Couverture de l’atlas et pression d’observation

Au mois de janvier 1999, près de 54 % des mailles au dixième de grade (environ 10 x 7 km) de l’atlas régional ont fait l’objet d’observations chiroptérologiques. La couverture entre les quatre départements, considérée comme étant le rapport des mailles prospectées avec succès au nombre total de mailles, est homogène et partout supérieure à 50 %. Elle s’échelonne entre 51 % en Charente-Maritime et 56 % pour les Deux-Sèvres.

Rapport entre le nombre de mailles prospectées avec succès
et le nombre total de mailles

Cela dit, plusieurs secteurs géographiques n’ont fait l’objet que de peu d’observations. C’est notamment le cas de la région de Barbezieux, d’Aigre et de Mansle en Charente ; de l’Aunis, du val de Gironde et de l’arrondissement de Saint-Jean-d’Angély en Charente-Maritime ; du secteur de Bressuire et de l’Argentonnais en Deux-Sèvres ; de l’arrondissement de Civray et de la région de Moncontour dans la Vienne.

La pression d’observation reste faible à l’échelle régionale. En effet, dans plus de la moitié des mailles prospectées avec succès, moins de 4 espèces ont été observées. Seules 12 % de ces mailles correspondent à des observations de 10 espèces et plus.

Pression d’observation au niveau régional
exprimée en nombre d’espèces par maille prospectée avec succès

Le nombre maximal d’espèces observées dans une maille est de 17, chiffre tout à fait remarquable quand on sait que le Poitou-Charentes héberge 20 espèces de chauves-souris. Généralement, le nombre maximal d’espèces par maille est atteint dans les secteurs de cavités souterraines où les suivis chiroptérologiques réguliers, notamment en hiver, engendrent de nombreuses observations.

PJ.

Observation directe

Bien que l’identification de la plupart des espèces soit délicate dans les conditions habituelles d’observation directe, cette méthode reste précieuse de par sa facilité de mise en œuvre, qui ne nécessite ni équipement technologique sophistiqué ou coûteux (cas des détecteurs d’ultrasons), ni autorisation particulière (cas des captures) et donne des informations « sur le vif » (contrairement à l’analyse des pelotes). On entend par « observation directe » toute observation visuelle, réalisée à plus ou moins grande distance, à l’aide ou non d’un dispositif d’éclairage ou d’optique, d’un chiroptère généralement vivant. Cette approche reste une méthode de base, prenant souvent toute sa valeur lorsqu’elle est complétée par les autres approches. Dans quelques cas cependant, elle est la seule méthode utilisable, apportant notamment la totalité des informations en période d’hibernation et une grande partie de celles concernant les colonies de reproduction.

La carte régionale de l’effort de prospection indique que le recours à cette méthode d’observation directe a été général en Poitou-Charentes, près de la moitié des mailles ayant été échantillonnées de la sorte. Cependant, cet effort est inégal entre départements, avec plus de 60% des mailles couvertes en Deux-Sèvres et Vienne, et des taux nettement plus faibles en Charente (44%) et surtout Charente-Maritime (31%).

Cette carte d’ »observations directes » regroupe des informations de nature et de qualité souvent très différentes : on y retrouve ainsi la prospection du milieu souterrain, bien représenté et prospecté en Vienne et plus localement ailleurs, la prospection des ponts, surtout avancée en Deux-Sèvres et Vienne, et la recherche des colonies dans les bâtiments, beaucoup plus aléatoire. Se rajoutent à cela des observations visuelles d’animaux en chasse identifiés à vue dans quelques cas (Noctules, Sérotines) et par utilisation complémentaire d’un détecteur dans d’autres. Comme on le voit, cette catégorie est très hétérogène, toutes les espèces étant concernées et les observations d’individus isolés côtoyant celles des gros rassemblements hivernaux. Il est donc difficile d’en tirer des enseignements d’une grande finesse, contrairement à ce qui peut être entrepris avec d’autres méthodes.

CV.

Capture temporaire

Dans le cadre de l’inventaire des chiroptères du Poitou-Charentes lancé en 1995, l’ensemble des captures a été réalisé par les personnes munies d’une autorisation ministérielle de capture temporaire, soit 13 personnes différentes au total.

Les séances de captures au filet japonais, avec relâcher immédiat après identification, ont eu lieu de manière indépendante entre les personnes en fonction des disponibilités de chacune. Ceci explique l’irrégularité interdépartementale de la pression de capture. La plupart des captures ont été effectuées en soirée à partir de la tombée de la nuit.

