Forêts de conifères

Forêts de pin maritime
Querco ilicis-Pinenion maritimi
16.29

Rédacteur : Guy Chézeau

Physionomie – écologie

La forêt de Pin maritime et Chêne vert correspond à une formation mixte qui se développe au niveau de la dune boisée sur une bonne partie du littoral centre atlantique où elle constitue un habitat endémique. On observe là le résultat d’une gestion forestière ancienne sur des sables d’origine marine modelés par le vent en dunes ayant souvent de fortes teneurs en calcaire (sables coquilliers) et fixés par les plantations.
Les forestiers y ont favorisé une espèce pionnière, le Pin maritime Pinus pinaster au détriment du Chêne vert Quercus ilex, espèce climacique. La bordure maritime est parfois occupée par une chênaie verte pure, le chêne présentant une meilleure résistance aux embruns. Le chêne se développe volontiers sous le couvert bien éclairé du boisement de pins maritimes. Le pin, espèce héliophile disparaît par contre en sous bois de chêne vert.
L’importance variable de l’une ou l’autre espèce favorise selon les cas le développement en sous bois d’espèces fortement héliophiles (daphné, cistes, troène, clématites en sous bois de pin) ou au contraire plus ou moins sciaphiles (fragon petit houx, chèvrefeuille des bois, lierre, en sous bois de Chêne vert). La flore herbacée est riche en Orchidées (Céphalanthère rouge Cephalanthera rubra, Céphalanthère à feuilles en épée Cephalanthera longifolia, Epipactis à fleurs pendantes Epipactis phyllanthes, Platanthère à fleurs verdâtres Platanthera chlorantha). Un parasite, le Monotrope sucepin Monotropa hypopitys, peut également y être observé. S’y ajoutent un peu partout des espèces nitrophiles ou liées au piétinement qui témoignent d’une importante fréquentation humaine liée à l’explosion d’activités ludiques dites « vertes » (Centaurée rude Centaurea aspera et Queue de lièvre Lagurus ovatus indiquée rare par les botanistes du XIXème siècle). Les espèces de lisière pénètrent plus ou moins profondément en suivant les allées forestières (Clématite flamme Clematis flammula, Chèvrefeuille des bois Lonicera periclymenum…)
La forêt de Pin maritime des Landes correspond à une formation en grande partie artificielle liée à la plantation de résineux pour une production rapide de bois sur des terrains privés (à 99% selon le CRPF) sur une superficie de 29000 ha sur le sud de la Charente Maritime et le sud ouest de la Charente. Toujours selon le CRPF (Centre Régional de la Propriété Forestière) le Pin maritime occupe 65% des boisements sur un territoire boisé à plus de 47 %. Il y a là une politique forestière qui a consisté à privilégier de manière très importante une espèce, le Pin maritime, dont l’indigénat sur le secteur est considéré comme vraisemblable. Ces boisements ont été favorisés sur des sols acides (pH voisin de 5) correspondants aux sables argilo-sableux du Tertiaire. Ces sols toujours ingrats, souvent hydromorphes, ont donné lieu à une forte et ancienne déprise agricole. Cette culture mono spécifique du pin a été remise en cause par les techniciens avec quelques difficultés sans attendre les importants dégâts occasionnés par les récents ouragans (décembre 1999) qui ont mis à mal ces plantations fragiles parce qu’équiennes.
Le sous bois peut se trouver totalement absent dans les plantations très jeunes n’ayant pas encore subi de dépressage. En futaie régulière, apparaissent les espèces du fourré acidiphile et en futaie claire les espèces climaciques avec le châtaignier, le chêne pédonculé ou le chêne tauzin.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • QUERCETEA ILICIS Br.-Bl., Roussine & Nègre 1952
    • Querco ilicis-Pinenion maritimi Géhu &Géhu-Franck
      • Association : Pino pinastri-Quercetum ilicis

COR 1991

  • 42.811 : forêts de Pins et de Chênes verts des Charentes
  • 42.813 Plantations de Pins maritimes des Landes

Directive habitat et Cahiers d’habitats

  • 2180 Dunes boisées littorales thermo–atlantiques à chêne vert

Confusions possibles

Aucune confusion n’est possible pour ce qui est de l’habitat type de Pin maritime et Chêne vert sur le littoral et encore moins pour la plantation mono spécifique artificielle de pin maritime des landes.

Dynamique

La forêt dunaire peut être soumise à une dynamique naturelle sur sa façade littorale.
La gestion forestière peut entraîner une forte dynamique du pin au détriment du chêne.

Espèces indicatrices

*Arbutus unedo, Cephalanthera longifolia, Cephalanthera rubra, *Cistus monspeliensis, Daphne gnidium, *Epipactis phyllantes, Juniperus communis, Monotropa hypopitys, *Osyris alba, Pinus pinaster, *Phillyrea angustifolia, Quercus ilex, Rubia peregrina
Anthoxanthum odoratum, Calluna vulgaris, Erica ciliaris, Genista tinctoria, Lobelia urens, Molinia caerulea, Pteridium aquilinum
Caprimulgus europaeus, Dendrocopos major, Loxia curvirostra, Parus cristatus,
Calosoma sycophanta, Ergastes faber, Nalanda fulgicollis
Bupalus piniara, Clavistega sylvestrana, Dendrolimus pini, Hyloicus pinastri, Petrophora chlorosata, Thaumatopea pityocampa, Thera sp.
Cyrtaspis scutata, Ephippiger ephippiger, Leptophyes punctatissima, Oecanthus pellucens, Meconema meridionale, Pholidoptera griseoaptera
Agaricus silvaticus, Antrodia serialis, Auriscalpium vulgare (sur cônes de pin), Cantharellus lutescens, Cortinarius cedretorum, Dacrymyces variisporus, Gomphidius glutinosus (sous épicéa), Gomphidius roseus (sous pin), Gomphidius rutilus (sous pin), Hydnellum ferrugineum, Hygrophoropsis aurantiaca, Hygrophorus latitabundus, Hypholoma capnoides, Lactarius deliciosus,Lactarius deterrimus (sous épicéa), Lactarius sanguifluus, Lactarius semisanguifluus, Leucocortinarius bulbiger (sous cèdre), Mycena seynesii (sur cônes de pin), Phaeolus schweinitzii, Phellinus pini, Pseudohydnum gelatinosum, Ramaria abietina, Ramaria fennica (sous épicéa), Ramaria gracilis, Ramaria ochraceovirens, Russula amara, Russula drimeia, Russula queletii, Russula sanguinaria, Russula torulosa, Sparassis crispa, Strobilurus esculentus (sous épicéa), Strobilurus tenacellus (sous pin), Suillus bellini, Suillus bovinus (sous pin), Suillus collinitus (sous pin), Suillus granulatus (sous pin), Suillus grevillei (sous mélèze), Suillus luteus, Suillus placidus (sous pin à 5 aiguilles), Trichaptum abietinum, Trichaptum hollii, Tricholoma auratum, Tricholoma equestre, Tricholoma myomyces, Tricholoma terreum, Tricholomopsis rutilans
Chaenotheca ferruginea, Imshaugia aleurites

