Coupes, clairières sur sols neutro-basophiles

Rédacteur : David Ollivier

Physionomie – écologie

La présence des clairières au sein de massifs forestiers est souvent liée à l’exploitation humaine et la gestion sylvicole des forêts et, plus rarement, à la régénération naturelle des forêts (chablis et incendies provoqués par les tempêtes ou les orages).

L’abattage d’arbres au sein des forêts sur sols neutres à basiques conduit à un habitat qui se caractérise par une végétation herbacée en générale dense et exubérante. En effet, l’activité biologique importante de ce type de sol conduit à un humus (de type mull) très riche en matière nutritive favorisant ainsi les espèces nitrophiles à croissance rapide. La germination de ces dernières est par ailleurs stimulée par l’augmentation de l’ensoleillement et de la chaleur au niveau du sol. Il s’agit d’un habitat temporaire qui, dès la remise en lumière du sol, est en concurrence avec les jeunes pieds des espèces arbustives du stade dynamique suivant du SAMBUCO-SALICION CAPRAEAE (voir la fiche « Fourrés pré-forestiers » COR 31.7872). En effet, les arbustes prennent le pas assez rapidement (2 ou 3 ans après la coupe) en formation dense et étouffent la strate herbacée de cet habitat. La végétation des clairières s’exprime, dans notre région, au sein des chênaies-charmaies (COR 41.2 ; Carpinion betuli), des chênaies à Chêne pubescent (COR 41.711 ; Quercion pubescenti-sessiliflorae) ou de la rarissime hêtraie sur sols calcaires (COR 41.12 ; Carpinion betuli).

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

  • EPILOBIETEA ANGUSTIFOLII Tüxen & Preising ex von Rochow 1951
    • Atropion belladonae Tüxen ex Eggler 1952 : communautés des sols enrichis en azote, souvent sur substrat calcaire

COR 1991

  • 31.8712 Coupes, clairières sur substrat calcaire : clairière à bardanes et Belladone (ATROPION BELLADONAE)

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Il n’existe pas de confusion possible pour ce type d’habitat. Cependant, son caractère transitoire ne permet pas souvent d’observer ce type de végétation sans qu’elle ne se trouve en mélange avec des espèces des stades dynamiques plus évolués (stades arbustifs et forestiers). La végétation de cet habitat peut s’apparenter parfois à celle des ourlets nitrophiles (voir la fiche « Ourlet nitrophile mésophile à méso-hygrophile » GALIO-ALLIARIETALIA COR 37.72), quoique généralement plus exubérante.

Dynamique

Il s’agit d’un stade transitoire qui s’exprime assez rapidement après la remise en lumière du sol. Très rapidement (2 à 3 ans après la coupe) les espèces ligneuses arbustives se développent en nappe dense et touffue, dominant ainsi la strate herbacée caractéristique des clairières. Le maintien de cet habitat est donc conditionné à un entretien régulier, ce qui est rarement le cas puisque les clairières sont bien souvent le résultat d’une exploitation forestière dont l’objectif de gestion est le stade forestier.

Cette formation arbustive prépare l’installation de la forêt future dans le processus de régénération.

Espèces indicatrices

[plante2] Angelica sylvestris, Arctium nemorosum, *Atropa belladonna, Bromus ramosus, Campanula trachelium, Carex divulsa, Cirsium arvense, Cirsium vulgare, Dactylis glomerata, Digitalis lutea, Epilobium montanum, Eupatorium cannabinum, Fragaria vesca, Hypericum hirsutum, Rubus sp., Sambucus ebulus, Stachys alpina, Stachys sylvatica, Verbascum lychnitis, Verbascum nigrum
[plante1] Alliaria petiolata, Anthriscus sylvestris, Arctium minus, Brachypodium sylvaticum, (Conyza canadensis), Glechoma hederacea, Lapsana communis, Myosotis arvensis, Prunella vulgaris, Viola odorata
[briophytes] Brachythecium rutabulum, Cirriphyllum piliferum, Hypnum cupressiforme, Scleropodium purum, Thuidium tamariscinum
[orthopteres] Gomphocerippus rufus, Nemobius sylvestris, Pholidoptera griseoaptera, Platycleis tessellata, Tettigonia viridissima

Valeur biologique

Les clairières sont facteurs de biodiversité au sein des grands ensembles forestiers. Comme les layons forestiers, elles peuvent être relativement attractives pour de nombreux insectes, constituant ainsi un stock alimentaire important pour de nombreux oiseaux insectivores. L’augmentation de la lumière et de la chaleur au niveau du sol peut être également favorable à certains reptiles qui sont en générale totalement absents du boisement voisin dans lequel s’insèrent ces clairières. A noter également que cette végétation est l’habitat optimum pour l’expression de la Belladone Atropa belladonna L., espèce rare et menacée en Poitou-Charentes présente seulement dans deux départements de notre région (Deux-Sèvres et Charente-Maritime).

Menaces

L’enrésinement des boisements conduit à un appauvrissement de la composition spécifique de ce biotope par acidification du sol. Il arrive alors que des ronciers quasi-monospécifiques couvrent le sol et ainsi remplacent la végétation caractéristique des clairières neutro-basophiles.

Statut régional

Dans la région Poitou-Charentes, ce type de milieu est fréquent. On le rencontre partout où il y a des massifs forestiers. Il se fera plus rare, voire inexistant, lorsque la roche calcaire laisse la place aux roches métamorphiques (granits, schistes, grés…) comme par exemple au sein de la Gâtine poitevine Deux-Sèvrienne, du pays Montmorillonais dans la Vienne ou du Confolentais en Charente.