Lors des années 1997 et 1998, 27 chauves-souris ont été capturées en Charente, 237 en Deux-Sèvres, 265 en Vienne et 301 en Charente-Maritime.

Une analyse des captures par types de milieu montre une pression de capture plus forte au niveau des entrées de cavités (513 captures) et des milieux bâtis et parcs (157 captures). Les milieux les plus difficiles (milieux ouverts ou boisés) demeurent sous-prospectés. Les espèces le plus couramment capturées, tous types de milieux confondus, sont : le Murin de Daubenton (127 captures), le Grand Rhinolophe (88 captures) et la Pipistrelle commune (88 captures).

Charente

Nombre d’espèces (1997) : 6

Nombre d’espèces (1998) : 3

Nombre de séances de capture (1997) : >2

Nombre de séances de capture (1998) : 5

Nombre de séances totales (1997) : >2

Nombre de séances totales (1998) : 7

Charente-Maritime

Nombre d’espèces (1997) : 3

Nombre d’espèces (1998) : 14

Nombre de séances de capture (1997) : 3

Nombre de séances de capture (1998) : 24

Nombre de séances totales (1997) : 3

Nombre de séances totales (1998) : 30

Deux-Sèvres

Nombre d’espèces (1997) : 13

Nombre d’espèces (1998) : 16

Nombre de séances de capture (1997) : 13

Nombre de séances de capture (1998) : 24

Nombre de séances totales (1997) : >21

Nombre de séances totales (1998) : >39

Vienne

Nombre d’espèces (1997) : 15

Nombre d’espèces (1998) : 13

Nombre de séances de capture (1997) : 17

Nombre de séances de capture (1998) : 16

Nombre de séances totales (1997) : >21

Nombre de séances totales (1998) : 19

Région

Nombre d’espèces (1997) : 17

Nombre d’espèces (1998) : 17

Nombre de séances de capture (1997) : 36

Nombre de séances de capture (1998) : 69

Nombre de séances totales (1997) : >47

Nombre de séances totales (1998) : >95

Durant deux années (1997-1998), en région Poitou-Charentes, 830 chauves-souris appartenant à 18 espèces ont ainsi été capturées à l’aide de filets japonais. Une nouvelle espèce pour la région, la Noctule de Leisler, a été découverte par capture au filet dans le département des Deux-Sèvres. Toujours dans ce département, cette méthode a également permis de recenser une nouvelle espèce pour les Deux-Sèvres, le Minioptère de Schreibers.
Une seule espèce parmi toutes celles connues dans la région n’a jamais été capturée : la Pipistrelle de Nathusius.

Bien qu’assez lourde à mettre en œuvre, la technique de capture des chiroptères au filet japonais s’est avérée fort efficace et bien complémentaire des autres méthodes d’investigation, comme la prospection diurne des gîtes ou le détecteur ultrasons. C’est surtout le moyen d’identification le plus fiable (cas des Pipistrelles par exemple) et qui permet d’étudier les chauves-souris directement sur leurs zones de chasse. Les opérations menées en milieu souterrain ont apporté des informations intéressantes sur la présence nocturne d’espèces qui sont rarement observées de jour dans les mêmes cavités. C’est le cas des Murins de Natterer et de Bechstein, de la Sérotine commune, de la Pipistrelle commune et de la Barbastelle.

LP.

Prospection en milieu souterrain

Les chauves-souris sont traditionnellement associées au monde souterrain. Il est vrai que nombreuses sont celles qui fréquentent ce type de milieu à un moment de leur cycle annuel, même si les espèces purement troglophiles sont rares. La prospection des sites hypogés procure une masse de données importante sur les chiroptères d’une région, notamment en ce qui concerne la période d’hibernation. Il s’agit donc d’une priorité dans le cadre d’un inventaire.

La région Poitou-Charentes est une zone de contact entre quatre grandes entités géologiques. On trouve au sud-est les flancs cristallins du massif central et au nord-ouest ceux du massif armoricain. Entre les deux s’étendent les vastes plaines jurassiques du Seuil du Poitou qui relient le Bassin aquitain au Bassin parisien. Ces terrains s’enfoncent au nord et au sud sous les calcaires du crétacé. Ces derniers ont été fortement exploités en carrières souterraines dont la plupart sont maintenant abandonnées après avoir été parfois réutilisées comme champignonnières.