Valeur biologique

La forêt littorale de pin maritime et chêne vert constitue un habitat endémique du Poitou-Charentes (il déborde sur le sud de la Vendée ainsi que sur le nord du Médoc), ceci lui confèrant une valeur biologique de premier plan. Elle peut héberger localement des espèces végétales ou animales possédant une valeur patrimoniale comme la pirole Pyrola chlorantha ou le raisin d’ours Arctostaphyllos uva-ursi en Oléron ou des espèces à caractère méditerranéen comme les cistes.
L’ourlet à Garance et Ciste à feuilles de sauge, constitué d’un mélange d’espèces méditerranéennes et atlantiques, constitue une association originale, le RUBIO PEREGRINAE – CISTETUM SALVIFOLIAE.
Ce milieu possède une valeur paysagère autant que sociale de grande importance ce qui a amené l’Office National des Forêts à pratiquer une politique de communication suite au dépérissement du Pin maritime apparu dans les années 1990. La disparition des pins suite à plusieurs étés très secs notamment, a entraîné l’introduction de résineux de remplacement moins sensibles à la présence de coquilles calcaires dans les sables dunaires (Pin d’Alep, Pin parasol Cupressus variés…)
Un certain nombre d’espèces animales trouvent dans la forêt littorale comme dans la pinède artificielle un milieu refuge voire, pour les oiseaux, un lieu de nidification
En lisière, dans la zone de contact aves l’arrière-dune, une espèce de l’annexe II de la Directive habitats – le Cynoglosse des dunes Omphalodes littoralis – forme parfois de petites stations (Ré, Oléron).

Menaces

La forêt dunaire à Pin maritime et Chêne vert est soumise un peu partout à de fortes pressions liées à la sur fréquentation touristique, aux aménagements divers sur la dune boisée (parkings) ou à une gestion forestière favorisant l’enrésinement dans une optique productiviste.
La forêt de Pin maritime des Landes, beaucoup moins fréquentée, n’est soumise à aucune autre menace que celles des tempêtes qui, comme l’ouragan de 1999, peuvent entraîner des dégâts considérables avec chablis.

Statut régional

La forêt de Pin maritime et Chêne vert n’existe que sur la frange littorale de 17. La forêt de Pin maritime des Landes couvre plus de 40% de la Double charentaise et saintongeaise.

16 : Double charentaise
17 : Double saintongeaise pour la forêt de Pin maritime des Landes. Iles de Ré (forêts du Lizay, de la Combe à l’Eau, bois Henri IV ), d’Oléron (forêts des Saumonards, de Saint Trojan) et presqu’île d’Arvert (forêt de La Coubre – La Tremblade) pour la forêt littorale de Pin maritime et Chêne vert.

Fréquence départementale

Fréquence départementale

Forêt de pin maritime des Landes : sous bois à Molinie, Fougère aigle, brande (...)

Forêt de pin maritime des Landes : sous bois à Molinie, Fougère aigle, brande (Bussac Forêt – 17)

Forêts sempervirentes

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie-structure

Les forêts sempervirentes constituent un des habitats forestiers les plus originaux de la région Poitou-Charentes dont le climat général, de type atlantique modéré, est plutôt favorable aux boisements caducifoliés. Véritables enclaves méridionales en contexte tempéré, leur présence est aujourd’hui considérée comme une relique de l’optimum climatique post-glaciaire de l’Atlantique et du Subboréal (de – 8000 à – 5000 ans BP) où l’on pense que les températures moyennes annuelles étaient supérieures de 2 à 3° aux actuelles. Leur extension a été possible durant cette phase d’intense réchauffement post-glaciaire, puis leur aire continue se serait morcelée à partir de la fin du Subboréal à la suite d’une péjoration du climat et d’un alignement progressif des températures sur les valeurs d’aujourd’hui. En dehors de la stricte zone méditerranéenne, ce type de formation n’a alors pu se maintenir qu’à la faveur de conditions stationnelles particulières :

  • d’ordre méso-climatique : « l’anomalie climatique charentaise », abondamment étudiée, repose sur la conjonction d’une sécheresse estivale associée à des températures assez élevées, synthétisée dans un indice d’évapotranspiration potentielle (ETP) élevé qui se résume assez bien dans la définition de « 4 mois secs » identiques à ceux observés sur la plus grande partie de la façade méditerranéenne française (contre 0 mois en zones de climat montagnard et 5 dans les localités les plus thermophiles de la Côte d’Azur). La durée d’insolation annuelle moyenne, partout supérieure à 2000h sur le littoral entre la pointe de Grave et la Vendée (jusqu’à 2500 heures aux Sables d’Olonne), semble également être un facteur important ;
  • d’ordre géo-pédologique : toutes les stations se trouvent sur des substrats filtrants, retenant mal l’eau de pluie, physiologiquement secs – sables dunaires riches en calcium d’origine coquillière ou calcaires appartenant à divers étages du Crétacé supérieur (Cénomanien, Turonien, Maestrichtien, Coniacien) – et dans des situations topographiques empêchant la formation d’un sol évolué (sommets de falaises littorales, pointements rocheux).

Caractéristiques biologiques

Les végétaux structurant l’habitat présentent en général des adaptations physiologiques à la sécheresse édaphique et climatique : petites feuilles persistantes coriaces du Chêne vert, des filarias, de l’Alaterne (sclérophyllie), aiguilles fines et allongées du Pin maritime ou des autres conifères naturalisés (Pin d’Alep, Pin parasol).
Deux essences dominent les forêts sempervirentes régionales :

  • le Chêne vert Quercus ilex : c’est l’essence emblématique du climat méditerranéen. Arbre peu élevé (jamais plus de 20m), à tronc court, souvent tortueux et de fort diamètre chez les sujets âgés, c’est un essence à croissance lente et longévité élevée (jusqu’à 500 ans) ; ses fleurs mâles disposées en longs chatons produisent de grandes quantités de pollen dispersé par le vent ; les glands, amers, ne sont consommés qu’en période de disette ou torréfiés pour fabriquer un « café » ; en revanche, ils étaient autrefois très prisés pour l’engraissage des porcs, ceux-ci étant menés en vaine pâture dans les grandes yeuseraies (presqu’île d’Arvert) ;
  • le Pin maritime Pinus pinaster est un Conifère au tronc flexueux, longuement dégarni de branches jusqu’à son houppier peu dense qui peut culminer à près de 30m de hauteur ; ses aiguilles vert foncé, groupées par 2, sont très longues et rigides ; sa croissance est rapide mais sa longévité faible à moyenne ; il est sensible aux gelées, intolérant au calcaire, mais supporte bien la sécheresse estivale.

