie et écologie

Le Triton marbré est l’un des tritons les plus aquatiques de la région.

Il fréquente de manière générale les eaux stagnantes pourvues de végétation aquatique, de la petite mare de plein champ à l’étang forestier. On le trouve aussi dans les grandes zones de marais en Charente-Maritime.

En Poitou-Charentes, on rencontre, certaines années, des mâles en phase aquatique et arborant des crêtes bien développées dès le mois de décembre, les femelles étant un peu plus tardives.

C’est la nuit qu’ils se montrent les plus actifs. Les pontes sont facilement repérables par la présence d’une feuille (Potamot, Menthe… ) immergée, repliée en deux et abritant un petit œuf blanc (à l’instar du Triton crêté).

En fin d’été, les tritons en phase terrestre occupent des habitats relativement frais comme des sous-bois ou des haies où ils passent l’essentiel de la journée à l’abri ; il n’est pas rare, à cette époque, de trouver plusieurs dizaines de jeunes tritons arborant une magnifique ligne orangée sur le milieu du dos, lovés en groupe, à l’intérieur d’une vieille souche ou sous de la mousse en pleine forêt. On peut également en rencontrer dans des caves.

Répartition

La répartition mondiale du Triton marbré se limite au sud ouest de l’Europe : Péninsule ibérique, excepté le sud est de l’Espagne et une grande partie ouest de la France (NÖLLERT, 1992) où l’espèce est menacée.

Au niveau régional, GÉLIN (1911) signale l’espèce comme étant assez commune.

Actuellement il semble assez bien réparti sur les quatre départements. On le retrouve en grande partie dans les régions bocagères où un nombre encore important de mares sillonne les prairies naturelles, ainsi que dans les milieux plus forestiers. Il semble délaisser les zones de plaine où règne une agriculture trop intensive.

Le manque de points d’eau et la présence d’un environnement défavorable (grandes parcelles labourées) peut expliquer cette absence (plaine de Niort, plaine de Thouars, plaine du nord de la Vienne…).En Gâtine, les populations peuvent être relativement importantes (jusqu’à 150 individus adultes dans une petite mare isolée).

Cependant, même si le Triton marbré semble encore bien représenté en Poitou-Charentes, le caractère restreint de sa répartition au niveau mondial doit nous inciter à suivre attentivement l’évolution des populations au niveau local.

Il faut veiller au maintien de mares environnées de milieux favorables aux déplacements (prairies naturelles, boisements), conditions nécessaires pour la survie des populations à long terme..

Samuel COUTURIER

*A & C NÖLLERT (1995) Los amphibios de Europa : p 237-240
*H GELIN (1911) Triton marbré. Reptiles & Batraciens des Deux-Sèvres et région voisine p 85

Triton crêté

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive habitats : Annexes 2 et 4

Convention Berne : Annexe 2

Liste Rouge nationale : Vulnérable

Liste rouge régionale : Mentionné

Cette espèce à large répartition européenne voit ses habitats menacés. Ces derniers doivent faire l’objet d’une protection sur l’ensemble de son aire de répartition, tout particulièrement pour les populations du sud de l’Europe.

Biologie et écologie

Le Triton crêté fait partie des grands Salamandridae que l’on peut observer en Poitou-Charentes. Résolument inféodé aux milieux aquatiques de petites dimensions, cette espèce fréquente de préférence les mares de paysage ouvert, au détriment de celles situées en milieu boisé.

Les réseaux de mares apparaissent comme les habitats les plus propices au développement de populations importantes.

Compte tenu de sa période aquatique relativement courte, le Triton crêté peut s’accommoder de milieux temporaires à assèchement estival. L’existence d’une végétation aquatique peu ou moyennement développée semble faire partie des exigences de l’espèce.

Sur la réserve naturelle du Pinail la typologie des mares occupées par le Triton crêté confirme ces préférences, faisant apparaître une plasticité écologique réduite par rapport au Triton marbré, avec lequel il cohabite et s’hybride dans notre région.

La période aquatique des adultes est concentrée de mars à la mi-mai. Selon les conditions climatiques, des individus peuvent cependant être observés dès février, et jusqu’en juillet.

Répartition

Le Triton crêté atteint en Poitou-Charentes sa limite sud-ouest de répartition. Les observations récentes montrent que les plus importantes populations sont localisées dans les zones à forte densité de mares de la Vienne (terres de brandes).