Un récent inventaire (BRGM, 1996) fait état de 380 carrières ou groupes de carrières pour la région. Plus des deux tiers sont situées au nord de la Vienne, dans le Chatelleraudais, le Mirebalais et le Loudunais. En Charente, elles sont localisées le long de la vallée de la Charente et autour d’Angoulême, en Charente-Maritime essentiellement dans le centre et le sud de la Saintonge, alors que dans les Deux-Sèvres, les carrières n’existent que sur un seul secteur (Tourtenay), dans le nord-est.

Le deuxième grand type de cavités est d’origine karstique. Il s’agit des grottes et des gouffres, qui se développent dans les coteaux calcaires, le long des vallées. Les spéléologues en ont recensé environ 380 dans la Vienne dont la moitié avec un développement supérieur à 20 m, et 66 dont le développement est supérieur à 50 m en Charente. En revanche, les grottes sont peu fréquentes en Charente-Maritime où 80 sont connues avec des développements variables mais généralement faibles (< 30 m) et rares dans les Deux-Sèvres.

A ces deux composantes essentielles du milieu souterrain régional il faut ajouter d’innombrables caves, quelques habitats troglodytes et de nombreux souterrains.

La région Poitou-Charentes est donc particulièrement riche en sites hypogés, malgré une certaine hétérogénéité dans leur répartition, les Deux-Sèvres faisant figure de parent pauvre alors que l’on observe une forte densité de cavités dans la Vienne.

La prospection du milieu souterrain est bien avancée dans l’ensemble de la région même si l’on est encore loin de l’exhaustivité. Beaucoup d’entre elles ont été localisées grâce aux cartes IGN 1/25 000 et à des cartes géologiques. Des éléments supplémentaires ont été puisés dans divers inventaires réalisés par le BRGM pour les carrières, par les clubs de spéléologie pour les cavités naturelles. Actuellement, 403 cavités ont été visitées au moins une fois et des prospections ont été effectuées dans tous les secteurs à forte densité de cavités.

Plus de 95 % des cavités visitées accueillent des chauves-souris. Il s’agit pour l’essentiel de gîtes d’hibernation qui abritent pour une majorité d’entre eux un faible nombre d’animaux
(< 10). Les gîtes où l’effectif hivernal dépasse la centaine d’individus sont au nombre de 16. Parmi ceux-ci, deux abritent plus de 1000 individus et enfin un seul, la grotte de Rancogne en Charente, totalise selon les années de 13 000 à 25 000 chauves-souris, en majorité des Minioptères. Les populations les plus importantes en hiver sont localisées dans les zones à fortes densités de cavités, mais cette répartition ne concerne bien entendu que les espèces cavernicoles et tout particulièrement : les trois espèces de Rhinolophes, le Grand Murin, le Murin à moustaches, le Murin à oreilles échancrées et le Minioptère.

Les gîtes souterrains qui accueillent des colonies de parturition sont rares. On connaît pour l’instant un site dans les Deux-Sèvres ainsi qu’en Charente, deux dans la Vienne et trois en Charente-Maritime. Les effectifs y sont généralement importants, et un site de Charente-Maritime est même occupé par plusieurs milliers de chiroptères appartenant à dix espèces. Ces colonies de reproduction sont localisées dans des grottes, sauf en Charente-Maritime où ce sont des carrières abandonnées qui sont utilisées par les chiroptères.

Enfin, les captures au filet devant des entrées de cavités ont montré l’intérêt de ce type d’habitat durant la période de transit automnal. Cela concerne non seulement les espèces traditionnellement cavernicoles, mais aussi quelques chauves-souris liées à d’autres milieux comme le Murin de Bechstein, l’Oreillard roux ou la Sérotine commune.

OP.

Prospection en milieux bâtis

Le terme de milieu bâti recouvre une variété importante d’habitats dont le point commun serait de rassembler tous les ouvrages construits, non souterrains, caractérisés par la présence d’une toiture et de murs verticaux. Cette définition regroupe donc des ouvrages aussi différents que les églises, les forts et châteaux, les maisons particulières habitées ou en ruines, les granges, les cabanes de jardin, les moulins, la partie aérienne des blockhaus, etc.

Le milieu bâti est fréquenté de façon variable par les espèces qualifiées d’anthropophiles. Certaines y viennent uniquement pour se reproduire, d’autres n’y font que de brefs passages en période de transit ou, au contraire, utilisent nos bâtiments à longueur d’année.