Deux types de forêts sempervirentes se rencontrent dans la région :

  • la forêt à Pin maritime et Chêne vert (PINO PINASTRI-QUERCETUM ILICIS) des grands sytèmes dunaires vivants ou fossiles des côtes charentaises et des îles ;
  • la forêt à Chêne vert et Filaria à feuilles larges des affleurements calcaires littoraux et propé-littoraux (PHILLYREO LATIFOLIAE-QUERCETUM ILICIS) avec des stations isolées hors Charente-Maritime.
    Ces 2 forêts constituent le biotope pour de nombreuses plantes thermophiles, souvent d’origine méditerranéenne, notamment la pinède à Chêne vert, dont l’ambiance microclimatique plus lumineuse et ouverte est plus favorable que celle du PHILLYREO-QUERCETUM, parfois si sombre qu’il n’autorise que le développement du Lierre en grands tapis monotones.
    Ces forêts ont été également le lieu d’introduction d’espèces « exotiques » dont la réussite locale (cas du Pin parasol et du Pin d’Alep à l’île de Ré) peut parfois masquer les phytocénoses d’origine.

Espèces caractéristiques

Phillyrea latifolia, (Pinus halepensis), Pinus pinaster, (Pinus pinea), Quercus ilex, Rhamnus alaternus

Classification

Chênaies vertes thermo-atlantiques

Forêts dunaires de Pin maritime et Chêne vert traitées avec les forêts de conifères

Forêts caducifoliées hygrophiles

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie-structure

Les forêts hygrophiles sont des milieux forestiers où l’eau joue un rôle essentiel : elles occupent une position riveraine ou, plus souvent alluviale, en bordure de plans d’eau et, surtout, sur les bourrelets et les terrasses du lit majeur des cours d’eau. Inondées et fertilisées régulièrement par les laisses apportées par les crues d’hiver ou de printemps, elles prospèrent sur des sols généralement fertiles en raison des oscillations saisonnières de la nappe aquifère qui permettent une bonne activité microbiologique et une nitrification satisfaisante.
Très touchées par les activités humaines pluri-séculaires, elles ne forment aujourd’hui le plus souvent que des cordons ou des galeries étroites en bordure des ruisseaux et des rivières, sauf dans certains sites privilégiés où elles peuvent encore couvrir une part importante du lit majeur.
Les forêts hygrophiles obéissent à une double zonation régie principalement par la nature du substrat et les variations saisonnières de la nappe :

  • zonation longitudinale séparant les forêts-galeries des têtes de bassin (souvent à proximité des sources), où la pente est marquée, les alluvions grossières et bien aérées et les crues négligeables, des piémonts où la pente devient quasi nulle et le courant très faible, favorisant le dépôt d’alluvions plus fines, plus ou moins asphyxiques et où les inondations annuelles peuvent être sévères et durables ;
  • zonation tranversale de quelques secteurs préservés (moyenne vallée de la Charente) où on peut encore observer la succession typique : frange de saulaie ripicole en bordure même du lit mineur, suivie d’une aulnaie-frênaie sur le bourrelet alluvial (plusieurs faciès selon la hauteur des banquettes), à laquelle succède une aulnaie à hautes herbes dans la dépression marginale.
    En fonction de ces différents critères – nature du cours d’eau, pente et débit des eaux, type d’alluvions, ampleur du battement de la nappe – les forêts hygrophiles poitou-charentaises s’organisent autour de 4 axes principaux : la saulaie arborescente ripicole à Salix alba du bord du lit mineur, les différents types d’aulnaie-frênaie des bords de ruisseaux rapides ou de rivières à cours lents, la frênaie-ormaie des hautes terrasses de la Charente (et de la Vienne ?) et les aulnaies tourbeuses des sols constamment engorgés.

Caractéristiques biologiques

Les forêts hygrophiles sont dominées par des essences exigeantes, à croissance rapide (les sols sont fertiles et la disponibilité en eau assurée toute l’année) mais à faible longévité (les milieux sont peu stables, susceptibles d’être remodelés par les crues). On sépare classiquement les essences à bois tendre (Populus, Salix), produisant du bois de faible densité, strictement héliophiles et pionnières, des essences à bois durs, qui leur succèdent normalement dans le temps et forment un bois plus lourd (Fraxinus, Alnus, Ulmus). La plupart de ces arbres ont toutefois pour caractéristique commune de fleurir au premier printemps, d’être pollinisés par le vent et de produire de grandes quantités de semences munies de dispositifs aidant à leur dispersion passive par le vent ou l’eau (samares des frênes et de l’orme, graines ailées de l’aulne). Bien que la diversité dendrologique de nos forêts alluviales centre-atlantiques ne soit en rien comparable à celle des forêts du Rhin ou du Rhône, elles présentent néanmoins une certaine diversité structurale, notamment horizontale : celle-ci est surtout marquée dans les systèmes spatiaux et en évolution où on peut observer la juxtaposition, sur de faibles unités de surface, de plusieurs stades dynamiques générant des mosaïques d’une grande richesse (forêt/mégaphorbiae/roselière/magnocariçaie) ; par ailleurs, la luxuriance de certains types comme l’aulnaie à grandes herbes, favorisée par la richesse du sol en azote est également remarquable (présence de lianes, de hautes herbes hygrophiles).
Les forêts hygrophiles remplissent plusieurs fonctions essentielles :

  • écologiques : elles limitent l’érosion, régulent le débit des eaux, diminuent la turbidité en piégeant les particules en suspension et servent de « puits » pour le trop plein d’azote en provenance des bassins versants cultivés ;
  • biologiques : elles servent de biotope et de lieu de vie pour de nombreuses espèces végétales et animales communes ou rares et menacées ; elles constituent en tant que telles des foyers essentiels de la biodiversité régionale et leur haute valeur est reconnue par l’Union européenne qui a inscrit plusieurs types à l’Annexe I des habitats menacés en Europe (seule l’aulnaie marécageuse, curieusement, n’est pas prise en compte par l’Annexe I, alors qu’il s’agit d’un milieu hautement original et rare).

Espèces caractéristiques

Alnus glutinosa, Fraxinus angustifolia, Fraxinus excelsior
Oriolus oriolus
Leptura quadrifasciata, Rosalia alpina, Xylotrechus rusticus
Apatura ilia, Araschna levana
Alnicola melinoides, Alnicola scolecina, Ciboria amentacea (sur chatons d’aulne), Coprinus subdisseminatus, Coprinus tigrinellus (sur phragmite), Entoloma caccabus, Gyrodon lividus, Lactarius obscuratus, Lactarius obscuratus var. radiatus, Miladina lechithina, Mitrula paludosa, Mycena rhenana (sur aulne), Paxillus rubicundulus, Psathyrella populina

Classification

Saulaie blanche

Aulnaies-frênaies alluviales non marécageuse

  • Aulnaies-frênaies à Laîche espacée des petits ruisseaux ALNENION GLUTINOSO-INCANAE
  • Frênaies-ormaies atlantiques à Aegopode des rivières à cours lent ALNENION GLUTINOSO-INCANAE
  • Aulnaie à hautes herbes ALNENION GLUTINOSO-INCANAE

Frênaie mixte humide

Aulnaie et bétulaies marécageuses

  • Aulnaies méso-eutrophes ALNION GLUTINOSAE
  • Aulnaies oligotrophes acidophiles SPHAGNO-ALNION

Deux aspects très contrastés des forêts hygrophiles alluviales : une aulnaie (...)

