Rhinolophe euryale

Statut de protection

Protection nationale : Article 1

Directive Habitats : Annexes 2 et 4

Convention Berne : Annexe 2

Convention Bonn : Annexe 2

Liste Rouge Nationale : Vulnérable

Liste Rouge Mondiale : Vulnérable

Remarque préliminaire

Cette espèce est extrêmement localisée dans la région. Depuis 1984 elle a été observée dans 7 sites et seules la Charente-Maritime et la Vienne accueillent régulièrement une population.

Effectifs

En janvier 1999, 399 individus ont été dénombrés dans 2 sites. Une cavité de la vallée de la Gartempe (86) accueille à elle seule 96% de cette population, le reste est observé en Charente-Maritime.

En période estivale, en dehors du site de la Gartempe où se reproduit la population hivernale, deux autres cavités abritent quelques femelles et leurs jeunes dans la Vienne et en Charente-Maritime.

Dans ce département, des données des années 80 font état de la présence de 300-400 animaux en transit prénuptial, dans un gîte où seules 10 à 20 femelles se reproduisent aujourd’hui. Enfin, 6 individus en train de s’accoupler sont notés en octobre 1997 dans la carrière protégée des Pieds Grimaud (86). Cette cavité accueille presque régulièrement 1 à 2 animaux en hiver.

Fréquence

En dehors des gîtes cités précédemment, le Rhinolophe euryale n’a jamais été capturé sur un terrain de chasse et aucun crâne n’a été découvert dans les pelotes de réjection d’Effraie.

Gîtes utilisés

Dans la région, le Rhinolophe euryale est exclusivement cavernicole. Les 7 sites connus sont constitués de deux grottes et de cinq carrières abandonnées. Le site majeur de la région est une grotte composée de quatre salles reliées par d’étroits boyaux.

En été, les Rhinolophes circulent dans toute la cavité. Durant l’hibernation tous les animaux sont concentrés dans une petite salle formant un cul-de-sac, où le taux de gaz carbonique est parfois suffisamment élevé pour provoquer une gêne respiratoire chez les humains.

En Charente-Maritime, la maternité est située dans une vaste carrière où pénètre profondément la lumière qui éclaire partiellement la colonie.

En reproduction, l’association avec d’autres espèces est toujours observée : le Grand Rhinolophe (2 cas) ou le Murin à oreilles échancrées (1 cas). En hiver les individus observés aux Pieds Grimaud étaient toujours dans l’essaim de Grands Rhinolophes, alors que dans un gîte de Charente-maritime la vingtaine d’animaux observés était éparpillée dans l’ensemble de la carrière.

Comentaires sur les habitats utilisés

En Charente-Maritime, le gîte de reproduction est situé au cœur d’une zone où alternent cultures céréalières et prairies pâturées, bordée de part et d’autre par des marais doux et salés.

Le site de la Vienne se trouve dans une chênaie pubescente dominant la vallée de la Gartempe bordée de prairies pâturées.

Enfin, l’habitat autour de la carrière de Pieds Grimaud, site de transit et d’hibernation, est constitué de cultures où subsistent quelques haies en périphérie d’un village.

Statut patrimonial et évolution des populations

Le Rhinolophe euryale est sans doute l’espèce la plus fragile de Poitou-Charentes en raison de son extrême localisation et de la sensibilité des sites qu’elle utilise tout au long de son cycle annuel.

Il apparaît d’ailleurs que les populations régionales sont parmi celles qui, en France, ont le plus diminué depuis 40 ans (Brosset et coll., 1988). On constate ainsi la désertion de plusieurs sites au cours des dernières décennies :

Charente.

  • Grotte de Rancogne : elle abritait la plus grande colonie d’euryales connue en France avec 1000 à 1500 individus jusque dans les années soixante.
  • Forêt de la Braconne : une cavité de reproduction (effectif non connu).
  • Château de la Rochefoucault : reproduction dans les cheminées.
    Deux-Sèvres.
  • Grotte de Loubeau : un essaim d’hibernation s’est maintenu au moins jusqu’en 1970, peut-être jusqu’en 1985.
  • Carrière de Tourtenay : quelques individus en hiver avec les Grands Rhinolophes. Disparition des chiroptères lors de la transformation des carrières en champignonnières vers 1965.
    Vienne.
  • Grotte de Fon-serin : quelques dizaines de femelles associées à un essaim de Myotis myotis jusqu’au milieu des années soixante.

Entre 1936 et 1960, le plus fort taux de baguage sur cette espèce en France a été obtenu dans la région Poitou-Charentes avec 1606 euryales bagués (Balliot, 1964). Cette pratique, stoppée en 1970, ainsi que le développement de la fréquentation du milieu souterrain, ont largement contribué à la diminution du Rhinolophe euryale en Poitou-Charentes.

Pour l’heure la protection de tous les sites accueillant cette espèce est une priorité absolue.

OP.