Murin à moustaches

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive Habitats : Annexe 4

Convention Berne : Annexe 2

Convention Bonn : Annexe 2

Liste Rouge Nationale : A surveiller

Liste Rouge Mondiale : –

Répartition régionale

Cette espèce est, avec le Murin de Daubenton, le « petit Myotis » le plus répandu en Poitou-Charentes, du moins en apparence. Cette distribution est en grande partie due à ses habitudes cavernicoles en hiver, dont la carte est d’ailleurs calquée sur celle des cavités.

En période d’activité, les captures sont peu nombreuses et l’absence de critères discriminants des ultrasons hors expansion de temps limite les contacts.

Effectifs

La population hibernante est bien connue, en tout cas celle présente dans les cavités.

C’est dans la Vienne que l’on trouve les effectifs les plus conséquents puisque la population cumulée pour tous les sites s’élève à 920 individus. Cette abondance est confirmée lors des comptages annuels dans les 30 plus grands sites de la région. 85% des sites accueillent moins de 10 animaux et le plus souvent moins de 5. Le site de Pieds Grimaud (86), peut abriter jusqu’à 139 individus. Nous n’avons aucun chiffre significatif pour la période d’activité.

Fréquence

En hiver, cette espèce est la plus fréquemment observée dans les cavités souterraines. Ainsi, dans la Vienne, l’espèce a été trouvée dans 70% des cavités abritant des chauves-souris, et 80 % en Charente.

Gîtes utilisés

Les gîtes d’hibernation connus sont constitués par les carrières souterraines et les grottes. Le Murin à moustaches y est toujours observé dispersé, jamais en essaim et rarement au contact direct d’une autre espèce.

Il est souvent dans les secteurs les plus frais comme aux Pieds Grimaud (86), où une majorité d’individus sont localisés dans le couloir d’accès alors que la température y descend parfois en dessous de zéro.

Dans le département des Deux-Sèvres, en période de transit, l’espèce occupe également les fissures de certains ponts.

A ce jour seulement deux colonies de reproduction sont connues dans des cavités souterraines, une en Charente-Maritime et une autre en Deux-Sèvres.

Commentaires sur les habitats utilisés

Les terrains de chasse de cette espèce englobent les zones boisées, les parcs urbains et les points d’eau. Il semble que les cavités soient également visitées en automne comme en témoignent la plupart des captures réalisées pour cette espèce.

Statut patrimonial et évoloution des populations

Cette espèce était déjà signalée comme présente sur l’ensemble de la région par Brosset et Caubère (1959).

Aujourd’hui, elle est présente dans l’ensemble de notre région mais nous manquons de données pour évaluer son statut en période d’activité et tout particulièrement en ce qui concerne les gîtes de reproduction.

LP.——-
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Murin de Natterer

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive Habitats : Annexe 4

Convention Berne : Annexe 2

Convention Bonn : Annexe 2

Liste Rouge Nationale : A surveiller

Liste Rouge Mondiale : –

Remarque préliminaire

Les cartes appellent peu de commentaires si ce n’est que ce Murin n’apparaît pas très répandu. On remarquera, toutefois, une concentration des données estivales dans les Deux-Sèvres et la Charente-Maritime.

Malgré une présence attestée dans une quinzaine de gîtes au printemps et en été, on ne connaît que deux colonies de reproduction.

En hiver, son caractère très nettement fissuricole le fait sans doute passer inaperçu dans un grand nombre de cavités.

Effectifs

En hiver, l’effectif cumulé pour l’ensemble des sites souterrains où l’on a rencontré l’espèce avoisine 60 individus, ce qui est peu. On compte rarement plus de 3 animaux par site.

Lors du comptage annuel de janvier, la Charente-Maritime accueille l’essentiel des animaux.

Les colonies de reproduction sont également peu étoffées et ne rassemblent que quelques femelles.

Fréquence

Dans la Vienne et les Deux-Sèvres le Murin de Natterer est présent en hiver dans 8% des cavités souterraines accueillant des chiroptères.