Deux aspects très contrastés des forêts hygrophiles alluviales : une aulnaie marécageuse méso-eutrophe sur sol engorgé durant presque toute l’année (a g.) et une crue dans le lit majeur de la Charente : spectaculaire, mais ne gênant pas le développement d’essences « nobles » comme le gros chêne visible au centre (en b., à g.). Le rabattement estival de la nappe stimule l’activité microbiologique et permet un bon recyclage des matières nutritives apportées par la crue (en b. à d.)

Forêts caducifoliées non hygrophiles

Rédacteur : David Suarez

Physionomie-structure

Les forêts caducifoliées non hygrophiles constituent la majorité des boisements présents en Poitou-Charentes. Elles sont le stade évolutif final (climax) de tous les habitats secs et mésophiles de la région, en dehors des milieux dunaires.

Leur physionomie est liée à 2 principaux facteurs :

Les conditions stationnelles et climatiques : elles correspondent aux caractéristiques locales du boisement, qui sont définies par la profondeur du sol (chênaie pubescente rabougrie sur sol calcaire peu épais, chênaie sessiliflore avec de grands arbres sur sol profond…), sa perméabilité, son acidité, la nature de la roche-mère, la pente… L’orientation et la pente définissent également des conditions micro-climatiques qui vont influer sur le type de boisement : par exemple, dans une vallée calcaire orientée est-ouest, les pentes orientées au nord peuvent être occupée par une forêt de ravin sombre et fraîche abritant des espèces à affinités montagnardes, alors que celles orientées au sud accueillent une chênaie pubescente malingre riche en espèces méditerranéennes.

La gestion forestière : la quasi totalité des boisements de la région sont exploités par l’homme, et seuls quelques rares bois de pentes escarpés peuvent être considérés comme des reliques de forêts primaires. La façon dont le boisement est géré influe fortement sur sa physionomie et sur la nature de la strate herbacée : la futaie, souvent limitée aux forêts domaniales dans la région, est constituée d’arbres (principalement chênes, charmes et hêtres) du même âge et permet le développement d’une strate herbacée diversifiée. Le taillis, qui consiste à profiter de la capacité de rejet de souche de certaines essences (châtaignier, chênes, charmes) pour former des cépées de troncs, forme des boisements très denses à strate herbacée pauvre. Enfin, le taillis sous futaie consiste à laisser quelques grands arbres (semenciers) espacés dominer le taillis. Les 2 derniers modes de gestion sont les plus fréquemment utilisés en Poitou-Charentes.

Les différentes combinaisons entre les conditions stationnelles et le mode de gestion utilisé donnent lieu à une multitude de faciès forestiers décrits dans les fiches suivantes.

Caractéristiques biologiques

En fonction des conditions stationnelles décrites ci-dessus, les boisements du Poitou-Charentes sont dominés par certaines essences :

Le Chêne pédonculé (Quercus robur) est un arbre très ubiquiste et souvent dominant, et sa seule présence ne suffit pas à définir un type de boisement ; il est par contre toujours mélangé à d’autres essences qui permettent de caractériser l’habitat : le Charme (Carpinus betulus) l’accompagne dans les stations fraîches de bas de pente sur sol profond, avec une strate herbacée dense et colorée au printemps (chênaie-charmaie) ; le Frêne commun (Fraxinus excelsior), sur sol calcaire bien drainé et en situation plus mésophile caractérise la chênaie-frênaie (hors zone alluviale) ; en compagnie du Chêne sessile (Quercus petraea) et du Châtaignier (Castanea sativa), avec la Fougère aigle (Pteridium aquilinum) omniprésente, il participe aux chênaies acidophiles qui se développent sur les terrains cristallins ou argilo-acides, avec une variante à Chêne tauzin (Quercus pyrenaica) sur les sables acides du sud de la région.

Le Chêne pubescent (Quercus humilis) est l’hôte principal des terrains calcaires peu épais et bien exposés, accompagné par l’Erable de Montpellier (Acer monspessulanus), le Chêne vert (Quercus ilex) et de strates arbustive et herbacée denses ; il définit la chênaie pubescente (lorsque le Chêne vert devient dominant, on observe un autre habitat, la chênaie verte sempervirente, qui n’est pas comprise dans cette fiche générique).

Le Hêtre (Fagus sylvatica) est une essence à affinités montagnardes peu commune en Poitou-Charentes ; il est présent à l’est, sur le socle cristallin des contreforts du Massif central, où il caractérise plutôt un faciès de chênaie acidiphile, et çà et là sur calcaire décalcifié (Chizé, Braconne), dans la hêtraie calcicole. A la faveur de fortes pentes en exposition nord, se développe la forêt de ravin, caractérisée par les tilleuls (Tilia cordata) et (Tilia platyphyllos) et leur hybride (Tilia x vulgaris) et l’Orme de montagne (Ulmus glabra), accompagnés parfois par des plantes submontagnardes (Lis martagon, Aconit tue-loups) qui profitent du micro climat froid généré par ces conditions stationnelles.

Enfin, d’autres boisements, souvent d’origine anthropique (plantations), sont constitués de peuplements purs de certaines essences (châtaigniers, charmes, bouleaux, trembles, robiniers…).

Certaines forêts caducifoliées régionales, surtout les plus anciennes et/ou les plus étendues, présentent une richesse biologique remarquable et constituent des pôles majeurs de la biodiversité en Poitou-Charentes : forêts de Chizé-Aulnay (79 et 17), forêt de Moulière (86), forêt de la Braconne-Bois blanc (16), restes éclatés de la « Sylve d’Argenson » (79, 17 et 16).

