Prospection en milieu souterrain

Les chauves-souris sont traditionnellement associées au monde souterrain. Il est vrai que nombreuses sont celles qui fréquentent ce type de milieu à un moment de leur cycle annuel, même si les espèces purement troglophiles sont rares. La prospection des sites hypogés procure une masse de données importante sur les chiroptères d’une région, notamment en ce qui concerne la période d’hibernation. Il s’agit donc d’une priorité dans le cadre d’un inventaire.

La région Poitou-Charentes est une zone de contact entre quatre grandes entités géologiques. On trouve au sud-est les flancs cristallins du massif central et au nord-ouest ceux du massif armoricain. Entre les deux s’étendent les vastes plaines jurassiques du Seuil du Poitou qui relient le Bassin aquitain au Bassin parisien. Ces terrains s’enfoncent au nord et au sud sous les calcaires du crétacé. Ces derniers ont été fortement exploités en carrières souterraines dont la plupart sont maintenant abandonnées après avoir été parfois réutilisées comme champignonnières.

Un récent inventaire (BRGM, 1996) fait état de 380 carrières ou groupes de carrières pour la région. Plus des deux tiers sont situées au nord de la Vienne, dans le Chatelleraudais, le Mirebalais et le Loudunais. En Charente, elles sont localisées le long de la vallée de la Charente et autour d’Angoulême, en Charente-Maritime essentiellement dans le centre et le sud de la Saintonge, alors que dans les Deux-Sèvres, les carrières n’existent que sur un seul secteur (Tourtenay), dans le nord-est.

Le deuxième grand type de cavités est d’origine karstique. Il s’agit des grottes et des gouffres, qui se développent dans les coteaux calcaires, le long des vallées. Les spéléologues en ont recensé environ 380 dans la Vienne dont la moitié avec un développement supérieur à 20 m, et 66 dont le développement est supérieur à 50 m en Charente. En revanche, les grottes sont peu fréquentes en Charente-Maritime où 80 sont connues avec des développements variables mais généralement faibles (< 30 m) et rares dans les Deux-Sèvres.

A ces deux composantes essentielles du milieu souterrain régional il faut ajouter d’innombrables caves, quelques habitats troglodytes et de nombreux souterrains.

La région Poitou-Charentes est donc particulièrement riche en sites hypogés, malgré une certaine hétérogénéité dans leur répartition, les Deux-Sèvres faisant figure de parent pauvre alors que l’on observe une forte densité de cavités dans la Vienne.

La prospection du milieu souterrain est bien avancée dans l’ensemble de la région même si l’on est encore loin de l’exhaustivité. Beaucoup d’entre elles ont été localisées grâce aux cartes IGN 1/25 000 et à des cartes géologiques. Des éléments supplémentaires ont été puisés dans divers inventaires réalisés par le BRGM pour les carrières, par les clubs de spéléologie pour les cavités naturelles. Actuellement, 403 cavités ont été visitées au moins une fois et des prospections ont été effectuées dans tous les secteurs à forte densité de cavités.

Plus de 95 % des cavités visitées accueillent des chauves-souris. Il s’agit pour l’essentiel de gîtes d’hibernation qui abritent pour une majorité d’entre eux un faible nombre d’animaux
(< 10). Les gîtes où l’effectif hivernal dépasse la centaine d’individus sont au nombre de 16. Parmi ceux-ci, deux abritent plus de 1000 individus et enfin un seul, la grotte de Rancogne en Charente, totalise selon les années de 13 000 à 25 000 chauves-souris, en majorité des Minioptères. Les populations les plus importantes en hiver sont localisées dans les zones à fortes densités de cavités, mais cette répartition ne concerne bien entendu que les espèces cavernicoles et tout particulièrement : les trois espèces de Rhinolophes, le Grand Murin, le Murin à moustaches, le Murin à oreilles échancrées et le Minioptère.

Les gîtes souterrains qui accueillent des colonies de parturition sont rares. On connaît pour l’instant un site dans les Deux-Sèvres ainsi qu’en Charente, deux dans la Vienne et trois en Charente-Maritime. Les effectifs y sont généralement importants, et un site de Charente-Maritime est même occupé par plusieurs milliers de chiroptères appartenant à dix espèces. Ces colonies de reproduction sont localisées dans des grottes, sauf en Charente-Maritime où ce sont des carrières abandonnées qui sont utilisées par les chiroptères.

Enfin, les captures au filet devant des entrées de cavités ont montré l’intérêt de ce type d’habitat durant la période de transit automnal. Cela concerne non seulement les espèces traditionnellement cavernicoles, mais aussi quelques chauves-souris liées à d’autres milieux comme le Murin de Bechstein, l’Oreillard roux ou la Sérotine commune.

OP.