Au printemps et en été, il est, avec Myotis mystacinus, le Murin le moins fréquemment capturé au filet, sauf lors des rares séances en milieu forestier.

En Deux-Sèvres, c’est la deuxième espèce la plus fréquente dans les ponts en période transit, loin derrière le Daubenton.

Gîtes utilisés

Les gîtes d’hibernation connus sont essentiellement des cavités souterraines. Les animaux sont la plupart du temps complètement ou en partie enfoncés dans des fissures, ce qui rend délicate leur découverte.

L’hibernation dans les disjointements des ponts a aussi été observée dans les Deux-Sèvres. En Charente-Maritime les maternités sont installées dans des fissures de plafonds de carrières abandonnées. Ce phénomène contraste avec les habitudes anthropophiles et arboricoles habituellement citées pour cette espèce (Roué, 1999).

Commentaires sur les habitats utilisés

Cette espèce a été capturée dans une même proportion en milieu boisé, sur rivière et en milieu bâti. Les cavités souterraines ainsi que les ponts semblent régulièrement fréquentés durant le transit automnal.

Des rassemblements nuptiaux de plusieurs dizaines d’individus ont ainsi été observés en septembre et octobre dans des cavités de Charente-Maritime. Les animaux se poursuivent et s’accouplent mais disparaissent pendant la journée.

Statut patrimonial et évolution des populations

L’appréciation de Brosset (1959), qui considérait Myotis nattereri comme « commun mais à faible densité », semble toujours d’actualité.

Dans l’état actuel de nos connaissances il est difficile d’attribuer un statut patrimonial à cette espèce.

OP.


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Murin de Daubenton

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive Habitats : Annexe 4

Convention Berne : Annexe 2

Convention Bonn : Annexe 2

Liste Rouge Nationale : A surveiller

Liste Rouge Mondiale : –

Répartition régionale

A l’image de sa répartition nationale, ce Vespertilion est aussi le plus répandu de son genre dans la région Poitou-Charentes, puisqu’on le rencontre sur le quart des mailles, dans les 4 départements.

Du fait de son lien étroit avec le milieu aquatique, où il chasse au ras de l’eau, cette espèce est une des plus faciles à capturer au filet en période d’activité, ce que reflète bien la prépondérance des données “capture” dans la carte des contacts estivaux.

Les Deux-Sèvres se distinguent cependant par une majorité de données issues de la prospection des ponts, auxquels le Daubenton est souvent associé.

En hiver, du fait de sa présence régulière en milieu souterrain et de sa position souvent très en vue dans ces cavités, la répartition de cette espèce reflète pratiquement la disponibilité régionale en sites de ce type.

Effectif et fréquence

Contacté sur 54% des mailles prospectées, ce Vespertilion est sans doute le chiroptère le plus fréquent avec les Pipistrelles, en particulier aux abords des milieux aquatiques de tous types, et notamment des cours d’eau.
C’est aussi une espèce que l’on rencontre régulièrement dans les cavités souterraines en hiver, mais toujours en faible nombre.

D’une manière générale, sauf semble-t-il en Charente-maritime, le Daubenton surprend par son omniprésence contrastant avec des effectifs réduits.

Gîtes utilisés

Bien que cette espèce soit très répandue, on connaît relativement peu de colonies de reproduction. Absent des cavités souterraines l’été, on le trouve rarement en milieu bâti, la plupart des colonies connues, toujours de petite taille, se situant dans des ponts. Ces structures sont aussi très utilisées par des non-reproducteurs ou des groupes de mâles l’été, mais plus encore en période de transit.

En hiver, le Daubenton est fréquent dans les cavités souterraines, où les effectifs rencontrés, toujours faibles, sont très en dessous de ce que laisserait supposer l’abondance estivale de l’espèce.

Commentaires sur les habitats utilisés

L’habitat préférentiel de cette espèce est sans conteste le milieu aquatique, avec une préférence souvent nette pour les eaux courantes. Aucun lien particulier avec la qualité des cours d’eau n’a été mis en évidence, le facteur le plus limitant étant celui de la disponibilité en proies (insectes aquatiques et crustacés). Le Daubenton semble aussi exploiter les lisières de boisements, à distance de l’eau.