Espèces caractéristiques

Carpinus betulus, Castanea sativa, Corylus avellana, Crataegus laevigata, Fagus sylvatica, Prunus avium, Quercus humilis, Q. petraea, Q. pyrenaica, Q. robur, Sorbus domestica, S. torminalis, Tilia cordata, Tilia platyphyllos, Ulmus glabra, Ulmus minor
Eurhynchium striatum, Polytrichum formosum, Rhytidiadelphus triquetrus, Pseudoscleropodium purum, Thuidium tamariscinum

Classification

Hêtraies

Chênaies-charmaies, chênaies-frênaies

Forêts de ravin

Chênaies acidophiles

Chênaies pubescentes

Autres forêts caducifoliées

Coupes forestières

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie – structure

Les coupes et/ou clairières forestières correspondent à des habitats transitoires dont l’origine peut être double : soit elles sont générées par des phénomènes catastrophiques naturels (trouées, chablis dus aux coups de vents ou aux tempêtes, incendies provoqués par la foudre) et elles participent alors aux cycles de régénération naturelle des forêts, soit elles sont le fait d’une intervention humaine dans le cadre d’une exploitation raisonnée de la forêt. Un ensemble de modifications écologiques majeures par rapport à la situation intra-forestière antérieure est cependant commun à ces 2 situations :
une brusque augmentation des flux lumineux : la lumière directe du soleil peut frapper durant plusieurs heures par jour (durée variable selon l’étendue et la forme de la trouée) des secteurs restés à l’ombre pendant plusieurs décennies consécutives ;
des variations de températures et de degré hygrométrique accrues : alors que le microclimat sous-forestier est très tamponné, les écarts quotidiens et saisonniers entre les températures maximales et minimales ont tendance à s’accroître au sein de la clairière (effet du rayonnement nocturne, brassage de l’air…) ;
une augmentation de l’hydromorphie du sol : la disparition des arbres, en arrêtant localement l’effet de pompage, a tendance à provoquer une remontée de la nappe ;
une stimulation de l’activité biologique : l’augmentation de la température favorise l’activité de la faune du sol et accélère la décomposition biochimique de la litière, ce qui augmente les taux de substances nutritives disponibles pour les végétaux.

Caractéristiques biologiques

Ces circonstances provoquent la levée de dormance de graines présentes dans le sol depuis des dizaines d’années et l’arrivée de d’une flore opportuniste, souvent à nette tendance nitrophile (notamment sur sols calcaires), favorisée par la bonne nitrification du sol. La flore forestière antérieure résiste plus ou moins bien à ce changement brusque de conditions environnementales (les plantes vernales, habituées à se développer avant la feuillaison des arbres, sont moins perturbées que les espèces estivales, fleurissant habituellement à l’ombre), alors que des adventices (Phytolacca, Conyza, Erigeron) font souvent une brève apparition dans ces milieux éphémères. La dynamique de la végétation est en général rapide (moins toutefois sur certains sols acides colonisés par les ronciers extensifs ou des nappes de Fougère aigle) : en moins de 5 ans, la végétation herbacée cède la place à divers arbustes dont le Saule marsault Salix caprea est le plus caractéristique et la cicatrisation du tissu forestier s’achève en une vingtaine d’années avec l’apparition de semences d’essences de première grandeur à partir de la banque de graines du sol ou grâce à l’aide d’oiseaux (Geai des chênes Garrulus glandarius) ou de micromammifères (Mulot gris Apodemus sylvaticus).
Classiquement, la végétation des clairières et coupes s’ordonne autour de 2 pôles selon le pH du sol ; on distingue ainsi :
les clairières et coupes sur sol baso-neutrophile (ATROPION BELLADONAE) : la flore y est diversifiée et riche en nitrophytes, la dynamique rapide et le passage au stade arbustif précoce ;
les clairières sur sol acide (EPILOBION ANGUSTIFOLII) : la flore y est moins riche, les nitrophytes parfois absents et la dynamique beaucoup plus lente, parfois bloquée par des ronciers ou des ptéridaies denses qui gênent la régénération de la forêt.
Dans les conceptions modernes de la phytosociologie, ces alliances, qui étaient autrefois séparées dans une classe de végétation à part (les EPILOBIETEA) sont maintenant regroupées avec les classes d’ourlets, avec lesquels elles présentent effectivement beaucoup d’affinités floristiques (la strate herbacée des clairières étant interprétée comme un ourlet interne, par opposition à celle des ourlets externes des lisières de la forêt ) : classe des TRIFOLIO-GERANIETEA SANGUINEI (ourlets calcicoles) pour l’ATROPION BELLADONAE et classe des MELAMPYRO-HOLCETEA MOLLIS (ourlets acidophiles) pour celle de l’EPILOBION ANGUSTIFOLII.

Espèces caractéristiques

Cirsium vulgare, Fragaria vesca, Hypericum perforatum, Rubus gr.fruticosus, Salix caprea, Senecio sylvaticus

Classification

Coupes, clairières sur sol acide et nappes de Fougère aigle

  • EPILOBION ANGUSTIFOLII

Coupes, clairières sur sol neutro-basophile

  • ATROPION BELLADONAE

Lisières herbacées (ourlets)

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie-structure

L’ourlet est la partie herbacée des lisières forestières en contact avec les ligneux buissonnants. Ce sont en effet des habitats naturels linéaires de transition entre un milieu ouvert herbacé (prairies, pelouses) et le manteau ligneux d’un boisement ou un fourré arbustif. Généralement non fauché, ni pâturé, cet habitat est dominé par de nombreuses dicotylédones et leur structure est plus horizontale que la structure graminéenne des prairies voisines.

Dans notre région, les ourlets sont représentés par plusieurs types de groupements végétaux en fonction de la nature du sol (acide ou basique), des conditions d’hygrométrie (xérophiles, mésophiles, à hygrophiles) et de la richesse en matières nutritives (nitrophiles, mésotrophes ou oligotrophes).

Sur sols calcaires secs, drainant et peu profonds (rendzines), on rencontre la végétation des ourlets maigres xéro-thermophiles (GERANION SANGUINEI), associée en général à la chênaie pubescente. Lorsque le sol devient plus profond, l’ourlet xéro-thermophile laisse peu à peu la place à celle des ourlets maigres mésophiles. Ceux-ci s’expriment aussi bien sur des sols calcaires (TRIFOLIO MEDII-GERANIENION SANGUINEI, TRIFOLIO MEDII-AGRIMONIENION) que sur des sols acidoclines, neutres à légèrement acides (TRIFOLIO MEDII-TEUCRIENION SCORODONIAE) ou des terrains granitiques franchement acides (MELAMPYRO PRATENSIS-HOLCETEA MOLLIS, HOLCO MOLLIS-PTERIDION AQUILINI). Ces ourlets sont généralement associés à la chênaie-charmaie (ou chênaie-frênaie) ou aux chênaies oligotrophes sur sols acides.

Les ourlets hygrophiles (CALYSTEGIETALIA SEPIUM), quant à eux, accompagnent le plus souvent les cours d’eau ou les forêts alluviales riveraines. Ces lisières herbacées s’installent au niveau des berges ou des terrasses alluviales, sur des sols souvent eutrophes et connaissent plusieurs variantes en fonction de leur position au sein des hydrosystèmes : lisières fluviales estuariennes (à Angelica heterocarpa), lisières riveraines mixtes des cours d’eau de plaine, communauté riveraine des petits cours d’eau des têtes de bassin (à Petasites hybridus) ou lisières de boisements frais (ormaies) et des forêts alluviales (ourlets riverains des cours d’eau de plaine).

Enfin, viennent les ourlets nitrophiles mésophiles (AEGOPODION) à méso-hygrophiles (GEO-ALLIARION), se développant sur des sols riches en matières azotées et sur les côtés plus ou moins ombragés des boisements frais.