Les gîtes utilisés sont aussi très différents d’une espèce à l’autre. Les grandes chauves-souris comme les Grands Rhinolophes, les Grands Murins ou les Sérotines communes utilisent des combles relativement spacieux alors que les espèces de plus petite taille se logent dans les disjointements de façade (petits Vespertilions), dans les mortaises (Oreillards), sous les lambrissages, sous les tuiles ou ardoises des toits (Pipistrelles) ou entre les linteaux de porte des granges (Barbastelle).

Au niveau régional, la prospection en milieu bâti a surtout concerné les églises qui ont été visitées de façon quasi systématique en Vienne notamment et font actuellement l’objet d’un travail important en Deux-Sèvres et en Charente-Maritime. Sur les 209 églises visitées en Poitou-Charentes, 85 (40,7 %) hébergeaient des chauves-souris (observation d’animaux ou d’indice de présence).

Effort de prospection des églises au niveau régional et départemental

Cinq espèces au moins fréquentent les églises de la région, les plus régulièrement observées étant le Grand Murin, l’Oreillard gris et le Grand Rhinolophe. Parmi les autres espèces identifiées figurent la Sérotine commune et le Murin à oreilles échancrées. Plusieurs observations d’Oreillards n’ont pas permis une identification de niveau spécifique.

En Charente-Maritime, la prospection des blockhaus s’est avérée décevante puisque sur 38 ouvrages visités, 3 seulement hébergeaient des chauves-souris avec moins de 12 individus au total.

De nombreuses données de chauves-souris fréquentant le milieu bâti ont pu être collectées dans le cadre des opérations SOS chauves-souris ou suite à des campagnes de sensibilisation. Dans les Deux-Sèvres, 4 colonies situées en milieu bâti rassemblent au total 420 individus de Grands Rhinolophes en fin de saison de reproduction. En Vienne, une maison particulière abrite 350 Grands Murins en reproduction alors que le sommet du clocher d’une église héberge 400 individus de cette espèce. En Charente, une maison particulière abritait jusqu’à récemment une remarquable colonie de 300 Noctules communes. On peut noter que la totalité des colonies de parturition de Barbastelles connues dans la région concernent le milieu bâti et plus particulièrement les linteaux de portes de granges ou des fissures de poutres.

PJ.

Prospection des ouvrages d’art

Les ouvrages d’art, et en particulier les ponts de toutes tailles enjambant des cours d’eau, sont connus pour héberger des chauves-souris à différentes périodes de l’année. Depuis les travaux de ROLANDEZ et PONT (1986), où plus de 500 ponts de la région Rhône-Alpes ont été inventoriés, puis ceux de MALAFOSSE (1987) et CHAMARAT (1987, 1991,1993) pour le Limousin, jusqu’à la récente publication de LEMAIRE et ARTHUR (1999), où ce sont plus de 1700 ouvrages du Cher qui ont été épluchés, les connaissances sur l’utilisation des ponts français par les chiroptères ont largement progressé ces dernières années.

Si la typologie de ces ouvrages est très variable d’une région à l’autre, on connaît assez bien aujourd’hui quelles sont les structures qui sont les plus recherchées par les chiroptères, et quelles sont les espèces les plus fréquemment rencontrées aux différentes saisons. Toutes les études montrent que les ponts sont des sites fréquentés principalement en période de transit par de petits effectifs appartenant à une grande diversité d’espèces, mais qu’ils peuvent aussi être utilisés en période de reproduction par quelques espèces (Murin de Daubenton, Murin de Natterer), et plus rarement en hiver s’ils ont de grandes cavités (caissons des ponts en béton). La prospection de ces structures a toujours un apport significatif dans l’évaluation des populations locales de chiroptères ; ainsi, pour le Cher, ARTHUR et LEMAIRE signalent que plus de 10% de la population de ce département a été découverte sous les ponts.