Statut patrimonial et évolution des populations

Le Vespertilion de Daubenton reste une des espèces les plus communes de la région, et ce statut ne semble pas avoir évolué ces dernières années.

Cependant, et c’est là un paradoxe pour cette espèce, ses effectifs sont parmi les moins bien quantifiés, que ce soit en hiver et plus encore en été. Le statut du Murin « cantalou », capturé en Charente-Maritime, reste à préciser.

CV.


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Remerciements

Cet atlas n’aurait pu voir le jour sans la précieuse collaboration des naturalistes de la région Poitou-Charentes. Que tous ceux qui ont participé de près ou de loin à cette entreprise soient ici remerciés.

Liste des observateurs et informateurs

ALBOUY Vincent
ALLENOU Olivier
AMIOT Jean-Michel
AMOUROUX Henri
ARMOUET Alain
ARTHUR Laurent
BARATAUD Michel
BARBRAUD Christophe
BARRÉ Daniel
BASTEL Fabrice
BAVOUX Christian
BELLIARD Christophe
BENTZ Gilles
BERNARD Rodolphe
BERTRAND Alain
BOILEVIN Guy-François
BONNAUD Serge
BONNIN Jean-Baptiste
BOST Charly
BOURDIER Daniel
BOURDIN Laurent
BOUTAUD Michel
BRICAULT E.
BUFFARD Eric
CABIROL Rémi
CARRIÈRE Marc
CAVALLIN Pascal
CEYLO Dominique
CHAMPION Emmanuelle
CHASTEL Olivier
CHEVRAUD Jérôme
CHOISY Patrice
CLOUTOUR Antoine
COLAS Olivier
CORBIN Johanna
DAVAL Isabelle
DE CORNULIER Thomas
DESCOMBES Jean-Claude
DE TERNAY Henri
DE TERNAY Vincent
DIEULEVEUT Thibault
DOREZ Dominique
DORNIN D.
DOUHAUD Olivier
DUCLOS Emmanuel
DUCROS Thierry
DUPEYRON Thomas
EGRETEAU Christophe
ESPACE NATURE
FAGGIO Gilles
FAUQUE Stéphane
FAUX Christian
FAVRE Philippe
FICHET Xavier
FILLON Bruno
FRAINNET Chantal
FRAINNET Danielle
FRONTERA Jean-Emmanuel
GABORIT Thibault
GAILLEDRAT Miguel
GOICHAUD Noëlle
GRANGER Michel
GUICHON Louis
GUICHON Pascale
GUIMBAUD Catherine
HULSEN Marie-France
JONNIS Monique
JOULOS Christian
JOURDE Philippe
JUDAS Jacky
LAGARDE Frédéric
LARGEAU Philippe
LEMAIRE Michèle
LHERITIER M-F
MARCHAIS Émile
MARTIN Daniel
MARTIN François-Xavier
MARTIN Guy
MOREAU Patrice
MORELLE Sébastien
MOUGEOT François
PERRIN Samuel
PERSUY Alain
PETIT Bruno
PICARD Olivier
PINAUD David
PLAT Pierre
POIRÉ Philippe
PRECIGOUT Laurent
PREVOST Olivier
PROUX Catherine
QUIJANO-PEREZ Florence
RAINAUD Jean-Michel
ROBIN Xavier
ROUÉ Sébastien
ROUÉ Stéphane
ROUX Didier
RUFRAY Xavier
SARDIN Jean-Pierre
SEGUIN Nicolas
SEGUIN Serge
SELIQUER Pierre
SEOM Jean
SERE Hubert
SERVEAU Jean-Michel
SIMON Mickaël
SIRUGUE Daniel
SOUCHET Dominique
TAUPIN Eric
TERRISSE Jean
THIRION Jean-Marc
VENDE Valérie
VERHEYDEN Christophe
VIGNEAULT Christophe
VION Jacky

Animaux morts ou blessés

De précieuses informations ont pu être recueillies par l’observation et l’identification de chauves-souris trouvées mortes ou blessées sur l’ensemble de la région. La majeure partie de ces données proviennent d’individus accueillis au Centre Régional de Sauvegarde de la Faune Sauvage de Torsac en Charente. Ce centre a pour objectif de sauvegarder les oiseaux et les mammifères sauvages de la faune européenne, qu’ils soient blessés ou en difficulté.