Récemment, JM.Géhu a proposé en France la création d’une nouvelle classe d’ourlets – les HOLCO LANATI-STELLARIETEA HOLOSTEAE – regroupant l’ensemble des lisières herbacées vivaces se développant en conditions mésophiles eutrophes (moins riches que dans l’AEGOPODION ou le GEO-ALLIARION, mais plus riches que dans les TRIFOLIO-GERANIETEA ou les MELAMPYRO-HOLCETEA) : de fait, de nombreux ourlets régionaux autrefois inclassables dans la typologie alors existante s’intègreraient parfaitement dans cette nouvelle classe encore peu étudiée en tant que telle en Poitou-Charentes.

Caractéristiques biologiques

A la limite des boisements, les ourlets subissent l’influence de ces derniers sur leur composition spécifique. Ils sont néanmoins caractérisés par des conditions d’ensoleillement plus importantes que celles du sous-étage forestier voisin mais également par un micro climat généralement plus frais et plus abrité qu’au sein de la prairie voisine, lié à la proximité du peuplement d’arbres.

Les ourlets connaissent habituellement une progression rapide au détriment de la prairie, lorsque celle-ci n’est plus entretenue par la fauche, avant d’être eux-mêmes dominés par la strate ligneuse arbustive. Il arrive parfois que cette lisière herbacée soit absente, remplacée par une culture qui arrive aux pieds des arbres, en contexte d’agriculture intensive.

Il s’agit souvent d’un milieu riche en fleurs, surtout lorsqu’il est peu perturbé par les actions de gestion (broyage, fauche, pâturage…). Il est donc source de diversité entomologique au sein d’un massif forestier et de milieux refuges pour des insectes qui ont de faibles capacités de déplacement. Les lisières herbacées sont également des secteurs d’alimentation importants pour de nombreux insectes butineurs (hyménoptères, lépidoptères…) qui profitent d’une floraison qui peut être étalée dans la saison.

Espèces caractéristiques

Anthocharis cardamines, Argynnis sp., Aricia agestis, Brenthis daphne, Callophrys rubi, Hamearis lucina, Limenitis sp, Polygonia c-album
Brachythecium rutabulum, Ctenidium molluscum, Hylocomium splendens, Hypnum cupressiforme, Pseudoscleropodium purum, Rhytidiadelphus squarrosus

Classification

Ourlet maigre xéro-thermophile
geranion sanguinei

Ourlet maigre mésophile
trifolion medii

Ourlet hygrophile
calystegietalia sepium

Ourlet nitrophile
aegopodion, geo-alliarion

Landes

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie – structure

Les landes sont des formations ligneuses basses à moyennes (0.5 à 2.5m de hauteur) dominées par des chaméphytes (arbrisseaux) et des nanophanérophytes (arbustes) appartenant dans les régions atlantiques surtout aux familles des Ericacées et des Fabacées (genres Erica, Calluna et Ulex, notamment). En Poitou-Charentes, 5 espèces de bruyères (Erica), 1 de Callune (Calluna) et 2 d’ajoncs (Ulex), associées diversement selon les conditions pédologiques, se partagent la physionomie des landes et fournissent l’essentiel de leur biomasse. Quelques arbustes ou arbres, témoins d’un stade passé ou pionniers d’une évolution en cours diversifient fréquemment la structure verticale des landes : Chêne pédonculé, Chêne tauzin (sud de la région), Bouleau verruqueux, Pin maritime, plus rarement Genévrier.

Selon l’histoire de la lande, son ancienneté et la nature d’éventuelles pressions biotiques – fréquence des incendies accidentels, pâturage occasionnel, densité des lapins, population de cervidés – la structure horizontale peut être plus ou moins ouverte et inclure alors des taches de végétation herbacée, voire bryophytique ou lichénique, qui contribuent beaucoup à sa biodiversité générale.

Sous le climat atlantique et thermo-atlantique de la région à faible différences de températures entre les minima hivernaux et les maxima estivaux, la périodicité saisonnière est peu marquée : l’Ajonc nain fleurit en automne, l’Ajonc d’Europe du début de l’hiver au printemps et la plupart des bruyères en été.

Les landes atlantiques connaissent leur maximum de diversité dans le sud-ouest de l’Europe (Péninsule ibérique) et s’appauvrissent selon un gradient sud-ouest/nord-est qui reste sensible jusque dans la région Poitou-Charentes où les landes du sud 17 ou 16 (Double) sont plus riches floristiquement que celles du nord 86 ou 79.

Caractéristiques biologiques

Les arbustes sociaux constitutifs des landes colonisent essentiellement les sols acides et pauvres où diverses adaptations morphologiques et physiologiques leur permettent de prospérer et de former d’importantes colonies : feuilles courtes et étroites, parfois absentes et remplacées par des épines (Ulex), souvent à marges enroulées (xéromorphie, même dans les landes humides !), symbioses mycorhiziennes (Ericacées) ou bactériennes (Fabacées). Toutes ces espèces conservent un feuillage vert durant la plus grande partie de l’année autorisant une alimentation carbonée prolongée. Cependant, malgré cette sempervirence, leur croissance reste lente en raison de la pauvreté nutritive du sol. La litière, à décomposition lente, s’accumule en formant un humus brut très organique – le « mor » – dont les acides en migrant à travers les horizons supérieurs du sol contribuent à sa déstructuration et à son appauvrissement (processus de podzolisation).

Aucune lande du Poitou-Charentes ne peut être considérée comme primaire : elles dérivent toutes d’anciennes forêts sur sols pauvres qui ont été incendiées ou pâturées. Aujourd’hui, avec la disparition de ces anciens facteurs bloquants, l’évolution a repris et la plupart des landes régionales présentent des faciès âgés, transitoires avec des forêts potentielles dont la composition est plus ou moins proche des forêts initiales.

Espèces caractéristiques

Calluna vulgaris, Erica ciliaris, Erica cinerea, Erica scoparia, Erica tetralix, *Erica vagans, Ulex europaeus, Ulex minor, Cytisus scoparius
Acanthis cannabina, Anthus pratensis, Anthus trivialis, Caprimulgus europaeus, Circus cyaneus, Lullula arborea, Sylvia undata
Cladonia arbuscula, Cladonia cervicornis subsp verticillata , Cladonia chlorophaea, Cl. ciliata, Cl. coccifera, Cladonia fimbriata, Cl. floerkeana, Cl. foliacea, Cladonia furcata, Cladonia glauca, Cladonia macilenta, Cladonia mediterranea, Cl. portentosa, Cladonia pyxidata, Cl. ramulosa, Cl. scabriuscula, Cl. squamosa, Cladonia subulata, Cladonia uncialis, Coelocaulon aculeatum, Lassalia pustulata, Parmelia conspersa, P. saxatilis, P. somloensis, Peltigera canina, Peltigera polydactyla, Saccomorpha sp, Umbilicaria grisea