Dans les Deux-Sèvres, bien que présent sur toute la façade Est, le Triton crêté reste malgré tout peu commun. La situation dans les deux autres départements est en revanche très différente.

BELTRÉMIEUX (1884) le notait « assez rare » en Charente-Maritime et TRÉMEAU DE ROCHEBRUNE (1843) « peu commun » en Charente. Les observations réalisées entre 1990 et 2000 n’ont pas permis de retrouver T. cristatus en Charente-Maritime.

Seules quelques observations ponctuelles attestent de la présence de l’espèce en Charente.

La fragilité de ces populations en limite d’aire est d’ailleurs confirmée dans la Vienne où les stations connues par ZUIDERWIJK (com.pers.) durant les années 80 dans le montmorillonais semblent avoir disparu.La modification du paysage agricole avec notamment l’abandon des mares et, au pire, leur comblement, constitue le facteur de régression principal.

La prédation des œufs et des larves par des poissons introduits tels que la Perche-soleil ou le Poisson-chat peut avoir un impact notable sur les populations comme cela a pu être constaté sur la réserve du Pinail (86) (DUBECH, 1999).

Olivier PRÉVOST

DUBECH P., 1999 – Les tritons de la réserve du Pinail. Zamenis 3 : 8-9.

Vipère aspic

Statut de protection

Protection nationale : Article 2

Directive habitat

Convention Berne : Annexe 3

Liste Rouge nationale

Liste rouge régionale

Le statut taxonomique de la Vipère aspic est actuellement assez confus, aussi bien en ce qui concerne les espèces que les sous-espèces. Les principales controverses se situent entre les populations françaises et italiennes. Par exemple, il est possible que les Vipères aspics du sud-est de la France appartiennent à l’espèce Vipera atra, ou à la sous-espèce Vipera aspis atra. Le plus simple actuellement est de considérer que Vipera aspis occupe les deux tiers méridionaux de la France (grosso modo absente au nord d’une ligne St-Nazaire – Paris – Nancy), l’Italie et une petite partie de la Suisse. Elle est en régression sur la plupart de son aire de distribution (disparition des bocages).

Biologie et écologie


La Vipère aspic est le reptile français le plus étudié, et donc le mieux connu. Extrêmement polymorphes, les Vipères aspics du Poitou-Charentes ont tendance à être d’assez grande taille (parfois plus de 70 cm du museau au cloaque et plus de 300 g).

Chaque population présente des caractéristiques propres. Par exemple les vipères qui vivent dans les marais de Charente-Maritime sont très différentes (couleur du type Zinnikeri) de celles qui vivent près de Poitiers à coloration plus discrète.

Chez les femelles, la vitellogenèse et la gestation nécessitent environ six mois, de mars à septembre. Après les mises bas la majorité des femelles ne survivra pas.

Toutefois, une faible proportion de femelles produira deux ou trois portées ; avec une fréquence moyenne d’une reproduction tous les trois ans et une fécondité annuelle de 6 vipéreaux (4 à 10 en général). Les mises bas ont lieu fin août – début septembre ; les nouveaux-nés mettront environ 2 à 4 ans pour atteindre la maturité sexuelle.

Répartition

Les Vipères aspics occupent des milieux très variés. Abondantes dans les bocages serrés (même humides), les densités de populations sont assez faibles en forêt. Les futaies serrées sont trop sombres pour cette espèce. La Vipère aspic a probablement profité des pratiques agricoles jusqu’en 1950 environ.

Depuis, le remembrement, l’extension des monocultures et les traitements phytosanitaires (destruction des campagnols) entraînent une chute rapide de la plupart des populations. En effet, des suivis à long terme ont montré que la dynamique de population de la Vipère aspic est intimement liée aux fluctuations de l’espèce proie principale, Microtus arvalis.

Encore assez répandue dans l’ensemble du Poitou-Charentes, elle est désormais absente de grandes zones comme la plaine Niortaise par exemple. Très discrète dans les zones forestières, les données sur sa répartition sont certainement encore incomplètes.

Bien que persécutée, comme le sont les autres serpents, la Vipère aspic survit assez bien dans des zones refuges de relativement petite taille (forêt de Chizé-79 ou dans les marais près de Ballon-17).

Il est probablement illusoire de conserver les populations résiduelles, mais il est indispensable de conserver les refuges principaux, notamment les bocages serrés où elle est encore abondante.

Xavier BONNET