Deux nouvelles espèces pour le Poitou-Charentes ont ainsi pu être trouvées, il s’agit de la Pipistrelle de Nathusius (en Deux-Sèvres) et de la Grande Noctule (en Charente).

L’ensemble des informations ainsi collectées n’est pas négligeable, puisqu’elles concernent 15 espèces sur les 20 connues dans notre région.

Liste des espèces trouvées mortes ou blessées en Poitou-Charentes et orgine des observations
nombre total choc véhicule prédation juvéniles tombés affaibli cause indéterminée mort naturelle animaux morts
Petit Rhinolophe 1 0 0 0 0 1 0 1
Grand Rhinolophe 4 0 1 0 0 2 1 4
Rhinolophe euryale 1 0 0 0 0 0 1 1
Oreillard roux 1 0 1 0 0 0 0 0
Oreillard gris 3 0 0 0 2 1 0 2
Pipistrelle commune 8 1 1 0 0 6 0 8
Pipistrelle de Kuhl 1 0 0 0 0 1 0 1
Pipistrelle de Nathusius 1 0 1 0 0 0 0 1
Grande Noctule 1 0 1 0 0 0 0 0
Noctule commune 13 0 0 12 0 1 0 1 ?
Sérotine commune 5 1 2 0 0 2 0 4
Murin à moustaches 1 0 1 0 0 0 0 01
Murin de Natterer 2 0 1 0 0 1 0 1
Grand Murin 2 0 0 0 0 0 2 2
Barbastelle 2 1 0 0 0 1 0 2
Minioptère de Schreibers 1 0 1 0 0 0 0 0
Total 53 5 9 13 2 18 6 35

Les causes de mortalité ou de blessures chez les chauves-souris ne sont pas toujours faciles à identifier. Les 53 données du tableau ci-dessus le démontrent, pour 34 % des individus la cause d’accueil est indéterminée. Ce nombre de données trop fragmentaire pour pouvoir faire une analyse précise, permet néanmoins les constats suivants :

  • près de 25 % des individus recueillis correspondent à de jeunes individus tombés de leur gîte,
  • la prédation, essentiellement due à des chats, représente 17% des observations ;
  • les chocs avec des véhicules ne sont pas toujours mortels (2 chauves-souris heurtées ont été relâchées).

Analyse de pelotes de régurgitation de rapaces nocturnes

Les chiroptères entrent occasionnellement dans l’alimentation de l’Effraie des clochers Tyto alba. Ces données sont, bien sûr, prises en compte dans la répartition des différentes espèces. Elles sont figurées sur la carte « période d’activité », partant du principe que le printemps et l’été sont plus propices aux rencontres entre chauves-souris et Effraie. Dans la région Poitou-Charentes, l’essentiel des données provient des analyses réalisées dans la Vienne, où 357 lots de pelotes ont été examinés. En Charente, quelques crânes de chiroptères ont été déterminés dans deux lots de pelotes (Sardin et coll., 1985), ainsi que dans les Deux-Sèvres.

Dans la Vienne, 113 crânes appartenant à 14 espèces ont été découverts parmi les 131 721 proies déterminées, ce qui équivaut à un chiroptère pour 1165 proies. Cette très faible proportion (0,08%) est voisine de celle observée dans d’autres régions françaises. En revanche la diversité des espèces est plus élevée. Le tableau suivant récapitule les résultats de la Vienne comparés à trois autres régions françaises.