Classification

Landes sèches à mésophiles

CH « Landes sèches thermo-atlantiques » Ulici minoris-Ericenion cinereae

CH « Landes atlantiques subsèches » Ulici minoris-Ericenion cinereae

CH « Landes atlantiques fraîches méridionales » Ulici minoris-Ericenion ciliaris

Landes humides

CH « Landes humides atlantiques septentrionales » Ulici minoris-Ericenion ciliaris

CH « Landes humides atlantiques méridionales » Ulici minoris-Ericenion ciliaris

Lande sèche à Halimium umbellatum sur affleurements granitiques

Lande sèche à Halimium umbellatum sur affleurements granitiques
Plebejus argus sur Bruyère cendrée

Plebejus argus sur Bruyère cendrée
Lande mésophile à Erica scoparia et Pseudarrhenatherum longifolium

Lande mésophile à Erica scoparia et Pseudarrhenatherum longifolium
Chenille du Petit Paon de nuit

Chenille du Petit Paon de nuit

Fourrés

Rédacteur : Guy Chézeau

Physionomie-structure

Les fourrés sont des formations pré- et post forestières d’affinités atlantiques ou médio- européennes, au sein desquelles dominent les arbustes et arbrisseaux à feuilles caduques (décidues).
On les rencontre sur tous les types de sols, calcaires ou acides, meubles ou compacts, secs et chauds ou au contraire hydromorphes et frais, sur sols salés au voisinage du littoral, sur sols riches ou pauvres.
En Poitou-Charentes, il est possible de trouver une large déclinaison des types de fourrés en fonction de l’ensemble de ces facteurs tant édaphiques que géographiques. On les recherchera en lisière des massifs forestiers et des bois, en secteurs de déprise agricole, dans les îles de la Charente maritime ou parfois dans les zones de friches industrielles.
Elles doivent être différenciées de la lande, elle-même formation pré- ou post forestière. La densité du peuplement y est plus grande, en conséquence les annuelles en sont souvent absentes. On parle parfois de fruticée pour certains fourrés le terme qui dérive du latin frutex signifiant arbrisseau, la fruticée désigne un stade pionnier entre le stade herbacé et le stade arbustif.

Caractéristiques biologiques

Les espèces essentiellement des nanophanérophytes à feuillage caduc offrent un recouvrement quasi-total du sol, les espèces épineuses y sont abondantes (ronces, prunelliers, aubépines, ajoncs.….) ce qui confère à ces formations souvent impénétrables une connotation à valeur fortement négative : ce sont les halliers, refuges définitifs de la « bête fauve » ou les ronciers, repères des « serpents » mal-aimés.
Leur valeur biologique est pourtant bien souvent mésestimée. Outre qu’ils constituent effectivement des milieux refuges pour nombre d’espèces animales, les végétaux que l’on y rencontre sont les plantes hôtes de nombreuses espèces d’insectes comme les Lépidoptères du groupe des théclas.

Espèces caractéristiques

Clematis vitalba, Crataegus monogyna, Prunus spinosa, Rosa sp. pl., Rubus sp.
Tubaria autochtona

Classification

Fourrés mésophiles

  • fourrés médio-européens PRUNO-RUBION FRUTICOSI, BERBERIDION
  • fruticées atlantiques sur sols pauvres PRUNIO-RUBION FRUTICOSI pp., FRANGULO-RUBENION

Fourrés sur sol acide

  • landes à genet CYTISETALIA SCOPARIO-STRIATI
  • landes à Ulex europaeus du domaine atlantique

Fourrés xéro-thermophiles sur sol neutro-alcalin

  • fruticées à buis (BERBERIDION pp.)
  • fruticées à genévrier commun

Fourrés pré- forestiers

  • clairières à couvert arbustif (SAMBUCO-SALICION CAPRAEAE)

Fourrés méditerranéens

  • matorral à chênes sempervirents
  • maquis bas silicicoles méditerranéens à Cistus sp.

Fourrés hygrophiles

  • saulaies arbustives planitiaires/collinéennes (SALICION TRIANDRO-VIMINALIS)
  • saulaies marécageuses (SALICION CINEREAE)

Fourrés littoraux

  • fourrés de Tamaris

Autres fourrés

  • fourrés de noisetiers
  • recrûs forestiers caducifoliés
  • taillis
  • fourrés mixtes
  • prébois de résineux

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Friches à graminées

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie-structure

L’habitat correspond à des formations végétales vivaces dominées en principe par une ou quelques Poacées coloniales qui leur confèrent une physionomie terne et monotone. Ne sont pas comprises dans cette acceptation les friches dominées par la Molinie, le Calamagrostis commun, ou le Fromental, qui correspondent en général à des faciès appauvris de groupements végétaux différents n’appartenant pas à la classe des AGROPYRETEA.
Ces friches à graminées se développent typiquement sur des sols secs mais riches en nutriments, souvent dans des biotopes ayant subi des perturbations plus ou moins anciennes : talus de routes, vieilles friches agricoles, prairies pâturées sous-exploitées ou en voie d’abandon.
Le recouvrement est en général élevé, la stratification verticale peu différenciée (souvent une seule strate, conférée par la graminée dominante) et la litière au sol abondante, facteurs expliquant la faible diversité floristique de ces milieux : les plantes annuelles ou à structure basse y sont très rares ou absentes.

Caractéristiques biologiques

Les graminées fondamentales de l’habitat appartiennent au genre (Elymus) – Agropyre rampant (Elymus repens) surtout et, plus rarement, Agropyre des champs (Elymus campestris) – ce qui explique que ces formations soient souvent qualifiées d’agropyraies ou d’élymaies.

L’Agropyre rampant est une espèce holarctique, répandue dans les régions tempérées de l’hémisphère Nord, alors que l’Agropyre des champs, plus thermophile, possède une répartition plutôt méditerranéenne-atlantique. Ces agropyres sont caractérisés par une multiplication avant tout végétative basée sur la production massive de stolons (jusqu’à 5m de stolons portant 215 bourgeons produits par un unique pied en 5 mois).
Ces derniers, qui peuvent atteindre une longueur de 1m et peuvent s’enfoncer jusqu’à 40cm de profondeur, permettent à l’espèce de coloniser rapidement et durablement des espaces laissés vacants après une perturbation.

Cette stratégie de colonisation rapide peut ainsi amener à la formation de populations mono clonales de grande superficie dont la régénération peut à terme être compromise, l’espèce étant auto-incompatible et nécessitant donc pour la production de graines l’apport de pollen de populations extérieures. La variabilité génétique et morphologique de cette espèce est importante : sur le littoral, une variété (arenosus) à limbes glauques et enroulés, colonise les sables dunaires et ressemble beaucoup au Chiendent du littoral (Elymus pycnanthus) avec lequel l’Agropyre rampant forme des populations hybrides inextricables. Ces élymaies côtières relèvent toutefois d’un autre habitat, spécifiquement littoral : les prés salés atlantiques (voir fiche correspondante).