En Poitou-Charentes, la prospection des ponts n’a été entreprise que très récemment (1995). La carte régionale montre que ce type de prospection a été conduit de façon très modeste puisque moins de 15% des mailles ont été visitées dans ce sens. D’autre part, cette prospection a été très irrégulière selon les départements, 85% des mailles visitées se situant dans les deux départements du Nord (Deux-Sèvres et Vienne). Ceci ne reflète en rien la disponibilité de ce type d’ouvrages, présents partout, mais bien une sous-utilisation de cette approche à l’échelle régionale et plus particulièrement dans les Charentes. Pour les deux départements ayant mis en œuvre cette méthode, la stratégie a différé assez nettement : dans la Vienne, 35 ponts ont été visités sur 22 mailles, tandis qu’en Deux-Sèvres, 108 ouvrages l’ont été sur 27 mailles. Ceci reflète une approche « par maille » dans le premier cas, avec sans doute un choix des ouvrages les plus favorables sur une maille donnée, tandis qu’une approche plus systématique a été conduite dans les Deux-Sèvres, sur la base du réseau hydrographique.

Des taux d’occupation élevés à très élevés ont été notés, avec 42% de ponts occupés dans la Vienne et 69% en Deux-Sèvres, ce qui est très au-dessus des chiffres publiés pour les autres départements (7-54%). Même des dalots d’un mètre de haut servant à l’écoulement des eaux des fossés sous les chaussées peuvent héberger un ou plusieurs animaux. En diversité, ce sont respectivement 5 et 11 espèces qui ont été rencontrées dans ces deux départements, avec une nette dominance du Murin de Daubenton dans les deux cas (61 et 68% des ponts occupés). On retrouve aussi, comme dans les autres études, la présence régulière du Murin de Natterer (15 et 21% des ponts occupés). Dans la grande majorité des cas (76% en Deux-Sèvres), une seule espèce est présente, mais jusqu’à 4 ont été rencontrées ensemble. La reproduction dans des ponts n’a été prouvée pour l’instant que pour le Murin de Daubenton, espèce régulièrement rencontrée dans les sites d’hibernation mais dont les colonies sont rarement découvertes. La prospection des ponts est donc particulièrement utile pour évaluer les populations reproductrices de cette espèce.

Au cours de la période de référence, au moins un site, parmi les rares ayant été visités plusieurs fois, a été détruit par des travaux de réfection (rejointage). Ces interventions, ainsi que la tendance actuelle à remplacer les anciennes constructions de pierre par des structures bétonnées, sont les principales menaces identifiées qui pèsent actuellement sur ces ouvrages. Comme dans d’autres départements, une concertation avec les services de l’équipement ou les communes, chargés de leur entretien, permettrait sans doute une meilleure préservation de leurs capacités d’accueil pour de nombreuses espèces.

CV.

Prospection des gîtes arboricoles

De nombreuses espèces de chauves-souris fréquentent les milieux boisés, pour se nourrir notamment, mais toutes ne sont pas arboricoles. Les informations regroupées sur la carte jointe ne concernent que les observations sûres d’occupation de gîtes arboricoles par les chauves-souris. Les données relatives à des animaux en chasse ou en déplacement dans les milieux forestiers n’ont donc pas été prises en compte ici.

Les gîtes arboricoles utilisés par les chiroptères sont encore assez méconnus. On sait cependant que les trous d’arbres, qu’ils soient naturels ou creusés par des pics, sont régulièrement utilisés. Les fissures verticales, qui fendent les fûts de nombreux arbres âgés ou abîmés, forment des gîtes appréciés par plusieurs espèces de petits Vespertilions par exemple. Enfin, les écorces décollées peuvent attirer des espèces fissuricoles comme la Barbastelle.

La prospection de ces types de gîtes est particulièrement mal aisée. L’observation dans les trous implique souvent de périlleuses escalades sur les troncs et des contorsions difficiles pour observer, grâce à un miroir et une lampe, les recoins obscurs des arbres creux.

Dans le cadre de l’atlas, plusieurs « techniques » ont été utilisées. La plus simple consiste à se poster le soir à l’affût, à proximité immédiate d’un arbre abritant un gîte potentiel. Après quelques dizaines de minutes d’attente, on sait si l’arbre est occupé ou pas. Dans l’affirmative, l’observation et la détection ultrasonore des animaux, au couchant et à leur retour au gîte, peuvent permettre de nommer les espèces les plus caractéristiques.

Cette technique peut s’avérer particulièrement fructueuse puisqu’en Charente-Maritime, sur dix vieux arbres creux isolés ayant fait l’objet d’affûts (7 châtaigniers et 3 chênes), sept hébergeaient des colonies de chauves-souris de 5 espèces différentes.

Une autre méthode consiste à rechercher à l’aube et au crépuscule les rassemblements de chauves-souris qui volettent en groupe à proximité des gîtes qu’elles utilisent. Une étude des déplacements des animaux après leur émergence ou avant leur retour matinal peut aussi conduire au gîte au bout de quelques prospections consécutives.