Résultats de la Vienne comparés à trois autres régions de France
Alasace. Bersuder & kaiser (1988) Maine et Loire. Pailey (1996) Bourgogne. Baudvin (1983) Vienne. Boilevin (n.p.)
Proportion chiroptères 0,10% 0,15% 0,04% 0,08%
Grand Rhinolophe 0 5 0 2
Rhinolophe euryale 3 0 0 0
Grand Murin 69 6 1 4
Murin à moustaches 0 2 1 0
Murin de Natterer 2 3 0 5
Murin à oreilles échancrées 0 1 1 2
Murin de Daubenton 0 0 0 3
Murin de Bechstein 1 0 0 2
Sérotine commune 6 12 2 7
Noctule commune 1 0 0 3
Noctule de Leisler 0 0 1 0
Pipistrelle commune 3 8 1 24
Pipistrelle de Kuhl 0 36 0 13
Pipistrelle de Nathusius 0 0 0 1
Oreillard gris 5 4 0 7
Oreillard roux 0 0 1 5
Oreillard sp. 0 0 0 3
Barbastelle 0 0 0 6
Minioptère 1 0 0 0
Chiroptère sp. 19 3 8 26
Total individus 111 80 15 113
Nombre d’espèces 9 9 7 14

Par ailleurs on notera en Charente : Myotis emarginatus, Eptesicus serotinus, Pipistrellus pipistrellus, Pipistrellus kuhli et Miniopterus schreibersi.

Dans les Deux-Sèvres : Pipistrellus pipistrellus.

Minioptère de Schreibers

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive Habitats : Annexes 2 et 4

Convention Berne : Annexe 2

Convention Bonn : Annexe 2

Liste Rouge Nationale : Vulnérable

Liste Rouge Mondiale : Faible risque

Répartition régionale

Le Minioptère de Schreibers est une espèce migratrice fortement grégaire dont le Poitou-Charentes constitue la limite septentrionale d’aire de répartition dans l’ouest de la France.

Actuellement, seules deux colonies de parturition sont connues en Poitou-Charentes. La plus importante (colonie mère) se situe en Charente, près de la Rochefoucauld ; l’autre se trouve en Charente-Maritime et ne revêt qu’un caractère satellite par rapport à la première. Il est en effet très probable que les animaux de Charente-Maritime hibernent pour la grande majorité en Charente.

Quelques données de baguage attestent d’ailleurs l’existence d’échanges d’animaux entre ces deux départements.

Durant les périodes de transit, un grand nombre de cavités sont utilisées. Ainsi, dès le début avril, des Minioptères s’assemblent dans quelques carrières désaffectées de Charente-Maritime, avant de rejoindre leur gîte de reproduction à la fin du mois.

A l’automne, l’erratisme est plus marqué et des animaux apparaissent régulièrement dans les carrières du pays savinois, dans la région d’Angoulême, voire en Vienne et en Deux-Sèvres où l’espèce se reproduisait il y a une quarantaine d’années (Melle et Lussac-les-Châteaux).

Certains individus s’attardent même tout l’hiver dans certaines cavités de Charente-Maritime (région de Jonzac, de Saint-Savinien, de Saujon) ou dans l’ouest de la Charente (Cognac).

Effectifs régionaux

L’effectif hivernal du Minioptère dans la cavité mère de Charente est suivi annuellement depuis 1987. Il est soumis à d’importantes fluctuations inter annuelles (Barataud, in lit.) mais la tendance est stable sur 13 ans de suivi.

Les effectifs varient entre 8 500 et 23 000 individus, la moyenne sur la période étant de 14 600 animaux.

En période de reproduction, on ne dénombre plus qu’environ 5 000 animaux en Charente et 1 500 en Charente-Maritime.

Fréquence

Le Minioptère n’est noté que dans 7 % des mailles prospectées en Poitou-Charentes, l’essentiel des contacts étant constitué par des observations en milieu souterrain sur les sites de transit.

Gîtes utilisés

En hiver comme en été, le Minioptère est une espèce strictement troglophile. Elle fréquente de vastes grottes pourvues de grandes salles ainsi que des carrières souterraines abandonnées.

Nombre de Minioptères présents en janvier à Rancogne (16) entre 1987 et 1999 et tendance d’évolution (d’après les données de Michel Barataud)

En période de transit, il est possible qu’elle utilise quelques habitats sortant de la norme comme l’indique la découverte d’un cadavre dans un viaduc autoroutier en Charente-Maritime.

