Autres fourrés

Rédacteur : Guy Chézeau

Physionomie – écologie

On regroupe ici un ensemble d’habitats ayant la structure du fourré, c’est-à-dire essentiellement, voire uniquement, constitués d’arbustes et présentant une densité des individus qui rend le milieu difficile à pénétrer.

Il s’agit de stades pionniers évoluant vers un développement forestier, possédant une diversité végétale souvent faible, certains de ces habitats se révélant quasiment mono spécifiques (fourrés de genévriers communs, fourrés de noisetiers, fourrés de bruyère à balais….)

On trouve là, d’une manière très générale, des formations secondaires après exploitation : coupes forestières (recrus forestiers caducifoliés, pré bois de résineux), abandon du pâturage (fourrés de genévriers), friches agricoles et ou industrielles (fourrés mixtes…)

Ce sont des stades transitoires, possédant une biodiversité assez faible, recouvrant des surfaces généralement limitées (on peut relever cependant quelques exceptions comme les terrains militaires), très souvent mal considérés. « Broussailles », « friches », « fourrés », sont autant de termes à connotation péjorative pour les désigner avec, pour conséquence, d’en faire des milieux mal connus et mal renseignés.

Seule la strate des phanérogames arbustifs est développée, les annuelles sont peu présentes et la densité d’individus assure une couverture totale du sol.

En fonction de la nature du sol, de l’exposition, de l’utilisation et de la gestion qui ont précédé l’installation du fourré, on pourra trouver les végétations suivantes :

  • les fourrés de noisetiers doivent être considérés comme un faciès particulier des fourrés mésophiles au sein duquel le noisetier est dominant jusqu’à devenir parfois l’unique espèce ;
  • les recrûs forestiers caducifoliés désignent la végétation constituée par l’ensemble des pousses qui se développent sur les souches après la coupe du taillis. Seuls les essences à feuilles caduques rejettent de souche et, parmi celles-ci, certaines espèces rejettent abondamment, comme le charme ou le châtaignier, et peuvent donner des fourrés très fournis ;
  • les taillis correspondent à l’ensemble des plantes arborescentes basses formées de cépées, c’est-à-dire de bouquets de jeunes troncs partant d’une souche commune. Le taillis simple apparaît après la coupe de l’ensemble des arbres et s’apparente au recru forestier, le taillis sous futaie intéresse les espèces sciaphiles ou de demi ombre (charme et châtaignier) ;
  • le fourré mixte constitue le premier stade de recolonisation haute de forêts mélangées ; il est marqué par la prédominance de jeunes individus d’espèces forestières hautes et sa composition est fonction de l’habitat forestier climax ;
  • le prébois de résineux est le premier stade de recolonisation forestière en forêt de conifères après la coupe des arbres adultes : en Poitou-Charentes, essentiellement du Pin maritime.
  • à noter en zone littorale le possible développement excessif d’une espèce introduite, d’origine américaine, le Séneçon en arbre (Baccharis halimifolia), d’abord utilisé comme plante ornementale en raison de sa grande résistance aux embruns et qui peut par sa prolificité et sa grande capacité à rejeter de souche, constituer d’importants fourrés totalement mono spécifiques, nécessitant alors des campagnes d’arrachage. Le Baccharis est alors considéré comme plante invasive.

Phytosociologie et correspondances typologiques

PVF 2004

CRATAEGO MONOGYNAE-PRUNETEA SPINOSAE Tüxen 1962 : manteaux arbustifs, fruticées et haies

  • Prunetalia spinosae Tüxen 1952 : communautés des sols carbonatés ou plus ou moins désaturés

CYTISEA SCOPARIO-STRIATI Rivas-Martinez 1975 : fourrés dominés par des Fabacées, sur sols profonds et acides

QUERCO ROBORIS-FAGETEA SYLVATICAE Br.-Bl. & Vlieger 1937 : forêts tempérées caducifoliées

COR 1991

31.8 C Fourrés de noisetiers

31.8 D Recrus forestiers caducifoliés

31.8 E Taillis

32.8 F Fourrés mixtes

32.8 G Fourrés de conifères

Directive Habitats 1992 et Cahiers d’habitats

Nc.

Confusions possibles

Ces fourrés peuvent être difficiles à identifier précisément, entre autre dans les premières années de leur installation, celles qui suivent la réalisation des coupes forestières.

Ce n’est toutefois pas le cas pour les prébois de résineux.

Dynamique

Elle est spontanée et importante pour l’ensemble de ces fourrés. Sans intervention humaine, on peut estimer de 15 à 30 ans la « durée de vie » de ces habitats avant de retrouver à nouveau le stade forestier.

Espèces indicatrices

[plante2] Acer campestre, A. monspessulanus, (Baccharis halimifolia), Carpinus betulus, Castanea sativa, Clematis vitalba, Corylus avellana, Crataegus monogyna, Cornus sanguinea, Cytisus scoparius, Euonymus europaeus, Hedera helix, Juniperus communis, Ligustrum vulgare, Lonicera periclymenum, L. xylosteum, Pinus pinaster, Quercus ilex, Q. petraea, Q. pubescens, Q. pyrenaica, Q. robur, Rubus fruticosus, Rosa canina, Salix caprea, Sambucus nigra, Ulex europaeus
[plante1] Deschampsia flexuosa, Fraxinus excelsior, Rubia peregrina, Pteridum aquilinum
[briophytes] Eurhynchium praelongum, Plagiomnium undulatum, Pseudoscleropodium purum, Thuidium tamariscinum

Valeur biologique

Ces habitats présentent une valeur patrimoniale régionale faible ; cependant, parce qu’ils peuvent constituer des milieux refuge pour diverses espèces animales – oiseaux, reptiles ou mammifères – ils peuvent parfois, localement, présenter un intérêt non négligeable.

Toujours dans une approche locale, ces milieux peuvent participer à la mise en place de liaisons de biodiversité lors de la réalisation des trames vertes et bleues.

Menaces

Ces habitats ne sont véritablement menacés dans notre région.
Ils sont dédaignés ou au pire mal considérés par le grand public, ce qui peut entraîner parfois leur éradication.

Très localement, les déprises qu’elles soient industrielles ou agricoles favorisent leur installation.


Le Noisetier (Corylus avellana) (chaton de fleurs mâles, à g.) forme parfois une strate de fourrés subcontinue sous les arbres de haut jet comme ici dans cette forêt après une coupe sélective (à dr.)

Statut régional

L’habitat est répandu sur l’ensemble de la région.


Le pré-bois de résineux n’est pas une formation spontanée en Poitou-Charentes : il se développe en général à proximité immédiate des grandes plantations de Pin maritime qui caractérisent les secteurs sableux ou siliceux de la région (littoral, Double charentaise). A la faveur de perturbations anthropiques, comme ici dans un ancien déblai créé il y a 30 ans lors de la construction de l’autoroute A10, d’autres conifères nomades, comme le Pin sylvestre, peuvent se mêler aux pins maritimes.