Enfin, quelques contacts pris avec des bûcherons et des élagueurs professionnels ont permis d’obtenir des informations intéressantes.

Espèces utilisant des gîtes arboricoles en Charente-Maritime

Espèces : Nombre d’occurrences

Oreillard sp : 4

Sérotine commune : 3

Murin sp. : 3

Noctule de Leisler : 2

Noctule commune:2

Pipistrelle commune : 2

Murin de Daubenton : 1

Les données relatives aux espèces arboricoles en Poitou-Charentes demeurent anecdotiques et ne concernent qu’un nombre très limité de mailles. Des efforts notables devront être entrepris pour combler cette importante lacune, l’existence de colonies arboricoles importantes ayant été démontrée dans les régions voisines.

PJ.

Expression et présentation des résultats

Période prise en compte par l’atlas
L’atlas chiroptérologique préliminaire du Poitou-Charentes intègre toutes les données disponibles postérieures à 1984, date de parution de l’atlas des Mammifères sauvages de France (FAYARD, 1984) et antérieures au 31 janvier 1999. Pour la majorité des départements, l’essentiel des données a été collecté postérieurement à 1990.

Données intégrées dans l’atlas
Les données présentées dans le cadre de cet atlas sont pour une très large part originales et émanent du réseau de naturalistes du Groupe Chiroptères de Poitou-Charentes Nature. Seules de rares informations ont été tirées de la littérature.

La collecte des informations et leur vérification s’est effectuée au niveau départemental. Ce travail est donc le fruit du croisement de quatre fichiers départementaux.

Espèces concernées
Toutes les espèces observées en Poitou-Charentes font l’objet de cartes de répartition. Un certain nombre de cartes concernent des taxons indéterminés. Il s’agit notamment d’espèces jumelles difficilement identifiables sans manipulation (Oreillards ; Pipistrelles ; Grands et Petits Murins) ou d’espèces dont l’identification acoustique n’est pas toujours aisée (Noctules dans certaines conditions, Oreillards par ex.).

Nomenclature
La nomenclature scientifique et française reprend celle proposée par AULAGNIER (1997).

Plan des synthèses spécifiques

Statut de protection

Cette rubrique présente sous forme d’un tableau le statut de protection des diverses espèces et leur degré de menace (FIERS et al., 1997). Elle intègre des informations concernant le statut des espèces au niveau :

de la législation nationale : arrêté modifié du 17/04/81 fixant les listes des mammifères protégés sur l’ensemble du territoire (J.O. du 19/05/1981). Toutes les chauves-souris sont concernées par l’article 1 modifié (J.O. du 11/09/1993) qui « interdit en tout temps et sur tout le territoire national pour les spécimens vivants la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement, la naturalisation ; pour les spécimens vivants ou morts le transport, le colportage, l’utilisation, la mise en vente, la vente ou l’achat.

de la directive Habitats-Faune-Flore (92/43 CEE du Conseil du 21/05/1992) concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages
(J.O. CE du 22/07/1992). L’annexe II/a dresse la liste des « espèces animales d’intérêt communautaire dont la conservation nécessite la désignation de Zones Spéciales de Conservation ». L’annexe IV/a énumère les « espèces animales d’intérêt communautaire qui nécessitent une protection stricte ».

de la convention de Berne du 19/09/1979 relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe (J.O. du 28/08/1990 et du 20/08/1996). Toutes les chauves-souris sont concernées par l’annexe II : « espèces de faune strictement protégées ».

de la convention de Bonn du 23/06/1979 relative à la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (J.O. du 30/10/1990). Tous les chiroptères figurent à l’annexe II relative aux « espèces migratrices se trouvant dans un état de conservation défavorable et nécessitant l’adoption de mesures de conservation et de gestion appropriées ».

de la liste rouge nationale (MAURIN et KEITH, 1994). Les chauves-souris de la région sont concernées par les catégories suivantes : V = espèce vulnérable ; S = espèce à surveiller ; I = espèce au statut indéterminé.

de la liste rouge mondiale (WCU, 1996). Les espèces de la région ne rentrent que dans trois catégories : V = vulnérable ; LR.dc = faible risque, dépendant de mesures de conservation ; LR.nt = faible risque, quasi menacé.

Répartition régionale

Ce paragraphe analyse la répartition géographique régionale de l’espèce concernée par la monographie.