Habitats et terrains de chasse

On sait peu de choses sur l’utilisation de l’habitat par le Minioptère. Quelques captures indiquent qu’il vole parfois à basse altitude (moins d’un mètre) le long de lisières ou près de rivières et de points d’eau.

Des détections distantes de plusieurs dizaines de kilomètres des gîtes connus pourraient indiquer que l’espèce est capable de longs déplacements nocturnes.

Statut patrimonial et évolution des populations

Le Minioptère est une espèce très localisée, tant en période de reproduction (2 gîtes connus) qu’en hibernation (moins de 3 gîtes régulièrement utilisés).

Au niveau géographique, l’espèce a disparu en période de reproduction de deux départements mais la tendance sur les 13 dernières années semble stable en Charente.

Le Minioptère demeure menacé et strictement dépendant pour sa survie de la protection de ses gîtes de reproduction, de transit et d’hibernation.

PJ.

Rhinolophe euryale

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive Habitats : Annexes 2 et 4

Convention Berne : Annexe 2

Convention Bonn : Annexe 2

Liste Rouge Nationale : Vulnérable

Liste Rouge Mondiale : Vulnérable

Remarque préliminaire

Cette espèce est extrêmement localisée dans la région. Depuis 1984 elle a été observée dans 7 sites et seules la Charente-Maritime et la Vienne accueillent régulièrement une population.

Effectifs

En janvier 1999, 399 individus ont été dénombrés dans 2 sites. Une cavité de la vallée de la Gartempe (86) accueille à elle seule 96% de cette population, le reste est observé en Charente-Maritime.

En période estivale, en dehors du site de la Gartempe où se reproduit la population hivernale, deux autres cavités abritent quelques femelles et leurs jeunes dans la Vienne et en Charente-Maritime.

Dans ce département, des données des années 80 font état de la présence de 300-400 animaux en transit prénuptial, dans un gîte où seules 10 à 20 femelles se reproduisent aujourd’hui. Enfin, 6 individus en train de s’accoupler sont notés en octobre 1997 dans la carrière protégée des Pieds Grimaud (86). Cette cavité accueille presque régulièrement 1 à 2 animaux en hiver.

Fréquence

En dehors des gîtes cités précédemment, le Rhinolophe euryale n’a jamais été capturé sur un terrain de chasse et aucun crâne n’a été découvert dans les pelotes de réjection d’Effraie.

Gîtes utilisés

Dans la région, le Rhinolophe euryale est exclusivement cavernicole. Les 7 sites connus sont constitués de deux grottes et de cinq carrières abandonnées. Le site majeur de la région est une grotte composée de quatre salles reliées par d’étroits boyaux.

En été, les Rhinolophes circulent dans toute la cavité. Durant l’hibernation tous les animaux sont concentrés dans une petite salle formant un cul-de-sac, où le taux de gaz carbonique est parfois suffisamment élevé pour provoquer une gêne respiratoire chez les humains.

En Charente-Maritime, la maternité est située dans une vaste carrière où pénètre profondément la lumière qui éclaire partiellement la colonie.

En reproduction, l’association avec d’autres espèces est toujours observée : le Grand Rhinolophe (2 cas) ou le Murin à oreilles échancrées (1 cas). En hiver les individus observés aux Pieds Grimaud étaient toujours dans l’essaim de Grands Rhinolophes, alors que dans un gîte de Charente-maritime la vingtaine d’animaux observés était éparpillée dans l’ensemble de la carrière.

Comentaires sur les habitats utilisés

En Charente-Maritime, le gîte de reproduction est situé au cœur d’une zone où alternent cultures céréalières et prairies pâturées, bordée de part et d’autre par des marais doux et salés.

Le site de la Vienne se trouve dans une chênaie pubescente dominant la vallée de la Gartempe bordée de prairies pâturées.

Enfin, l’habitat autour de la carrière de Pieds Grimaud, site de transit et d’hibernation, est constitué de cultures où subsistent quelques haies en périphérie d’un village.