Quelques autres Poacées sociales, stolonifères ou non, accompagnent en général les agropyres : le Pâturin des prés (Poa pratensis), dont la (ssp. angustifolia) est plus particulièrement adaptée aux sols très secs, le Fromental (Arrhenatherum elatius), répandu dans tous les milieux herbacés secs, le Dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), le Brachypode penné (Brachypodium pinnatum), transfuge des pelouses et ourlets calcicoles.
Les dicotylédones sont très peu représentées, sauf dans certains faciès jeunes possédant encore des espèces relictuelles de la friche annuelle ou bisannuelle qui a précédé ou, au contraire, dans certains faciès anciens où peuvent s’infiltrer divers éléments typiques des ourlets calcicoles secs.
La disposition souvent linéaire de l’habitat le rend par ailleurs peut propice à l’accueil d’une macro faune diversifiée. En revanche, certains groupes d’insectes y sont bien représentés : araignées tisseuses de toiles (favorisées par la stabilité de la végétation), orthoptères et lépidoptères, ces derniers, surtout au stade larvaire, certaines chenilles étant de grandes consommatrices de feuilles de graminées.

Espèces caractéristiques

Elymus repens, Elymus campestris
Coenonympha sp.pl., Maniola jurtina, Melanargia galathea, Ochlodes faunus, Pyronia tithonus, Thymelicus sp.pl.

Classification

Friches graminéennes mésophiles à xérophiles

  • Friches graminéennes mésophiles (convolvulo-agropyrion)
  • Friches graminéennes méso-xérophiles (falcario-poion)

Prairies grasses

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie – structure

Sur le plan végétal, les prairies sont des communautés herbacées structurées par des hémicryptophytes – c’est-à-dire des plantes vivaces dont les bourgeons de renouvellement sont situés au niveau du sol – se développant sur des sols fertiles et bien pourvus en eau qui autorisent une forte productivité (de 10 à 20t MS/ha selon les cas). Les ligneux sont en principe absents au sein de la parcelle prairiale elle-même – sauf en cas de sous-exploitation ou de la présence d’arbres isolés – mais structurent souvent ses lisières (haies arbustives ou arborées, bandes boisées, bosquets) où ils contribuent alors à former avec la prairie sensu stricto des éco-complexes d’une grande importance biologique (bocages). De relief en général uniforme pour faciliter le travail des machines (fauche) ou l’accès du bétail (mais il y a de notables exceptions où un micro-relief plus ou moins marqué entraîne une différenciation du tapis végétal en associations végétales distinctes), elles se développent sur des substrats de nature géologique, de texture et de structure très variées – calcaires secondaires, argiles, limons, sables tertiaires – dont l’influence sur la composition floristique est toutefois en partie « gommée » par le mode d’exploitation : périodicité et dates des fauches, charge pastorale et calendrier de mise à l’herbe, nature des fertilisants utilisés (minéraux/organiques, fumure azotée ou phosphato-potassique). Leur hauteur varie en fonction de la richesse édaphique et du mode d’exploitation mais excède le plus souvent les 50cm, ce qui les distingue des pelouses dont la taille moyenne atteint rarement cette valeur. La stratification verticale et horizontale dépend beaucoup du traitement, les prairies pâturées tendant à présenter un tapis plus hétérogène où alternent les zones rases surpâturées avec les secteurs de refus total (plantes épineuses ou toxiques) qui peuvent alors fonctionner comme des niches d’implantation d’espèces ligneuses pionnières.

Caractéristiques biologiques

Contrairement aux savanes des régions tropicales ou aux steppes des zones à climat continental (prairie américaine, « veld » sud-africain), les prairies « permanentes » de nos latitudes tempérées sont des formations artificielles (elles sont souvent qualifiées de semi-naturelles) créées par l’homme pour les besoins de la production animale (habitat anthropo-zoogène). Elles ont le plus souvent été gagnées à l’époque historique sur les forêts caducifoliées qui occupaient de larges surfaces de l’ouest du continent européen après le réchauffement climatique post-glaciaire.
Les Graminées y occupent en général une place essentielle mais peuvent être accompagnées, selon les cas, d’un nombre plus ou moins élevé de Dicotylédones dont la floraison, parfois spectaculaire, rythme la phénologie de la prairie et forme des faciès saisonniers attachants : pissenlits au premier printemps, renoncules et lychnis en mai, marguerites et achillées en juin…
Si les graminées dominantes – ray-grass, crételle, pâturins, fétuques – possèdent un fort pouvoir concurrentiel tendant à éliminer les autres espèces, elles nécessitent toutefois une bonne alimentation en eau et une richesse nutritive du sol élevée, généralement soutenues par des interventions humaines régulières (engrais).
En raison des fortes variations saisonnières du couvert végétal dues au mode d’exploitation, les prairies abritent relativement peu de Vertébrés supérieurs : mammifères et oiseaux viennent en général y chasser des proies à partir de biotopes périphériques (haies, bois). En revanche, les Invertébrés peuvent être exceptionnellement bien représentés et participent à des synusies variées : Gastéropodes, Arachnides, Coléoptères, Collemboles, Diptères, Homoptères et Hyménoptères sont dominants, accompagnés de Lépidoptères et d’Orthoptères, moins abondants mais tout aussi caractéristiques.

Espèces caractéristiques

Bellis perennis, Cerastium fontanum triviale, Cynosurus cristatus, Festuca pratensis, Holcus lanatus, Lolium perenne, Phleum pratense, Plantago lanceolata, Poa pratensis, Poa trivialis, Prunella vulgaris, Ranunculus acris, Rumex acetosa, Taraxacum officinale, Trifolium dubium, Trifolium pratensis, Trifolium repens
Achillea millefolium, Agrostis capillaris, Anthoxanthum odoratum, Dactylis glomerata, Leucanthemum vulgare, Lotus corniculatus, Luzula campestris, Ranunculus bulbosus
Microtus agrestis, Microtus arvalis, Talpa europaea
Coenonympha pamphilus, Maniola jurtina, Melanargia galathea, Ochlodes venatus, Pyronia tithonius, Thymelicus sylvestris
Chorthippus dorsatus, Chorthippus paralellus, Gryllus campestris, Metriopetra roeselii

Classification

Prairies de fauche
CH « Prairies fauchées thermo-atlantiques méso- Hygrophiles » et « Prairies fauchées mésophiles à méso- xérophiles sub- à thermo-atlantiques » BRACHYPODIO-CENTAUREION NEMORALIS

Prairies pâturées
GVF Communautés collinéennes et montagnardes CYNOSURION CRISTATI

  • prairies eutrophes BROMO-CYNOSURENION CRISTATI
  • prairies mésotrophes basiclines SANGUISORBO-CYNOSURENION
  • prairies mésotrophes acidiclines POLYGALO-CYNOSURENION
  • prairies méso-hygrophiles acidiclines CARDAMINO-CYNOSURENION
    GVF Communautés piétinées eutrophes LOLIO-PLANTAGINION MAJORIS

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Les prairies peu intensifiées sont riches en insectes anthophiles : ici, le Damier Athalie, sur un capitule de Centaurée de Thuillier.