Prairies grasses

Rédacteur : Jean Terrisse

Physionomie – structure

Sur le plan végétal, les prairies sont des communautés herbacées structurées par des hémicryptophytes – c’est-à-dire des plantes vivaces dont les bourgeons de renouvellement sont situés au niveau du sol – se développant sur des sols fertiles et bien pourvus en eau qui autorisent une forte productivité (de 10 à 20t MS/ha selon les cas). Les ligneux sont en principe absents au sein de la parcelle prairiale elle-même – sauf en cas de sous-exploitation ou de la présence d’arbres isolés – mais structurent souvent ses lisières (haies arbustives ou arborées, bandes boisées, bosquets) où ils contribuent alors à former avec la prairie sensu stricto des éco-complexes d’une grande importance biologique (bocages). De relief en général uniforme pour faciliter le travail des machines (fauche) ou l’accès du bétail (mais il y a de notables exceptions où un micro-relief plus ou moins marqué entraîne une différenciation du tapis végétal en associations végétales distinctes), elles se développent sur des substrats de nature géologique, de texture et de structure très variées – calcaires secondaires, argiles, limons, sables tertiaires – dont l’influence sur la composition floristique est toutefois en partie « gommée » par le mode d’exploitation : périodicité et dates des fauches, charge pastorale et calendrier de mise à l’herbe, nature des fertilisants utilisés (minéraux/organiques, fumure azotée ou phosphato-potassique). Leur hauteur varie en fonction de la richesse édaphique et du mode d’exploitation mais excède le plus souvent les 50cm, ce qui les distingue des pelouses dont la taille moyenne atteint rarement cette valeur. La stratification verticale et horizontale dépend beaucoup du traitement, les prairies pâturées tendant à présenter un tapis plus hétérogène où alternent les zones rases surpâturées avec les secteurs de refus total (plantes épineuses ou toxiques) qui peuvent alors fonctionner comme des niches d’implantation d’espèces ligneuses pionnières.

Caractéristiques biologiques

Contrairement aux savanes des régions tropicales ou aux steppes des zones à climat continental (prairie américaine, « veld » sud-africain), les prairies « permanentes » de nos latitudes tempérées sont des formations artificielles (elles sont souvent qualifiées de semi-naturelles) créées par l’homme pour les besoins de la production animale (habitat anthropo-zoogène). Elles ont le plus souvent été gagnées à l’époque historique sur les forêts caducifoliées qui occupaient de larges surfaces de l’ouest du continent européen après le réchauffement climatique post-glaciaire.
Les Graminées y occupent en général une place essentielle mais peuvent être accompagnées, selon les cas, d’un nombre plus ou moins élevé de Dicotylédones dont la floraison, parfois spectaculaire, rythme la phénologie de la prairie et forme des faciès saisonniers attachants : pissenlits au premier printemps, renoncules et lychnis en mai, marguerites et achillées en juin…
Si les graminées dominantes – ray-grass, crételle, pâturins, fétuques – possèdent un fort pouvoir concurrentiel tendant à éliminer les autres espèces, elles nécessitent toutefois une bonne alimentation en eau et une richesse nutritive du sol élevée, généralement soutenues par des interventions humaines régulières (engrais).
En raison des fortes variations saisonnières du couvert végétal dues au mode d’exploitation, les prairies abritent relativement peu de Vertébrés supérieurs : mammifères et oiseaux viennent en général y chasser des proies à partir de biotopes périphériques (haies, bois). En revanche, les Invertébrés peuvent être exceptionnellement bien représentés et participent à des synusies variées : Gastéropodes, Arachnides, Coléoptères, Collemboles, Diptères, Homoptères et Hyménoptères sont dominants, accompagnés de Lépidoptères et d’Orthoptères, moins abondants mais tout aussi caractéristiques.

Espèces caractéristiques

Bellis perennis, Cerastium fontanum triviale, Cynosurus cristatus, Festuca pratensis, Holcus lanatus, Lolium perenne, Phleum pratense, Plantago lanceolata, Poa pratensis, Poa trivialis, Prunella vulgaris, Ranunculus acris, Rumex acetosa, Taraxacum officinale, Trifolium dubium, Trifolium pratensis, Trifolium repens
Achillea millefolium, Agrostis capillaris, Anthoxanthum odoratum, Dactylis glomerata, Leucanthemum vulgare, Lotus corniculatus, Luzula campestris, Ranunculus bulbosus
Microtus agrestis, Microtus arvalis, Talpa europaea
Coenonympha pamphilus, Maniola jurtina, Melanargia galathea, Ochlodes venatus, Pyronia tithonius, Thymelicus sylvestris
Chorthippus dorsatus, Chorthippus paralellus, Gryllus campestris, Metriopetra roeselii

Classification

Prairies de fauche
CH « Prairies fauchées thermo-atlantiques méso- Hygrophiles » et « Prairies fauchées mésophiles à méso- xérophiles sub- à thermo-atlantiques » BRACHYPODIO-CENTAUREION NEMORALIS

Prairies pâturées
GVF Communautés collinéennes et montagnardes CYNOSURION CRISTATI

  • prairies eutrophes BROMO-CYNOSURENION CRISTATI
  • prairies mésotrophes basiclines SANGUISORBO-CYNOSURENION
  • prairies mésotrophes acidiclines POLYGALO-CYNOSURENION
  • prairies méso-hygrophiles acidiclines CARDAMINO-CYNOSURENION
    GVF Communautés piétinées eutrophes LOLIO-PLANTAGINION MAJORIS

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