Statut patrimonial et évolution des populations

Le Rhinolophe euryale est sans doute l’espèce la plus fragile de Poitou-Charentes en raison de son extrême localisation et de la sensibilité des sites qu’elle utilise tout au long de son cycle annuel.

Il apparaît d’ailleurs que les populations régionales sont parmi celles qui, en France, ont le plus diminué depuis 40 ans (Brosset et coll., 1988). On constate ainsi la désertion de plusieurs sites au cours des dernières décennies :

Charente.

  • Grotte de Rancogne : elle abritait la plus grande colonie d’euryales connue en France avec 1000 à 1500 individus jusque dans les années soixante.
  • Forêt de la Braconne : une cavité de reproduction (effectif non connu).
  • Château de la Rochefoucault : reproduction dans les cheminées.
    Deux-Sèvres.
  • Grotte de Loubeau : un essaim d’hibernation s’est maintenu au moins jusqu’en 1970, peut-être jusqu’en 1985.
  • Carrière de Tourtenay : quelques individus en hiver avec les Grands Rhinolophes. Disparition des chiroptères lors de la transformation des carrières en champignonnières vers 1965.
    Vienne.
  • Grotte de Fon-serin : quelques dizaines de femelles associées à un essaim de Myotis myotis jusqu’au milieu des années soixante.

Entre 1936 et 1960, le plus fort taux de baguage sur cette espèce en France a été obtenu dans la région Poitou-Charentes avec 1606 euryales bagués (Balliot, 1964). Cette pratique, stoppée en 1970, ainsi que le développement de la fréquentation du milieu souterrain, ont largement contribué à la diminution du Rhinolophe euryale en Poitou-Charentes.

Pour l’heure la protection de tous les sites accueillant cette espèce est une priorité absolue.

OP.

Introduction

Comme dans la plupart des régions françaises, les connaissances sur les chiroptères de Poitou-Charentes étaient extrêmement fragmentaires lors de la parution de l’Atlas des Mammifères de France en 1984. Ce constat était d’autant plus inquiétant que les données disponibles à l’époque indiquaient un déclin important des populations françaises de chiroptères. Il était donc urgent de développer nos compétences afin d’asseoir une politique cohérente et efficace de protection des chauves-souris de nos régions.

En Poitou-Charentes, les inventaires furent entrepris :
– à partir de 1984 en Charente ;
– de 1985 à 1989 puis à partir de 1996 en Charente-Maritime ;
– à partir de 1986 dans les Deux-Sèvres ;
– à partir de 1987 dans la Vienne ;

Les prospections furent menées avec plus ou moins de régularité selon les départements mais ont permis une avancée notable de notre savoir en matière de chauves-souris. En 1995 un programme régional Chiroptères voyait le jour sous l’égide de Poitou-Charentes Nature. Ce programme prévu pour trois années a bénéficié du soutien financier du Conseil Régional Poitou-Charentes, de la Fondation Nature et Découverte et de l’Union Européenne. La dynamique créée par ce projet a permis le développement d’un groupe chiroptères fort d’une trentaine de personnes au sein de Poitou-Charentes Nature. De nombreuses données nouvelles furent collectées dans le cadre de ce programme, de sorte que la nécessité d’en publier une synthèse s’imposa bientôt.

Cet Atlas préliminaire fait donc le point de nos connaissances sur le statut et la répartition des chiroptères dans la région Poitou-Charentes. Il reprend toutes les données des différents inventaires départementaux réalisés depuis la parution de l’Atlas national et celles, plus récentes, collectées durant les trois années du Programme régional Chiroptères.

Il s’agit avant tout d’un ument de travail, qui, s’il permet de mesurer les progrès réalisés depuis quinze ans, indique surtout les pistes à suivre pour combler les nombreuses lacunes qui subsistent tant dans la couverture géographique des prospections, que dans notre connaissance de l’écologie des différentes espèces. Il ne faut donc pas considérer cet atlas comme un point d’arrêt aux études sur les chiroptères du Poitou-Charentes mais bien comme un départ vers de nouvelles campagnes de prospections et des recherches plus ciblées.

Olivier PREVOST