Effectifs régionaux

Quand les données sont disponibles, notamment pour les espèces troglophiles facilement repérables comme les rhinolophidés par exemple, des effectifs sont avancés. Ces chiffres ne correspondent bien sûr pas à des effectifs régionaux absolus, le dénombrement exhaustif des chauves-souris étant impossible. Ils peuvent cependant apporter des éléments d’information sur l’état de santé des populations du Poitou-Charentes et donner des points de comparaison avec les populations dénombrées dans d’autres secteurs géographiques.

Fréquence

La détermination de la fréquence d’une espèce par rapport à une autre n’est pas chose aisée tant les biais de recherche sont nombreux. Néanmoins, nous avons souhaité donner des informations sur le rapport entre le nombre de mailles où une espèce est contactée par rapport au nombre total de mailles prospectées. Cette valeur reflète sans doute davantage le niveau de détectabilité des diverses espèces plutôt qu’un éventuel degré d’abondance.

Gîtes utilisés

Les types de gîtes utilisés en Poitou-Charentes par chaque espèce de chauve-souris sont décrits dans ce chapitre en fonction de la saison. Les informations données ici doivent être considérées comme des indications car nos connaissances en la matière sont encore très partielles, notamment pour les gîtes de parturition ou les gîtes d’hibernation d’espèces anthropophiles ou sylvicoles.

Habitats et terrains de chasse

Les informations relatives aux habitats et terrains de chasse utilisés par les chauves-souris dans la région Poitou-Charentes sont rassemblées dans ce paragraphe. Le terme « habitat » concerne le milieu environnant les gîtes connus. Les données relatives aux terrains de chasse ont été collectées lors d’opérations de capture en plein air ou par des prospections au détecteur d’ultrasons.

Statut patrimonial et évolution des populations

Ce paragraphe vise à donner des informations, quand l’état de nos connaissances le permet, sur le statut global des diverses espèces et sur l’évolution de leurs populations. Nous ne disposons cependant que de peu de références quantitatives. Elles concernent essentiellement des comptages hivernaux en cavités souterraines.

Cartographie

Trois cartes de la région Poitou-Charentes illustrent les informations collectées sur les chauves-souris dans le cadre de l’atlas : une carte de répartition globale, une carte reprenant les données collectées en hiver et une carte des contacts effectués en période d’activité.
Les données sont réparties géographiquement sur un carroyage au 1/10 de grade (Méridien de Paris).

Les mailles grisées n’ont pas été prospectées. Les mailles blanches ont fait l’objet de prospections chiroptérologiques sans que l’espèce concernée par la monographie n’ait été contactée. Les contacts ont été représentés par divers symboles en fonction des cartes.

Carte de synthèse

La plus petite carte fait la synthèse de toutes les données collectées sans différenciation de période ou de type de contact.

Carte de répartition en période hivernale

La carte intitulée « période hivernale » représente la distribution des contacts obtenus pour une espèce donnée entre le 15 novembre et la fin février.

Des informations quantitatives sont en outre apportées pour les espèces troglophiles en hiver, pour lesquelles nous disposons de comptages réguliers. Le diamètre du cercle représentant la présence de l’espèce dans la maille varie en fonction de l’effectif dénombré.

Carte en période d’activité

Il s’agit de la carte la plus complexe. Elle fait intervenir plusieurs types de symboles hiérarchisés en fonction de l’intérêt de l’information apportée. Ainsi une donnée de reproduction écrase une donnée de présence dans un gîte, information qui écrase à son tour une donnée de capture ou de détection.

La signification des divers caractères utilisés est décrite ci-dessous par ordre décroissant de prise en compte dans la représentation :

reproduction prouvée (observation de colonie de parturition, de jeunes non sevrés ou découverte de cadavres de jeunes dans une colonie estivale) ;
présence dans un gîte sans preuve de reproduction ou capture de femelles allaitantes sur leurs terrains de chasse en période de reproduction ;

capture de l’espèce dans la maille ;

détection ultrasonore de l’espèce ;

 animal mort ou blessé, ou reste trouvé dans une pelote de régurgitation.

PJ.

Bibliographie

ARLETTAZ R., 1995 – Ecology of the sibling Mouse-eared bats (Myotis myotis and Myotis blythi) : zoogeography, competition, and foraging. Horus publishers, Martigny (Thèse de torat, Université Lausanne). 224 pp.

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